Qu’est-ce que le harcèlement sexuel ?
8/7/2025

Qu’est-ce que le harcèlement sexuel ?

Le harcèlement sexuel reste l’une des violences les plus banalisées et les moins dénoncées en France. Pourtant, ses effets psychologiques sont profonds : anxiété, honte, perte d’estime de soi, troubles du désir ou sidération post-traumatique. Qu’il soit verbal, physique ou insidieusement relationnel, il laisse des traces durables. Dans cet article, nous faisons le point sur les différentes formes de harcèlement sexuel, ses conséquences cliniques, et la manière dont un accompagnement thérapeutique à Versailles peut aider les victimes à retrouver leur intégrité psychique, leur sécurité intérieure… et surtout, le droit de dire non.

Table des matières

En bref…

Le harcèlement sexuel ne relève pas de la drague maladroite ni d’un simple malentendu. C’est une atteinte à l’intégrité psychique et corporelle d’une personne, marquée par l’insistance, l’intimidation ou l’humiliation à connotation sexuelle. Pourtant, beaucoup de victimes n’osent pas nommer ce qu’elles subissent. Entre pression sociale, peur de ne pas être crue et confusion des intentions, la frontière peut sembler floue… mais le droit, lui, est clair. Dans cet article, nous faisons le point sur ce qu’est le harcèlement sexuel, ce qu’il n’est pas, ses formes, ses conséquences psychologiques, et les sanctions pénales prévues par la loi française. Allez, on remet les mots, la loi et la dignité au centre.

Sortir du silence et réapprivoiser son espace intérieur demande un cadre sensible et respectueux. Découvrez notre approche en thérapie individuelle à Versailles.

Harcèlement sexuel : de quoi parle-t-on exactement ?

Quand la sexualité devient un levier de domination

Le harcèlement sexuel n’est pas seulement une affaire de comportements déplacés ou de blagues douteuses.

C’est un acte de pouvoir, une manière de soumettre l’autre à une intention sexuelle non désirée, souvent dissimulée derrière des jeux d’ambiguïté, de hiérarchie ou de banalisation. On ne parle pas ici de désir partagé, mais d’un usage détourné de la sexualité pour prendre l’ascendant psychologique sur quelqu’un.

D’un point de vue psychologique, le harcèlement sexuel engage plusieurs dynamiques profondes :

  • Une négation de l’altérité : le harceleur n’entend pas la parole ou le silence de l’autre, il impose.
  • Une instrumentalisation du corps de l’autre comme objet narcissique ou défouloir pulsionnel.
  • Un refus de la limite : le harceleur agit comme si tout lui était dû, souvent avec une impression d’impunité.

Quand le silence devient consentement par défaut, il est urgent d’interroger les ressorts inconscients du « oui » contraint. À lire : À quoi dit-on oui quand on ne sait pas dire non ?

Ce que dit la loi… et ce que dit le corps

Juridiquement, l’article 222-33 du Code pénal définit clairement le harcèlement sexuel comme le fait :

« D’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent une situation intimidante, hostile ou offensante. »

Mais au-delà du texte, le corps de la victime parle souvent le premier : gêne diffuse, évitement, crispation, sidération, inconfort dans les interactions…
Là où le droit pose des mots, la psychologie perçoit l’impact invisible mais réel : déséquilibre du lien, emprise affective, climat de menace silencieuse.

Dans certains cas, un seul acte suffit à constituer une infraction, notamment s’il s’agit de chantage sexuel (ex : conditionner une embauche, une note ou une faveur à un acte sexuel).

Le saviez-vous ? Quelques chiffres sur le harcèlement sexuel en France

🔹 1 femme sur 3 a déjà été victime de harcèlement sexuel au travail.
👉 Source : Défenseur des droits, Baromètre 2023

🔹 80 % des victimes ne portent jamais plainte, souvent par peur de ne pas être crues ou par crainte des représailles.
👉 Source : Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, rapport 2022

🔹 47 % des femmes déclarent avoir déjà subi une forme de harcèlement sexuel au cours de leur vie, tous contextes confondus.
👉 Source : Enquête IFOP / Fondation Jean-Jaurès, 2021

🔹 12 % des hommes reconnaissent avoir déjà eu des comportements à connotation sexuelle non désirée, sans en percevoir immédiatement la portée.
👉 Source : Ifop, 2020

🔹 Sur les réseaux sociaux, près d’1 adolescente sur 2 affirme avoir déjà reçu des messages sexuels non sollicités.
👉 Source : Étude Ipsos pour e-Enfance / Génération Numérique, 2023

🔹 Le premier motif de consultation pour stress post-traumatique chez les femmes est lié à une atteinte sexuelle (viol, agression, harcèlement).
👉 Source : Observatoire national des violences faites aux femmes, 2022

🔹 Depuis l’affaire #MeToo, les signalements de harcèlement sexuel ont augmenté de près de 30 % dans les entreprises dotées d’un référent égalité.
👉 Source : Défenseur des droits, 2022

Le harcèlement sexuel prend souvent racine dans une emprise psychologique qui s’installe lentement. Pour en comprendre les mécanismes : Emprise psychologique : comment y échapper ?

Ce que le harcèlement sexuel n’est pas

Quand la confusion entretient la domination

Il est essentiel de distinguer le harcèlement sexuel d’autres formes d’interactions humaines, sous peine de tout diluer dans un flou contre-productif.

Le harcèlement sexuel n’est pas de la séduction, ni une simple maladresse sociale. Il repose sur une asymétrie, une insistance, une intrusion, et souvent une indifférence à la subjectivité de l’autre.

D’un point de vue psychologique, la grande confusion entre désir et domination joue un rôle central. Certaines personnes, en particulier dans les sphères d'autorité, utilisent la séduction comme stratégie de contrôle, en masquant la contrainte sous les atours du flirt.

Ce n’est pas parce qu’un geste est enveloppé de sourire qu’il est inoffensif.

Ce n’est pas un compliment

Un compliment sincère et bienveillant n’est pas une atteinte.

Ce qui fait la différence, c’est l’intention, le contexte, la répétition, et surtout le ressenti de la personne qui le reçoit. Si ce compliment devient un rituel quotidien, s’il cible des parties intimes, s’il est accompagné de regards appuyés ou d’un ton ambigu, il perd sa légèreté pour devenir une pression déguisée.

Ce n’est pas une maladresse unique… corrigée

Nous faisons tous des erreurs relationnelles.

Mais dans le harcèlement sexuel, il n’y a ni prise de conscience, ni remise en question. Le harceleur minimise, retourne la faute, ou persiste malgré les signaux de gêne.

En psychologie, on parle ici d’une forme de clivage empathique : le sujet refuse de reconnaître la réalité émotionnelle de l’autre, au profit de sa propre pulsion, de son plaisir ou de son fantasme de toute-puissance.

Ce n’est pas “rien” parce que la victime n’a pas crié

De nombreuses victimes restent silencieuses, paralysées ou souriantes par automatisme.

Ce n’est pas un signe de consentement, mais parfois de sidération traumatique. C’est ce que la psychanalyse nomme le désaccord entre le corps et le Moi : le sujet se protège en “faisant comme si”, le temps que l’angoisse s’éteigne.

Rappelons-le : ce n’est pas la réaction de la victime qui définit l’abus, mais l’acte lui-même.

Quelles formes peut-il prendre ?

Une violence polymorphe, parfois invisible

Le harcèlement sexuel n’est pas un fait unique, figé, visible à l’œil nu. Il s’incarne dans des gestes, des mots, des silences lourds, des regards envahissants, des “hasards” répétés.

Il peut être flagrant ou insidieux, direct ou implicite, violent ou feutré. Sa gravité ne dépend pas de son intensité apparente, mais de son effet sur la personne qui le subit.

En psychologie, on parle de micro-agressions à effet cumulatif : un climat relationnel toxique s’installe, affecte l’image de soi, l’estime personnelle et le rapport au corps.

🔹 Forme verbale

Elle est souvent banalisée, voire déguisée en humour.

Exemples :

  • remarques sexuelles répétées sur le corps ou les tenues
  • “blagues” sexistes récurrentes
  • allusions déplacées, surnoms dégradants
  • commentaires sur la vie intime non sollicités

Ces propos, lorsqu’ils sont insistants ou humiliants, participent d’un processus d’écrasement symbolique. Ils assignent la personne à son corps, à son sexe, à un fantasme, en effaçant son être pensant, désirant, singulier.

Certaines démonstrations d’attention ne relèvent pas de l’amour, mais d’une volonté de domination. À découvrir : Le love bombing : une nouvelle stratégie pour coucher

🔹 Forme non-verbale

Ce type de harcèlement passe souvent sous le radar, mais son impact est profond.

Exemples :

  • regards insistants, intrusifs, scrutateurs
  • postures corporelles oppressantes (se placer trop près, bloquer un passage)
  • “accidents” de contact à répétition
  • sourires ambigus ou ricanements à connotation sexuelle

Le harcèlement non-verbal met en jeu une sexualisation du lien sans demande, ni consentement. Il crée un malaise diffus, une impression d’être épié(e), possédé(e), envahi(e).

🔹 Forme écrite ou numérique

Le harcèlement peut se manifester à distance, via :

  • textos ou mails insistants à connotation sexuelle
  • envois non sollicités de photos intimes
  • commentaires obscènes sur les réseaux sociaux
  • harcèlement sur des applis professionnelles ou de rencontres

Le numérique rend le harcèlement permanent et intrusif, parfois anonyme ou hors des horaires de travail, ce qui renforce l’insécurité psychique. La victime n’a plus d’espace de repli.

🔹 Forme physique

C’est la forme la plus visible, mais pas toujours la plus prise au sérieux dans l’environnement professionnel, notamment lorsqu’elle est subtile ou fugace.

Exemples :

  • contacts corporels imposés (main sur l’épaule, frôlement, baiser sur la joue non sollicité)
  • effleurements "involontaires" récurrents
  • gestes à connotation sexuelle

En psychologie, on sait que même un “simple” frôlement peut provoquer une dissociation émotionnelle, en particulier chez une personne au passé traumatique. Le corps devient le lieu de la honte, du silence, ou du sentiment d’illégitimité.

Lorsqu’un événement intrusif laisse des traces durables, la psyché s’alarme en silence. Découvrez comment l’EMDR peut aider à apaiser cette mémoire traumatique : La thérapie EMDR, une réponse efficace à l’anxiété chronique

🔹 Forme symbolique ou organisationnelle

Moins évoquée, cette forme de harcèlement repose sur l’exercice d’un pouvoir sexué, souvent lié à une place hiérarchique ou institutionnelle.

Exemples :

  • assigner des rôles genrés (ex. : “fais le café, t’es la plus jolie”)
  • exclure des réunions ou promotions en lien avec un refus sexuel
  • créer un climat de peur par des “exemples” ou des rumeurs

Ce harcèlement touche à l’identité professionnelle et sociale. Il vient insidieusement rappeler que, malgré les compétences, c’est le genre qui prime. Il efface le sujet au profit du fantasme collectif.

Le harcèlement sexuel est polyphonique, mais sa musique est toujours dissonante pour la psyché.
Ce n’est pas un comportement ponctuel : c’est une dynamique de désubjectivation progressive, dans laquelle le corps, le silence, et la peur deviennent les seuls langages.

Dans quels contextes peut-il survenir ?

Partout où le pouvoir circule… même silencieusement

Le harcèlement sexuel n’est pas l’apanage de certains milieux "à risque".

Il peut surgir partout où se nouent des relations humaines, surtout là où des enjeux de pouvoir, de reconnaissance ou de dépendance sont à l’œuvre.

Dans une approche psychologique, il est important de comprendre que le contexte ne crée pas à lui seul le harcèlement, mais il peut en favoriser l’émergence lorsqu’il tolère, banalise ou nie les rapports de domination.

🔹 Le milieu professionnel : terrain privilégié du harcèlement

C’est le contexte le plus fréquemment cité par les victimes, et pour cause :

  • rapports hiérarchiques parfois flous
  • dépendance financière ou symbolique
  • culture du rendement et du silence
  • forte crainte des représailles

Dans une équipe, la verticalité relationnelle peut devenir toxique quand un supérieur instrumentalise son autorité à des fins de domination sexuelle.
Parfois, c’est aussi l’entre-soi masculin, le "club", les blagues de couloir, qui créent un climat de complaisance : la victime devient objet, spectatrice forcée, bouc émissaire ou "bonne cliente" supposée rire de tout.

En clinique, on retrouve chez les victimes une perte de repères psychiques : « Est-ce que j’exagère ? », « Suis-je parano ? », « Est-ce que c’est vraiment grave ? » — autant de doutes nourris par un climat d’ambiguïté organisé.

🔹 L’université, l’école, les institutions formatives

Le harcèlement sexuel est également fréquent dans les lieux d’apprentissage, où l’autorité intellectuelle, pédagogique ou institutionnelle peut être pervertie.

Professeurs, encadrants, mentors… lorsque la figure d’attachement ou de validation devient aussi celle qui sexualise la relation, la confusion est extrême pour l’élève :

« Suis-je valorisé.e pour mes compétences ou pour mon corps ? »

Cette injonction paradoxale, surtout en période de construction identitaire, peut entraîner :

  • inhibition,
  • angoisse de performance,
  • dépression,
  • voire auto-sabotage.

🔹 L’espace public : la scène du harcèlement ordinaire

Dans la rue, les transports, les magasins…

Le harcèlement prend souvent la forme de brèves intrusions qui laissent une trace durable :

  • regards appuyés,
  • gestes obscènes,
  • commentaires sexuels,
  • frottements,
  • invectives en cas de refus.

Ce harcèlement n’est pas toujours perçu comme grave, car socialement banalisé. Pourtant, il conditionne profondément le rapport à l’espace, à la mobilité, à la liberté de se mouvoir dans le monde.

Le corps devient un territoire à défendre, une cible potentielle, et non plus une présence libre.

🔹 Le couple et la famille : là où le refus devient tabou

On parle rarement de harcèlement sexuel dans les sphères intimes, pourtant c’est un terrain majeur.

Dans certaines relations conjugales ou parentales :
  • la demande sexuelle est constante, culpabilisante,
  • le refus est nié, contourné ou puni,
  • la parole est retournée contre la victime : « tu exagères », « tu ne m’aimes plus », « tu dois me satisfaire ».
En thérapie, ces situations mettent en lumière l’impossibilité à poser des limites, liée à :
  • la peur de perdre l’amour,
  • des antécédents de violences ou de dépendance affective,
  • un attachement insécurisé.

La dette sexuelle implicite, construite autour du couple, du mariage ou de la maternité, devient un piège. Le consentement est vidé de son sens.

🔹 Les milieux médicaux, associatifs, religieux, artistiques…

Partout où règne une autorité perçue comme bienveillante, le harcèlement sexuel peut se cacher sous les habits de la mission, du soin ou de la vocation.

Dans ces milieux, la victime peut être encore plus confuse :

  • Comment dénoncer celui qui m’aide ?
  • Suis-je en train de salir un lien sacré ?
  • Ne vais-je pas détruire la réputation d’un groupe entier ?

Ce sont des contextes où la culpabilité est particulièrement forte, car le harceleur se présente comme protecteur, inspirant ou exceptionnel.

Un terrain psychique, autant qu’un terrain social

Enfin, il est crucial de souligner que le harcèlement sexuel se déploie sur un terrain psychique, pas uniquement structurel. Il implique :

  • la peur de déplaire,
  • des loyautés invisibles,
  • un surmoi hyperactif ou culpabilisant,
  • des traumatismes anciens réactivés.

En cela, il ne se comprend jamais totalement hors du contexte psychique de la victime, ni hors des processus inconscients qui peuvent entraver sa parole, son indignation, ou sa fuite.

Les conséquences psychologiques du harcèlement sexuel

Une blessure invisible, mais durable

Contrairement à la violence physique, le harcèlement sexuel ne laisse pas de bleus visibles, mais il fracture l’estime de soi, altère la perception du monde, et fragilise le lien à l’autre.

Il agit comme une infiltration psychique : à petites doses répétées, il use les défenses, sape la confiance, provoque des fuites intérieures.

Pour de nombreuses victimes, la souffrance vient autant du geste que de son illisibilité sociale :

“C’était grave, mais je ne savais pas si j’avais le droit de le vivre comme tel.”

Les événements à charge sexuelle s’impriment dans la mémoire comme des éclats figés. Une exploration fine à lire ici : Psychotraumatisme : comment s’encodent les événements dans notre mémoire ?

🔹 Anxiété, insécurité, hypervigilance

Le harcèlement sexuel laisse souvent une impression de danger permanent.

L’autre devient une menace potentielle, l’environnement se teinte d’inquiétude. Le cerveau, en état d’alerte, ne parvient plus à se poser. Cela se traduit par :

  • une anxiété chronique ou flottante, parfois difficile à relier à l’événement
  • des troubles du sommeil, des tensions corporelles, une fatigue inexpliquée
  • un besoin de contrôle accru, de vérification, de prévisibilité

En thérapie, on retrouve une peur d’être surprise, trahie, ou prise au dépourvu. Comme si l’autre pouvait à tout moment recommencer l’irruption dans l’intimité.

🔹 Trouble de stress post-traumatique (TSPT)

Dans les cas les plus graves ou prolongés, le harcèlement sexuel peut conduire à un état de stress post-traumatique.

Le psychisme reste bloqué dans une boucle de survie, comme si la scène ne s’était jamais terminée.

Ce trouble peut inclure :

  • des flashbacks ou reviviscences du harcèlement
  • une dissociation (impression d’être spectateur de soi-même)
  • un évitement massif de lieux, de personnes ou de situations associées
  • une irritabilité émotionnelle ou un émoussement affectif

Certaines personnes développent une forme de paralysie existentielle : elles n’osent plus sortir, parler, séduire, travailler, créer. Le monde est devenu un lieu hostile.

🔹 Dépression et perte de l’élan vital

Souvent, la victime passe par une phase de dévalorisation intense, mêlée de honte, de colère rentrée, de confusion identitaire.

Elle se sent “fausse”, coupable de ne pas avoir fui, ou “sale” d’avoir été regardée comme un objet.

Cela peut conduire à :

  • un état dépressif, marqué par le retrait, l’apathie, la perte d’envies
  • un effacement progressif de soi dans les liens affectifs ou professionnels
  • une désaffection corporelle, où le corps devient “indifférent” ou “ennemi”

En sexologie clinique, on observe parfois une perte de désir, non par trouble hormonal, mais par refus inconscient d’être à nouveau pénétré.e par le regard de l’autre.

🔹 Troubles somatiques et psychosomatiques

Lorsque la souffrance psychique n’a pas de mots pour se dire, elle cherche d’autres voies.

Le corps peut devenir le théâtre de la plainte silencieuse : douleurs gynécologiques, maux de dos, migraines, troubles digestifs, problèmes de peau…

Dans ces cas, la prise en charge exclusivement médicale échoue, car le symptôme est porteur d’un sens à décoder. Le travail thérapeutique consiste à entendre ce que le corps raconte en l’absence de langage.

🔹 Atteinte du narcissisme et repli relationnel

Le harcèlement sexuel détruit le sentiment d’être un sujet désirant, pour réduire la personne à un objet de désir subi.

Cette dégradation narcissique peut provoquer :

  • une incapacité à se sentir légitime, compétent.e, digne d’être aimé.e
  • une peur de prendre la parole ou de se montrer
  • une méfiance généralisée envers les autres
  • une forme d’invisibilisation volontaire : la victime se rend moins désirable pour ne plus attirer

En psychanalyse, on parle ici d’effondrement narcissique secondaire : l’image de soi est tellement atteinte qu’elle ne soutient plus le lien au monde.

🔹 Blocages sexuels et confusion du désir

Le harcèlement sexuel laisse des empreintes intimes : il bouleverse le rapport au plaisir, à l’excitation, à la proximité.

Certaines personnes développent :

  • des refus corporels (difficultés à se laisser toucher, douleurs à la pénétration, inhibition)
  • une désorientation du désir (incapacité à ressentir ou à faire confiance à ses propres envies)
  • des fantasmes de domination ou d’effacement, parfois paradoxaux, mais liés à la scène traumatique

La sexualité devient le lieu de la mémoire traumatique, là où l’on rejoue malgré soi ce que l’on aurait voulu fuir.

En sexothérapie, le travail consiste à décontaminer la sexualité de ce qu’elle n’aurait jamais dû porter : la peur, la honte, le devoir, la dette.

Ce que la psychothérapie peut faire (et défaire)

Un lieu pour déposer l’indicible

Le harcèlement sexuel laisse derrière lui une souffrance muette, fragmentée, souvent niée ou minimisée.

Beaucoup de victimes disent :

« Je ne voulais pas en parler, je ne savais pas comment l’expliquer. »
En thérapie, il devient possible de déposer cette parole empêchée, sans crainte de jugement, sans pression pour “passer à autre chose”.

Le cabinet thérapeutique n’est pas un tribunal ni un lieu de réparation juridique, mais un espace de reconnaissance du vécu subjectif. C’est là que le traumatisme devient récit, que l’histoire intime reprend sa cohérence, et que le silence cesse d’être un poids à porter seul.e.

Sortir du déni, de la confusion ou de la sidération

L’une des premières fonctions de l’accompagnement est de valider la réalité psychique de ce qui a été vécu.

Car trop souvent, la victime doute d’elle-même :

  • “C’était peut-être juste une blague…”
  • “Je n’ai pas dit non, alors c’est ma faute…”
  • “Il ne m’a pas touchée, donc ce n’est pas grave…”

Le rôle du thérapeute est de réintroduire de la clarté, de nommer ce qui a été confus, et de permettre à la personne de sortir du piège de la culpabilité inversée. C’est en rétablissant la vérité du ressenti que l’on redonne de la consistance au sujet.

En cas de sidération post-traumatique, le travail est plus délicat : il s'agit de reconstruire un accès doux et progressif aux souvenirs, sans les forcer. La mémoire traumatique fonctionne en éclats, en non-lieux, et nécessite un encadrement spécifique, parfois via des techniques comme l’EMDR, l’IMO ou l’hypnose.

Reconstruire l’estime de soi et la sécurité intérieure

Le harcèlement sexuel attaque en profondeur le narcissisme, la confiance en soi, et le droit à occuper l’espace. La personne se sent dégradée, mise à nu, chosifiée.

En thérapie, on travaille à réhabiliter l’image de soi blessée, à renouer avec un sentiment de légitimité existentielle :

  • légitime d’être entendu.e,
  • légitime d’être cru.e,
  • légitime d’avoir été blessé.e.

Ce travail se fait par étapes, à travers la revalorisation des ressources internes, l’exploration des zones de honte et la reconstruction du lien au corps. On redonne une voix là où il n’y avait plus que gêne ou silence.

Apaiser les mémoires corporelles traumatiques

Le corps n’oublie pas ce que l’esprit tente d’effacer.

Beaucoup de victimes décrivent une douleur physique sans cause médicale, une impression d’être encore envahi.e, ou au contraire un corps anesthésié, figé.

Dans ce cadre, la thérapie peut inclure :

  • un travail psycho-corporel (somatic experiencing, hypnose, respiration)
  • une reconnexion sensorielle en douceur
  • l’identification et la désactivation des déclencheurs inconscients

Le but n’est pas seulement de “se détendre”, mais de réintégrer le corps comme un espace sûr, habité, non soumis.

Rétablir une sexualité libre, non contaminée

Le harcèlement sexuel trouble le rapport au désir.

Certaines victimes associent désormais sexualité et danger, d’autres se sentent coupées de leur plaisir, ou entrent dans des relations répétitives de soumission ou d’évitement.

La sexothérapie propose :

  • une remise à plat des représentations sexuelles : Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je ne veux plus ?
  • une exploration des traumatismes liés au regard, au toucher, au fantasme
  • un travail sur le consentement intérieur, c’est-à-dire la capacité à s’autoriser (ou non), à sentir ce qui est juste pour soi

Le but n’est pas de “retrouver une vie sexuelle normale”, mais de retrouver une vie sexuelle choisie, en lien avec soi-même, et non dictée par la peur, la dette ou la honte.

Distinguer ce qui vient de soi et ce qui appartient à l’autre

L’un des pièges du harcèlement, c’est qu’il déplace la responsabilité vers la victime.

Elle se sent coupable de l’avoir “laissé faire”, d’avoir souri, d’avoir porté telle tenue, ou de ne pas s’être assez défendue.

En thérapie, un axe essentiel consiste à restaurer la frontière psychique entre le Moi et l’Autre :

  • Ce n’est pas moi qui ai abusé.
  • Ce n’est pas mon silence qui a causé la scène.
  • Ce n’est pas mon corps qui appelle l’intrusion.

Cette restauration du périmètre psychique et corporel est fondamentale pour se sentir à nouveau sujet et non objet.

Retrouver du pouvoir d’agir

Enfin, la thérapie permet de transformer l’impuissance en capacité d’action.

Cela ne signifie pas toujours porter plainte ou confronter l’agresseur, mais :

  • oser poser des limites,
  • dire non sans se justifier,
  • choisir ses relations,
  • se libérer de la peur d’exister.

Certaines personnes découvrent en thérapie une force jusque-là contenue, une colère salutaire, une clarté nouvelle dans leurs choix.

On ne guérit pas du harcèlement sexuel comme on referme une parenthèse. On s’en extrait, petit à petit, en redevenant sujet de son histoire.

Parce que chaque histoire est unique, la thérapie individuelle à Versailles offre un espace de soutien pour restaurer le sentiment de sécurité, la parole et l’élan vital.

FAQ : Harcèlement sexuel – Vos questions fréquentes

Comment savoir si ce que j’ai vécu est du harcèlement sexuel ?

Si vous avez ressenti un malaise face à des propos, gestes ou situations à connotation sexuelle répétés, ou si vous vous êtes senti.e intimidé.e, humilié.e ou contraint.e, il peut s’agir de harcèlement sexuel.

Ce n’est pas l’intention de l’autre qui compte, mais votre ressenti. Parlez-en à un professionnel de santé mentale, à une association ou à une juriste. Vous avez le droit d’être entendu.e, même si vous n’avez pas dit non de façon explicite.

Peut-on parler de harcèlement sexuel sans contact physique ?

Oui, absolument. Le harcèlement sexuel peut être verbal, visuel, écrit, ou comportemental, sans qu’il y ait de contact physique.

Des remarques sexistes répétées, des regards insistants, des messages à connotation sexuelle non désirés, ou une ambiance hostile peuvent suffire. La loi reconnaît ces formes comme des atteintes sérieuses à la dignité. La psychologie, quant à elle, observe leurs effets réels sur la santé mentale, l’estime de soi et le rapport au corps.

Et si c’est “juste une blague” ?

Ce qui fait la différence entre humour et harcèlement, c’est le contexte, la répétition et le ressenti de la personne visée.

Une blague sexiste ou déplacée, si elle est insistante, humiliante ou prononcée malgré l’inconfort manifeste de l’autre, devient une agression verbale. En psychologie, l’humour peut être un masque pour l’agressivité ou la domination. Personne ne devrait avoir à sourire pour éviter un malaise plus grand.

J’ai réagi trop tard. Est-ce encore possible de faire quelque chose ?

Oui. Il n’est jamais “trop tard” pour parler. Le choc, la sidération ou la confusion retardent souvent la réaction.

Vous pouvez consulter un.e psychothérapeute, déposer un témoignage ou engager une action en justice selon les délais de prescription (jusqu’à 6 ans, voire 20 si mineur.e). Le plus important est de ne pas rester seul.e avec ce que vous avez vécu. Il existe des ressources pour vous soutenir à chaque étape.

Un homme peut-il être victime de harcèlement sexuel ?

Bien sûr. Le harcèlement sexuel peut toucher toutes les identités de genre.

Les hommes victimes en parlent moins, par peur du ridicule ou parce qu’on nie leur souffrance. En réalité, ils peuvent ressentir les mêmes symptômes post-traumatiques : honte, perte de désir, isolement, colère rentrée… La psychothérapie accueille tous les vécus, sans jugement. Il est essentiel que chacun puisse déposer ce qu’il a subi, quelle que soit son positionnement dans le genre.

Un psy peut-il m’aider même si je n’ai pas porté plainte ?

Oui, totalement.

Le rôle du psy n’est pas de juger ou d’instruire un dossier, mais de vous aider à mettre du sens sur ce que vous avez vécu, à apaiser vos émotions et à restaurer votre sécurité intérieure. Que vous portiez plainte ou non, votre vécu mérite d’être accueilli et soutenu. La parole en thérapie est libre, confidentielle, et peut être un premier pas essentiel vers la réparation psychique.

Quels sont les signes post-traumatiques après un harcèlement sexuel ?

Les symptômes peuvent inclure de l’anxiété, des troubles du sommeil, une hypervigilance, un repli sur soi, des troubles sexuels, voire des crises de panique ou des flashbacks.

Parfois, c’est le corps qui parle à la place de la parole : douleurs inexpliquées, fatigue intense, tensions chroniques… Ces signes ne sont pas "dans la tête", ils traduisent une souffrance réelle. Une thérapie adaptée permet d’apaiser le traumatisme et de se reconstruire en douceur.

Comment réagir si j’assiste à une situation de harcèlement sexuel ?

Il est important de ne pas rester passif, sans pour autant vous mettre en danger.

Vous pouvez :

  • soutenir la personne visée verbalement ou physiquement (ex. : se rapprocher, détourner l’attention),
  • signaler les faits à un supérieur ou référent éthique s’il y a lieu,
  • encourager la victime à parler ou à se faire accompagner.
    En psychologie sociale, on sait que l’effet témoin favorise l’inaction. Briser ce silence, même brièvement, change souvent le rapport de force.

Le harcèlement sexuel peut-il venir d’une femme ?

Oui.

Même si la majorité des agresseurs sont des hommes, il existe des cas de harcèlement sexuel exercé par des femmes, y compris envers d’autres femmes. Le critère n’est pas le genre, mais le caractère intrusif, insistant et non consenti du comportement. Les mécanismes psychiques et les impacts sont similaires. Le plus important est de ne pas rester seul.e avec ce vécu, et d’oser en parler à un professionnel.

Comment parler de harcèlement sexuel à un.e ado ou un.e jeune adulte ?

Utilisez un langage clair, respectueux et progressif.

Posez des questions ouvertes : « As-tu déjà été mal à l’aise face à une remarque ou un geste ? », « Tu sais que tu as le droit de dire non ? ». Encouragez-les à écouter leurs ressentis, à respecter leurs limites, et à se tourner vers un adulte de confiance si besoin. En psychologie de l’adolescence, la capacité à nommer et à se protéger se construit dans un cadre bienveillant.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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