À quoi dit-on oui quand on ne sait pas dire non ?
2/7/2025

À quoi dit-on oui quand on ne sait pas dire non ?

« J’ai dit oui… mais je ne voulais pas vraiment. » Cette phrase, des dizaines de patients la prononcent chaque semaine. Par peur du conflit, par habitude, pour faire plaisir ou éviter la solitude, ils ont appris à consentir sans désir, à céder sans en avoir envie. Ce “oui” arraché, ce “non” étouffé, laissent des cicatrices invisibles mais profondes. Aujourd’hui, le consentement blessé devient un motif majeur de consultation thérapeutique. Car derrière bien des symptômes — fatigue, anxiété, blocages relationnels — se cache une simple question restée sans réponse : à quoi ai-je dit oui… alors que je pensais non ?

Table des matières

En bref…

Le consentement ne se résume plus à un simple "oui" ou "non". Il est devenu un enjeu central dans la vie psychique, un repère fondamental pour reconstruire l’intégrité de soi. Beaucoup de personnes arrivent en thérapie avec le sentiment d’avoir cédé, sans vraiment vouloir, ou d’avoir été franchies, sans même s’en rendre compte. Ce flou, souvent banalisé, produit une forme de dissociation intérieure qui alimente la honte, le mal-être, la perte de confiance.
Aujourd’hui, consentir en conscience devient un acte thérapeutique.

Retrouver son droit de dire non, c’est parfois renouer avec son histoire inconsciente : psychanalyse à Versailles

Le consentement : une brèche intime aux conséquences profondes

Ce n’est pas toujours un cri, un refus violent ou un acte de force.

Parfois, c’est un regard baissé. Une gorge nouée. Une voix éteinte.

Le consentement, lorsqu’il est bafoué, ne laisse pas toujours de bleus visibles, mais il fracture le sentiment d’unité intérieure. Il divise le sujet entre ce qu’il ressent et ce qu’il montre, entre ce qu’il voudrait et ce qu’il accepte.

On croit souvent que le traumatisme survient dans l’exceptionnel. En réalité, ce sont souvent les atteintes répétées, banalisées, qui marquent le plus profondément. Et ces atteintes ne sont pas toujours reconnues comme telles. Elles prennent des formes multiples :

  • Une adolescente qui « accepte » un rapport sexuel parce qu’elle a peur qu’on la quitte.
  • Un patient à qui l’on impose un acte médical sans explication, et qui se sent humilié.
  • Un enfant à qui on répète : « Ce n’est pas poli de dire non à un adulte. »
  • Un salarié qui doit faire des heures supplémentaires sans compensation, « pour l’équipe ».

À chaque fois, c’est un morceau de la subjectivité qui est nié.

Et plus la personne doute de son droit à refuser, plus elle perd confiance dans ce qu’elle ressent. Le consentement devient flou.

💬 « Je ne savais plus si ce que je ressentais comptait vraiment. » — L., 42 ans, en thérapie pour fatigue chronique et anxiété

Cette confusion crée un terrain fertile pour le mal-être : fatigue émotionnelle, troubles de l’humeur, somatisations, crises de panique… autant de signaux d’alerte qui trouvent souvent racine dans ces moments où le corps a dit non mais la bouche a dit oui.

C’est en cela que le respect du consentement est un enjeu thérapeutique crucial : non seulement parce qu’il prévient la violence, mais surtout parce qu’il répare la cohérence intérieure, en permettant à la personne de retrouver sa voix, son corps, son pouvoir de choix.

Lorsque j’ai reçu Adèle, 38 ans, elle évoquait un mal-être diffus : une fatigue persistante, des troubles du sommeil, un sentiment de déconnexion dans ses relations. Pas de drame en apparence. Pas de souvenir d’événements traumatiques.

Mais un jour, elle lâche cette phrase, presque anodine :
« Il ne m’a jamais forcée. Mais… je n’étais pas vraiment d’accord. »

Cette phrase contient en germe tout le paradoxe du consentement. Adèle ne parle pas de viol, ni d’agression. Elle parle d’un ancien compagnon, rencontré à 20 ans. Une relation de plusieurs années, « normale » en apparence, mais dont elle ressort émotionnellement vidée.

Au fil des séances, elle met des mots sur ce qui n’avait jamais été nommé :

  • Le sexe « pour lui faire plaisir » alors qu’elle n’en avait pas envie.
  • Les décisions prises à sa place, qu’elle ne remettait jamais en question.
  • Les invitations, les vêtements, les choix de vacances qu’elle « acceptait » sans jamais les désirer.
  • Et surtout, cette petite voix intérieure qui, chaque fois qu’elle voulait dire non, lui soufflait : « Tu vas le blesser. Ce n’est pas grave. Tais-toi. »
Adèle avait intégré une équation toxique : être aimée = se taire, se plier, céder.

Comme beaucoup d'autres, elle avait grandi dans une culture où dire non est mal vu, où faire plaisir est valorisé, où les désirs personnels sont jugés égoïstes.

En thérapie, ce n’est pas seulement la relation à cet homme qu’elle déconstruit, mais tout un système de croyances sur le couple, la féminité, le devoir et l’amour.
Elle découvre que le consentement véritable ne consiste pas à dire oui pour éviter un conflit, mais à dire oui parce que l’on s’accorde avec soi-même.

Et lorsqu’elle parvient à dire, pour la première fois, « Je ne veux pas. Et c’est légitime. », le symptôme s’allège. L’insomnie recule. La fatigue s’apaise. Ce n’est pas magique — c’est un travail. Mais c’est un point d’ancrage, une reconquête intérieure.

Quelques chiffres

Ce que l’on croyait “normal” est en réalité souvent intériorisé, subi, douloureux.

Les chiffres, quand on les regarde de près, sont frappants — non pas seulement par leur ampleur, mais par ce qu’ils révèlent de la banalisation des atteintes au consentement.

📊 46 % des femmes françaises déclarent avoir déjà eu des rapports sexuels sans en avoir réellement envie, par peur de déplaire, d’être rejetées ou jugées. (Source : IFOP, 2023)

🏥 37 % des patient(e)s affirment avoir accepté des soins médicaux sans se sentir réellement libres de refuser, que ce soit par crainte de paraître “difficiles” ou par absence d’explication claire de la part des professionnels. (Source : Baromètre Santé Publique France, 2022)

👩‍💻 En entreprise, près d’un salarié sur deux a déjà ressenti une pression pour accepter une charge de travail ou une mission sans pouvoir réellement s’y opposer, au risque d'être perçu comme peu investi ou non coopératif. (Source : Observatoire Qualité de Vie au Travail, 2023)

Et que dire de la sphère familiale ?
Selon une étude de l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales), 62 % des parents ont déjà "forcé" leur enfant à faire la bise à un adulte malgré son refus.

Ces chiffres ne disent pas seulement que les gens subissent. Ils montrent à quel point nous avons collectivement appris à nous taire, à obéir, à nous adapter.
Et combien cela peut altérer notre rapport à nous-mêmes.

💬 « Quand on m’impose quelque chose et que je n’ose pas refuser, je me sens disparaître. » – témoignage d’un patient de 27 ans, en thérapie pour crises d’angoisse

Le plus préoccupant ? Ces expériences, parce qu’elles sont fréquentes, sont souvent minimisées. On les relègue dans les “petits malaises” du quotidien. Or, c’est justement cette banalisation qui rend la blessure plus difficile à identifier… et donc plus difficile à réparer.

Le consentement, ce traumatisme discret

Ce n’est pas un choc. C’est une érosion.

Pas un événement spectaculaire, mais une suite de petits renoncements qui, au fil du temps, grignotent la confiance, l’estime de soi, le sentiment d’avoir le droit d’exister pour soi-même.

En thérapie, les patients arrivent souvent avec des symptômes :

  • Fatigue inexpliquée, comme si leur énergie s’évaporait sans raison.
  • Anxiété diffuse, sans déclencheur identifiable.
  • Incapacité à dire non, peur panique de décevoir.
  • Difficulté à sentir ce qu’ils veulent vraiment.
  • Culpabilité constante, même pour des choix anodins.

Et lorsque l’on explore les racines de ces manifestations, on tombe souvent sur un fil conducteur invisible mais tenace : l’apprentissage précoce à consentir contre soi.

Un patient de 45 ans me dit un jour :
« Je crois que je n’ai jamais vraiment su ce que j’avais envie de faire. J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi. »

Le mot traumatisme fait parfois peur. Mais dans la clinique, il désigne aussi ces expériences répétées où le sujet n’a pas pu dire non, n’a pas été cru, ou s’est senti obligé d’accepter l’inacceptable.

Ce traumatisme discret n’explose pas comme une bombe. Il s’infiltre. Il se fait passer pour du conformisme, de la politesse, de la loyauté. Il adopte des masques valorisés socialement : l’enfant obéissant, le salarié dévoué, le conjoint “facilitant”.

Mais sous ces rôles, le corps, lui, se souvient. Et c’est souvent à travers lui que la souffrance se manifeste.

💡 Le traumatisme du non-consentement est d’autant plus profond qu’il est accompagné d’un sentiment de solitude intérieure. De devoir dire oui… sans témoin de ce renoncement.

Ironie du quotidien : ouvrir son sac… ou son intimité

Il y a des scènes ordinaires qui en disent long.

Un samedi matin, au supermarché. Une cliente refuse d’ouvrir son sac à la caisse. Le personnel insiste. Elle décline, poliment mais fermement. On l’ignore. On bloque son passage. On la soupçonne. On la suit.
« Si vous n’avez rien à cacher, pourquoi refuser ? »

La pression est sociale, insidieuse, presque banale. Mais ce n’est pas un sac qu’on exige d’ouvrir. C’est une zone d’intimité. Un droit fondamental à disposer de soi.
Et si cette scène fait écho à tant de consultations, c’est parce qu’elle symbolise parfaitement ce que vivent de nombreuses personnes dans leur histoire affective, sexuelle ou professionnelle.

On vous demande de justifier vos silences.
On vous impose une transparence qui n’a rien de consentie.
On vous pousse à céder… au nom du “bon fonctionnement”.

💬 « On m’a toujours fait sentir que si je refusais, je devenais suspecte. » — témoignage recueilli lors d’un groupe de parole

Cette anecdote apparemment anodine rejoint une réalité clinique bien connue : le sentiment de devoir se justifier pour préserver ses limites est un signal de non-respect du consentement.
Et plus le contexte légitime cette intrusion (famille, couple, hôpital, école, administration…), plus elle devient invisible, donc toxique.

Le problème, ce n’est pas qu’on vous demande. C’est qu’on n’accepte pas que vous refusiez.

Ouvrir son sac à la caisse, se dévoiler dans une relation, dire “oui” à une injection, un rapport, une mission, une faveur…
Dans tous ces cas, la question n’est pas l’acte en soi, mais la liberté qu’on a, ou non, de dire non.

Et quand cette liberté est niée, le symptôme apparaît souvent à la place du mot : colère rentrée, angoisse diffuse, sentiment d’injustice, désinvestissement.
C’est alors que la thérapie devient un espace de réappropriation.
Un lieu où refuser ne veut plus dire trahir, mais se choisir.

Et dans le couple, le travail, la famille : un fil rouge ?

La question du consentement ne se pose pas uniquement dans la sexualité.

Elle traverse tous les domaines de la vie psychique et relationnelle : le couple, la famille, l’école, le travail, les soins, l’amitié.

Et si, à bien y regarder, ces sphères si différentes obéissaient parfois à la même logique : celle du consentement implicite, du devoir de plaire, du “ça va de soi” ?

  • Dans le couple, on “accepte” certaines choses pour préserver l’harmonie. On se tait pour ne pas froisser. On fait l’amour sans envie, “pour ne pas qu’il/elle se sente rejeté(e)”.
  • En famille, on joue un rôle attendu. Le bon fils. La fille gentille. Celle qui ne fait pas d’histoires. Celui qui ne dit rien. Et on apprend à “faire avec”.
  • Au travail, on dit oui à des tâches non prévues, à des déplacements épuisants, à des horaires injustes, parce qu’on veut “montrer qu’on est motivé”. Parce qu’on a intégré que dire non, c’est risquer sa place.
  • En médecine, on subit des examens ou des injonctions thérapeutiques, parfois violentes psychiquement, au nom d’un “c’est pour votre bien” rarement négocié.
💬 « Depuis l’enfance, j’ai appris à consentir sans réfléchir. Je crois que je n’ai jamais vraiment exercé mon libre arbitre. » — Paul, 52 ans, en burn-out

Ces expériences n’ont pas besoin d’être traumatiques en soi. C’est leur répétition, leur invisibilité, leur banalisation qui érode peu à peu la conscience de soi comme sujet.

Et ce fil rouge, les patients viennent souvent le découvrir en séance, par petites touches. Ce n’est pas une révélation brutale. C’est un travail de reconnaissance progressive : celui d’avoir grandi dans un monde où le “non” n’était pas toujours une option.

La thérapie aide à sortir de la culpabilité et de l’auto-accusation.
Elle permet d’identifier ce qui, sous couvert d’amour ou d’engagement, a pu reposer sur de la contrainte émotionnelle, du chantage affectif, ou une absence d’alternative réelle.

Retrouver son pouvoir de dire “oui” en conscience, c’est aussi guérir de tous les “oui” qu’on a prononcés à contre-cœur.

🗣 « Le véritable consentement, c’est quand le corps et la parole disent la même chose. »Dr Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste du psychotrauma

Ce que la thérapie permet : reconstruire son intégrité

La thérapie n’est pas un lieu où l’on apprend à dire oui.

C’est un espace où l’on réapprend à sentir, à choisir, à dire non sans se trahir, et à dire oui sans se forcer.

Lorsque le consentement a été systématiquement bafoué — même sans violence manifeste — la personne peut se couper d’elle-même, perdre le contact avec ses désirs profonds, ses limites, ses ressentis corporels.
C’est là que la psychothérapie prend tout son sens.

💬 « En fait, je ne savais même plus ce que j’avais envie de manger. Je disais “comme tu veux”, même pour ça. » — témoignage de Claire, 31 ans, en thérapie depuis 6 mois

La thérapie offre un cadre sécure et sans jugement, dans lequel le patient va pouvoir expérimenter, parfois pour la première fois, une relation où l’on ne le pousse pas, ne l’interprète pas, ne l’attend pas à un endroit précis.

C’est dans cette expérience d’une relation asymétrique mais non dominatrice que peut émerger peu à peu :

  • La conscience de ses sensations internes (envie, fatigue, résistance).
  • Le droit à l’hésitation : on peut ne pas savoir tout de suite.
  • Le droit au changement d’avis : un “oui” peut devenir un “non”.
  • Le droit de ne pas se justifier.
  • La légitimité à poser des limites, même face à une figure d’autorité.
🔍 « Le droit de refuser, c’est la condition de tout désir. »Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste

Et c’est souvent dans les petits détails du transfert que cette reconquête s’effectue : oser demander un changement d’horaire, exprimer un désaccord, refuser une interprétation. Ces micro-mouvements intimes sont les premiers pas vers une souveraineté retrouvée.

🧠 « Le consentement véritable, c’est quand je ne me trahis plus, même un peu. » — formulation reprise par un patient après un an de suivi

En définitive, le travail thérapeutique n’impose rien, il révèle.
Et ce qui est révélé, c’est souvent un sujet qui retrouve le courage de s’écouter, de se choisir — et de vivre en accord avec lui-même.

Quand le "oui" masque un malaise profond, la psychanalyse à Versailles peut aider à en dénouer le sens

En conclusion : réapprendre à être souverain de soi

Consentir, ce n’est pas céder.
Ce n’est pas faire plaisir, ni “ne pas faire d’histoires”. Ce n’est pas non plus renoncer à soi pour préserver une relation, une paix apparente, un équilibre de surface.

Consentir, c’est choisir. En conscience. En présence. En sécurité.
Et cela, peu de gens y ont été vraiment autorisés. Beaucoup ont appris très tôt qu’il fallait dire oui pour survivre, être aimé, se faire accepter.
Mais ce “oui”, quand il est prononcé contre soi, laisse des traces. Il fracture l’unité psychique. Il génère colère rentrée, confusion, honte ou apathie.
Il fabrique des adultes qui ne savent plus ce qu’ils veulent… mais qui sentent profondément qu’ils n’en peuvent plus de subir.

La thérapie est alors ce lieu rare où l’on peut faire marche arrière sans se faire violence.
Elle permet d’oser dire non, d’éprouver un refus sans culpabilité, de sentir ce que l’on veut sans devoir le justifier. Elle offre un espace pour expérimenter une autre manière d’être en lien : respectueuse, claire, consciente.

💬 « Pour la première fois, je n’ai pas eu à m’expliquer. Juste à sentir. Et j’ai su que je ne voulais pas. Et que c’était OK. » — Extrait d’un récit de patiente en fin de thérapie

Réapprendre à consentir, c’est réapprendre à exister.
À se dire “oui” avant de le dire aux autres.
C’est retrouver sa souveraineté intérieure — non pas au détriment de la relation, mais pour la rendre enfin juste, vivante, véritable.

🧠 « Là où je ne peux pas dire non, je ne peux pas dire oui. »
Judith Lewis Herman, psychiatre et pionnière de la clinique du trauma

FAQ – Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le consentement… sans jamais oser le demander

Est-ce que le consentement ne concerne que la sexualité ?

Non, le consentement est un principe fondamental dans toutes les relations humaines.

Il concerne aussi bien les soins médicaux, les décisions éducatives, les relations amoureuses ou professionnelles. On peut subir une atteinte à son consentement lorsqu’on est contraint d’accepter une tâche au travail, une décision médicale ou un comportement familial. Le consentement suppose un choix libre, éclairé et réversible. En thérapie, on travaille justement sur ces zones grises, où la personne a pu dire "oui" sans vraiment le vouloir.

Pourquoi est-il si difficile de dire non ?

Beaucoup de personnes ont appris, dès l’enfance, que dire non, c’est être égoïste, ingrat, ou conflictuel.

Dire non pouvait entraîner des reproches, du rejet ou une punition affective. En grandissant, cette peur perdure et pousse à dire "oui" pour éviter le conflit, la culpabilité ou la solitude. Or, savoir dire non est essentiel pour préserver son intégrité psychique et physique. En thérapie, on explore ces conditionnements et on aide le patient à poser ses limites en toute légitimité, sans se trahir.

Peut-on revenir sur un consentement donné ?

Oui, et c’est une question cruciale. Un consentement n’est jamais définitif.

Il doit pouvoir être retiré à tout moment, surtout s’il a été obtenu sous contrainte, pression émotionnelle ou ignorance. De nombreuses personnes prennent conscience après coup qu’elles ont "consenti" sans le vouloir vraiment. En thérapie, ce travail de relecture du passépermet de sortir de la honte ou de la confusion, et de réaffirmer ses droits et son intégrité. Le retrait du consentement est une étape essentielle vers la reconstruction de soi.

Comment savoir si j’ai vraiment consenti ou juste cédé ?

Un vrai consentement suppose liberté, sécurité et désir sincère.

Si vous avez agi pour éviter un malaise, une colère ou un conflit, il s’agissait peut-être d’une forme de soumission ou de résignation. Le corps envoie souvent des signaux : malaise, tension, fatigue émotionnelle, sensation d’injustice. En thérapie, on apprend à distinguer un "oui" aligné d’un "oui" contraint. Cette prise de conscience permet de réaffirmer ses choix, de réparer les blessures anciennes et de réinstaller la confiance en ses ressentis profonds.

Est-ce que tout refus est une forme de consentement à soi-même ?

Pas toujours. Un refus peut parfois être défensif, dicté par la peur, le repli ou des blessures non digérées.

Mais savoir dire non, quand c’est ce qu’on ressent vraiment, est un acte fondateur. Cela permet de se respecter, de poser des limites et de se sentir maître de soi. L’enjeu thérapeutique est de différencier les refus protecteurs de ceux qui enferment. Dire non avec clarté et sérénité, c’est souvent la première étape vers un consentement véritablement conscient et libre.

Le consentement peut-il exister dans une relation de pouvoir ?

Oui, mais à certaines conditions.

Dans les relations asymétriques (parents/enfants, médecins/patients, employeurs/salariés, thérapeutes/patients), il faut veiller à garantir un espace de liberté réelle. Le consentement n’est valable que si le refus est possible sans menace ni conséquence négative. La thérapie explore ces relations où le pouvoir a pu masquer des violences symboliques ou psychiques, parfois intériorisées. Travailler sur le rapport au pouvoir et à l'autorité permet de rétablir une posture plus juste, respectueuse et équilibrée dans la relation à l’autre.

Peut-on être blessé sans violence physique ?

Oui, et c’est très fréquent.

Beaucoup de blessures liées au consentement relèvent de la violence psychologique ou émotionnelle : pression, chantage affectif, manipulation douce, infantilisation, non-écoute. Ces blessures sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont difficiles à nommer, et donc à reconnaître. Elles laissent souvent un sentiment de trahison, de confusion ou de perte de soi. La thérapie permet de valider ces ressentis, de remettre du sens et de sortir du doute intérieur, pour retrouver une base émotionnelle solide.

Comment la thérapie aide-t-elle à reconstruire un consentement sain ?

La thérapie offre un espace sécure, neutre et bienveillant, où aucune pression n’est exercée.

On y réapprend à écouter ses ressentis, à poser des limites, à identifier les injonctions intériorisées. Le thérapeute accompagne le patient dans la réappropriation de son corps, de ses désirs, de sa parole. Progressivement, la personne retrouve le droit d’exister pour elle-même, de dire non sans peur, et de dire oui avec plaisir. Le consentement redevient un choix, et non un automatisme dicté par l’angoisse.

Peut-on enseigner le consentement aux enfants ?

Oui, et c’est fondamental dès le plus jeune âge.

Il ne s’agit pas de tout laisser faire, mais d’apprendre à l’enfant à écouter ses ressentis, à respecter ceux des autres, à poser ses limites. Par exemple, on peut le laisser choisir s’il veut faire un bisou ou un signe de la main, ou le prévenir avant de le toucher. Cela renforce sa sécurité intérieure, sa confiance en lui, et prépare un adulte capable de relations saines et équilibrées.

Pourquoi ai-je honte de ne pas avoir dit non ?

Parce que la société valorise encore souvent les victimes "qui se débattent", et invisibilise celles qui se figent, cèdent ou se taisent.

Or, le figement est une réaction normale du cerveau face au danger. Il ne signe pas un consentement, mais une stratégie de survie. La honte vient souvent de cette incompréhension. En thérapie, on apprend à reconnaître cette part blessée, à lui redonner sa dignité, et à sortir du récit culpabilisant qui empêche de guérir.

Et si je ne sais plus ce que je veux ?

C’est fréquent lorsque le consentement a été régulièrement bafoué : on se déconnecte de ses désirs réels, on agit en fonction des attentes des autres, on devient "lisse" pour être aimé ou tranquille.

La thérapie permet de reconnecter avec ses sensations corporelles, ses envies profondes, ses émotions authentiques. Cela prend du temps, mais c’est un processus réparateur. Retrouver ce que l’on veut, même timidement, c’est retrouver une forme de liberté intérieure et de souveraineté émotionnelle.

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Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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