« J’ai dit oui… mais je ne voulais pas vraiment. » Cette phrase, des dizaines de patients la prononcent chaque semaine. Par peur du conflit, par habitude, pour faire plaisir ou éviter la solitude, ils ont appris à consentir sans désir, à céder sans en avoir envie. Ce “oui” arraché, ce “non” étouffé, laissent des cicatrices invisibles mais profondes. Aujourd’hui, le consentement blessé devient un motif majeur de consultation thérapeutique. Car derrière bien des symptômes — fatigue, anxiété, blocages relationnels — se cache une simple question restée sans réponse : à quoi ai-je dit oui… alors que je pensais non ?
Le consentement ne se résume plus à un simple "oui" ou "non". Il est devenu un enjeu central dans la vie psychique, un repère fondamental pour reconstruire l’intégrité de soi. Beaucoup de personnes arrivent en thérapie avec le sentiment d’avoir cédé, sans vraiment vouloir, ou d’avoir été franchies, sans même s’en rendre compte. Ce flou, souvent banalisé, produit une forme de dissociation intérieure qui alimente la honte, le mal-être, la perte de confiance.
Aujourd’hui, consentir en conscience devient un acte thérapeutique.
Retrouver son droit de dire non, c’est parfois renouer avec son histoire inconsciente : psychanalyse à Versailles
Le consentement, lorsqu’il est bafoué, ne laisse pas toujours de bleus visibles, mais il fracture le sentiment d’unité intérieure. Il divise le sujet entre ce qu’il ressent et ce qu’il montre, entre ce qu’il voudrait et ce qu’il accepte.
On croit souvent que le traumatisme survient dans l’exceptionnel. En réalité, ce sont souvent les atteintes répétées, banalisées, qui marquent le plus profondément. Et ces atteintes ne sont pas toujours reconnues comme telles. Elles prennent des formes multiples :
💬 « Je ne savais plus si ce que je ressentais comptait vraiment. » — L., 42 ans, en thérapie pour fatigue chronique et anxiété
Cette confusion crée un terrain fertile pour le mal-être : fatigue émotionnelle, troubles de l’humeur, somatisations, crises de panique… autant de signaux d’alerte qui trouvent souvent racine dans ces moments où le corps a dit non mais la bouche a dit oui.
C’est en cela que le respect du consentement est un enjeu thérapeutique crucial : non seulement parce qu’il prévient la violence, mais surtout parce qu’il répare la cohérence intérieure, en permettant à la personne de retrouver sa voix, son corps, son pouvoir de choix.
Mais un jour, elle lâche cette phrase, presque anodine :
— « Il ne m’a jamais forcée. Mais… je n’étais pas vraiment d’accord. »
Cette phrase contient en germe tout le paradoxe du consentement. Adèle ne parle pas de viol, ni d’agression. Elle parle d’un ancien compagnon, rencontré à 20 ans. Une relation de plusieurs années, « normale » en apparence, mais dont elle ressort émotionnellement vidée.
Au fil des séances, elle met des mots sur ce qui n’avait jamais été nommé :
Adèle avait intégré une équation toxique : être aimée = se taire, se plier, céder.
Comme beaucoup d'autres, elle avait grandi dans une culture où dire non est mal vu, où faire plaisir est valorisé, où les désirs personnels sont jugés égoïstes.
En thérapie, ce n’est pas seulement la relation à cet homme qu’elle déconstruit, mais tout un système de croyances sur le couple, la féminité, le devoir et l’amour.
Elle découvre que le consentement véritable ne consiste pas à dire oui pour éviter un conflit, mais à dire oui parce que l’on s’accorde avec soi-même.
Et lorsqu’elle parvient à dire, pour la première fois, « Je ne veux pas. Et c’est légitime. », le symptôme s’allège. L’insomnie recule. La fatigue s’apaise. Ce n’est pas magique — c’est un travail. Mais c’est un point d’ancrage, une reconquête intérieure.
📊 46 % des femmes françaises déclarent avoir déjà eu des rapports sexuels sans en avoir réellement envie, par peur de déplaire, d’être rejetées ou jugées. (Source : IFOP, 2023)
🏥 37 % des patient(e)s affirment avoir accepté des soins médicaux sans se sentir réellement libres de refuser, que ce soit par crainte de paraître “difficiles” ou par absence d’explication claire de la part des professionnels. (Source : Baromètre Santé Publique France, 2022)
👩💻 En entreprise, près d’un salarié sur deux a déjà ressenti une pression pour accepter une charge de travail ou une mission sans pouvoir réellement s’y opposer, au risque d'être perçu comme peu investi ou non coopératif. (Source : Observatoire Qualité de Vie au Travail, 2023)
Et que dire de la sphère familiale ?
Selon une étude de l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales), 62 % des parents ont déjà "forcé" leur enfant à faire la bise à un adulte malgré son refus.
Ces chiffres ne disent pas seulement que les gens subissent. Ils montrent à quel point nous avons collectivement appris à nous taire, à obéir, à nous adapter.
Et combien cela peut altérer notre rapport à nous-mêmes.
💬 « Quand on m’impose quelque chose et que je n’ose pas refuser, je me sens disparaître. » – témoignage d’un patient de 27 ans, en thérapie pour crises d’angoisse
Le plus préoccupant ? Ces expériences, parce qu’elles sont fréquentes, sont souvent minimisées. On les relègue dans les “petits malaises” du quotidien. Or, c’est justement cette banalisation qui rend la blessure plus difficile à identifier… et donc plus difficile à réparer.
En thérapie, les patients arrivent souvent avec des symptômes :
Et lorsque l’on explore les racines de ces manifestations, on tombe souvent sur un fil conducteur invisible mais tenace : l’apprentissage précoce à consentir contre soi.
Un patient de 45 ans me dit un jour :
« Je crois que je n’ai jamais vraiment su ce que j’avais envie de faire. J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi. »
Le mot traumatisme fait parfois peur. Mais dans la clinique, il désigne aussi ces expériences répétées où le sujet n’a pas pu dire non, n’a pas été cru, ou s’est senti obligé d’accepter l’inacceptable.
Ce traumatisme discret n’explose pas comme une bombe. Il s’infiltre. Il se fait passer pour du conformisme, de la politesse, de la loyauté. Il adopte des masques valorisés socialement : l’enfant obéissant, le salarié dévoué, le conjoint “facilitant”.
Mais sous ces rôles, le corps, lui, se souvient. Et c’est souvent à travers lui que la souffrance se manifeste.
💡 Le traumatisme du non-consentement est d’autant plus profond qu’il est accompagné d’un sentiment de solitude intérieure. De devoir dire oui… sans témoin de ce renoncement.
La pression est sociale, insidieuse, presque banale. Mais ce n’est pas un sac qu’on exige d’ouvrir. C’est une zone d’intimité. Un droit fondamental à disposer de soi.
Et si cette scène fait écho à tant de consultations, c’est parce qu’elle symbolise parfaitement ce que vivent de nombreuses personnes dans leur histoire affective, sexuelle ou professionnelle.
On vous demande de justifier vos silences.
On vous impose une transparence qui n’a rien de consentie.
On vous pousse à céder… au nom du “bon fonctionnement”.
💬 « On m’a toujours fait sentir que si je refusais, je devenais suspecte. » — témoignage recueilli lors d’un groupe de parole
Cette anecdote apparemment anodine rejoint une réalité clinique bien connue : le sentiment de devoir se justifier pour préserver ses limites est un signal de non-respect du consentement.
Et plus le contexte légitime cette intrusion (famille, couple, hôpital, école, administration…), plus elle devient invisible, donc toxique.
Ouvrir son sac à la caisse, se dévoiler dans une relation, dire “oui” à une injection, un rapport, une mission, une faveur…
Dans tous ces cas, la question n’est pas l’acte en soi, mais la liberté qu’on a, ou non, de dire non.
Et quand cette liberté est niée, le symptôme apparaît souvent à la place du mot : colère rentrée, angoisse diffuse, sentiment d’injustice, désinvestissement.
C’est alors que la thérapie devient un espace de réappropriation.
Un lieu où refuser ne veut plus dire trahir, mais se choisir.
Elle traverse tous les domaines de la vie psychique et relationnelle : le couple, la famille, l’école, le travail, les soins, l’amitié.
Et si, à bien y regarder, ces sphères si différentes obéissaient parfois à la même logique : celle du consentement implicite, du devoir de plaire, du “ça va de soi” ?
💬 « Depuis l’enfance, j’ai appris à consentir sans réfléchir. Je crois que je n’ai jamais vraiment exercé mon libre arbitre. » — Paul, 52 ans, en burn-out
Ces expériences n’ont pas besoin d’être traumatiques en soi. C’est leur répétition, leur invisibilité, leur banalisation qui érode peu à peu la conscience de soi comme sujet.
Et ce fil rouge, les patients viennent souvent le découvrir en séance, par petites touches. Ce n’est pas une révélation brutale. C’est un travail de reconnaissance progressive : celui d’avoir grandi dans un monde où le “non” n’était pas toujours une option.
La thérapie aide à sortir de la culpabilité et de l’auto-accusation.
Elle permet d’identifier ce qui, sous couvert d’amour ou d’engagement, a pu reposer sur de la contrainte émotionnelle, du chantage affectif, ou une absence d’alternative réelle.
Retrouver son pouvoir de dire “oui” en conscience, c’est aussi guérir de tous les “oui” qu’on a prononcés à contre-cœur.
🗣 « Le véritable consentement, c’est quand le corps et la parole disent la même chose. »— Dr Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste du psychotrauma
Lorsque le consentement a été systématiquement bafoué — même sans violence manifeste — la personne peut se couper d’elle-même, perdre le contact avec ses désirs profonds, ses limites, ses ressentis corporels.
C’est là que la psychothérapie prend tout son sens.
💬 « En fait, je ne savais même plus ce que j’avais envie de manger. Je disais “comme tu veux”, même pour ça. » — témoignage de Claire, 31 ans, en thérapie depuis 6 mois
La thérapie offre un cadre sécure et sans jugement, dans lequel le patient va pouvoir expérimenter, parfois pour la première fois, une relation où l’on ne le pousse pas, ne l’interprète pas, ne l’attend pas à un endroit précis.
C’est dans cette expérience d’une relation asymétrique mais non dominatrice que peut émerger peu à peu :
🔍 « Le droit de refuser, c’est la condition de tout désir. »— Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste
Et c’est souvent dans les petits détails du transfert que cette reconquête s’effectue : oser demander un changement d’horaire, exprimer un désaccord, refuser une interprétation. Ces micro-mouvements intimes sont les premiers pas vers une souveraineté retrouvée.
🧠 « Le consentement véritable, c’est quand je ne me trahis plus, même un peu. » — formulation reprise par un patient après un an de suivi
En définitive, le travail thérapeutique n’impose rien, il révèle.
Et ce qui est révélé, c’est souvent un sujet qui retrouve le courage de s’écouter, de se choisir — et de vivre en accord avec lui-même.
Quand le "oui" masque un malaise profond, la psychanalyse à Versailles peut aider à en dénouer le sens
Consentir, ce n’est pas céder.
Ce n’est pas faire plaisir, ni “ne pas faire d’histoires”. Ce n’est pas non plus renoncer à soi pour préserver une relation, une paix apparente, un équilibre de surface.
Consentir, c’est choisir. En conscience. En présence. En sécurité.
Et cela, peu de gens y ont été vraiment autorisés. Beaucoup ont appris très tôt qu’il fallait dire oui pour survivre, être aimé, se faire accepter.
Mais ce “oui”, quand il est prononcé contre soi, laisse des traces. Il fracture l’unité psychique. Il génère colère rentrée, confusion, honte ou apathie.
Il fabrique des adultes qui ne savent plus ce qu’ils veulent… mais qui sentent profondément qu’ils n’en peuvent plus de subir.
La thérapie est alors ce lieu rare où l’on peut faire marche arrière sans se faire violence.
Elle permet d’oser dire non, d’éprouver un refus sans culpabilité, de sentir ce que l’on veut sans devoir le justifier. Elle offre un espace pour expérimenter une autre manière d’être en lien : respectueuse, claire, consciente.
💬 « Pour la première fois, je n’ai pas eu à m’expliquer. Juste à sentir. Et j’ai su que je ne voulais pas. Et que c’était OK. » — Extrait d’un récit de patiente en fin de thérapie
Réapprendre à consentir, c’est réapprendre à exister.
À se dire “oui” avant de le dire aux autres.
C’est retrouver sa souveraineté intérieure — non pas au détriment de la relation, mais pour la rendre enfin juste, vivante, véritable.
🧠 « Là où je ne peux pas dire non, je ne peux pas dire oui. »
— Judith Lewis Herman, psychiatre et pionnière de la clinique du trauma
Il concerne aussi bien les soins médicaux, les décisions éducatives, les relations amoureuses ou professionnelles. On peut subir une atteinte à son consentement lorsqu’on est contraint d’accepter une tâche au travail, une décision médicale ou un comportement familial. Le consentement suppose un choix libre, éclairé et réversible. En thérapie, on travaille justement sur ces zones grises, où la personne a pu dire "oui" sans vraiment le vouloir.
Dire non pouvait entraîner des reproches, du rejet ou une punition affective. En grandissant, cette peur perdure et pousse à dire "oui" pour éviter le conflit, la culpabilité ou la solitude. Or, savoir dire non est essentiel pour préserver son intégrité psychique et physique. En thérapie, on explore ces conditionnements et on aide le patient à poser ses limites en toute légitimité, sans se trahir.
Il doit pouvoir être retiré à tout moment, surtout s’il a été obtenu sous contrainte, pression émotionnelle ou ignorance. De nombreuses personnes prennent conscience après coup qu’elles ont "consenti" sans le vouloir vraiment. En thérapie, ce travail de relecture du passépermet de sortir de la honte ou de la confusion, et de réaffirmer ses droits et son intégrité. Le retrait du consentement est une étape essentielle vers la reconstruction de soi.
Si vous avez agi pour éviter un malaise, une colère ou un conflit, il s’agissait peut-être d’une forme de soumission ou de résignation. Le corps envoie souvent des signaux : malaise, tension, fatigue émotionnelle, sensation d’injustice. En thérapie, on apprend à distinguer un "oui" aligné d’un "oui" contraint. Cette prise de conscience permet de réaffirmer ses choix, de réparer les blessures anciennes et de réinstaller la confiance en ses ressentis profonds.
Mais savoir dire non, quand c’est ce qu’on ressent vraiment, est un acte fondateur. Cela permet de se respecter, de poser des limites et de se sentir maître de soi. L’enjeu thérapeutique est de différencier les refus protecteurs de ceux qui enferment. Dire non avec clarté et sérénité, c’est souvent la première étape vers un consentement véritablement conscient et libre.
Dans les relations asymétriques (parents/enfants, médecins/patients, employeurs/salariés, thérapeutes/patients), il faut veiller à garantir un espace de liberté réelle. Le consentement n’est valable que si le refus est possible sans menace ni conséquence négative. La thérapie explore ces relations où le pouvoir a pu masquer des violences symboliques ou psychiques, parfois intériorisées. Travailler sur le rapport au pouvoir et à l'autorité permet de rétablir une posture plus juste, respectueuse et équilibrée dans la relation à l’autre.
Beaucoup de blessures liées au consentement relèvent de la violence psychologique ou émotionnelle : pression, chantage affectif, manipulation douce, infantilisation, non-écoute. Ces blessures sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont difficiles à nommer, et donc à reconnaître. Elles laissent souvent un sentiment de trahison, de confusion ou de perte de soi. La thérapie permet de valider ces ressentis, de remettre du sens et de sortir du doute intérieur, pour retrouver une base émotionnelle solide.
On y réapprend à écouter ses ressentis, à poser des limites, à identifier les injonctions intériorisées. Le thérapeute accompagne le patient dans la réappropriation de son corps, de ses désirs, de sa parole. Progressivement, la personne retrouve le droit d’exister pour elle-même, de dire non sans peur, et de dire oui avec plaisir. Le consentement redevient un choix, et non un automatisme dicté par l’angoisse.
Il ne s’agit pas de tout laisser faire, mais d’apprendre à l’enfant à écouter ses ressentis, à respecter ceux des autres, à poser ses limites. Par exemple, on peut le laisser choisir s’il veut faire un bisou ou un signe de la main, ou le prévenir avant de le toucher. Cela renforce sa sécurité intérieure, sa confiance en lui, et prépare un adulte capable de relations saines et équilibrées.
Or, le figement est une réaction normale du cerveau face au danger. Il ne signe pas un consentement, mais une stratégie de survie. La honte vient souvent de cette incompréhension. En thérapie, on apprend à reconnaître cette part blessée, à lui redonner sa dignité, et à sortir du récit culpabilisant qui empêche de guérir.
La thérapie permet de reconnecter avec ses sensations corporelles, ses envies profondes, ses émotions authentiques. Cela prend du temps, mais c’est un processus réparateur. Retrouver ce que l’on veut, même timidement, c’est retrouver une forme de liberté intérieure et de souveraineté émotionnelle.
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