Toute notre vie oscille de la souffrance à l'ennui...
9/12/2024

Toute notre vie oscille de la souffrance à l'ennui...

Schopenhauer résume la vie en une oscillation implacable : de la souffrance, née du désir insatisfait, à l’ennui, fruit d’une satisfaction qui déçoit. Ce constat, à la fois brutal et fascinant, interroge notre quête du bonheur : sommes-nous voués à poursuivre des illusions, ou peut-on apprivoiser ce balancier inexorable ? La question reste ouverte.

Table des matières

Etudier l'ennui avec un psychanalyste à Versailles

Arthur Schopenhauer, ce grand pessimiste, disait de la vie qu’elle oscille perpétuellement entre souffrance et ennui. Une sentence qui, à première vue, semble désespérante n'est-pas ? Et pourtant, n’est-ce pas une vérité que nous expérimentons tous, chaque jour ? Ce balancier entre manque et satiété, entre le désir et sa disparition, est au cœur de notre condition humaine.

Mais faut-il y voir une malédiction ? Ou simplement une invitation à mieux comprendre ce que nous sommes, et peut-être, à mieux vivre malgré tout ? Examinons cette idée avec un regard lucide mais non sans espérance.

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Comprendre la souffrance : quand le manque s’impose

La souffrance, selon Schopenhauer, est le point de départ de l’existence. Pourquoi ?

Parce que désirer, c’est manquer, et manquer, c’est souffrir.

Toute volonté, toute aspiration naît d’un vide, d’un besoin, d’une absence.

Prenons un exemple simple : la faim. Quand le corps a besoin de nourriture, ce manque se traduit immédiatement en douleur : le ventre crie, l’esprit s’agite. Cela semble trivial, et pourtant, c’est universel. C’est la condition de tout être vivant. Et que dire des besoins affectifs ou spirituels ? "Je l’aime, mais il-elle ne m’aime pas" : ce manque, qui n’est pas physique, n’en est pas moins douloureux.

Le cœur souffre tout autant que le corps.

Schopenhauer nous pousse ici à regarder la souffrance en face. Elle est là, inhérente à la vie. Peut-on vraiment espérer la supprimer ? Non, sans doute. Mais en comprendre la mécanique nous permet de mieux l’accepter.

Souffrir, c’est être vivant. Et vivre, c’est désirer.

L’ennui : l’ombre de la satiété

Mais que se passe-t-il quand nos désirs sont satisfaits ?

Là où nous espérions trouver le bonheur, un autre mal surgit : l’ennui.

C’est l’ironie cruelle de notre condition : dès que le manque disparaît, le vide s’installe. Et ce vide, cette absence de tension, n’est pas la paix. C’est l’ennui, ce mal insidieux qui nous ronge lorsque plus rien ne nous pousse, lorsque plus rien ne nous anime.

Imaginez ceci : "J’ai enfin ce que je voulais. J’ai réussi, j’ai obtenu. Et maintenant ? Rien. Ni joie durable, ni satisfaction pleine. Je m’emmerde." Ce n’est pas le malheur, mais ce n’est pas non plus le bonheur. C’est le creux entre deux désirs, le moment où le pendule s’arrête avant de repartir.

Schopenhauer n’a pas tort : cet ennui est universel. Il est le revers de nos conquêtes.

Nous rêvons, nous espérons, et lorsque nos rêves se réalisent, une nouvelle quête commence.

Pourquoi ? Parce que nous ne savons pas vivre sans désirer. Le bonheur, s’il existe, ne peut être qu’un instant fragile, un passage fugace entre souffrance et ennui.

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Une oscillation inévitable, mais pas sans lumière

La vie oscille entre ces deux pôles. C’est un fait. Mais faut-il s’en désespérer ?

Oui, nous souffrons. Oui, nous nous ennuyons.

Mais entre ces deux extrêmes, il y a des moments de joie, des instants de grâce. Ce sont des éclats fugaces, et pourtant ils suffisent à donner un sens à l’existence.

Prenons une perspective plus large : souffrir, c’est espérer. Si je souffre, c’est que je désire quelque chose, que je crois encore au possible. Et si je m’ennuie, c’est peut-être parce que j’ai la chance de ne manquer de rien. Il y a une forme de gratitude à trouver dans cette oscillation, non pas pour nier la souffrance ou l’ennui, mais pour reconnaître que ces états sont le prix à payer pour les moments d’émerveillement.

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Apprendre à vivre avec Schopenhauer (et malgré lui)

La sagesse de Schopenhauer n’est pas de nous apprendre à échapper à la souffrance ou à l’ennui.

Ce serait illusoire. Elle réside dans cette invitation à accepter la réalité pour ce qu’elle est. "Aimons la vie telle qu’elle est, non telle que nous la rêvons."

Nous ne serons jamais parfaitement heureux. Mais cela ne veut pas dire que le bonheur est impossible.

Il n’est pas un état stable, mais un mouvement, une tension entre deux pôles. Le bonheur, c’est peut-être cette capacité à aimer ce mouvement, à trouver du sens dans l’effort, dans le désir, et même parfois dans l’ennui. Après tout, l’ennui, c’est aussi le luxe de pouvoir s’arrêter, de contempler, de respirer.

Schopenhauer nous donne une leçon essentielle : le bonheur n’est pas un droit, mais une conquête fragile, toujours menacée.

Une conquête qui ne peut se vivre qu’en acceptant les limites de notre condition. Et si, entre souffrance et ennui, il y a ces instants de grâce – un rire, un regard, une beauté aperçue – alors la vie ne vaut-elle pas d’être vécue ?

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FAQ – Souffrance, ennui et quête du bonheur selon Schopenhauer

Pourquoi oscille-t-on sans cesse entre souffrance et ennui ?

Parce que notre esprit fonctionne comme un mouvement perpétuel : dès qu’un désir se forme, un manque apparaît ; dès qu’il disparaît, un vide se ressent.

Cette dynamique est psychique autant que psychologique. Un thérapeute peut aider à comprendre comment ce balancier agit dans l’inconscient et comment retrouver un rapport plus apaisé à la vie. Ce travail intérieur permet d’être heureux autrement, avec plus de souplesse, moins de tension et une vision plus lucide de nos élans profonds.

Comment mieux vivre la souffrance psychique évoquée par Schopenhauer ?

La souffrance vient souvent d’un manque ou d’un désir insatisfait.

La comprendre évite qu’elle ne devienne un symptôme envahissant. Un travail avec un psychothérapeute, un psychologue ou un praticien en approche intégrative ou psychanalytique peut aider à nommer ce qui fait mal. Certaines psychothérapies, qu’elles soient comportementales, systémiques ou analytiques, offrent des outils précieux pour apaiser le corps, accueillir l’émotionnel et remettre du sens. L’objectif n’est pas d’éliminer toute souffrance, mais de l’apprivoiser pour qu’elle cesse d’occuper toute la scène.

L’ennui est-il vraiment un problème psychologique ?

L’ennui n’est pas seulement un manque d’activité : c’est un phénomène psychique complexe.

Il apparaît lorsque le désir s’éteint et qu’aucune nouvelle direction n’émerge. Certains deviennent anxieux face à ce vide intérieur. Les thérapeutes voient souvent l’ennui comme un espace fertile, si l’on parvient à un certain lâcher-prise. Les outils de pleine conscience, de relaxation ou certaines approches corporelles aident à habiter cet espace sans le craindre, et parfois même à y trouver des ressources insoupçonnées pour la suite du chemin.

Peut-on vraiment être heureux avec la vision pessimiste de Schopenhauer ?

Oui, paradoxalement.

Schopenhauer ne dit pas que le bonheur est impossible, seulement qu’il est mouvant. Le bonheur n’est pas un état figé, mais une respiration entre deux pôles. Les praticiens en approches thérapeutiques, qu’elles soient psychanalytiques, comportementales ou systémiques, aident souvent à apprivoiser ce rythme naturel de l’âme. En acceptant nos limites psychiques et émotionnelles, on cesse de se battre contre un idéal impossible. Cela ouvre la porte à une manière plus humble, plus douce, mais pourtant plus authentique d’être heureux.

Comment sortir du cycle souffrance–ennui dans la vie quotidienne ?

On ne sort pas totalement de ce cycle, mais on peut apprendre à le vivre autrement.

Le secret réside dans la présence, le sens et la capacité à se réorienter intérieurement. Identifier ce que l’on désire vraiment, travailler ses peurs, accueillir ses souffrances psychiques avec un praticien, ou encore réenclencher le mouvement. Certaines méthodes, comme l’hypnose ericksonienne, les approches corporelles ou la pleine conscience, aident à retrouver de la fluidité. Ce n’est pas une fuite, mais une manière d'habiter ce cycle avec plus de liberté.

Pourquoi le vide après avoir obtenu ce que je veux m’angoisse autant ?

Parce que l’être humain est fait pour désirer.

Quand le désir retombe, l’inconscient perd un appui et cela peut créer une forme d’angoisse émotionnelle. Ce phénomène, étudié en psychopathologie, peut être la pointe d’un besoin de sens ou d’une répétition inconsciente. Un thérapeute peut aider à comprendre ce que ce vide révèle. Parfois, il indique une étape psychique à franchir. Les approches intégratives ou psychanalytiques sont souvent précieuses pour explorer ce territoire intérieur sans s’y perdre.

Schopenhauer avait-il raison d’être aussi pessimiste ?

Il ne s’agissait pas d’un pessimisme gratuit, mais d’un réalisme face au fonctionnement du désir humain.

Son idée était surtout de rappeler de ne pas exiger de la vie ce qu’elle ne peut offrir en permanence. Beaucoup de thérapeutes utilisent cette perspective pour aider leurs patients à sortir de l’idéal tyrannique du bonheur absolu. Avec un travail psychologique, parfois comportemental, parfois analytique, on apprend à aimer la vie telle qu’elle se présente plutôt qu’à lutter contre ses limites structurelles.

Comment savoir si je dois consulter un psychologue ou un psychiatre face à cette oscillation ?

Si la souffrance devient trop lourde ou trop envahissante, consulter un psychologue, un psychothérapeute ou un psychiatre peut aider.

Le psychiatre intervient surtout lorsqu’un traitement médical peut être utile. Le psychologue ou le praticien en psychothérapies travaille davantage sur les émotions, les mécanismes inconscients et les fonctionnements psycho-affectifs. L’important est de choisir un professionnel avec une vraie déontologie et une approche thérapeutique dans laquelle vous vous sentez en sécurité et sincèrement accueilli.

L’ennui peut-il être un symptôme de quelque chose de plus profond ?

Oui.

L’ennui peut signaler une souffrance psychique plus ancienne : perte de sens, conflits inconscients, fatigue mentale, ou mécanismes de défense saturés. En psychopathologie, on le considère comme un indicateur intérieur, jamais comme un simple manque d’activité. Un thérapeute peut vous aider à comprendre ce que cet ennui dit de vous, de vos besoins ou de vos inhibitions. Certaines approches corporelles, comportementales ou analytiques permettent de déplier ce phénomène pour mieux le transformer.

Peut-on atténuer cette oscillation grâce à une psychothérapie ?

On ne supprime pas cette oscillation, mais on peut la vivre différemment.

Une psychothérapie peut aider à réduire l’intensité des extrêmes et donner plus d’espace aux moments de respiration intérieure. Une approche intégrative combine parfois des outils comportementaux, un travail corporel, une exploration psychanalytique et des techniques de pleine conscience pour accueillir souffrance et ennui sans se sentir écrasé. Le but n’est pas de devenir parfait, mais d’apprendre à marcher avec soi, avec plus de douceur et plus de liberté.

Est-ce normal d’avoir peur du bonheur à cause de cette oscillation souffrance–ennui ?

Oui, c’est fréquent.

Pour certaines personnes, être heureux réveille une inquiétude inconsciente : la crainte que tout s’effondre ou que le manque revienne brutalement. Ce mouvement psychique peut provenir d’anciennes souffrances, d’un conditionnement mental ou d’une difficulté à lâcher-prise. Un thérapeute ou un psychothérapeute peut aider à comprendre cette ambivalence émotionnelle. Les approches psychologiques intégratives ou psychanalytiques permettent souvent d’apprivoiser la peur du mieux-être et de transformer cette méfiance en une capacité douce à accueillir la joie.

Pourquoi cette vision de Schopenhauer résonne-t-elle autant quand on est anxieux ?

Parce que les personnes anxieuses ressentent plus intensément les variations internes : la montée du manque, puis la chute dans le vide.

Leur système psychique est constamment en alerte, parfois pour des raisons inconscientes. Cette oscillation peut alors sembler plus brutale. Un psychologue ou un praticien en psychothérapies comportementales peut aider à apaiser cette hypervigilance. Avec un travail thérapeutique adapté — relaxation, pleine conscience, techniques systémiques — la vie redevient moins menaçante, et les mouvements émotionnels plus supportables.

Cette oscillation peut-elle provoquer des symptômes corporels ?

Oui. Le corps et le psychique fonctionnent ensemble.

Quand l’esprit est tendu entre désir et vide, le corps peut manifester sa propre fatigue : tensions, insomnie, oppression thoracique, troubles digestifs. Ce ne sont pas forcément des maladies, mais des signaux. Une approche thérapeutique intégrative ou corporelle aide à relier ces symptômes à ce qui se joue dans l’inconscient. Certains praticiens utilisent des outils de relaxation, de pleine conscience ou d’hypnose ericksonienne pour apaiser les manifestations neuro-émotionnelles.

Pourquoi ai-je l’impression que le bonheur ne dure jamais ?

Parce que le bonheur, psychiquement, n’est pas un état stable : c’est un moment suspendu entre deux mouvements.

Cette réalité, décrite par Schopenhauer, rejoint ce que de nombreux thérapeutes observent en clinique : notre inconscient reste en mouvement permanent. À peine un désir accompli, la psyché cherche déjà ailleurs. Les approches analytiques ou systémiques peuvent aider à comprendre ces mécanismes, et les thérapies comportementales ou de pleine conscience permettent d’apprendre à savourer les instants heureux sans attendre qu’ils durent éternellement.

Comment savoir si cette oscillation cache une souffrance plus profonde ?

Quand l’ennui devient envahissant ou que la souffrance psychique prend trop de place, il peut être utile de consulter un thérapeute ou un psychologue.

Dans certains cas, cette oscillation révèle un conflit intérieur, une ancienne blessure inconsciente ou une difficulté émotionnelle non nommée. Les psychothérapies analytiques, comportementales ou intégratives permettent de repérer ces zones sensibles. Un psychiatre peut intervenir si des symptômes plus intenses apparaissent. L’objectif n’est jamais de pathologiser, mais de mieux comprendre ce qui se joue derrière ce rythme intérieur.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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