Qu’est-ce que la dyspareunie ?
7/5/2025

Qu’est-ce que la dyspareunie ?

Quand le corps dit non là où le cœur dit oui... Une douleur silencieuse, souvent tue. Vous pensiez que l’amour, le vrai, effaçait toutes les douleurs ? Pas celles-là.La dyspareunie, c’est cette douleur que l’on ne montre pas, que l’on n’ose pas dire, mais qui sabote l’intimité, ronge la confiance, et transforme la rencontre sexuelle en épreuve.Et pourtant, elle est loin d’être rare. En consultation sexologique ou psychothérapeutique, cette plainte revient souvent, sourde, taboue, honteuse.Il est temps d’en parler franchement. Car avoir mal pendant les rapports sexuels, ce n’est ni normal, ni une fatalité.

Qu’est-ce que la dyspareunie ?

La dyspareunie désigne une douleur ressentie pendant ou après un rapport sexuel, souvent localisée au niveau des organes génitaux, mais parfois plus diffuse (bas ventre, périnée, région lombaire…).

Elle peut être superficielle (à l’entrée du vagin), profonde, passagère ou chronique.

Cette douleur peut apparaître :

  • dès le début de la pénétration,
  • uniquement dans certaines positions,
  • ou même après l’acte, sous forme de brûlures, de crampes ou de tiraillements.

Elle concerne principalement les femmes, mais les hommes aussi peuvent souffrir de douleurs sexuelles, même si elles sont moins souvent reconnues.

Dyspareunie, vaginisme, vulvodynie : quelles différences ?

On confond souvent la dyspareunie avec d’autres troubles sexuels féminins. Voici quelques repères pour s’y retrouver :

  • Vaginisme : impossibilité ou grande difficulté à pénétrer le vagin, liée à une contraction involontaire des muscles périnéaux. La pénétration est impossible ou extrêmement douloureuse.
  • Vulvodynie : douleur chronique au niveau de la vulve, souvent décrite comme une brûlure ou une irritation, sans cause médicale identifiable.
  • Dyspareunie : douleur liée à l’acte sexuel, pouvant avoir des causes physiques, psychologiques ou mixtes.

Ces troubles peuvent se chevaucher, se renforcer mutuellement, ou masquer d’autres problématiques.

D’où l’importance d’un accompagnement pluridisciplinaire.

Quelles sont les causes de la dyspareunie ?

La dyspareunie n’a pas une seule origine.

C’est souvent un entrelacs de facteurs physiques, émotionnels et relationnels, qui s’imbriquent, se renforcent… et piègent. Identifier les causes de la douleur sexuelle est donc une étape essentielle, mais parfois délicate.

Les causes physiologiques (souvent sous-diagnostiquées)

Certaines pathologies gynécologiques peuvent expliquer la dyspareunie :

Un bilan médical complet, avec un(e) gynécologue à l’écoute, est indispensable pour écarter ou confirmer les causes organiques. Et non, ce n’est pas « dans votre tête » – même si le corps et le psychisme dialoguent en permanence.

Les causes psychologiques et traumatiques

Les douleurs pendant les rapports sexuels peuvent aussi être l’expression d’un conflit intérieur non symbolisé, d’une angoisse diffuse, ou encore d’un traumatisme ancien (abus sexuel, agression, intrusion médicale vécue comme violente…).

Le corps parle là où les mots ont été muselés. Il peut dire :

  • « Stop, je ne me sens pas en sécurité. »
  • « Je ne suis pas prête. »
  • « J’ai mal là où j’ai été blessée. »

La psychanalyse, la psychothérapie corporelle, ou l’hypnose thérapeutique permettent de mettre en lumière ces mémoires enfouies et de les transformer.

Les causes relationnelles et contextuelles

La douleur peut aussi surgir dans un contexte de couple tendu, d’attentes non partagées, ou de pressions sexuelles (même implicites).

Elle peut être le symptôme d’un déséquilibre relationnel, d’un manque de communication, d’une fatigue psychique ou… d’un désir éteint.

La sexualité n’est pas un simple geste mécanique. Elle se vit dans un climat émotionnel, un lien, une liberté. Et parfois, la douleur vient signaler que ce cadre n’est plus là.

Ce que la dyspareunie fait à la sexualité, au couple… et à soi-même

La dyspareunie ne se contente pas de gâcher les rapports sexuels. Elle agit comme un parasite émotionnel, qui s’infiltre dans toutes les dimensions de la vie intime et relationnelle.

À force de douleurs répétées, c’est le plaisir qui se fragilise, la confiance en soi qui vacille, et le lien de couple qui se tend.

Une sexualité sous tension

Quand chaque rapport devient source d’appréhension, le désir se rétracte.

Le corps anticipe la douleur, se crispe, se ferme. La peur du « ça va encore faire mal » vient remplacer la curiosité, la détente, l’abandon. Certaines femmes finissent par éviter toute situation intime, ou développer des formes de dégoût du contact sexuel, même s’il n’y a aucun rejet du partenaire.

Une estime de soi en miettes

La dyspareunie renvoie parfois une image dévastatrice : « Je suis anormale », « Je ne suis pas une vraie femme », « Mon corps est cassé ».

Cette souffrance identitaire, peu verbalisée, génère de la honte, de la culpabilité, de l’isolement émotionnel. Certaines consultantes parlent de se sentir « défaillantes », « déconnectées de leur sensualité », voire « trahies par leur propre corps ».

Un couple mis à l’épreuve

Du côté du partenaire, la douleur suscite souvent un sentiment d’impuissance, de frustration, ou de rejet mal interprété.

On se pose mille questions : « Est-ce que je m’y prends mal ? », « Est-ce qu’elle ne m’aime plus ? », « Dois-je insister, ou me résigner ? »

La sexualité peut devenir un sujet tabou, une source de conflits, ou un territoire d’évitement. Le silence s’installe, et avec lui, la distance. Pourtant, le couple peut aussi devenir un formidable levier de guérison, à condition que la parole circule et que chacun se sente écouté sans jugement.

Quelles solutions face à la dyspareunie ?

Bonne nouvelle : on ne naît pas douloureuse, on le devient… et on peut en sortir.

La dyspareunie n’est pas une fatalité. Elle demande une approche thérapeutique sur-mesure, à la croisée du médical, du psychologique, et parfois du sexologique. Voici les principales pistes pour retrouver une sexualité apaisée et libre.

Un diagnostic médical précis

La première étape est souvent un bilan gynécologique complet, pour écarter ou traiter d’éventuelles causes organiques : infections, sécheresse vaginale, endométriose, cicatrices post-accouchement, troubles hormonaux…

Trop de femmes entendent encore : « Tout va bien, c’est dans votre tête. »
Non. Un corps douloureux mérite une écoute sérieuse. Trouver un.e professionnel.le de santé respectueux.se est essentiel.

Une psychothérapie centrée sur la relation au corps et au désir

La douleur peut être le langage du psychisme.

Une psychothérapie peut alors permettre de :

  • décrypter ce que le corps exprime (refus, peur, mémoire traumatique),
  • explorer l’histoire personnelle et sexuelle,
  • restaurer l’image corporelle et la confiance dans le lien.

Les approches efficaces incluent :

  • La psychanalyse (exploration de l’histoire sexuelle inconsciente),
  • Les TCC (travail sur les pensées automatiques et les peurs anticipatoires),
  • La thérapie stratégique (intervention ciblée sur les cercles vicieux comportementaux),
  • L’hypnose thérapeutique (dialogue avec l’inconscient corporel, relâchement, désensibilisation),
  • L'EMDR
  • La thérapie sensorimotrice ou psycho-corporelle (réintégration du vécu corporel en douceur).

La sexothérapie ou thérapie de couple

Quand la douleur impacte le lien amoureux, une sexothérapie ou une thérapie de couple permet de réinstaurer le dialogue, de déconstruire les attentes, et de réinventer une intimité sans pression.

Car une sexualité épanouie ne se résume pas à la pénétration. Il existe mille chemins vers le plaisir, et parfois, la guérison passe par une redécouverte de la sensualité libre de toute injonction.

En conclusion : la douleur n’est pas une fatalité

La dyspareunie n’est pas un tabou à supporter, ni une anomalie à cacher.

C’est un signal d’alarme du corps, une invitation à rétablir un lien plus doux avec soi-même.

Il n’y a pas de solution magique, mais il existe des chemins de guérison, des outils thérapeutiques puissants, et surtout, des professionnels formés pour vous accompagner sans jugement.

Vous avez le droit d’avoir mal… mais aussi le droit d’aller mieux.

Et si cette douleur était justement le point de départ d’un nouveau dialogue avec votre corps ?

FAQ – Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la dyspareunie (sans oser le demander)

🔹 Est-ce normal d’avoir mal pendant les rapports sexuels ?

Non. Même si c’est courant, la douleur pendant un rapport sexuel n’est jamais normale.

Elle signale un déséquilibre physique, psychologique ou relationnel. Qu’elle soit ponctuelle ou chronique, la douleur mérite d’être entendue. Il ne s’agit ni d’un caprice ni d’un manque de désir. Votre corps a une bonne raison de parler. Et il est toujours possible de retrouver une sexualité sereine, avec l’aide appropriée.

🔹 La dyspareunie est-elle forcément liée à un traumatisme ?

Pas nécessairement.

Un traumatisme sexuel ou gynécologique peut être en cause, mais ce n’est pas systématique. La dyspareunie peut aussi être liée à un manque d’informations sexuelles, à une histoire de honte corporelle, à un conflit intrapsychique, ou à des dysfonctionnements hormonaux. Chaque histoire est singulière. L’essentiel est d’enquêter sans jugement, avec un professionnel de confiance.

🔹 Mon gynéco me dit que tout va bien, mais j’ai toujours mal. Que faire ?

Malheureusement, de nombreuses femmes entendent ce type de réponse.

Le bilan médical est utile, mais il n’explique pas tout. Si aucune cause organique n’est détectée, il est important de s’orienter vers une approche psychothérapeutique ou sexologique. Le corps n’invente pas la douleur. Il traduit parfois ce que le mental ne peut pas encore formuler. Faites-vous confiance et poursuivez la recherche d’une écoute bienveillante.

🔹 Peut-on guérir de la dyspareunie ?

Oui. Même si le chemin est parfois long, il est tout à fait possible de se libérer de la dyspareunie.

Avec un accompagnement adapté, une prise en charge globale (médicale, psychologique, corporelle), et un cadre thérapeutique sécurisant, la douleur peut céder la place à la détente, au désir, au plaisir. Il n’est jamais trop tard pour se réconcilier avec son corps.

🔹 Est-ce que la dyspareunie peut apparaître soudainement après des années sans douleur ?

Oui, cela arrive. La dyspareunie secondaire peut survenir à tout âge, même après des années de sexualité sans gêne.

Elle peut être déclenchée par un événement médical (accouchement, chirurgie, ménopause), un changement psychique (stress, dépression, deuil) ou une tension relationnelle. Si la douleur s’installe sans cause apparente, il est important d’explorer ce qui, consciemment ou non, pourrait perturber votre relation au corps, au désir ou à l’autre.

🔹 Est-ce que la dyspareunie est toujours liée à la pénétration ?

Pas forcément. Si la douleur pendant les rapports sexuels est souvent déclenchée par la pénétration, certaines femmes ressentent aussi une gêne ou des brûlures pendant les préliminaires, lors du contact, ou même simplement à l’idée de l’acte sexuel.

C’est parfois le signe d’un conflit plus profond entre désir et peur, ou d’un passé sexuel ou médical envahissant. L’essentiel est de ne pas minimiser cette douleur, quelle que soit sa forme.

🔹 Dois-je en parler à mon/ma partenaire ?

Oui, si vous en avez la possibilité. Parler de la douleur sexuelle dans le couple peut désamorcer bien des malentendus.

Cela permet d’éviter la culpabilité, la frustration ou la distance silencieuse. Vous pouvez expliquer simplement que ce n’est pas un rejet, mais un besoin d’écoute et de respect de votre rythme corporel. Dans certains cas, une thérapie de couple ou une sexothérapie peut offrir un cadre sécurisant pour restaurer la communication intime.

🔹 Qui consulter en cas de dyspareunie ?

Tout dépend de votre besoin :

  • Pour un bilan médical, commencez par un gynécologue ou une sage-femme spécialisée en sexologie.
  • Pour explorer la dimension psychologique, tournez-vous vers un psychologue, un psychanalyste, ou un thérapeute spécialisé en sexologie.
  • Vous pouvez aussi consulter un.e hypnothérapeute, un.e sophrologue, ou un.e thérapeute corporel si vous ressentez un besoin d’ancrage corporel. L’essentiel : vous sentir en confiance et respectée.
Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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