Le vaginisme est une condition complexe qui impacte profondément la vie des femmes qui en souffrent. Bien qu’il se manifeste physiquement par des contractions involontaires des muscles du plancher pelvien, ses racines sont souvent émotionnelles et psychologiques. Ces origines, souvent ancrées dans des expériences douloureuses, créent une barrière non seulement physique, mais aussi émotionnelle.Si vous faites face au vaginisme, sachez qu’il ne reflète ni une faiblesse ni une défaillance. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient, souvent lié à un besoin de protection après un traumatisme. Quelles sont les racines psychologiques du vaginisme et comment une approche comme l’EMDR peuvent aider à apaiser ces blessures et permettre une reconnection avec son corps ?
Comprendre ces origines est une étape essentielle pour avancer vers la guérison.
Ces expériences, qu’elles soient vécues dans l’enfance, l’adolescence ou à l’âge adulte, bouleversent profondément la relation qu’une femme entretient avec son corps.
Le traumatisme sexuel s’installe comme un intrus dans le système nerveux : il amplifie la peur, fige la douleur et réactive cette menace chaque fois qu’une situation intime se présente. Ces souvenirs ne sont pas toujours clairs ou conscients, mais le corps, lui, se souvient. L’amygdale, une structure clé du cerveau liée à la gestion des émotions et des peurs, déclenche alors une réaction de défense :
Un examen gynécologique effectué sans douceur, un accouchement difficile ou une intervention intrusive peuvent provoquer un sentiment d’impuissance et de violation.
Ces événements créent un conditionnement : l’introduction d’un objet ou d’un outil médical dans le vagin devient synonyme de douleur et de perte de contrôle. Même des années plus tard, le souvenir de cette douleur physique peut réapparaître sous forme de réflexes inconscients.
Ces croyances s’enracinent profondément dans l’inconscient, façonnant la manière dont la femme perçoit son propre corps et l’intimité. Lorsque ces messages négatifs s’accompagnent d’un manque d’information positive sur la sexualité, ils peuvent engendrer une peur irrationnelle de la pénétration.
Des pressions subtiles ou explicites pour avoir des rapports peuvent faire naître une peur inconsciente de l’acte sexuel.
Certaines femmes, même sans avoir vécu de violence flagrante, ressentent cette pression comme une intrusion. Leur corps répond alors par une fermeture automatique, une manière de préserver leur intégrité.
Lorsqu’un événement traumatique survient, le corps et l’esprit travaillent ensemble pour réagir à ce qu’ils perçoivent comme une menace immédiate. Cependant, lorsque cette menace est particulièrement intense ou répétée, les mécanismes de survie peuvent se dérégler, laissant une empreinte durable sur le système nerveux.
Cela signifie que même si les souvenirs conscients de l’événement traumatique s’estompent ou sont refoulés, le corps conserve la trace de cette expérience.
Dans le cas du vaginisme, cette mémoire peut se manifester sous la forme de tensions musculaires incontrôlables, comme une armure que le corps a décidé de porter pour se protéger. La contraction involontaire des muscles du plancher pelvien est une réponse directe à ce souvenir inscrit dans le système nerveux : le corps associe toute tentative de pénétration à une menace et agit pour s’en défendre, même si la menace n’est plus réelle.
Lors d’un événement traumatique, l’amygdale, une région clé du cerveau responsable de la gestion des émotions et des peurs, enregistre l’expérience comme un danger extrême.
Après un traumatisme, l’amygdale peut continuer à surévaluer les situations banales comme étant dangereuses, déclenchant une réponse disproportionnée. Pour une femme souffrant de vaginisme, cela signifie que des situations intimes, telles qu’un rapport sexuel ou même un examen gynécologique, sont perçues par le corps comme des menaces, déclenchant automatiquement une contraction musculaire.
Lorsque le cerveau conclut qu’il n’est ni possible de fuir ni de se battre, il choisit de « figer » le corps. Ce mécanisme, bien qu’il puisse sauver une personne dans un moment de danger immédiat, laisse souvent une empreinte durable.
Chez les femmes souffrant de vaginisme, cette réponse de gel s’exprime par une immobilisation du plancher pelvien. Les muscles se contractent fortement, empêchant toute tentative de pénétration, comme pour protéger le corps d’une intrusion perçue comme dangereuse. Ce gel peut également être émotionnel : certaines femmes décrivent une sensation de dissociation ou d’éloignement mental lors de situations intimes, un signe que leur esprit essaie de se déconnecter pour éviter de revivre la douleur ou la peur.
Une femme peut rationnellement savoir qu’elle est en sécurité avec son partenaire, mais son corps peut réagir comme si elle était en danger. Cette dissociation est un mécanisme de survie : elle permet à l’esprit de se protéger en se déconnectant de la réalité du moment, mais elle empêche également le traitement naturel de l’expérience traumatique.
Certaines femmes rapportent un sentiment de blocage inexplicable, comme si leur corps leur échappait. Ce fossé entre ce qu’elles désirent et ce que leur corps permet peut engendrer un profond sentiment de frustration, de honte et d’impuissance.
Ces déclencheurs, appelés « triggers », sont parfois subtils et difficiles à identifier, mais ils plongent la femme dans un état de stress intense qui se traduit par une réponse musculaire involontaire.
Par exemple, une femme qui a subi un abus sexuel pourrait associer inconsciemment certaines positions, mots ou situations à cet événement traumatique. Son corps réagit alors de manière automatique, même si elle est dans un contexte totalement différent et sécurisant.
En comprenant ces mécanismes et en utilisant des outils thérapeutiques comme l’EMDR, il est possible de rétablir une connexion saine entre l’esprit et le corps. Apprendre à écouter et à apaiser son corps est une étape cruciale pour se libérer de l’emprise du traumatisme.
Elle offre un moyen de réconcilier le corps et l’esprit en retraitant les souvenirs douloureux qui déclenchent les réactions involontaires.
L’EMDR aide le cerveau à retraiter les expériences traumatiques figées dans le système nerveux. Lorsqu’un souvenir est réactivé, il est « revisité » dans un cadre sûr, accompagné de stimulations bilatérales (comme des mouvements oculaires ou des tapotements). Ces stimulations permettent au cerveau de reformuler l’expérience, réduisant progressivement son impact émotionnel.
Dans le cas du vaginisme, l’EMDR peut aider à transformer des croyances et émotions liées à des traumatismes. Par exemple :
L’EMDR agit directement sur les déclencheurs émotionnels et les peurs irrationnelles liées à l’intimité. En aidant les femmes à traiter les souvenirs liés à la douleur ou au danger, cette thérapie permet de réduire les réponses musculaires involontaires.
Une étude récente a démontré que l’EMDR peut améliorer significativement les symptômes du vaginisme en réduisant l’anxiété et en augmentant la confiance en soi (Bergeron et al., 2018).
Bien que l’EMDR soit une méthode puissante, il est souvent bénéfique de la combiner avec d’autres approches pour traiter le vaginisme de manière holistique.
Travailler avec un kinésithérapeute spécialisé permet de rétablir une relation de confiance avec son corps. Des exercices de relaxation, associés à l’utilisation progressive de dilatateurs vaginaux, aident à surmonter les tensions musculaires.
Impliquer le partenaire dans le processus de guérison renforce la compréhension mutuelle et réduit les malentendus. Un dialogue ouvert sur les peurs et les attentes permet de construire une intimité basée sur la patience et le respect.
Comprendre son corps et redécouvrir sa sexualité dans un cadre non intimidant peut contribuer à reconstruire une image positive de l’intimité.
Camille, 29 ans, raconte son expérience avec l’EMDR :
« Après un abus que j’ai vécu à l’âge de 18 ans, mon corps a commencé à se refermer. À chaque tentative de rapport, c’était comme si mon corps disait : “Non, pas encore.” Je me sentais prisonnière de cette douleur et de cette peur. C’est en découvrant l’EMDR que j’ai commencé à comprendre que mon corps n’était pas mon ennemi : il essayait juste de me protéger.
Pendant les séances, j’ai revisité ce qui me hantait, mais cette fois, je n’étais plus seule : j’étais guidée, soutenue. Peu à peu, j’ai senti le poids s’alléger. Aujourd’hui, je ne ressens plus cette barrière constante. Mon corps et moi, on a enfin trouvé la paix. »
Le vaginisme peut sembler une épreuve insurmontable, mais des solutions existent pour apaiser le corps et guérir l’esprit. L’EMDR, en particulier, offre une méthode efficace pour traiter les blessures profondes et les peurs associées à cette condition.
En vous entourant de professionnels compétents et bienveillants, et en explorant des approches adaptées à vos besoins, il est possible de transformer cette expérience douloureuse en un chemin de résilience et de redécouverte.