Jeux dangereux à l’école : ce que vous devez savoir pour agir efficacement
30/4/2025

Jeux dangereux à l’école : un enjeu vital pour la prévention psychologique

Il existe des réalités qui, parce qu'elles se dissimulent sous des apparences anodines, méritent d’être regardées avec la plus grande attention. Les jeux dangereux, présents dès l’école primaire et exacerbés à l’adolescence, font partie de ces phénomènes à la fois silencieux et mortifères. Derrière des pratiques que certains jeunes qualifient de "jeux", c’est bien souvent une mise en péril de l’intégrité physique et psychique qui est en jeu. Comprendre ces comportements, en repérer les logiques profondes, et penser des réponses adaptées devient aujourd'hui indispensable pour quiconque accompagne des enfants ou des adolescents dans leur développement.

Définir les jeux dangereux : bien plus que des pratiques isolées

Lorsque vous entendez parler de jeux dangereux, il peut être tentant de croire qu’il s’agit simplement d’excès passagers, d’élans d’énergie mal canalisés.

Pourtant, ces pratiques cachent une réalité bien plus profonde, qu’il est essentiel de comprendre avec finesse et humanité.

Les jeux dangereux ne sont pas l’expression d’une volonté consciente de se nuire. Ils traduisent souvent une quête de sensations fortes, un besoin d'appartenance au groupe, ou parfois, de manière plus silencieuse encore, un appel au secours que l’enfant ou l’adolescent ne sait pas formuler autrement.

Si vous accompagnez des jeunes, gardez à l'esprit qu'ils ne cherchent pas seulement à transgresser. Ils tentent souvent, à travers ces mises en danger, d’éprouver leurs limites, de tester leur pouvoir d’agir sur eux-mêmes ou sur les autres, parfois au prix de leur propre sécurité.

Pour mieux comprendre, distinguons ensemble trois grandes catégories de jeux à risque, chacune révélant des dynamiques psychiques spécifiques.

Les jeux de non-oxygénation

Vous avez peut-être entendu parler du tristement célèbre jeu du foulard.

Derrière ce nom presque anodin, se cache une pratique redoutablement dangereuse : provoquer volontairement une privation d’oxygène, par strangulation, compression thoracique ou apnée prolongée, afin d’atteindre un état de conscience modifiée décrit comme "planant", "euphorisant" ou "transcendant".

Mais ces jeux ont des conséquences immédiates et parfois tragiques : perte de connaissance brutale, lésions cérébrales irréversibles, arrêt cardiaque, décès.

Si vous êtes parent ou éducateur, sachez que ce n'est pas seulement l'attrait du danger qui motive ces gestes. Il s'agit souvent d’un besoin intense d’éprouver son corps, de franchir les frontières du vivant, ou encore de trouver un apaisement face à un stress émotionnel silencieux.

Ce qui rend ces jeux encore plus périlleux, c’est qu'ils sont parfois pratiqués en solitaire, à l’abri des regards, empêchant toute intervention en cas de perte de conscience.

Les jeux d’agression

Dans ces jeux, ce n’est plus seulement soi que l’on met en jeu, mais l’autre.

La violence physique ou psychologique devient alors un outil pour appartenir, pour cimenter le groupe.

Si vous êtes confronté à ces situations, vous verrez parfois un groupe d’élèves cibler un pair : le soumettre à des coups, des humiliations, ou à des défis brutalisants sous couvert de "jeu".
Le plus troublant est que tout cela est souvent banalisé : "c'était pour rire", "il fallait bien jouer le jeu".

Pourtant, sur le plan psychique, les séquelles peuvent être profondes : traumatismes, perte de confiance en soi, isolement social, voire installation d’un syndrome de stress post-traumatique.

Ces jeux témoignent également d’une défaillance collective de l’empathie, où la souffrance de l’autre est invisibilisée au profit de la cohésion du groupe.

Les jeux de défi

Avec l’influence massive des réseaux sociaux et des modèles culturels valorisant la prise de risque extrême, beaucoup de jeunes se lancent dans des défis toujours plus dangereux pour exister aux yeux de leurs pairs.

Sauter d’un toit, se filmer dans des situations périlleuses, relever des défis mettant en péril leur intégrité physique ou psychique : l’adrénaline et la recherche de visibilité immédiate prennent souvent le pas sur toute considération de sécurité.

Si vous accompagnez des adolescents, soyez attentif : derrière ces conduites spectaculaires, se cache parfois une fragilité narcissique, un besoin d’exister dans le regard de l’autre pour compenser une insécurité intérieure douloureuse.

Ici encore, le risque n’est pas seulement physique. Il s’agit d’une quête existentielle : être vu, être reconnu, être célébré, parfois coûte que coûte.

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Quels mécanismes psychiques sous-tendent ces pratiques ?

Lorsque vous êtes confronté aux jeux dangereux, il peut être tentant de réduire ces comportements à de la simple provocation ou à un manque de responsabilité.

Pourtant, pour réellement protéger et accompagner les jeunes, il est essentiel d’aller au-delà de cette première impression.

Ces pratiques trouvent leur origine dans des dynamiques psychiques complexes, où se croisent besoins développementaux, vulnérabilités émotionnelles et influences sociétales.

Le besoin de mise à l’épreuve du corps

Dès l’enfance, et plus encore à l’adolescence, votre enfant ou l’adolescent que vous accompagnez ressent le besoin d’éprouver son corps, de tester ses limites.
C’est en affrontant le risque qu’il mesure sa force, explore son endurance, et confirme son existence.

Dans cette dynamique, le corps devient un terrain d'expérimentation identitaire. Se confronter aux extrêmes n'est pas seulement un besoin de sensations fortes : c'est souvent une manière de se sentir vivant, d’affirmer son passage vers l'âge adulte.

Cette quête corporelle est en soi normale et saine. Ce qui devient inquiétant, c’est l'absence d’un cadre protecteur, ou l’escalade du risque, lorsque la mise en danger de soi-même devient un moyen, et non plus un simple accident du parcours.

La quête d'identité et d'appartenance au groupe

À l’adolescence, le regard du groupe prend une importance capitale. Peut-être avez-vous déjà perçu à quel point, dans cette période charnière, l’acceptation par les pairs devient un besoin vital.

Dans cet environnement, les jeux dangereux peuvent rapidement devenir des épreuves initiatiques : franchir les limites interdites pour prouver qu’on appartient à la communauté, pour se hisser au rang de ceux qui osent.

Refuser de participer, c’est risquer le rejet, l’exclusion. Accepter, c’est parfois gagner une place au sein du groupe, être reconnu, admiré, ne serait-ce que pour un temps.

Vous devez savoir que derrière chaque défi relevé se cache souvent une angoisse profonde d’abandon : perdre la face, c’est risquer de perdre son identité sociale naissante.
Dans ce contexte, le groupe devient une instance de validation identitaire, parfois au détriment de l’instinct de préservation.

Les vulnérabilités émotionnelles individuelles

Tous les jeunes ne sont pas exposés de la même manière aux jeux dangereux. Certaines fragilités psychiques augmentent le risque de s'y engager.

Soyez attentif si vous accompagnez un jeune présentant :

Dans certains cas, s’exposer au danger est pour ces jeunes un moyen de reprendre un sentiment de contrôle, face à une existence qu'ils perçoivent comme morcelée ou insignifiante.

L’influence des médias et des réseaux sociaux

Nous vivons dans une société saturée d’images, où le spectaculaire l'emporte trop souvent sur le sens. Les jeunes, particulièrement sensibles à ces modèles, sont confrontés quotidiennement à des défis viraux, des vidéos sensationnalistes, des incitations à repousser toujours plus loin les limites.

Lorsque vous voyez un jeune fasciné par ces contenus, rappelez-vous que derrière ce comportement se cache souvent le besoin d’être vu, reconnu, valorisé.

Les réseaux sociaux offrent une visibilité immédiate : un exploit, un défi filmé, quelques centaines de "likes", et l'illusion d’exister intensément à travers le regard d'autrui.

Mais dans ce contexte, la fonction constructive du risque – celle qui pousse à grandir, à se dépasser sainement – est court-circuitée. La prise de risque devient alors une quête effrénée de reconnaissance éphémère, où l’enfant ou l’adolescent risque de se transformer en objet de son propre spectacle, au mépris de sa sécurité et de son bien-être.

Les conséquences : un coût humain majeur

Lorsque vous êtes confronté à la réalité des jeux dangereux, il est essentiel de prendre pleinement conscience de la gravité de leurs conséquences.

Ces pratiques ne laissent pas uniquement des blessures visibles ; elles peuvent également imprimer, dans le corps et dans l’âme des jeunes, des traces durables, parfois silencieuses, souvent profondes.

Les dommages physiques, psychologiques et sociaux associés aux jeux dangereux exigent une attention sérieuse et une action préventive forte.

Sur le plan physique : des séquelles parfois irréversibles

En tant que parent, éducateur ou professionnel, vous devez savoir que les risques physiques sont bien réels et parfois dramatiques :

  • L'hypoxie cérébrale, provoquée par la privation d’oxygène, peut entraîner des lésions neurologiques irréversibles : troubles de la mémoire, difficultés motrices, altérations sensorielles.
  • Les pertes de connaissance, les convulsions, les arrêts cardiaques surviennent parfois en quelques secondes, laissant peu de chances d’intervention.
  • Fractures, hématomes, blessures internes sont fréquents dans les jeux d’agression ou de défi physique.
  • Dans les cas les plus tragiques, le décès survient, laissant des familles, des camarades et des équipes éducatives anéantis.

Chaque accident, chaque drame, rappelle que ce qui se joue n’est jamais anodin, et que protéger les enfants passe par une vigilance quotidienne.

Sur le plan psychologique : des cicatrices invisibles

Au-delà des blessures physiques, vous devez également prêter attention aux blessures psychiques, souvent plus insidieuses :

  • Le stress post-traumatique peut s’installer, avec ses cortèges de cauchemars, d’évitements, de peurs diffuses.
  • L’anxiété généralisée peut naître, rendant difficile la confiance en l'autre et l’adaptation scolaire.
  • La dépression peut se profiler, marquée par le retrait social, la perte d’intérêt, la mésestime de soi.
  • La phobie scolaire, les troubles du sommeil, les crises d’angoisse peuvent apparaître des semaines, voire des mois après l’événement.

Ce qu'un jeune n'arrive pas toujours à dire, son corps, ses émotions et ses comportements peuvent l'exprimer. Votre vigilance, votre écoute attentive, votre capacité à accueillir sans juger seront des leviers essentiels pour l'aider à surmonter ce vécu.

Sur le plan social : un climat délétère

Lorsque ces pratiques se banalisent dans un groupe, l'impact social peut être tout aussi dévastateur :

En restant attentif à ces dynamiques, en intervenant rapidement, vous contribuez à restaurer un climat sécurisant, où l'intégrité physique et psychologique de chacun est une priorité.

L'après-coup : quand les conséquences émergent tardivement

Il est également important de savoir que certains effets n’apparaissent pas immédiatement.

Un jeune peut, par loyauté au groupe ou par incapacité à formuler son mal-être, minimiser ce qu’il a vécu. Ce n’est que plusieurs semaines ou mois plus tard que les symptômes psychiques ou somatiques peuvent surgir.

Ne jamais sous-estimer l’après-coup psychologique. Soyez disponible, proposez des espaces de parole, même si l’enfant semble "aller bien". Car parfois, la douleur la plus profonde est celle qui ne trouve pas encore de mots.

Savoir repérer les signes d’alerte

Lorsque vous accompagnez un enfant ou un adolescent, il est fondamental de savoir repérer les premiers signaux qui pourraient évoquer une implication dans des jeux dangereux.

Ces pratiques se développent souvent en secret, protégées par la honte, la peur du rejet ou le sentiment d’avoir "fait quelque chose de mal".

Votre vigilance bienveillante peut faire toute la différence. Encore faut-il savoir quoi observer, et surtout comment réagir avec justesse.

Les indices physiques : écouter les traces que laisse le corps

Le corps parle parfois avant les mots. Voici quelques signes physiques qui doivent attirer votre attention :

  • Des marques inexpliquées autour du cou : rougeurs, hématomes, griffures dissimulées sous un col montant ou une écharpe.
  • Des rougeurs dans les yeux, témoins possibles de pressions thoraciques ou d’apnées forcées.
  • Des maux de tête fréquents, des vertiges, des pertes d’équilibre sans explication médicale.
  • Une fatigue inhabituelle, une baisse de vigilance, pouvant révéler des lésions liées à des hypoxies passagères.

Ces symptômes ne prouvent rien à eux seuls. Mais ils méritent toujours d’être accueillis avec attention, en cherchant à comprendre ce qui pourrait se cacher derrière.

Les changements comportementaux : lire entre les lignes

Un jeune qui participe ou qui a été exposé à des jeux dangereux peut manifester des transformations comportementales significatives :

  • Un isolement soudain, une fermeture relationnelle inhabituelle.
  • Une irritabilité excessive, ou au contraire une apathie nouvelle.
  • Un attrait pour des objets inhabituels (cordes, foulards, ceintures) transportés sans raison apparente.
  • Un engouement soudain pour des vidéos de défis, ou des discours banalisant la prise de risque.
  • Un refus d’aller à l’école, ou l’apparition de plaintes somatiques (maux de ventre, migraines) récurrentes sans cause organique.

Observez les changements de rythme, d'attitude, de rapport aux autres. Ce sont souvent eux qui parlent le plus.

Les signes émotionnels : entendre l’invisible

Certaines manifestations sont plus discrètes, mais tout aussi révélatrices :

  • Des angoisses nocturnes, des cauchemars répétés.
  • Un discours qui minimise la peur ou la douleur, comme s’il fallait rester "fort" à tout prix.
  • Une tendance à culpabiliser de manière disproportionnée.
  • Une hypervigilance, un comportement inhabituellement surprotecteur ou méfiant vis-à-vis de l'entourage.

Si vous percevez ce type de signaux, osez créer un espace de parole rassurant, sans jugement, où l'enfant ou l'adolescent pourra se sentir suffisamment en sécurité pour parler.

Croiser les signes, éviter les conclusions hâtives

Un seul signe, isolé, ne suffit pas pour conclure à une participation à un jeu dangereux. Ce qui doit vous alerter, c’est la convergence de plusieurs indicateurs et l’évolution du comportement par rapport au fonctionnement habituel du jeune.

Dans le doute, privilégiez toujours le dialogue ouvert, sans accusation ni pression. Une simple question posée avec douceur peut parfois ouvrir une porte que la peur avait fermée.

Quelle posture adopter face à ces pratiques ?

Lorsque vous découvrez, soupçonnez ou craignez que votre enfant ou un jeune que vous accompagnez soit impliqué dans des jeux dangereux, il est naturel de ressentir de la peur, de la colère, parfois même un profond désarroi.

Votre première réaction compte énormément : elle peut soit ouvrir un espace de dialogue et de réparation, soit enfermer l’enfant dans la honte, la culpabilité ou le repli.

Pour agir efficacement, sans renforcer l’angoisse ou la défiance, trois attitudes clés peuvent vous guider : informer, contenir, accompagner.

Informer avec clarté et bienveillance

Il est essentiel d'aborder le sujet des jeux dangereux sans dramatiser, ni minimiser.

Expliquez clairement ce que sont ces pratiques, ce qu’elles peuvent entraîner, mais sans faire peur inutilement. Choisissez des mots simples, adaptés à l’âge de l’enfant ou du jeune, et laissez-lui la possibilité de poser ses questions.

Rappelez-lui que refuser un défi dangereux n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve de courage et de maturité. En créant un espace de parole sécurisant, vous l’aidez à se sentir écouté et soutenu.

Contenir sans punir ni humilier

Face à l’inquiétude, vous pourriez être tenté d’imposer une sanction immédiate. Pourtant, punir sans comprendre risque d’aggraver le mal-être ou d'encourager le secret.

Votre rôle est de poser un cadre clair, en rappelant sans ambiguïté que la mise en danger de soi ou d'autrui n’est pas acceptable. Mais il est tout aussi important de montrer que vous restez présent et fiable, même face à des comportements décevants ou inquiétants.

Contenir, ce n’est pas réprimer. C’est offrir un appui solide, un repère stable, là où le jeune a pu expérimenter le vertige du vide.

Accompagner pour reconstruire

Si un jeune a été pris dans ces pratiques, il ne suffit pas d’interdire pour que tout s’efface.
Vous pouvez l'aider à comprendre ce qui s’est joué, à mettre des mots sur ce qu’il a ressenti : pression, peur, besoin de reconnaissance, quête d’émotions fortes…

Dans certains cas, un accompagnement psychologique sera nécessaire pour permettre au jeune de surmonter l’événement sans laisser de traces durables.

N’hésitez pas à solliciter les équipes éducatives ou les professionnels de santé pour construire une réponse adaptée. Ensemble, vous pourrez redonner au jeune des moyens sains de s'affirmer, de s’intégrer, et de renforcer son estime de soi autrement que par la mise en danger.

Regarder au-delà du symptôme

Face à un enfant ou un adolescent qui se met en danger à travers ces pratiques, il est tentant de se focaliser uniquement sur le comportement visible.

Pourtant, pour comprendre vraiment ce qui se joue, vous devez regarder au-delà du symptôme.

Les jeux dangereux ne sont pas de simples actes de défi ou de provocation. Ils révèlent souvent des besoins profonds, des tensions silencieuses, des appels à exister autrement.

En observant ces conduites, vous êtes invités à vous poser d’autres questions :
Que cherche-t-il à éprouver ? À qui veut-il prouver sa valeur ? Quel vide intérieur essaie-t-il de combler ? Quel lien tente-t-il de tisser ou de retisser ?

Un besoin d’éprouvé, pas seulement un goût du risque

Beaucoup de jeunes s'engagent dans ces jeux non parce qu’ils ignorent le danger, mais parce qu’ils cherchent à éprouver intensément leur existence.
À travers la confrontation au risque, ils tentent parfois de ressentir quelque chose de vivant là où le quotidien leur semble fade, angoissant ou vide.

Comprendre cela, c’est refuser de réduire l’enfant à ses actes. C’est reconnaître qu’il cherche, parfois de façon maladroite et dangereuse, à trouver un sens à son être au monde.

Une quête de reconnaissance vitale

À l’âge où l’appartenance au groupe devient essentielle, le regard des autres peut acquérir une valeur démesurée.

Si vous percevez que votre enfant prend des risques pour être vu, reconnu, intégré, sachez que ce besoin n’est pas en soi pathologique. C’est son mode d’expression qui peut l’être.

Votre rôle est de valoriser d’autres formes de reconnaissance : valoriser ses efforts, ses talents, son authenticité, sans qu’il ait besoin de se mettre en danger pour exister aux yeux d’autrui.

Un appel à entendre autrement

Lorsque vous êtes confrontés à ces pratiques, l’enjeu n’est pas seulement de les empêcher. Il est de décoder ce qu’elles expriment de manière détournée.

En tendant l'oreille à ces appels parfois silencieux, vous permettez au jeune de trouver d’autres chemins pour se sentir vivant, relié, important, sans passer par le corps blessé ou l’épreuve du vide.

Regarder au-delà du symptôme, c’est offrir à l’enfant l’opportunité de se raconter autrement que par la mise en danger, et c’est, peut-être, lui éviter bien des blessures invisibles.

En résumé

Vous l’avez compris : les jeux dangereux ne sont pas de simples imprudences passagères. Ils sont le signe de tensions profondes, de recherches identitaires, parfois de fragilités invisibles chez des jeunes en construction.

En tant que parent, éducateur, professionnel de santé ou accompagnant, votre rôle est essentiel. Non pour surveiller ou punir à tout prix, mais pour comprendre, prévenir et surtout soutenir.

En adoptant une posture faite de clarté, de cadre et de bienveillance, vous pouvez :

  • Donner aux jeunes les moyens de se protéger eux-mêmes, en renforçant leur capacité de discernement et d’affirmation face aux pressions du groupe.
  • Reconnaître leurs besoins légitimes de reconnaissance, d’éprouvé, d’appartenance, tout en leur proposant des voies plus sécurisées pour les satisfaire.
  • Ouvrir des espaces de parole, où ils pourront exprimer leurs angoisses, leurs désirs, leurs contradictions, sans crainte d’être jugés.

Chaque jeune que vous accompagnez dans cette traversée délicate gagne ainsi en maturité, en conscience de soi, et en solidité intérieure.

En protégeant le corps, vous aidez aussi à construire l’esprit. En écoutant le symptôme, vous ouvrez la voie vers une parole plus libre, plus vivante.

Et surtout, n’oubliez jamais : ce n’est pas en supprimant le risque que l’on construit des adultes responsables, mais en leur apprenant à l’évaluer, à le nommer, à le respecter.

FAQ - comment agir face aux jeux dangereux chez les enfants et adolescents ?

https://www.education.gouv.fr/media/19226/download

Mon enfant est très jeune (maternelle ou primaire). Peut-il déjà être concerné par des jeux dangereux ?

Oui, malheureusement, les jeux dangereux ne concernent pas uniquement les adolescents.

Des cas ont été observés dès la maternelle. Les enfants peuvent être exposés à des pratiques comme le jeu du foulard ou des défis d'asphyxie, souvent par mimétisme ou curiosité. Il est essentiel de sensibiliser dès le plus jeune âge aux risques associés à ces comportements pour prévenir toute tentative.​

Comment aborder le sujet des jeux dangereux avec mon enfant sans l'effrayer ?

Aborder les jeux dangereux nécessite une approche bienveillante et adaptée à l'âge de l'enfant.

Utilisez des mots simples pour expliquer les risques et encouragez le dialogue. Posez des questions ouvertes pour comprendre ce qu'il sait et ressens. L'objectif est de créer un climat de confiance où l'enfant se sent libre de parler de ses expériences et préoccupations.​

Quels sont les signes qui peuvent indiquer que mon enfant participe à des jeux dangereux ?

Certains signes peuvent alerter : traces inexpliquées sur le cou, maux de tête fréquents, fatigue inhabituelle, ou changement de comportement comme l'isolement ou l'irritabilité.

La présence d'objets inhabituels (cordes, foulards) ou un intérêt soudain pour des vidéos de défis peuvent également être des indicateurs. Une communication ouverte est essentielle pour détecter et prévenir ces comportements.​

Les jeux dangereux sont-ils liés à des troubles psychologiques chez l'enfant ?

Pas nécessairement. Si certains enfants pratiquant des jeux dangereux peuvent présenter des vulnérabilités psychologiques, beaucoup y participent par curiosité, pression sociale ou recherche de sensations fortes.

Cependant, une implication répétée peut être le signe d'un mal-être sous-jacent. Il est important de rester attentif et, si nécessaire, de consulter un professionnel de santé mentale.​

Comment différencier un jeu risqué d'un jeu dangereux ?

Un jeu risqué implique une prise de risque contrôlée, favorisant le développement et l'autonomie de l'enfant (par exemple, grimper à un arbre sous surveillance).

Un jeu dangereux, en revanche, expose l'enfant à des risques graves sans bénéfices éducatifs, comme le jeu du foulard. La clé est la présence d'un adulte, la connaissance des risques et la capacité de l'enfant à évaluer la situation.​

Les réseaux sociaux amplifient-ils la pratique des jeux dangereux ?

Oui, les réseaux sociaux jouent un rôle significatif dans la diffusion et la normalisation des jeux dangereux.

Des défis viraux incitent les jeunes à reproduire des comportements à risque pour obtenir des "likes" ou de la reconnaissance. Il est crucial d'éduquer les enfants à une utilisation responsable des médias sociaux et de discuter des conséquences de ces défis.​

Que faire si mon enfant est victime ou témoin d'un jeu dangereux à l'école ?

Il est essentiel d'écouter attentivement votre enfant, de le rassurer et de lui montrer votre soutien.

Contactez immédiatement l'établissement scolaire pour signaler l'incident. Une collaboration avec les enseignants, le personnel médical scolaire et, si nécessaire, un psychologue, permettra de prendre en charge la situation et de prévenir d'autres incidents.​

Existe-t-il des ressources ou des programmes pour prévenir les jeux dangereux ?

Oui, plusieurs ressources sont disponibles. Le ministère de l'Éducation nationale propose des guides et des programmes de prévention.

Des associations comme l'APEAS offrent également des outils et des interventions en milieu scolaire. Il est recommandé de se rapprocher de l'établissement scolaire de votre enfant pour connaître les actions mises en place et participer aux initiatives de sensibilisation.​

Les jeux dangereux sont-ils plus fréquents dans certaines tranches d'âge ou milieux sociaux ?

Les jeux dangereux peuvent toucher tous les enfants, indépendamment de leur âge ou de leur milieu social.

Cependant, une augmentation est souvent observée à l'adolescence, période de recherche d'identité et de prise de risque. La vigilance doit être constante, quel que soit le contexte, car aucun enfant n'est à l'abri de ces pratiques.​

Comment renforcer la résilience de mon enfant face à la pression des pairs ?

Encouragez votre enfant à développer une estime de soi solide et à exprimer ses opinions.

Discutez régulièrement des valeurs familiales et des limites. Enseignez-lui des stratégies pour résister à la pression et pour demander de l'aide en cas de besoin. Une communication ouverte et un soutien constant renforcent la capacité de l'enfant à faire face aux influences négative.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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