Comment parler de la mort avec un enfant ?
15/5/2025

Comment parler de la mort avec un enfant ?

La question surgit souvent au moment où l’on s’y attend le moins : à la mort d’un grand-parent, d’un animal de compagnie, ou simplement parce que l’enfant a entendu ce mot à l’école ou à la télévision. Et soudain, vous vous retrouvez sans voix. Faut-il dire la vérité ? Utiliser des métaphores ? Taire le sujet pour le préserver ? C’est un dilemme douloureux pour de nombreux parents. Et pourtant, aborder la mort avec un enfant est une étape essentielle pour l’aider à comprendre la vie, à accueillir ses émotions, et à développer sa résilience. Ce n’est pas une conversation facile, mais c’est une conversation nécessaire. Dans ce guide complet, nous allons vous aider à savoir quoi dire, comment le dire, et à quel moment, pour que votre enfant puisse comprendre la mort sans angoisse excessive, et surtout, pour qu’il se sente entendu, accompagné, et aimé dans cette traversée.

Table des matières

🟨 Pourquoi est-ce si difficile de parler de la mort à un enfant ?

Parler de la mort à un enfant vient souvent réveiller nos propres blessures, nos angoisses existentielles, et notre difficulté d’adultes à accepter que tout s’arrête un jour.

C’est un sujet qui confronte à la souffrance, à la perte, à l’irréversibilité, et parfois à l’injustice. Beaucoup d’adultes craignent de faire peur, de traumatiser ou de dire des choses irréparables.

Mais le silence n’est pas neutre. Ne pas parler de la mort à un enfant, c’est souvent le laisser seul avec ses peurs, ses fantasmes, et des images mentales parfois bien plus effrayantes que la réalité. L’enfant sent que quelque chose ne va pas, mais comme personne ne met de mots, il imagine… Et ce qu’il imagine est souvent pire que la vérité.

De nombreux parents se demandent :

  • “Est-il trop petit pour comprendre la mort ?”
  • “Dois-je dire qu’il est parti au ciel ?”
  • “Dois-je pleurer devant lui ou me montrer fort(e) ?”

Toutes ces interrogations sont légitimes. Mais elles montrent à quel point la mort reste un tabou, même chez les adultes. Pour accompagner un enfant, il est essentiel de pouvoir poser des mots vrais, simples et adaptés à son âge, même lorsque l’émotion nous submerge.

🟨 À partir de quel âge peut-on parler de la mort avec un enfant ?

Parler de la mort avec un enfant, ce n’est pas une question d’âge précis, mais de compréhension progressive.

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés à la disparition : d’un oiseau, d’une fleur, d’un personnage de dessin animé. Mais selon leur stade de développement, leur manière de comprendre la mort évolue.

Vers 3-5 ans : la mort est réversible et temporaire

À cet âge, l’enfant pense souvent que la mort est provisoire.

Il imagine que la personne “va revenir”, comme dans un rêve ou une absence prolongée. Il peut même croire qu’il a fait ou pensé quelque chose de “mal” qui a provoqué la mort.

🗣 Il est donc essentiel de dire clairement : “Quand quelqu’un meurt, il ne revient pas. Son corps s’arrête pour toujours.” Sans être brutal, on pose un repère sécurisant.

Vers 6-9 ans : la mort devient irréversible et universelle

L’enfant comprend peu à peu que tout le monde meurt un jour, y compris ses parents… et lui-même.

Cela peut générer de l’anxiété, des questions philosophiques ou des peurs nocturnes. Il commence aussi à intérioriser la notion de perte, ce qui rend la parole encore plus importante.

À partir de 10 ans : une conscience proche de celle de l’adulte

L’enfant saisit la dimension symbolique de la mort, il peut ressentir un chagrin profond, de la colère, ou un sentiment d’injustice.

Il peut également s’inquiéter pour les vivants : “Et toi, tu vas mourir aussi ?” Ce sont des questions lourdes, mais elles ont besoin de réponses vraies et rassurantes.

🔍 À retenir : Il n’y a pas d’âge idéal pour aborder le sujet. L’important, c’est de répondre avec sincérité, dans un langage que l’enfant peut comprendre, et d’accepter toutes ses émotions comme légitimes.

🟨 Comment trouver les bons mots pour parler de la mort ?

Trouver les bons mots pour parler de la mort à un enfant, c’est souvent ce qui inquiète le plus les adultes. On a peur d’en dire trop… ou pas assez.

Pourtant, ce n’est pas tant ce qu’on dit qui compte, mais comment on le dit : avec sincérité, respect, et en s’adaptant à l’âge et à la sensibilité de l’enfant.

Utiliser un langage simple, vrai et concret

Les enfants ont besoin de mots clairs. Les expressions comme “il s’est endormi pour toujours”, “il est parti au ciel” ou “il nous a quittés” peuvent créer de la confusion ou de l’angoisse.

Certains enfants pensent alors qu’il ne faut plus dormir, qu’un voyage est dangereux, ou qu’ils ont été abandonnés.

👉 Mieux vaut dire :
“Il est mort. Son corps ne fonctionne plus, il ne respire plus, il ne pense plus. Cela arrive à tous les êtres vivants. C’est triste, mais c’est naturel.”

Répondre aux questions sans les devancer

Laissez votre enfant poser ses propres questions.

Ne vous précipitez pas à tout expliquer d’un coup. Un enfant a besoin de temps pour intégrer les informations. Il peut revenir plusieurs fois sur le même sujet, poser les mêmes questions encore et encore : c’est sa façon d’élaborer la perte.

🎧 Écoutez. Ne cherchez pas forcément à “réparer” son chagrin. Accueillez ses larmes, ses silences, ses élans de curiosité.

Ne pas avoir peur d’avouer qu’on ne sait pas tout

Il est tout à fait possible de dire :

“Je ne sais pas exactement ce qu’il y a après la mort. Chacun a ses croyances. Ce que je sais, c’est que nous pouvons continuer à nous souvenir de lui, à l’aimer, même s’il n’est plus là.”

Cette posture d’humilité et de sincérité renforce la confiance et nourrit une relation d’écoute authentique.

🧡 Mettre des mots sur la mort, c’est aussi mettre des repères dans l’invisible. Vous n’avez pas besoin d’être parfait, seulement présent, disponible, et vrai.

🟨 Que dire quand un proche meurt ?

Lorsque la mort touche un proche — un parent, un grand-parent, un oncle, un ami de la famille ou même un animal de compagnie — l’enfant ressent le bouleversement, même si personne ne lui explique ce qui se passe.

Il voit les visages tristes, les gestes inhabituels, il sent le chagrin flottant, les silences prolongés. Et si aucun mot ne vient, il s’inquiète, interprète, parfois s'accuse.

Dire la vérité, avec des mots simples et sincères

Il est essentiel d’annoncer la mort de manière claire, directe, et douce.

Adaptez votre vocabulaire à l’âge de l’enfant, mais ne mentez pas, et n’évitez pas le mot “mort”.

💬 Par exemple :
“Papy est mort cette nuit. Son cœur s’est arrêté. Il ne reviendra pas, et c’est très triste. Nous allons être tristes pendant un moment, mais nous pourrons parler de lui, nous souvenir, et nous soutenir les uns les autres.”

Permettre à l’enfant de poser ses propres mots

Laissez l’enfant parler, dessiner, questionner, ou même se taire. Il n’y a pas une seule manière de réagir à une perte.

Il est aussi normal qu’il revienne jouer comme si de rien n’était : cela ne veut pas dire qu’il ne ressent rien, mais qu’il traite l’émotion à son rythme.

Parler de ses propres émotions de parent

En tant qu’adulte, il est important de montrer que vous aussi, vous ressentez de la tristesse.

Dire “je suis très triste, car j’aimais beaucoup mamie” permet à l’enfant de comprendre que les émotions sont légitimes, qu’on peut être triste sans être en danger, et que la douleur se partage.

💡 En nommant la mort, on désamorce le fantasme. En partageant les émotions, on autorise l’enfant à vivre les siennes.

🟨 Faut-il impliquer l’enfant dans les rituels funéraires ?

Lorsqu’un proche décède, on se demande souvent si l’on doit faire participer l’enfant aux rituels funéraires : enterrement, crémation, messe, cérémonie d’hommage...

Beaucoup de parents hésitent, par peur de choquer, de perturber ou de marquer l’enfant à jamais.

Et pourtant, participer au rituel du deuil peut être un moment précieux pour comprendre la mort, dire au revoir, et honorer le lien avec la personne disparue.

Demander à l’enfant s’il souhaite y participer

L’enfant ne doit jamais être forcé. Mais il doit être informé de ce qui va se passer, et on peut lui proposer d’y prendre part s’il le souhaite.

Certains enfants ont besoin d’un cadre concret pour intégrer la mort. D’autres préfèrent rester en retrait, et c’est aussi acceptable.

💬 “Il y aura une cérémonie pour dire au revoir à Mamie. Des personnes vont parler d’elle, partager des souvenirs. Tu peux venir si tu veux. Et si tu préfères ne pas venir, on trouvera une autre façon de lui dire au revoir ensemble.”

Proposer une action symbolique accessible

Même si l’enfant ne souhaite pas assister à la cérémonie, il peut être impliqué autrement :

  • Écrire un mot ou un dessin pour le mettre dans le cercueil
  • Choisir une photo, une fleur, un objet
  • Allumer une bougie, planter un arbre, créer un album souvenir

Ces gestes permettent à l’enfant de transformer la douleur en lien, de ritualiser la séparation, et de retrouver une forme d’apaisement.

🌱 Le deuil, pour un enfant, a besoin de concret, de symboles et de douceur. Lui permettre d’agir, même simplement, c’est déjà lui permettre de faire un pas vers l’acceptation.

🟨 Quand faut-il s’inquiéter du comportement d’un enfant après un décès ?

Chaque enfant réagit différemment face à la mort d’un proche.

Certains pleurent beaucoup, d’autres se replient, certains continuent à jouer comme si de rien n’était.

Toutes ces réactions sont normales : le travail de deuil chez l’enfant suit un rythme unique, souvent différent de celui des adultes.

Mais parfois, certains signaux d’alerte doivent être entendus : ils indiquent que l’enfant souffre en silence et qu’il a besoin d’un accompagnement spécifique.

🔍 Voici quelques signes à surveiller :

  • Troubles du sommeil persistants (cauchemars, insomnies, refus d’aller se coucher)
  • Angoisses de séparation (“Et si toi aussi tu mourais ?”)
  • Régressions soudaines (pipi au lit, langage enfantin, besoin excessif d’être porté)
  • Isolement, mutisme ou repli durable
  • Agressivité inhabituelle, colères fréquentes
  • Difficultés scolaires soudaines, perte de concentration
  • Culpabilité exprimée ou devinée (“C’est à cause de moi s’il est mort”)

Quand consulter un professionnel ?

Si ces signes durent plus de quelques semaines, ou s’intensifient, il est important de ne pas attendre.

Un psychologue pour enfants, un psychanalyste, un thérapeute familial ou un professionnel du deuil peut proposer un espace d’écoute et d’élaboration.

🎧 L’enfant ne met pas toujours des mots sur sa douleur. Mais il parle avec son corps, son comportement, ses silences. Être attentif, c’est déjà le protéger.

👂 Demander de l’aide, ce n’est pas “dramatiser” : c’est offrir à l’enfant le droit d’être soutenu dans ce qu’il traverse.

🟨 Comment les contes, les dessins et les jeux peuvent aider un enfant en deuil ?

Les enfants ne parlent pas toujours avec des mots. Ils parlent avec leurs dessins, leurs histoires inventées, leurs jeux symboliques.

Lorsqu’un enfant vit une perte, ces moyens d’expression indirects peuvent devenir de puissants outils pour comprendre la mort, exprimer ses émotions et traverser le deuil en douceur.

Les contes : un langage universel pour aborder la mort

Lire un livre sur la mort avec un enfant, c’est lui offrir une distance symbolique : ce n’est pas lui qui vit l’histoire, mais un personnage auquel il peut s’identifier.

Le conte permet de mettre en mots l’impensable, de rassurer, d’ouvrir une discussion et de normaliser ses émotions.

📚 Quelques livres adaptés :

  • Au revoir Blaireau – une fable tendre sur la fin de vie
  • La croûte – un livre bouleversant sur le deuil d’un parent
  • Le grand voyage de Monsieur Caca – pour les tout-petits, avec humour et douceur

Le dessin : quand l’enfant trace ce qu’il ne sait pas dire

L’enfant en deuil peut dessiner la personne disparue, la représenter dans le ciel, dans un cercueil, en animal…

Ces images sont des portes d’entrée vers son monde intérieur. En les commentant avec lui, sans jugement, vous l’aidez à traduire ce qu’il ressent.

💬 “Tu veux me raconter ce que tu as dessiné ?”
Cette simple question peut ouvrir un espace d’expression bienveillant.

Le jeu symbolique : un espace de réparation

En jouant avec des figurines, des peluches, ou des histoires inventées, l’enfant peut rejouer la perte, imaginer un au revoir, ou même “ressusciter” symboliquement la personne.

C’est une manière d’apprivoiser la séparation, de la comprendre à son rythme, sans être submergé par l’émotion.

🎨 Contes, dessins, jeux : ce sont les langages secrets de l’enfant. Les utiliser, c’est entrer dans son monde pour l’aider à naviguer entre douleur et symbolisation.

🟨 Et les parents dans tout ça ? Peuvent-ils eux aussi demander de l’aide ?

Lorsqu’un enfant vit un deuil, les parents souffrent aussi.

Ils doivent affronter leur propre chagrin, tout en essayant de rester solides pour rassurer leur enfant. Mais comment être un repère émotionnel, quand on se sent soi-même effondré, débordé, ou perdu ?

Il est essentiel de rappeler que vous avez, vous aussi, le droit d’aller mal. Accompagner un enfant dans le deuil ne signifie pas se sacrifier ou tout porter seul. Au contraire, prendre soin de vous, c’est aussi prendre soin de lui.

Demander du soutien n’est pas un échec, mais une force

Consulter un thérapeute, un psychanalyste, un psychologue, ou rejoindre un groupe de parole pour endeuillés peut vous offrir un espace pour :

  • Exprimer votre peine sans filtre
  • Trouver les mots justes pour parler à votre enfant
  • Gérer votre propre culpabilité ou vos doutes
  • Éviter de vous épuiser émotionnellement

💬 “J’ai peur de mal faire”, “Je n’arrive pas à en parler sans pleurer”, “Je ne sais pas comment réagir à ses questions” : ces phrases, nous les entendons souvent. Elles sont légitimes. Et elles peuvent être accompagnées.

Montrer ses émotions, c’est montrer l’exemple

Votre enfant n’a pas besoin d’un parent parfait. Il a besoin d’un parent authentique, qui montre que l’on peut être triste, en colère, bouleversé, mais toujours aimant, présent et capable de rebondir.

🤝 Être parent face au deuil, c’est traverser une tempête en tenant la main d’un enfant. Et parfois, pour continuer d’avancer ensemble, il faut accepter d’être soutenu à son tour.

🟨 À lire aussi sur notre blog

👉 Vous avez vécu une perte précoce ? Découvrez notre article :
Fausse couche : un deuil invisible mais bien réel, pour mieux comprendre ce deuil si intime et souvent tu.

👉 Pour approfondir la question du chagrin qui s’installe, lisez :
Traverser un deuil compliqué : quand le chagrin ne passe pas – un article pour comprendre le deuil pathologique et ses solutions thérapeutiques.

👉 Vous cherchez à aider un enfant face à une perte périnatale ? Ce texte peut vous guider :
Qu’est-ce que le deuil périnatal et pourquoi est-il si difficile à surmonter ? – un éclairage précieux pour les parents endeuillés.

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Être aidant : un rôle essentiel, mais à quel prix ? – pour repenser votre équilibre et prendre soin de vous aussi.

👉 Et pour les situations où la mort fait irruption de manière violente ou brutale, explorez :
Du choc à la reconstruction : redonner du sens après une agression – car tout trauma mérite un espace pour être entendu.

FAQ – Comment parler de la mort avec un enfant ?

🔹 Mon enfant veut savoir ce que devient le corps après la mort. Que dire ?

Expliquez avec des mots simples que, quand on meurt, le corps s’arrête complètement, et selon les croyances ou les choix, il peut être enterré ou incinéré.

Vous pouvez dire : “Il ne sent plus rien. C’est comme s’il dormait très profondément, sauf qu’il ne se réveillera pas.” Parler de la décomposition, si la question revient, peut se faire avec dignité et naturel, en expliquant que le corps retourne à la terre. Cela aide l’enfant à symboliser l’absence.

🔹 Mon enfant rit quand on parle de la mort. Est-ce normal ?

Oui, c’est une réaction très fréquente. Le rire nerveux est une façon pour l’enfant de gérer ses émotions quand il est mal à l’aise, inquiet ou dépassé.

Cela ne signifie pas qu’il prend la mort à la légère, mais qu’il cherche à mettre à distance ce qui le trouble. Accueillez ce rire sans le juger, et proposez ensuite un moment plus calme pour reparler de la mort avec bienveillance et reprendre le lien émotionnel.

🔹 Mon enfant veut savoir si moi aussi je vais mourir. Que répondre ?

C’est une question bouleversante, mais normale. Vous pouvez répondre avec honnêteté rassurante : “Oui, un jour je mourrai, mais ce ne sera pas tout de suite. Et d’ici là, je suis là pour toi.”

Cette réponse évite le mensonge, tout en apportant une sécurité émotionnelle. Les enfants ont besoin de savoir qu’ils ne seront pas seuls. Rappelez-lui les adultes de confiance autour de lui, et que l’amour reste, même après la mort.

🔹 Faut-il cacher sa tristesse à son enfant pour le protéger ?

Non. Montrer sa tristesse permet à l’enfant de comprendre que les émotions sont normales et qu’on peut être triste sans que ce soit dangereux. Cela lui donne l’autorisation d’exprimer sa propre douleur.

Dire “Je suis triste, mais je suis là pour toi” permet de construire une sécurité affective et de modéliser une expression saine du deuil. L’enfant apprend alors que l’on peut vivre un chagrin tout en restant relié aux autres.

🔹 Mon enfant dit qu’il veut mourir pour rejoindre la personne décédée. Que faire ?

C’est une phrase souvent symbolique, surtout chez les jeunes enfants. Elle traduit une douleur intense ou un manque profond, mais pas nécessairement une vraie envie de mourir.

Restez calme, prenez-le au sérieux, et ouvrez un espace de parole : “Tu peux m’expliquer pourquoi tu dis ça ?” Ensuite, consultez un professionnel rapidement. Un psychologue spécialisé dans le deuil de l’enfant pourra l’aider à traduire sa souffrance en mots plutôt qu’en détresse.

🔹 Mon enfant fait des cauchemars depuis un décès. Est-ce lié ?

Oui. Après la mort d’un proche, un enfant peut faire des cauchemars récurrents, liés à l’angoisse de séparation, à la peur de la mort, ou au choc émotionnel.

C’est un mode d’expression inconscient de son inquiétude. Rassurez-le, parlez de ses rêves sans les minimiser. Instaurer un rituel apaisant au coucher peut l’aider. Si les troubles du sommeil persistent, n’hésitez pas à consulter un psychologue pour enfants pour l’aider à retrouver un sentiment de sécurité intérieure.

🔹 Faut-il parler de la mort si l’enfant ne pose pas de questions ?

Oui, en douceur. Le silence autour de la mort peut être plus inquiétant pour l’enfant que des mots simples.

Même s’il ne pose pas de questions, il ressent les tensions et capte les émotions autour de lui. Ouvrir un espace de parole, en posant une question ouverte comme “Tu te demandes peut-être ce qui s’est passé ?” lui montre qu’il peut parler librement. L’objectif est de mettre des mots sur l’absence, sans le forcer.

🔹 Comment expliquer la mort d’un animal à un jeune enfant ?

La mort d’un animal de compagnie est souvent la première confrontation à la perte. Dites la vérité avec des mots clairs : “Il est mort, il ne souffre plus.”

Évitez les métaphores floues comme “il est parti” ou “il s’est endormi”, qui risquent de créer des peurs ou des confusions. Honorer son souvenir par un dessin, une photo, ou un petit rituel peut aider l’enfant à dire au revoir. Ce deuil mérite d’être entendu et respecté.

🔹 Est-ce une bonne idée de faire une boîte à souvenirs ?

Oui, absolument. Créer une boîte à souvenirs avec des photos, des dessins, des objets symboliques, ou des mots d’amour, permet à l’enfant de conserver un lien affectif avec la personne décédée.

C’est une manière concrète de travailler la mémoire et l’attachement, tout en intégrant la perte. Vous pouvez construire cette boîte ensemble : cela favorise le dialogue et l’expression des émotions. Ces objets deviennent des ancrages positifs pour l’enfant dans son processus de deuil.

🔹 Mon enfant semble ne pas être affecté par le décès. Est-ce normal ?

Oui, parfois l’enfant semble “aller bien”, mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas touché. Il peut intérioriser ses émotions, ou ne pas encore comprendre pleinement la mort. Certains enfants réagissent plus tard, dans des situations inattendues.

Restez attentif à ses comportements (sommeil, jeu, humeur) et ouvrez régulièrement un espace d’écoute. L’essentiel est qu’il sente que parler est possible, même s’il ne le fait pas immédiatement. Chaque deuil a son rythme et ses modes d’expression.

🔹 Dois-je emmener mon enfant voir le corps du défunt ?

Ce choix dépend de l’âge de l’enfant, de sa sensibilité et de ce qu’il souhaite. Voir le corps peut l’aider à comprendre concrètement que la personne est morte, mais cela doit être bien préparé.

Expliquez ce qu’il verra, proposez-lui de venir sans obligation, et respectez son choix. S’il refuse, vous pouvez inventer un autre rituel d’adieu symbolique. Ce qui compte, c’est qu’il puisse faire un au revoir, avec vos mots et votre présence.

🔹 Mon enfant refuse de parler de la personne décédée. Dois-je insister ?

Non. Le refus de parler d’un mort peut être une stratégie de protection psychique. Laissez-lui le temps, tout en maintenant une présence disponible.

Vous pouvez, de votre côté, évoquer des souvenirs positifs (“Tu te rappelles quand... ?”), sans le forcer. Parfois, l’enfant écoute, observe, et intègre silencieusement. Ce silence peut aussi précéder une parole plus tardive. Restez attentif, patient, et rassurez-le : vous êtes là, même pour ce qu’il ne peut pas dire.

🔹 Est-ce que le deuil d’un enfant peut ressortir plus tard, à l’adolescence ?

Oui. Un deuil mal élaboré dans l’enfance peut ressurgir à l’adolescence, période où les questions existentielles, les pertes symboliques et les réaménagements identitaires réactivent des blessures anciennes.

Un adolescent peut alors reparler d’une mort vécue plus jeune, ou présenter des symptômes indirects (tristesse, colère, isolement). Il est important de ne pas banaliser ce retour. Un accompagnement thérapeutique peut l’aider à revenir sur ce qui n’a pas été intégré à l’époque.

🔹 Dois-je parler de mes croyances religieuses à mon enfant ?

Oui, si cela fait partie de votre repère familial. Vous pouvez dire : “Dans notre religion, on pense que…” ou “Certains croient que…”.

Cela permet à l’enfant de situer la mort dans un cadre symbolique. Mais il est aussi essentiel de lui laisser une liberté intérieure : encouragez-le à poser ses questions, à avoir sa propre idée, selon son âge. Transmettre sans imposer, c’est aider l’enfant à se construire autour du sens, et non de la peur.

🔹 Y a-t-il des livres pour moi, parent, pour mieux accompagner mon enfant ?

Oui, de nombreux ouvrages peuvent vous soutenir dans cette épreuve.

Parmi les plus recommandés :

  • Euh... Comment parler de la mort aux enfants – Delphine Horvilleur
  • Si on parlait de la mort - Françoise Dolto
  • La mort expliquée aux enfants de Jean-Jacques Charbonier

Ces ressources permettent de trouver les mots justes, de comprendre les étapes du deuil chez l’enfant, et de ne pas rester seul dans cette mission délicate d’accompagnement du chagrin.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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