Qu'est-ce que le trouble du deuil prolongé ou deuil pathologique ?
12/5/2025

Qu'est-ce que le trouble du deuil prolongé ou deuil pathologique ?

Perdre un être cher bouleverse profondément. Dans la majorité des cas, le deuil suit un processus naturel d’adaptation. Il est douloureux, mais il évolue avec le temps. Cependant, pour certaines personnes, la souffrance ne diminue pas. Elle s’installe, s’intensifie, bloque toute capacité à reprendre pied dans la vie quotidienne. On entre alors dans ce que les professionnels appellent un deuil pathologique — ou deuil compliqué, prolongé, parfois bloqué. Cette forme de deuil ne correspond pas à une sensibilité exacerbée ou à un manque de volonté de tourner la page. C’est un état psychique profond, qui signale que le processus naturel de deuil est entravé. La douleur ne trouve pas d’issue, elle devient chronique, parfois invalidante. Reconnaître ce trouble, c’est la première étape pour sortir de l’isolement, comprendre ce qui se joue, et s’autoriser à demander de l’aide. Car oui, le deuil pathologique peut être accompagné — avec humanité, professionnalisme et respect du rythme de chacun.

Ce qu’en disent le DSM-5-TR et la CIM-11

Le deuil pathologique n’est pas seulement une notion clinique, c’est aussi un trouble reconnu par les classifications internationales.

Deux grandes références en psychiatrie le décrivent aujourd’hui précisément : le DSM-5-TR (manuel diagnostique américain) et la CIM-11 (classification de l’OMS).

Le trouble du deuil prolongé dans le DSM-5-TR

Dans sa dernière révision, le DSM-5-TR introduit le « trouble du deuil prolongé » (Prolonged Grief Disorder). Il est caractérisé par :

  • Une douleur intense et persistante, qui se prolonge au-delà de 12 mois chez l’adulte, ou 6 mois chez l’enfant ;
  • Un manque envahissant de la personne décédée, avec une préoccupation excessive autour de la perte ;
  • Une atteinte significative du fonctionnement personnel, social ou professionnel.

Ce diagnostic précise que les symptômes doivent dépasser les variations culturelles normales du deuil, et entraîner une souffrance cliniquement significative.

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Le deuil pathologique dans la CIM-11

La CIM-11 (Classification Internationale des Maladies) parle de « trouble du deuil prolongé » (Prolonged grief disorder), en tant que trouble mental distinct, situé dans la catégorie des troubles liés aux événements stressants.

Selon la CIM-11, ce trouble implique :

  • Une réponse au deuil persistante et envahissante ;
  • Des troubles émotionnels durables : tristesse, colère, culpabilité, isolement, perte de sens ;
  • Un retentissement important sur la qualité de vie et la capacité à fonctionner dans la société.

Pourquoi c’est important ?

Ces deux classifications permettent une meilleure reconnaissance clinique du deuil pathologique, facilitent l’accès aux soins, et offrent des critères diagnostiques précis.

Elles permettent aussi de distinguer un processus de deuil normal d’un état pathologique, qui nécessite un accompagnement psychothérapeutique spécialisé.

🎯 Intégrer le deuil pathologique dans les classifications officielles, c’est reconnaître la réalité d’une souffrance psychique profonde, et lutter contre le tabou du deuil qui « dure trop longtemps ».

Quand le deuil devient pathologique : les signes à repérer

Un deuil pathologique ne se résume pas à un chagrin plus intense que la moyenne.

Il s’agit d’un blocage psychique durable, où la souffrance ne suit plus son cours naturel de transformation. Le temps passe, mais rien ne s’apaise. La douleur demeure aussi vive qu’au premier jour, parfois même plus acérée, plus envahissante. Le deuil devient alors source de détresse psychique chronique.

La personne endeuillée peut ressentir un chagrin omniprésent, une obsession pour la personne disparue, ou un désespoir qui ne trouve pas d’issue. Des pensées douloureuses reviennent en boucle, accompagnées de troubles du sommeil, de fatigue persistante, d’une perte d’intérêt pour le monde extérieur, voire de pensées suicidaires.

Souvent, un sentiment de culpabilité intense ou l’impression de ne plus savoir qui l’on est sans l’autre s’installe. La vie semble s’être arrêtée le jour de la perte. Le deuil, au lieu d’ouvrir un chemin de mémoire, se referme sur lui-même, et la personne reste prisonnière d’une souffrance figée.

👉 Ces manifestations ne sont pas un caprice ni un manque de volonté. Ce sont des signaux d’alarme psychique à prendre au sérieux. Repérer ces signes, c’est permettre à la personne endeuillée de ne pas rester seule, de sortir de la honte, et de commencer à retrouver un souffle de vie.

Ce que le deuil pathologique révèle

Un deuil pathologique ne surgit jamais par hasard. Il vient souvent réactiver des douleurs anciennes, des conflits non résolus, ou des pertes passées qui n’ont jamais pu être pleinement élaborées. Ce que la perte actuelle met en lumière, c’est souvent un enchevêtrement de blessures psychiques, parfois inconscientes.

Il peut s’agir de deuils non faits dans l’enfance — une fausse couche oubliée, la perte d’un grand-parent jamais verbalisée, ou une séparation brutale restée sans mots. Parfois, c’est la nature même de la relation avec le défunt qui rend le deuil plus complexe : relations fusionnelles, ambivalentes, chargées de non-dits ou de culpabilité. La perte ne fait alors pas que blesser — elle déstructure, elle déloge.

Le deuil pathologique peut aussi refléter un conflit de loyauté invisible : garder la douleur, c’est garder le lien. Aller mieux, c’est risquer de trahir. Il y a parfois une confusion entre fidélité et souffrance. Rester malheureux devient une manière d’honorer l’autre, de ne pas le laisser disparaître totalement.

Mais ce lien figé n’apaise pas. Il enferme. Il empêche de respirer. C’est précisément là que le travail thérapeutique prend tout son sens : il aide à transformer ce lien de douleur en lien symbolique, à inventer une autre façon d’aimer, de se souvenir, de continuer — sans renier.

🎯 Le deuil pathologique est souvent un appel de l’inconscient : il ne demande pas à être effacé, mais à être compris, traversé, reconnu.

Les formes cliniques du deuil pathologique

Le deuil pathologique ne prend pas une forme unique. Il peut se masquer derrière un silence, une activité frénétique, une fatigue inexpliquée ou une détresse émotionnelle apparente.

À travers ces différents visages, le point commun reste le même : le processus de deuil est figé, empêchant toute élaboration psychique réelle.

Le deuil bloqué : quand l’émotion est gelée

Certaines personnes ne ressentent… rien. Pas de larmes, pas de révolte, pas de mots. Tout semble figé, comme si la perte n’avait pas eu lieu. Elles continuent à fonctionner, parfois même de manière exemplaire, mais une chape de glace émotionnelle s’est abattue sur elles. Ce gel affectif est souvent une protection contre une douleur insupportable.

👉 Fréquent chez les personnes très contrôlantes ou issues de milieux où l’expression émotionnelle est taboue, ce deuil appelle à une remise en mouvement des affects — par la parole, l’art-thérapie, l’hypnose ou d’autres médiations douces.

Le deuil traumatique : quand la mort est une effraction

Quand la perte est brutale, violente, incompréhensible — suicide, accident, meurtre, mort d’un enfant — le deuil devient indissociable d’un état de choc.

Le cerveau reste en alerte, la mémoire sature, les images s’imposent : flashbacks, cauchemars, reviviscences.

👉 Ce type de deuil nécessite souvent une prise en charge en psychotraumatologie : EMDR, thérapies sensorimotrices, hypnose post-traumatique… Le but est d’apaiser l’impact du trauma pour que le travail de deuil puisse enfin commencer.

Le deuil chronique : quand le chagrin ne décroît jamais

Des mois, parfois des années passent… mais la souffrance reste intacte. Le lien au défunt n’évolue pas.

La personne endeuillée reste enfermée dans une relation intérieure figée, marquée par la culpabilité ou l’idéalisation. Impossible d’aimer à nouveau, de se projeter, de réinvestir sa propre vie.

👉 Ici, l’enjeu est de reconstruire une identité autonome, en travaillant sur l’attachement, la séparation symbolique, et les blessures narcissiques qui ont été réveillées.

Le deuil différé : quand l’effondrement arrive… plus tard

Dans les premiers mois, tout va « bien ». La personne gère, organise, soutient les autres. Elle est solide, fonctionnelle.

Et puis, un jour, tout s’écroule. Un objet, une date, une odeur réactive une douleur insoutenable, comme si le deuil s’ouvrait pour la première fois.

👉 Ce décalage n’est pas un échec. C’est souvent une stratégie de survie temporaire. Le travail thérapeutique consistera à donner enfin droit à cette douleur suspendue, à lui offrir un lieu, un temps, une reconnaissance.

📌 Il n’y a pas un seul type de deuil compliqué. Il y a des manières multiples — et parfois invisibles — de souffrir. Les reconnaître, c’est ouvrir la voie d’un accompagnement ajusté, respectueux et profondément humain.

Pourquoi certains deuils deviennent pathologiques ?

Nous ne sommes pas égaux face à la perte.

Là où certains parviennent à traverser le deuil, malgré la douleur, d'autres s'effondrent, s'enferment ou s'effacent.

Mais il ne s'agit ni de fragilité personnelle, ni de mauvaise volonté. Un deuil devient pathologique quand plusieurs facteurs se combinent, fragilisant le psychisme et bloquant le travail d'élaboration.

La nature du lien avec le défunt

Certaines relations sont si centrales qu’elles deviennent fondatrices de l’identité.

Perdre un conjoint fusionnel, un parent idéalisé, un enfant attendu depuis longtemps… ce n’est pas simplement faire face à l’absence d’un être cher. C’est perdre une part de soi-même.

Les liens marqués par l’ambivalence (amour mêlé de colère, de ressentiment ou de dettes non soldées) peuvent également complexifier le deuil. Le défunt devient alors une énigme irrésolue, un souvenir douloureux difficile à intégrer.

👉 Plus le lien était chargé d’affects contradictoires, plus le travail de séparation devient complexe.

Les circonstances de la perte

Certaines morts laissent le psychisme sans réponse.

Un suicide, une disparition brutale, une mort violente ou absurde bouleversent nos repères. L’esprit cherche une logique, un sens, un récit — et ne trouve que du vide. Cela provoque une effraction du réel, où la perte devient inassimilable.

👉 Ce type de deuil cumule douleur et traumatisme psychique, nécessitant un double accompagnement.

Les vulnérabilités psychiques individuelles

Un deuil vient toujours toucher les fondations de notre structure psychique.

Si celles-ci sont déjà fragilisées par des traumatismes anciens, des troubles anxieux, dépressifs, ou une dépendance affective, l’effondrement peut être massif.

Parfois, la perte actuelle réactive des deuils non faits : une séparation oubliée, une absence jamais pleurée, une blessure d’enfance enfouie. Le deuil devient alors le théâtre de douleurs transgénérationnelles ou de fantômes psychiques (Abraham et Torok, Kaës) qui entravent l’élaboration.

Le manque de soutien ou l’isolement

Le deuil a besoin d’un entourage.

D’un regard, d’une main, d’une oreille. Sans cela, la douleur se referme sur elle-même. Pire : quand l’environnement banalise la perte, impose des injonctions (« tourne la page », « sois fort »), ou nie la légitimité du deuil (cas des amours cachées, des ex non reconnus), la personne endeuillée se coupe de sa parole intérieure.

👉 Sans espace de parole sécurisant, le chagrin se cristallise.

L’absence ou l’empêchement des rituels

Les rituels funéraires permettent à la psyché d’inscrire la perte dans le réel. Ils donnent forme à l’absence.

Quand ces rituels sont absents, bâclés, interdits (comme pendant le Covid), le deuil peut rester en suspens, comme figé dans une temporalité parallèle.

👉 Parfois, réinventer un rituel différé (écrire une lettre, allumer une bougie, créer un autel symbolique) peut relancer le processus.

Les pertes multiples ou en cascade

Perdre un être cher est déjà une épreuve.

Mais lorsque cela s’ajoute à d’autres pertes — divorce, licenciement, maladie, précarité — le psychisme est submergé. Il n’a plus l’espace pour assimiler, transformer, digérer.

👉 Ce deuil cumulé provoque une fatigue existentielle, une forme d’anesthésie émotionnelle, ou au contraire une hyper-réactivité chronique.

📌 Le deuil pathologique ne signe jamais un échec personnel. Il signale un excès de douleur, un manque de ressources, un contexte défavorable… et il appelle de la compréhension, pas du jugement.

Ce que l’on entend… et qui fait mal

Quand le deuil s’éternise, dérange, déborde, l’entourage ne sait plus quoi dire.

Dans un réflexe de protection, de maladresse ou d’impuissance, on tente d’apaiser la souffrance par des phrases toutes faites.

Pourtant, ces mots, loin de consoler, peuvent renforcer la solitude et la culpabilité de la personne endeuillée.

Les phrases qui blessent (même dites avec bienveillance)

  • « Il faut tourner la page »
    ➡️ Comme si le deuil était un chapitre à refermer d’un geste. Or, une perte ne se gomme pas. Elle s’apprivoise.
  • « Le temps guérit tout »
    ➡️ Le temps n’est pas un médicament magique. Sans parole, sans présence, sans sens, il ne fait que prolonger l’errance.
  • « Il/elle n’aurait pas voulu te voir comme ça »
    ➡️ Cette phrase place une pression supplémentaire sur l’endeuillé·e. Elle l’empêche d’exprimer librement sa douleur.
  • « Sois fort(e) pour les autres »
    ➡️ Derrière cette injonction, un interdit : ne pas pleurer, ne pas flancher, ne pas déranger. Et donc… ne pas être humain.
  • « D’autres ont vécu pire »
    ➡️ Le chagrin n’est pas un concours. Ce qui fait mal, fait mal. Point.

Pourquoi ces phrases font si mal ?

Ces paroles, même bien intentionnées, traduisent le malaise social face à la mort et à la souffrance durable.

Elles renvoient souvent à une impossibilité d’écouter, de rester en présence, de soutenir sans vouloir réparer.

En réalité, elles :

  • Minimisent la douleur
  • Interdisent certaines émotions (colère, désespoir, effondrement)
  • Isolent encore plus la personne en deuil
  • Imposent un modèle de deuil « acceptable », rapide, discret et silencieux

Ce que l’on peut dire à la place

Parfois, une phrase simple, vraie, humaine suffit :

  • « Je suis là. »
  • « Tu peux me parler autant que tu veux. »
  • « Tu n’as pas à être fort(e). »
  • « Je ne sais pas quoi dire, mais je suis avec toi. »

Ces mots autorisent la vulnérabilité. Ils ouvrent un espace d’accueil où le deuil peut respirer, exister, être entendu sans être jugé.

📌 Le deuil pathologique est déjà un fardeau. Les phrases maladroites, même pleines de bonne volonté, peuvent l’alourdir. À l’inverse, la reconnaissance, la présence silencieuse, l’écoute sans attente sont des actes thérapeutiques en soi.

Comment traverser un deuil compliqué ?

Lorsque la perte devient insupportable, lorsque le chagrin ne décroît pas avec le temps, lorsque l’on a l’impression d’être englouti·e par l’absence, alors il est nécessaire de changer de regard : on ne « surmonte » pas un deuil pathologique.

On le traverse, on l’apprivoise, on le symbolise. Et surtout, on ne le fait pas seul·e.

Reconnaître que ce deuil est difficile

Beaucoup de personnes se disent en silence : « Je devrais aller mieux depuis le temps ».

Cette phrase assassine empêche toute compassion envers soi-même. Mais un deuil pathologique n’est pas une faiblesse, c’est un signal que quelque chose est bloqué, que la psyché ne parvient pas à intégrer la perte.

👉 Nommer sa souffrance, c’est déjà s’en occuper. C’est reconnaître que ce que l’on vit mérite attention, respect et soutien.

Mettre des mots sur ce qui fait mal

Le deuil pathologique est souvent un deuil empêché de parole.

Ce qui n’a pas pu être dit tourne en boucle dans le silence intérieur. Parler de la relation, de la perte, de ce que l’on ressent, de ce que l’on n’a jamais osé exprimer, permet d’ouvrir une brèche dans le mur de la douleur.

Écrire une lettre, enregistrer un message pour le défunt, dessiner, crier, prier — tout ce qui donne une forme à l’émotion participe à la symbolisation.

👉 Le silence enferme, la parole transforme.

S’autoriser à vivre sans trahir

Beaucoup de personnes en deuil compliqué ont cette pensée : « Si je vais mieux, c’est que je l’oublie. »

Rien n’est plus faux. Revivre ne signifie pas trahir. Au contraire, c’est honorer la place du défunt en soi, dans sa mémoire, sans s’y enfermer.

👉 On ne cesse jamais d’aimer ceux qu’on a perdus. On apprend à aimer autrement, depuis un espace apaisé.

Créer un lien symbolique avec le défunt

L’objectif n’est pas de couper le lien, mais de le transformer.

Au lieu de rester dans une douleur figée, il s’agit de passer d’une présence matérielle perdue à une présence intérieure vivante.

Créer un rituel personnel — planter un arbre, allumer une bougie, écrire chaque année, parler à voix haute — permet d’ancrer cette nouvelle relation dans le temps.

👉 Ce lien symbolique ne remplace pas, il apaise. Il devient un socle, pas une prison.

Demander de l’aide : un acte de courage

Le deuil pathologique enferme dans l’isolement.

Or, il n’est pas honteux de demander de l’aide. C’est même souvent le tournant libérateur. Un accompagnement thérapeutique offre un cadre sécurisant pour explorer ce qui bloque, ce qui blesse, ce qui cherche à être dit depuis longtemps.

👉 Avec l’aide d’un professionnel formé au travail de deuil, il devient possible de réinscrire la perte dans une histoire, de reconstruire une identité autonome, et de retrouver un espace pour respirer.

Quelles sont les approches thérapeutiques utiles ?

Le deuil pathologique ne disparaît pas avec le temps seul.

Il ne cède pas aux bonnes intentions, ni aux distractions.

Il a besoin d’un espace, d’une écoute, d’un cadre. Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreuses approches thérapeutiques efficaces pour accompagner ce processus bloqué, à la mesure de chaque histoire.

La psychanalyse : explorer le sens inconscient de la perte

La psychanalyse permet de mettre en lumière les conflits internes, les deuils antérieurs non élaborés, les identifications inconscientes au défunt.

Elle donne un espace à l’indicible, aux fantômes transgénérationnels, à la culpabilité enfouie.

👉 C’est une approche lente mais profonde, adaptée aux deuils complexes, anciens ou liés à des secrets de famille.

L’EMDR : désensibiliser le traumatisme

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une méthode de désensibilisation des souvenirs traumatiques, particulièrement utile dans les cas de mort brutale, suicide, accident, meurtre.

Elle permet au cerveau de reclasser l’événement dans la mémoire narrative.

👉 Cette technique brève et validée scientifiquement peut débloquer des souffrances figées depuis des années.

L’hypnose thérapeutique : ouvrir un autre accès à l’émotion

Quand les mots manquent, quand la douleur est enfouie ou anesthésiée, l’hypnose peut créer un espace symbolique où la personne retrouve le contact avec son monde intérieur.

Elle peut permettre un adieu symbolique, un dialogue intérieur avec le défunt, ou tout simplement un soulagement émotionnel.

👉 L’hypnose agit là où la conscience rationnelle se heurte à l’impasse.

Les groupes de parole : sortir de l’isolement

Partager son vécu avec d’autres personnes endeuillées permet de briser le sentiment d’anormalité.

Entendre que d’autres souffrent aussi, que d’autres comprennent sans juger, peut être une bouffée d’oxygène.

👉 Ces groupes sont souvent animés par des professionnels, et offrent un espace sécurisé d’expression libre.

Les thérapies systémiques et familiales : accompagner le deuil collectif

Un deuil touche rarement une seule personne. Il impacte un groupe : famille, fratrie, couple, communauté.

La thérapie familiale permet de mettre à jour les positions inconscientes, les tabous, les loyautés invisibles qui bloquent le deuil au sein du système.

👉 Elle est particulièrement recommandée lorsqu’un membre de la famille « porte » la douleur de tous les autres.

📌 Il n’y a pas une seule manière d’être aidé·e. Le plus important est de trouver un thérapeute formé, bienveillant et adapté à votre sensibilité. Le deuil compliqué ne se guérit pas en un jour, mais il peut s’alléger, se transformer, s’apaiser.

❓ FAQ – Questions fréquentes sur le deuil pathologique

Quelle est la différence entre un deuil normal et un deuil pathologique ?

Un deuil normal suit une évolution naturelle : tristesse, colère, acceptation, apaisement progressif. Même douloureux, il s’adapte avec le temps.

En revanche, un deuil pathologique correspond à un chagrin figé qui ne diminue pas, même après plusieurs mois. La souffrance devient chronique, envahissante, et empêche de retrouver un équilibre émotionnel. C’est un signe que le processus de deuil est bloqué. Reconnaître cette différence permet de ne pas culpabiliser et de chercher une aide adaptée pour sortir de l’impasse émotionnelle.

Combien de temps dure un deuil pathologique ?

Un deuil pathologique dure souvent bien au-delà de 6 à 12 mois.

Si la douleur reste intense, que la vie semble impossible sans le défunt, que le quotidien est entravé, il ne s’agit plus d’un deuil « normal ». C’est une souffrance durable qui signale un trouble du deuil prolongé. Cette forme de deuil nécessite un accompagnement thérapeutique, car sans aide, elle peut s’installer pour des années. Le temps seul ne suffit pas : il faut du sens, de la parole, du soutien.

Est-ce qu’on peut vraiment « guérir » d’un deuil compliqué ?

On ne « guérit » pas d’un deuil pathologique comme d’une maladie, mais on peut le traverser, le transformer, le symboliser.

Avec une thérapie adaptée, il devient possible de mettre des mots sur la douleur, de redonner sens à l’existence, et de retrouver une forme d’apaisement intérieur. Le lien avec le défunt ne disparaît pas : il devient plus doux, plus vivable, plus intérieur. Oui, il est possible d’aller mieux, même après des années. L’accompagnement fait toute la différence.

Vers qui se tourner en cas de deuil pathologique ?

En cas de deuil pathologique, il est essentiel de consulter un professionnel formé : psychologue clinicien, psychanalyste, hypnothérapeute, ou thérapeute EMDR, selon vos besoins.

Un psychiatre peut être indiqué en cas de dépression sévère. L’accompagnement doit être personnalisé, bienveillant et spécialisé. Le Cabinet Psy Coach Versailles propose une prise en charge intégrative, mêlant psychanalyse, hypnose, EMDR et thérapies systémiques, pour retrouver un chemin de vie. Ne restez pas seul·e : des solutions existent.

Quels outils sont les plus efficaces pour traverser un deuil compliqué ?

Plusieurs outils thérapeutiques ont montré leur efficacité pour aider à surmonter un deuil compliqué : l’EMDR pour traiter les traumas liés à la perte, l’hypnose thérapeutique pour libérer les émotions figées, la thérapie du deuil prolongé (PG-CGT) pour restructurer le lien et relancer la vie.

La psychanalyse aide à explorer les dimensions inconscientes du deuil, et les groupes de parole brisent l’isolement. Le choix dépend de votre histoire et de votre sensibilité. Un accompagnement sur-mesure est toujours préférable.

Et si mon deuil date de plusieurs années ?

Même si la perte date de plusieurs années, un deuil pathologique peut rester actif, souvent à bas bruit. Il peut ressurgir brutalement, à l’occasion d’un événement déclencheur : naissance, séparation, nouvelle perte.

Ce qu’on croyait dépassé se révèle non élaboré. Ce phénomène, appelé deuil différé, est fréquent. Il n’est jamais trop tard pour mettre des mots sur cette souffrance, la comprendre, et s’en libérer. Avec l’aide d’un professionnel, vous pouvez réouvrir l’histoire, non pas pour l’oublier, mais pour en faire quelque chose de vivable.

Le deuil pathologique peut-il affecter le corps ?

Oui, un deuil compliqué peut s’exprimer physiquement : fatigue chronique, douleurs diffuses, troubles digestifs, palpitations, tensions musculaires.

Ce sont des manifestations psychosomatiques : le corps parle quand les mots manquent. Ce type de souffrance invisible est souvent mal compris par l’entourage et même par le corps médical. Il est donc essentiel d’écouter ces signaux, de ne pas les minimiser, et de les relier à l’histoire du deuil. Un accompagnement thérapeutique adapté peut soulager autant le corps que l’esprit.

Peut-on vivre un deuil pathologique sans avoir perdu une personne proche ?

Oui. Un deuil pathologique peut survenir suite à des pertes symboliques mais psychiquement majeures : rupture amoureuse, fausse couche, perte d’un emploi, départ d’un enfant, exil.

Ce qui compte, ce n’est pas l’événement en soi, mais la place qu’il occupait dans l’identité. Le sentiment de vide, d’arrachement, peut alors être aussi intense qu’un deuil classique. Dans ces cas, il est crucial de légitimer la souffrance pour pouvoir la traverser. Un deuil non reconnu peut être encore plus difficile à vivre.

Le deuil pathologique peut-il survenir chez un enfant ?

Oui, les enfants peuvent vivre des deuils pathologiques, même s’ils ne l’expriment pas comme les adultes. Un enfant endeuillé peut devenir silencieux, agressif, phobique, ou montrer des troubles du sommeil, de l’attention ou de l’alimentation.

Si le deuil n’est pas accompagné, l’enfant risque de construire des défenses durables autour de cette perte. Il est essentiel d’ouvrir un espace de parole adapté, avec des professionnels formés. Le jeu, le dessin, les rituels symboliques sont souvent de puissants leviers thérapeutiques.

Peut-on prévenir un deuil pathologique ?

Il est possible de réduire les risques de développer un deuil pathologique en prenant soin du processus dès le début.

Cela passe par : reconnaître la douleur, éviter les injonctions sociales (« sois fort »), favoriser les rituels d’adieu, s’entourer d’un réseau soutenant, parler de la personne disparue, exprimer ses émotions librement. Si la perte est particulièrement violente ou si des facteurs de vulnérabilité sont présents, un suivi psychologique précoce peut faire une vraie différence. Prévenir, c’est offrir un cadre au chagrin.

Le deuil pathologique peut-il réapparaître des années après avoir « fait le deuil » ?

Oui, un deuil pathologique peut se réactiver des années plus tard, même après une longue période de stabilité apparente.

Un événement (nouvelle perte, naissance, séparation) peut faire remonter une douleur ancienne non complètement élaborée. C’est ce qu’on appelle parfois un retour de deuil. Cela ne signifie pas un échec, mais plutôt une nouvelle étape de symbolisation. L’inconscient travaille par couches successives. Ce retour de souffrance mérite d’être entendu, accompagné, et peut permettre d’approfondir le processus de transformation intérieure.

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Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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