Avez-vous déjà ressenti des douleurs physiques sans cause apparente ? Des maux de tête persistants, des douleurs musculaires, ou encore des troubles digestifs, alors que les examens médicaux ne révèlent aucune anomalie ? Si oui, il est possible que votre corps essaie de vous envoyer un message subtil. Cette manifestation corporelle pourrait être liée à un phénomène appelé somatisation.
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La somatisaion... Derrière ce terme, se cache une réalité complexe où le corps devient le porte-parole de nos émotions refoulées, exprimant un mal-être que nous ne parvenons pas à identifier consciemment. Mais comment et pourquoi le corps choisit-il d’exprimer ce que l’esprit refoule ? Qu'est-ce que la somatisation nous révèle sur la profonde connexion entre corps et esprit ?
Ces symptômes, bien que ressentis de manière authentique et souvent invalidante par la personne qui les vit, n’ont pas de cause médicale organique identifiable. Le corps prend en quelque sorte le relais pour exprimer ce que l’esprit ne peut ou ne veut pas verbaliser.
Selon Freud, ce mécanisme se rapproche de ce qu'il appelait autrefois la "conversion hystérique", où les conflits refoulés se manifestent par des symptômes physiques. C’est ce qu’on appelle également le retour du refoulé. Les émotions, les souvenirs, ou les désirs que nous avons inconsciemment réprimés réapparaissent sous forme de manifestations physiques, comme si le corps parlait à notre place. Didier Anzieu, psychanalyste, résume bien cette idée en affirmant que "le corps devient le lieu de la parole refoulée" (Anzieu, 1985).
Mais pourquoi ce mécanisme se déclenche-t-il ? Pourquoi certaines émotions, au lieu d'être exprimées verbalement, s'infiltrent-elles dans notre corps pour y causer des douleurs ou des malaises ?
Lorsqu’une émotion est trop intense, trop douloureuse ou trop difficile à gérer consciemment, notre esprit peut choisir de la détourner vers le corps pour rendre cette souffrance plus supportable. En d'autres termes, ce que nous ne parvenons pas à exprimer psychologiquement peut se manifester physiquement.
Prenons un exemple courant : le stress. Si vous êtes sous pression, mais que vous n’avez pas les outils ou l’occasion d’exprimer cette tension émotionnelle, il est possible que votre corps se mette à somatiser. Cela peut se traduire par des douleurs musculaires, des troubles du sommeil ou encore des palpitations. Le corps devient un champ de bataille où s'exerce une tension que l’esprit n'arrive plus à contenir.
Il s'agit pour notre cerveau d'un mécanisme de défense, une manière de détourner la douleur psychologique vers une souffrance physique, considérée comme plus tolérable. Freud explique que "l’inconscient ne demande qu’à se manifester, et s’il ne peut le faire par la parole, il choisira le corps" (Freud, 1920, p. 52).
Voici quelques exemples courants :
Ces symptômes sont bien réels pour les personnes qui les vivent, mais ils ne trouvent pas d’explication dans les diagnostics médicaux habituels. Le corps parle à sa manière, exprimant ce que l’esprit refoule.
Les médecines traditionnelles comme l'ayurvéda en Inde ou la médecine traditionnelle chinoise ont depuis longtemps reconnu que les émotions peuvent affecter le bien-être physique. Dans ces systèmes de santé, l'équilibre émotionnel est essentiel à la bonne santé du corps.
En Occident, cette idée a été mise de côté pendant plusieurs siècles, notamment à cause de l'influence du rationalisme cartésien, qui séparait strictement le corps et l'esprit. Cependant, au XXe siècle, avec les avancées de la psychologie et de la psychanalyse, cette interconnexion est redevenue un sujet d'étude. Freud fut l'un des premiers à théoriser cette relation avec son concept de conversion hystérique, ouvrant la voie à une meilleure compréhension de la psychosomatique, l’étude des interactions entre l'esprit et le corps.
Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition), publié par l'American Psychiatric Association, aborde la somatisation et les troubles apparentés sous la catégorie des troubles à symptomatologie somatique. Cependant, le terme "psychosomatisation" n’est pas explicitement utilisé dans le DSM-5. Voici ce que le manuel dit sur la somatisation et les troubles similaires :
Le trouble à symptomatologie somatique remplace l'ancien diagnostic de trouble somatoforme (présent dans les précédentes versions du DSM). Il se caractérise par un ou plusieurs symptômes physiques qui causent une détresse significative ou des perturbations dans la vie quotidienne, sans explication médicale claire. Ces symptômes sont souvent accompagnés d'une préoccupation excessive pour la santé ou d'un niveau disproportionné d'anxiété à leur sujet.
Selon le DSM-5, le trouble à symptomatologie somatique inclut :
Le DSM-5 insiste moins sur l'absence d'explication médicale claire pour les symptômes et se concentre davantage sur la réponse psychologique disproportionnée à ces symptômes.
Le trouble de conversion, qui est également lié à la somatisation, est défini par le DSM-5 comme un trouble où des symptômes neurologiques (comme des paralysies, des tremblements, des convulsions ou des troubles sensoriels) apparaissent sans cause neurologique organique identifiable. Ces symptômes sont souvent liés à des facteurs psychologiques, mais leur expression se fait à travers le corps.
Bien que distinct du trouble à symptomatologie somatique, l'anxiété liée à la santé ou hypocondrie est un trouble où l’individu est excessivement préoccupé par la peur d'avoir ou de développer une maladie grave. Les symptômes physiques sont souvent interprétés comme des signes d'une maladie grave malgré des évaluations médicales rassurantes.
Si vos examens médicaux reviennent constamment normaux et que vous ressentez des douleurs inexplicables, cela pourrait être un indice que votre corps exprime une souffrance émotionnelle ou psychologique refoulée.
Observez si vos symptômes surviennent ou s’intensifient dans des moments de stress émotionnel ou de tensions relationnelles. Si vous avez remarqué une corrélation entre des événements de votre vie et l’apparition de douleurs physiques, il se pourrait que votre corps somatise une souffrance non exprimée.
La clé réside dans l’observation attentive de votre état émotionnel et de vos réactions corporelles. Nos émotions, lorsqu’elles ne trouvent pas d'issue verbale ou psychologique, cherchent souvent un autre chemin pour s'exprimer, et le corps devient alors un moyen d'expression inconscient.
Les individus ayant grandi dans des environnements où les émotions étaient réprimées ou mal comprises sont souvent plus enclins à somatiser leur souffrance. Les personnes souffrant de troubles anxieux, de dépression ou de stress chronique sont également plus susceptibles de développer des symptômes somatiques. Ceux qui ont du mal à exprimer leurs émotions ou à reconnaître leur propre stress peuvent voir leur corps prendre le relais pour exprimer cette souffrance refoulée.
Ce phénomène nous rappelle que nos émotions ne sont pas cloisonnées dans notre mental, mais qu’elles peuvent s’exprimer à travers notre corps. Lorsque le corps "parle", c’est souvent parce que l’esprit est submergé, incapable de gérer directement la souffrance psychologique.
Le corps devient le miroir de nos émotions refoulées, un moyen pour notre inconscient d’attirer notre attention sur une souffrance que nous avons peut-être ignorée trop longtemps.
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Contrairement à un trouble psychiatrique ou à une psychose, elle ne modifie pas votre perception du réel : elle révèle une tension interne, une émotion bloquée. Votre système nerveux agit comme un relais, transformant l’émotion en symptôme corporel. Le thérapeute vous aide à relier ces troubles psychosomatiques à leur origine affective, parfois enfouie dans une névrose ou un traumatisme ancien, sans nécessairement recourir à un traitement médicamenteux.
Elle apparaît souvent lors de périodes de stress, d’anxiété ou d’irritabilité, et varie selon votre état intérieur. Le psychiatre vérifie toujours qu’aucune atteinte organique n’explique vos douleurs avant d’orienter vers un accompagnement psychothérapeutique ou comportemental. Parfois, un soutien médicamenteux léger aide à réguler les troubles de l’humeur, mais la vraie guérison vient du moment où vous commencez à entendre ce que votre corps tente, maladroitement, de dire.
Très souvent, oui. Le corps garde la mémoire du traumatisme lorsque le psychisme n’a pas pu l’intégrer. Cette mémoire enfouie resurgit sous forme de symptômes physiques : douleurs, tensions, troubles digestifs ou fibromyalgie. Vous pouvez ne pas en avoir conscience : c’est votre corps qui parle à votre place. Un travail psychothérapeutique ou comportemental, parfois soutenu par la relaxation ou l’hypnose, permet de renouer le dialogue entre santé mentale et expression corporelle. En apaisant votre système nerveux, vous laissez à nouveau circuler la vie et la parole.
Ces symptômes, bien réels et souvent douloureux, sont le langage du corps quand les mots manquent. Les personnes anxieuses ou dépressives y sont plus sujettes. Le thérapeute vous aide à identifier le syndrome sous-jacent – parfois une névrose, parfois un traumatisme – et à restaurer l’unité entre votre psychisme et votre corps. Dans les situations de stress chronique, la prévalence de ces affections augmente nettement.
Lorsque les symptômes corporels s’installent dans la durée, ils épuisent le psychisme et fragilisent l’estime de soi. Cette fatigue profonde, cette irritabilité ou cette perte d’élan vital peuvent ouvrir la voie à un épisode dépressif. Le psychiatre peut proposer un traitement par antidépresseurs pour stabiliser l’humeur, tandis que le psychothérapeute vous aide à mettre des mots sur vos émotions refoulées. Ensemble, ils accompagnent le mouvement de guérison où le corps cesse d’être le lieu du silence pour redevenir un espace vivant, habité.
Ses symptômes – douleurs diffuses, fatigue chronique, troubles du sommeil – ne sont pas « dans la tête », mais dans la relation intime entre émotion et système nerveux. Les personnes atteintes ont souvent une grande hypersensibilité émotionnelle. Un accompagnement associant psychiatre, psychothérapeute et techniques de relaxation ou de thérapie comportementale permet de réduire la gêne et de restaurer un équilibre entre corps et psychisme, sans nier ni le réel, ni la douleur.
Les troubles obsessionnels, l’anorexie ou la boulimie traduisent une souffrance psychique profonde. Le corps devient alors le lieu où se rejoue un conflit affectif, parfois ancien. Les douleurs abdominales, la fatigue, ou l’irritabilité sont autant de symptômes d’un trouble psychosomatique lié à la difficulté d’exprimer certaines émotions. Le psychothérapeute vous aide à relier ces atteintes corporelles à votre histoire intérieure. Une approche comportementale, psychanalytique ou médicamenteuse, selon la sévérité, favorise la guérison du corps autant que celle du psychisme.
Un eczéma récurrent ou d’autres affections cutanées peuvent traduire un conflit psychique non symbolisé — colère, tristesse, culpabilité ou anxiété. Ce n’est pas « dans votre tête » : c’est profondément corporel. En psychothérapie, vous apprendrez à écouter ce que votre peau tente de dire, et à libérer peu à peu ces tensions émotionnelles pour retrouver un apaisement durable.
Les troubles bipolaires ou psychotiques perturbent la régulation du système nerveux et de l’humeur. Votre corps peut alors exprimer une détresse que votre esprit ne parvient plus à contenir : fatigue extrême, dysfonctionnements physiologiques, douleurs diffuses. Le psychiatre veille à stabiliser les symptômes avec un suivi médicamenteux, tandis qu’un psychothérapeute vous aide à restaurer un lien de confiance avec votre corps et vos émotions, pour que le psychisme retrouve une forme d’unité et de continuité.
Derrière le comportement compulsif, se cache une blessure affective ou narcissique, parfois ancienne. Manger jusqu’à la douleur, c’est parfois tenter de combler un manque, de faire taire une angoisse. Le psychothérapeute vous accompagne à comprendre cette dynamique psychosomatique et à rétablir un rapport plus doux avec vous-même. Le but n’est pas de « contrôler » votre faim, mais de comprendre ce que votre corps cherche à exprimer.
Un nourrisson qui pleure sans raison apparente, souffre de coliques, d’eczéma ou de troubles du sommeil peut exprimer, à travers son corps, des tensions affectives ou émotionnelles qu’il ne peut encore verbaliser. Ces troubles psychosomatiques ne sont pas une fatalité. En rencontrant un psychothérapeute ou un spécialiste de la parentalité, vous pouvez comprendre ce que votre bébé ressent, apaiser la relation émotionnelle et restaurer la sécurité intérieure dont il a besoin pour se développer.
C’est le corps qui dit stop quand le psychisme s’effondre sous la charge émotionnelle. Fatigue dépressive, troubles cognitifs, douleurs corporelles, irritabilité, tout le système sature. Votre organisme n’en peut plus de contenir le stress, l’angoisse, la culpabilité ou la pression. Le psychothérapeute vous aide alors à vous reconnecter à vos besoins profonds, à votre libido de vie, et à sortir de ce syndrome de l’épuisement. Parfois, un soutien médicamenteux s’avère nécessaire pour permettre au corps de se réparer.
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