Le réel c'est quand on se cogne !
14/11/2025

« Le réel, c’est ce qui revient toujours à la même place ». L’impossible comme structure du monde ?

Quand Lacan parle du réel, il ne désigne pas ce qui est visible ou tangible, mais ce qui échappe à nos tentatives de mise en ordre, ce qui insiste, ce qui résiste.Le réel, c’est l’impossible à symboliser — ce qui revient tant que nous croyons pouvoir l’éviter. Dans un monde obsédé par la maîtrise, l’impossible n’est pas un échec, mais une structure.Il fonde notre désir, notre humanité, notre rapport à l’Autre.Et peut-être aussi, notre souffrance la plus féconde. Allez, c’est parti…

Table des matières

Psychanalyse à Versailles

Lorsque j’ai reçu Élodie, 38 ans, elle m’a dit d’un ton las :

« Je croyais avoir enfin compris, travaillé sur moi, changé… Et pourtant, je retombe toujours dans le même type d’histoires. »

Un léger sourire, désabusé, suivait cette phrase. Le même scénario, encore et encore : un partenaire distant, un espoir de fusion, une déception, puis la honte de “ne pas apprendre”.
Ce qu’Élodie appelle “toujours pareil”, la psychanalyse l’appelle le réel.
Ce qui revient précisément parce qu’on n’a pas encore trouvé comment l’habiter autrement.

« Le réel, c’est ce qui revient toujours à la même place. »Jacques Lacan, Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse

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Qu’est-ce que Lacan veut dire par “le réel” ?

Pour comprendre cette phrase, il faut revenir à la trilogie lacanienne : le symbolique, l’imaginaire et le réel. Trois registres qui structurent toute expérience humaine.
Le symbolique, c’est le monde du langage, des lois, des repères partagés — tout ce qui nous permet de donner du sens à la vie.
L’imaginaire, c’est celui des images, des identifications, des rêves, de la mise en scène de soi.
Et puis il y a le réel : ce qui échappe à la fois aux mots et aux images, ce qui résiste à toute tentative de mise en ordre.

C’est ce que Lacan résume d’une phrase inoubliable : « Le réel, c’est quand on se cogne. »

Une phrase simple, presque banale — et pourtant vertigineuse. Parce qu’elle dit tout : le réel, c’est ce qui résiste. Ce contre quoi on se cogne justement parce qu’on ne voulait pas y croire. C’est le mur du monde qui ne se plie pas à nos désirs, ni à nos belles intentions. Nous vivons dans une époque qui déteste se cogner. On voudrait tout lisser : les émotions, les relations, les corps, les mots. Tout doit être fluide, gérable, optimisable. Et pourtant, la vie se charge toujours de nous rappeler que quelque chose échappe. Un imprévu, un échec, une perte, un amour qui ne nous répond pas. C’est là que le réel surgit : dans le heurt, pas dans la maîtrise.

Le réel, chez Lacan, ce n’est pas “la réalité” au sens du quotidien, mais ce qui échappe à toute symbolisation : ce qu’on ne peut pas dire, pas comprendre, pas ranger dans un tableau Excel de développement personnel. Ce qui, dans nos existences, ne cesse de faire retour parce qu’il n’a pas trouvé de place dans le langage. On se cogne au réel chaque fois qu’on se prend à croire qu’on peut tout expliquer : le chagrin d’amour, la mort, la honte, le manque. Et puis un jour, une phrase, une odeur, une musique ravivent tout, sans prévenir. Ce n’est pas “dans la tête”. C’est le réel, qui frappe à nouveau, comme pour dire :

“Coucou... je suis encore là.”

Mais attention : ce n’est pas une punition. C’est même tout le contraire. Ce “coup de réel” nous arrache à nos illusions pour nous remettre au contact de la vie vivante, celle qui ne se contrôle pas. C’est douloureux, parfois, mais profondément humain. Le réel, c’est ce qui nous empêche de flotter hors du monde ; c’est ce qui nous ancre, ce qui nous oblige à sentir, à désirer, à être là.

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Alors oui, se cogner, ça fait mal. Mais c’est aussi comme ça qu’on sait qu’on existe. Ma fille Diane dirait aussi

"Cognito ergo sum..." Je me cogne, donc je suis...

Pourquoi “toujours à la même place” ?

Lacan ajoute : « Le réel, c’est ce qui revient toujours à la même place. » Et c’est bien là que ça pique.

Parce qu’au fond, chacun de nous a son endroit de heurt préféré, son coin du monde où il se cogne sans cesse — sans trop comprendre pourquoi. Ce n’est jamais le hasard. Le réel revient à la même place parce que le sujet, lui, n’a pas encore bougé. On a beau changer de décor, d’amoureux, de travail ou de ville, certaines choses reviennent. La même angoisse avant d’aimer. Le même vide après avoir réussi. Le même sentiment d’être “de trop” ou “pas assez”. C’est ce retour-là que Lacan pointe : pas la répétition extérieure, mais la structure intérieure. Le réel revient, fidèle au poste, jusqu’à ce qu’on consente à l’entendre.

Ce n’est pas un complot du destin, ni une malédiction.

C’est la façon qu’a le psychisme de nous rappeler à la tâche inachevée. Tant qu’une blessure n’a pas été symbolisée — c’est-à-dire pensée, parlée, mise en lien — elle cherche sa voie. Elle se rejoue, elle s’invite, elle prend d’autres visages. Et à chaque fois, on se dit : “Pourtant, j’avais compris !” Oui… mais comprendre ne suffit pas à transformer.

Le réel revient “au même endroit” parce qu’il cherche une parole nouvelle. Tant qu’on essaie de le contourner, il insiste.

Tant qu’on veut le faire taire, il crie. Tant qu’on croit en être “guéri”, il revient sous une autre forme. Il ne veut pas punir — il veut être entendu.

En thérapie, c’est souvent à ce point de retour qu’on reconnaît la profondeur du travail. Quand un patient dit :

“C’est fou, je pensais que c’était fini, et voilà que ça recommence”,

c’est le signe que le réel frappe à la porte, encore, pour qu’on lui donne un sens, un mot, un lieu d’accueil. C’est le signe qu’on touche enfin à ce qui structure — pas ce qui se répare.

Le réel revient toujours à la même place… jusqu’à ce qu’on décide d’y rester un instant. Non plus pour se cogner, mais pour écouter ce que cette place raconte de nous.

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L’impossible : obstacle ou fondation ?

À première vue, l’impossible, c’est ce qu’on redoute. Ce qui bloque, ce qui fait mal, ce qui empêche d’avancer.

Tout notre monde moderne s’est bâti contre lui : “Rien n’est impossible”, dit-on comme un slogan magique, une formule pour conjurer la limite. Et pourtant… si Lacan avait raison ? Si l’impossible n’était pas un obstacle, mais une structure ?

L’impossible, c’est ce point où la vie nous dit “non” — et où, justement, quelque chose commence à exister. C’est ce qui met une forme, une tension, une direction à notre désir. Car sans impossible, il n’y aurait pas de désir, seulement de la consommation immédiate. Le manque, la distance, la frustration, loin de nous anéantir, sont ce qui nous donne du relief, du mouvement, du vivant. Dans le cabinet, on l’entend souvent :

“Je ne supporte pas de ne pas comprendre.” “Je n’arrive pas à lâcher prise.” “Je veux que ça cesse.”

Derrière ces mots, il y a la même lutte : celle contre la limite. Mais vouloir faire disparaître l’impossible, c’est vouloir une vie sans contour — donc sans élan. L’impossible n’est pas le problème : c’est le cadre du possible.

Freud disait déjà que la civilisation commence avec la renonciation : la capacité de différer, de symboliser, de transformer une pulsion brute en acte créatif ou en lien social. Lacan, lui, pousse cette idée plus loin : il n’y a pas de sujet sans impossible. C’est la butée du réel qui fait naître le langage, l’amour, la pensée. Alors non, l’impossible n’est pas là pour nous humilier. Il est là pour nous rappeler notre humanité : cette condition fragile qui fait que nous désirons, que nous cherchons, que nous trébuchons parfois, mais que nous vivons avec intensité.

Là où la société nous pousse à “réussir”, à “maîtriser”, la psychanalyse nous invite à habiter l’impossible, à ne plus en avoir peur. Car c’est là que se loge le mystère, la beauté et, souvent, la liberté.

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Le réel dans la vie quotidienne

Le réel, on ne le croise pas qu’en analyse, ni dans les livres de Lacan.

On le rencontre chaque jour, souvent sans le savoir. Il est là, tapi dans nos quotidiens bien rangés, et il surgit toujours là où on ne l’attend pas.

C’est ce mail qu’on redoute et qui finit par arriver. Ce corps qui dit stop quand on croyait pouvoir tout supporter. Ce mot qu’on n’aurait pas dû dire, mais qui s’est échappé, trop vrai pour être retenu. C’est un amour qui s’effondre sans explication, une amitié qui s’éteint sans drame, un enfant qui grandit et qu’on ne reconnaît plus tout à fait. Le réel, c’est tout ce qui ne suit pas le scénario prévu.

Là où la psychologie moderne promet des solutions, la psychanalyse, elle, invite à l’écoute.

Elle ne dit pas : “Comment éviter que ça arrive ?” mais plutôt : “Qu’est-ce que cela dit de vous ?” Parce que le réel, aussi brutal soit-il, n’est pas une erreur. C’est une information précieuse, une vérité qui cherche à se dire autrement. Quand la vie se dérègle, ce n’est pas forcément qu’on a échoué. C’est souvent qu’un pan de nous-même réclame enfin d’exister. Le réel vient fissurer les façades trop bien tenues pour laisser passer un peu d’air, un peu de vérité, un peu d’âme.

Et c’est sans doute cela, le plus difficile à accepter : que ce qui fait mal puisse être aussi ce qui sauve. Le réel ne nous détruit pas, il nous ramène à la vie vivante, celle qui dépasse les cadres, les certitudes, et les “plans à cinq ans”.

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Et en thérapie, qu’en fait-on ?

En thérapie, le réel n’est pas l’ennemi à abattre.

Il est plutôt l’invité imprévu qu’on apprend à accueillir.

Ce n’est pas lui qu’on soigne, c’est le rapport qu’on entretient avec lui. Parce que ce qui fait souffrir, bien souvent, ce n’est pas le réel lui-même — mais la manière dont on tente désespérément de l’éviter.

Quand un patient dit : “Je veux que ça s’arrête”, il parle souvent de ce qu’il ne veut plus ressentir : la peur, la solitude, la colère, le vide. Le rôle du psychothérapeute n’est pas de supprimer ces affects, mais d’aider le sujet à leur donner une forme, un mot, un contour symbolique. À faire passer ce qui cogne du côté du sens.

Dans la cure, on ne combat pas le réel, on l’apprivoise. On lui ouvre un espace où il peut se dire sans se déchaîner. Ce peut être une phrase qui se déplie lentement, un souvenir qui retrouve sa couleur, une larme qui surgit après des années de silence. Quand le réel devient dicible, il perd un peu de sa cruauté : il cesse d’être pur retour du même pour devenir matière vivante du discours. L’analyste, lui, n’intervient pas pour réparer, mais pour faire place. Il n’impose pas un sens, il le laisse se construire, au rythme du sujet. C’est cette disponibilité, ce cadre, ce temps, qui permettent à l’impossible de se transformer en possible. Par la parole, le heurt du réel devient peu à peu trace de sujet.

Et ce moment, dans une séance, où l’on entend quelqu’un dire : “Je crois que je ne le vis plus pareil” — c’est ça, le travail du réel. Ce n’est pas spectaculaire, ce n’est pas “guéri”, mais c’est déjà un déplacement. Et dans ce déplacement minuscule, parfois, se loge tout un monde qui recommence à respirer.

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Le réel comme structure du monde

Il faut bien l’admettre : notre époque ne supporte plus l’impossible.

Elle veut du contrôle, de la performance, de la certitude.

Tout doit avoir un sens, une solution, une issue rapide. Mais le réel, lui, n’obéit pas à la logique du progrès. Il ne se laisse ni corriger ni éliminer. Il fait structure. Autrement dit : le réel, ce n’est pas un accident, c’est une condition du monde. C’est ce qui résiste pour que la vie tienne. Si tout était fluide, sans limite ni tension, rien ne pourrait se construire. Une maison sans murs s’écroule ; une existence sans impossible se dissout.

On retrouve ce heurt du réel partout : dans le climat qui se dérègle malgré nos efforts technologiques, dans le lien amoureux qui déraille alors qu’on “a tout fait comme il faut”, dans l’enfant qui ne suit pas le scénario rêvé par ses parents, dans le corps qui s’épuise au milieu d’une vie bien remplie. Le réel, c’est ce reste qui échappe à la maîtrise, ce qui nous rappelle que nous appartenons à quelque chose de plus vaste que nous. Dans cette perspective, la psychanalyse a quelque chose de profondément écologique : elle reconnaît qu’il existe un ordre du monde qui n’est pas entièrement symbolisable. Une part de mystère, d’opacité, de “non-su”. Et c’est précisément parce que le réel existe que nous pouvons désirer, créer, rêver, aimer.

Le réel, c’est la limite qui dessine les contours de notre humanité. Sans elle, nous serions des machines, efficaces mais vides. Avec elle, nous restons des êtres vivants, maladroits, désirants, capables de chute et de relèvement. Le réel, ce n’est pas ce qui contredit le monde — c’est ce qui lui donne une forme.

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En thérapie, à Versailles ou ailleurs…

Au Cabinet Psy-Coach Versailles, comme dans bien d’autres lieux d’écoute, on voit chaque jour des femmes et des hommes qui se heurtent à ce réel-là : celui qui résiste, qui s’obstine, qui revient “toujours à la même place”. Ce n’est pas une faiblesse, ni un échec personnel — c’est le signe d’une vérité qui cherche à se dire.

Ici, le travail ne consiste pas à effacer ce qui revient, mais à lui donner une place. À comprendre ce que cette répétition signifie, ce qu’elle raconte de l’histoire du sujet. Parfois, cela passe par la parole analytique, parfois par le détour de l’hypnose thérapeutique, ou par un travail de désensibilisation avec l’EMDR-IMO. Peu importe la porte : ce qui compte, c’est d’ouvrir un espace où le réel puisse se transformer en expérience vivante, intégrée, symbolisée.

Le réel n’est pas ce qui empêche d’aller mieux — il est souvent le point de départ d’un changement plus profond. Quand on cesse de lutter contre ce qui revient, quand on accepte de l’écouter, quelque chose se déplace. Ce n’est plus un “mur” qui fait mal, mais une matière à penser, à transformer, à traverser. Et c’est peut-être là, dans cette rencontre silencieuse entre un sujet et son réel, que la thérapie prend tout son sens : non pas promettre une vie sans heurts, mais apprendre à habiter les heurts autrement, à les traverser avec plus de douceur, plus de conscience, plus de liberté intérieure.

FAQ — Approfondir le réel selon Lacan

Quel est le rôle du thérapeute face à ce qui “revient toujours à la même place” ?

Le thérapeute, qu’il soit psychanalyste, psychologue clinicien ou psychiatre, aide le sujet à reconnaître les formes que prend ce retour du même.

Il ne cherche pas à le “corriger”, mais à l’écouter autrement. Ce travail fait partie du cœur des psychothérapies psychanalytiques : nommer ce qui se répète pour qu’il cesse d’agir à notre insu. Là où le patient se sent victime du réel, la parole lui redonne une position de sujet. Et c’est ce déplacement — souvent imperceptible au début — qui marque la transformation véritable.

Qu’est-ce qu’une approche lacanienne du réel en psychanalyse ?

L’approche lacanienne du réel s’inscrit dans le modèle psychanalytique fondé sur la distinction entre le symbolique, l’imaginaire et le réel.

Elle s’intéresse à ce qui échappe à la compréhension psychologique, à ce qui résiste à l’interprétation. Dans la cure psychanalytique, le réel se manifeste par le symptôme ou l’acte manqué, là où le discours trébuche. Le travail du psychanalyste consiste à aider le sujet à rencontrer cette limite, non pour la dépasser, mais pour en faire une source de transformation psychique et de liberté intérieure.

Comment savoir si l’on est prêt à faire une psychanalyse ?

On entre en analyse non pas quand on a tout compris, mais quand on se heurte à une répétition, un mal-être, un vide qui échappe à toute logique.

C’est souvent au moment où les solutions comportementales ou psychothérapeutiques classiques ne suffisent plus que la psychanalyse devient nécessaire. Le psychanalyste n’impose rien : il accompagne le sujet dans un espace de parole libre, soutenant le travail de l’inconscient. Ce processus, parfois long, transforme le rapport au réel et permet de donner sens à ce qui semblait absurde ou douloureux.

Le réel, c’est forcément de la souffrance ?

Pas nécessairement.

Le réel peut se manifester dans la joie, l’amour ou l’émerveillement, chaque fois qu’une expérience dépasse le langage. Ce qui fait souffrir, ce n’est pas le réel lui-même, mais le refus de l’entendre. En approche psychodynamique, on considère que la souffrance naît du conflit entre ce que le sujet vit et ce qu’il s’autorise à ressentir. Les psychanalystes et psychothérapeutes accompagnent ce passage : faire du réel non plus un choc, mais un point d’appui pour se réapproprier son désir, sa parole, sa liberté.

Quelle place le corps occupe-t-il dans la rencontre avec le réel ?

Le corps est souvent le premier à dire ce que les mots ne parviennent pas à formuler.

Angoisse, insomnie, tension, somatisations : autant de formes par lesquelles le réel s’exprime quand il ne trouve pas d’autre voie. La psychanalyse considère ces manifestations comme des signaux du psychisme, non comme de simples dysfonctionnements. Le praticien aide à les entendre comme un langage du corps, une parole sans mots. C’est ce dialogue entre le corps et l’inconscient qui rend la cure analytique profondément thérapeutique.

Quelle différence entre une approche psychanalytique et comportementale du réel ?

Les approches comportementales ou cognitives cherchent souvent à modifier le comportement face à un problème.

L’approche psychanalytique, elle, s’intéresse à ce qui, dans le discours inconscient, se répète et fait symptôme. Le réel n’est pas “corrigé” mais symbolisé, c’est-à-dire transformé en parole. Là où une méthode thérapeutique vise la solution, la psychanalyse active vise la compréhension. Ces deux approches peuvent se compléter : certaines psychothérapies intégratives mêlent les deux, pour accompagner le patient à la fois dans l’action et dans le sens.

Pourquoi le réel est-il si central dans la pensée freudienne et lacanienne ?

Freud parlait déjà du retour du refoulé, cette part du psychisme qui revient sous forme de symptôme.

Lacan reformule cela en disant : “le réel, c’est ce qui revient toujours à la même place.” Cette idée marque le passage d’une conception morale de la névrose à une compréhension structurelle du sujet. Le réel devient un pilier du modèle psychanalytique : il symbolise l’impossible à éliminer, cette part de vérité qui se répète pour être enfin reconnue. C’est le cœur du travail de tout psychanalyste.

Comment distinguer une souffrance réelle d’une souffrance imaginaire ?

Cette distinction est essentielle en psychologie clinique.

La souffrance imaginaire se fonde sur une représentation, un scénario que le sujet peut transformer par la pensée. La souffrance réelle, elle, est celle qui échappe, celle qui ne se laisse pas raisonner. Elle s’exprime souvent à travers le corps, le rêve ou le symptôme. Le rôle du clinicien ou du psychothérapeute est de repérer cette dimension réelle de la douleur psychique pour qu’elle trouve, peu à peu, un chemin de symbolisation.

Pourquoi dit-on que le réel structure notre monde psychique ?

Parce qu’il met une limite à la toute-puissance.

Dans la théorie psychanalytique, l’impossible — donc le réel — est la condition même du désir. Sans manque, sans contrainte, il n’y aurait ni élan ni subjectivité. Les psychanalystes freudiens parlent d’une butée symbolique nécessaire à la construction du Moi. Le réel structure ainsi nos vies psychiques comme un cadre invisible : c’est lui qui rend possible la parole, la créativité, la relation. Le nier, c’est tomber dans la névrose ou la répétition du symptôme.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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