Qu’est-ce qu’une lettre, en psychanalyse ? Non, pas celle que l’on poste, ni celle que l’on reçoit. Chez Lacan, la lettre est une énigme qui ne se lit pas, mais qui s’écrit à notre insu, dans le symptôme, le corps, la répétition. Elle ne dit rien, mais elle insiste. Elle marque le sujet d’un trait qui le traverse — et parfois le divise. Je vous propose de suivre la trajectoire de cette lettre étrange, dans une clinique où le langage ne délivre pas un sens, mais trace une structure. Et si, finalement, le symptôme écrivait ce que le sujet ne peut dire ?
À ceux qui souhaitent aller au-delà du discours, l’accompagnement en psychanalyse
Avant de plonger dans les profondeurs lacaniennes… Savez-vous que certains symptômes s’écrivent sans jamais se dire ?
Dans la clinique lacanienne, ce n’est pas le sens qui guérit, mais la lettre : cette trace singulière, insistante, parfois illisible, mais toujours structurante. Je vous invite ici — avec la prudence que requiert toute tentative de « s’atteler » à Lacan, bien sûr — à explorer une autre lecture du symptôme : non plus comme message codé, mais comme écriture de l’inconscient. Entre signifiants, répétitions, sinthome et topologie, suivons le parcours de la lettre dans la parole, le corps, le transfert.Psychanalyse : lecture ou écriture ? À vous de trancher.Allez, c’est parti…
Lorsque j’ai reçu Élodie pour la première fois, elle me confia qu’elle venait “parce qu’on lui avait conseillé de parler”. Pourtant, dès la deuxième séance, elle prononça toujours la même phrase en début d’entretien : « Je vais essayer de faire court, comme d’habitude. » Cette tournure, anodine en apparence, revenait avec une régularité presque métronomique.À chaque fois, même structure, même rythme, même intonation. Ce n’était pas une parole libre : c’était une lettre, une inscription fixe, une injonction internalisée.Ce n’est pas dans son récit que j’ai entendu son symptôme, mais dans cette phrase répétée, comme une signature inconsciente.Elle ne parlait pas, elle s’écrivait — à travers elle.
Elle ne se comprend pas, elle s’inscrit. Elle trace, marque, laisse une empreinte — bien souvent à l’insu du sujet. C’est une matière signifiante minimale, un support matériel du langage, qui n’a pas besoin de sens pour faire symptôme.
La lettre, chez Lacan, n’est ni métaphore, ni contenu latent. Elle est ce résidu d’inscription qui échappe à la parole tout en la déterminant. Là où le mot cherche à dire, la lettre s’écrit — et se répète. Elle agit comme point d’ancrage du symptôme, comme ce qui fait retour, inexorablement, dans la répétition.
Dans le lexique lacanien :
Lire aussi Le signifiant et le signifié : quand les mots jouent à cache-cache avec le sens
Autrement dit, la lettre est ce qui s’écrit dans l’inconscient sans être destiné à être lu. Elle ne livre pas une vérité à interpréter, mais elle agit, elle persiste, elle imprime une structure.
Lacan, dans son texte fondamental L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud (1957), convoque La lettre volée de Poe pour illustrer ceci : ce n’est pas le contenu de la lettre qui importe, mais son déplacement, sa circulation dans la chaîne signifiante. La lettre fait le tour des lieux symboliques sans jamais être ouverte, lue ou comprise. Et pourtant, elle produit des effets sur tous ceux qu’elle traverse.
Voilà ce qui intéresse la psychanalyse.
Ce n’est pas toujours la parole qui parle le plus fort. Parfois, c’est une lettre — isolée, inintelligible — qui en dit long sur le sujet. Une initiale gravée dans la peau, un mot d’enfant récurrent, une erreur d’écriture obstinée… autant de manifestations de cette "lettre" qui structure l’inconscient à la manière d’un palimpseste.
Lire aussi Explorer l'inconscient : L'acte psychanalytique selon Jacques Lacan
Dans la perspective lacanienne, il ne suffit pas de dire que l’inconscient est "comme" un langage. Il est un langage, et plus encore : il est une structure faite de signifiants. Mais ce langage ne vise pas la communication, ni même la pensée — il s’articule topologiquement, c’est-à-dire dans un espace logique où les effets de sens, de déplacement, de répétition sont indépendants de la signification consciente.
Et au cœur de cette architecture, la lettre agit comme un point d’insistance, un clou invisible qui maintient le tissu signifiant, qui lourde un mot, un geste, une obsession.
Lacan nous rappelle que le signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant.
Ce n’est pas un mot, c’est une unité différentielle, un trait distinctif qui structure le sujet à son insu. Et c’est ici que la lettre entre en scène : elle est ce qui reste du signifiant quand le sens s’effondre, ce marqueur brut qui insiste dans le symptôme.
La lettre, c’est donc la forme matérialisée du signifiant, dépouillée de tout contenu imaginaire, mais puissante dans sa répétition.
Exemple : une patiente qui dit systématiquement "mère" au lieu de "mère biologique", "mère adoptive", ou "mère spirituelle". Ce mot unique, figé, devient lettre de son histoire, marque d’un impossible à dire. Le symptôme ne réside pas dans ce qu’elle raconte, mais dans la fixité même du mot, dans ce qui ne varie pas.
Lacan décrit l’inconscient comme une chaîne de signifiants, organisée selon des lois de déplacement (métonymie) et de substitution (métaphore). Mais ces chaînes ne sont pas continues : elles s’articulent autour de trous, de silences, de coupures — et c’est justement là que la lettre opère.
C’est la lettre comme événement, comme trace de jouissance, comme réel du langage.
Dans les derniers enseignements de Lacan, la lettre devient un objet topologique. À travers les nœuds borroméens, il nous invite à penser une clinique où le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire tiennent ensemble par le point de capiton — souvent une lettre, un nom propre, un mot refoulé.
La lettre, dans cette logique, n’est pas à comprendre, mais à repérer :
Lire aussi Comprendre le point de capiton de Lacan : psychanalyse du langage à Versailles
Trop souvent, l’analyse se laisse entraîner du côté de l’histoire du sujet, de sa biographie, de ses affects. Mais la clinique lacanienne rappelle qu’il faut écouter ce qui se répète, ce qui s’écrit tout seul.
La question n’est pas "que veut dire ce symptôme ?" mais bien :
"Où s’écrit-il ? Et comment ?"
Ce retournement clinique est fondamental : il invite le praticien à repérer les points de fixation, les lettres qui font retour, les fragments de langage qui ne s’effacent pas, malgré le temps, les discours, les prises de conscience.
Dans la tradition psychanalytique classique, le symptôme est souvent lu comme une énigme à déchiffrer, une construction de compromis entre le désir et la censure, entre le moi et le ça. On lui prête un sens caché, un contenu latent, qu’il suffirait d’interpréter pour en libérer la vérité.
Mais Lacan renverse radicalement cette approche. Pour lui, le symptôme n’est pas un message à traduire, c’est une écriture à reconnaître. Ce n’est pas une métaphore du refoulé, mais une lettre insistante, une formule de jouissance, un mode d’inscription dans le corps et le langage.
Autrement dit : il ne faut pas chercher ce que le symptôme veut dire, mais où il s’écrit et ce qu’il produit.
Lire aussi Répétitions inconscientes : comment en sortir ?
L’interprétation symbolique, au sens courant, suppose un décryptage, une levée du voile. Or l’inconscient ne fonctionne pas comme une énigme à solutionner, mais comme une machine à répétitions.
L’interprétation lacanienne, elle, n’ajoute pas du sens : elle opère une coupure, fait résonner un signifiant, accentue une lettre. Son efficacité ne repose pas sur la compréhension, mais sur le choc, la surprise, la désorganisation momentanée de la chaîne signifiante.
« L’interprétation, ce n’est pas faire sens, c’est faire vaciller. »
C’est pourquoi Lacan parle de scansion, de ponctuation, voire de battement de lettre. Une interprétation réussie ne dit pas plus — elle coupe. Elle interrompt, déplace, souligne un détail resté sourd. Et ce détail, souvent, c’est une lettre : une faute, un glissement, une bizarrerie verbale, un lapsus involontaire.
Lire aussi Qui dirige la cure ? Le psychanalyste, le sujet... ou le désir ?
Une analysante, en pleines angoisses existentielles, dit soudain en séance : « Je veux pas mourir… je veux pas mourir… je veux pas mourire. »
Le mot s’étire, devient étrange. Et dans ce mourire flottant, le psychanalyste entend une lettre parasite, un surplus phonique, une sorte de cri étouffé de la langue. Il ne s’agit pas de “peur de la mort” au sens existentiel, mais d’une jouissance insue, d’un événement de corps, inscrit hors-sens, hors-temps, dans cette lettre supplémentaire.
Là où un clinicien classique aurait rassuré ou exploré les peurs de la finitude, le psychanalyste lacanien accuse réception de la lettre en excès. Il n’interprète pas le contenu, mais fait rebondir la lettre elle-même.
Cette perspective implique un changement radical dans notre posture clinique :
Car parfois, le symptôme est ce qui tient lieu de sujet, ce qui le noue, ce qui lui permet de ne pas s’effondrer. Toucher à la lettre sans précaution, sans respect de son fonctionnement topologique, c’est risquer de défaire le nœud.
Lire aussi L’analysant : Celui qui fait le travail de l’analyse
« Une lettre arrive toujours à destination. »
Cette phrase emblématique de Lacan, tirée de L’instance de la lettre dans l’inconscient, a fait couler beaucoup d’encre. Paradoxale, provocatrice, énigmatique, elle ne se comprend qu’à condition de quitter toute idée de communication intentionnelle. Car il ne s’agit pas ici d’un message que le sujet enverrait à un destinataire conscient. Il s’agit d’un écrit de l’inconscient, d’une lettre sans adresse fixe, mais dont le trajet structure le sujet lui-même.
Cette lettre, parfois perdue, parfois refoulée, n’a pas besoin d’être lue pour faire effet. Ce qui importe, ce n’est pas qu’elle atteigne un lecteur, c’est qu’elle traverse le sujet, qu’elle marque le réel.
La lettre revient.
Et ce retour, même décalé, produit du symptôme.
C’est ainsi que Lacan redéfinit la répétition freudienne : ce n’est pas la répétition d’un événement, mais la récurrence d’une lettre, d’un trait signifiant qui n’a pas été symbolisé et cherche à s’inscrire, encore et encore.
Dans la cure analytique, il ne s’agit pas de "se souvenir pour guérir". La parole n’épuise pas la lettre. Et ce qui revient, ce n’est pas un souvenir oublié, mais un élément écrit qui insiste : un mot, un nom, un bruit, un geste, une sensation. C’est l’écriture inconsciente qui se rejoue, parfois hors parole.
Exemples cliniques :
Lire aussi Le sinthome : quand Lacan déconstruit le symptôme
La lettre n’arrive pas toujours où on l’attend, mais elle finit toujours par produire un effet. Elle sature une place, installe une répétition, marque un corps ou un lien. Elle dessine un destin, non pas au sens du karma ou du fatum, mais comme écriture inscrite à l’insu du sujet.
Le symptôme devient alors le lieu d’aboutissement d’une lettre refoulée, d’un trait égaré, d’un restant qui n’a pas été symbolisé.
La psychanalyse n’a pas pour but de "corriger" ce destin, mais d’en faire apparaître la logique : d’où vient cette lettre ? À quel moment s’est-elle détachée ? Quelle inscription revient en boucle ?
Lire aussi Qu'est-ce que le transfert en psychanalyse et comment se manifeste-t-il ?
Et c’est souvent dans le transfert que cette lettre fait retour. L’analyste devient, à son corps défendant, le destinataire de cette lettre perdue. Il l’incarne, parfois sans le savoir. Et le sujet répète devant lui ce qu’il croyait avoir oublié, ce qu’il n’a en réalité jamais cessé d’écrire.
Le "tu me regardes comme il me regardait", "je vous attends comme j’attendais ma mère", "je vous parle comme à un mur" — autant de lettres transférentielles, autant de tracés anciens qui s’inscrivent dans l’instant, et que seule une lecture analytique peut commencer à révéler.
Dans les derniers temps de son enseignement, Lacan franchit un pas décisif : la lettre cesse d’être un support symbolique pour devenir un événement de jouissance.
Fini le symptôme à interpréter, la lettre à déchiffrer, le message à décoder. Ce qui compte désormais, ce n’est plus ce que la lettre veut dire, mais ce qu’elle fait tenir.
C’est la bascule du symptôme vers le sinthome.
Et c’est tout l’enjeu d’une clinique lacanienne contemporaine : non plus "lever le symptôme", mais nouer le sujet à son sinthome, c’est-à-dire à ce point de consistance qui lui permet de ne pas sombrer dans le réel brut de la jouissance.
Prenant appui sur l’œuvre de James Joyce dans le séminaire XXIII (Le sinthome), Lacan propose une nouvelle lecture du symptôme : non plus traduire une souffrance, mais reconnaître un mode d’écriture singulier, une lettre du réel, une forme de jouissance insue qui fait tenir le sujet en nouant les trois registres RSI (Réel, Symbolique, Imaginaire).
Joyce, dit Lacan, n’avait pas besoin d’être "guéri". Il s’était "réparé" lui-même à travers son écriture. Son style, ses jeux de langue, ses ellipses, c’était son sinthome.
La lettre joycienne n’est plus à lire, elle produit un effet de corps, tient lieu de Nom-du-Père, assure la consistance du sujet.
Dans cette perspective, la lettre ne passe plus par le signifiant, elle s’inscrit directement dans le corps, hors sens, hors logique narrative. Elle est trace de jouissance pure, hors-symbolique, mais structurellement nécessaire.
La clinique du sinthome nous confronte à :
Cette mutation de la lettre vers le sinthome appelle un changement profond dans la posture du clinicien :
Certaines lettres ne doivent pas être lues — elles doivent être respectées. Car c’est ce qui tient là, même dans la douleur, qui permet au sujet de ne pas se décomposer.
Lire aussi La haine dans le contre-transfert : un impensé nécessaire de la psychanalyse
Un jeune patient borderline griffonne compulsivement des chiffres sur ses bras. Il dit ne pas savoir pourquoi, ne pas pouvoir s’en empêcher. Le chiffre revient toujours. Plutôt que d'y voir un délire ou une automutilation à éradiquer, le clinicien lacanien repère la lettre chiffrée comme sinthome : mode d’écriture du réel, ancrage topologique d’un lien fragile au corps et au monde.
L’enjeu n’est pas de faire cesser l’acte, mais de lui donner un lieu, un nouage, une reconnaissance subjective.
La psychanalyse lacanienne nous oblige à un déplacement radical : sortir du mythe d’un sujet transparent à lui-même, d’un inconscient qui livrerait ses secrets à qui saurait les écouter, pour nous tourner vers une topologie de la coupure, du trait, du reste, du raté.
Autrement dit : vers une clinique de la lettre.
Car ce qui se répète dans le symptôme, ce n’est pas un contenu, c’est une écriture. Ce qui fait retour, ce n’est pas une vérité oubliée, c’est une lettre déplacée, parfois détournée, parfois cryptée, toujours agissante.
Dans une époque saturée de discours thérapeutiques où chacun veut "exprimer ses émotions", "comprendre ses blessures", "décrypter ses traumas", la clinique lacanienne prend un tout autre chemin.
Elle ne cherche pas à consoler, ni à donner du sens, mais à repérer ce qui s’écrit en-deçà du sens.
Elle reconnaît que certains mots font mal non pas pour ce qu’ils veulent dire, mais parce qu’ils portent une lettre qu’on n’arrive pas à déposer.
Elle entend que le symptôme est parfois la seule lettre que le sujet parvient à envoyer — et que la plus grande violence serait de vouloir y répondre trop vite.
Au fond, les deux ne s’opposent pas. Mais il s’agit de choisir notre boussole.
La lettre ne nous dit pas qui nous sommes.
Elle ne nous explique rien.
Mais elle nous inscrit, elle nous précède, elle nous constitue.
En tant que cliniciens, notre responsabilité n’est pas d’interpréter à tout prix, ni de défaire le symptôme coûte que coûte.
C’est de savoir reconnaître, dans ce qui se répète, la trace d’une lettre perdue, la topologie d’un nouage fragile, le style singulier d’un sujet en souffrance.
Et peut-être, parfois, de pouvoir lui dire :
« Ce que vous dites là… ça s’écrit. »
C’est une unité matérielle du signifiant, une trace écrite, souvent vide de sens, mais pleine d’effet. Elle représente ce qui s’inscrit dans l’inconscient sans être dit. Cette lettre insiste, revient, marque le sujet — parfois dans le corps, parfois dans le langage. Elle est au cœur de la clinique lacanienne, car elle structure le symptôme, hors de toute logique narrative ou biographique.
Elle trouve toujours un point d’inscription, que ce soit dans le symptôme, le transfert, ou l’acte manqué. Peu importe que le sujet ne la lise pas consciemment : elle agit. Cette idée repose sur une conception topologique de l’inconscient, où ce qui se répète structure le sujet, sans qu’il en ait nécessairement conscience.
La lettre, elle, est un support matériel du signifiant, dépourvue de signification propre. Elle est ce qui reste, ce qui s’inscrit, ce qui se répète. Là où le signifiant produit du sens par sa position dans la chaîne, la lettre se détache, se fige — et fait symptôme. Elle est plus proche du réel que du symbolique.
Elle s’entend dans ce qui revient, dans ce qui se répète malgré le sujet. Elle peut aussi s’inscrire dans le corps, dans un geste, une douleur inexpliquée. Le rôle de l’analyste est de la repérer, de la ponctuer — sans la forcer à “dire”.
Il ne cache pas un sens refoulé, il manifeste une écriture inconsciente. C’est une formule singulière, une fixation du signifiant, une manière pour le sujet de se nouer à sa jouissance. C’est pourquoi on ne cherche pas à faire “parler” le symptôme, mais à le lire, dans sa logique propre.
Elle peut ponctuer, scander, souligner une lettre restée inaudible. Elle n’apporte pas de réponse, elle ouvre une brèche dans le discours, pour que le sujet puisse entendre ce qui s’écrit au-delà de ce qu’il dit.
Le sinthome, tel que Lacan le théorise à partir de Joyce, est ce qui ne se lit plus, mais fait tenir le sujet. C’est un nouage réel, une écriture de jouissance, un point d’appui dans l’impossible à dire. Dans la clinique du sinthome, on ne cherche plus à “lever” le symptôme, mais à le soutenir, comme écriture stabilisante.
Le corps parle aussi, par inscriptions, par marques, par douleurs. La lettre peut s’incarner dans un symptôme somatique, dans un acte répétitif, dans une voix interne qui revient. Le corps, dans cette perspective, n’est pas un contenant neutre, mais un lieu d’écriture de l’inconscient.
Hors cadre, elle peut être ressentie (angoisse, automatisme, souffrance), mais rarement élucidée. L’analyse permet de l’entendre autrement, de la laisser se déployer, sans la forcer à livrer un sens. Elle devient alors un vecteur de subjectivation, et non plus une source de répétition stérile.
L’analyste, par sa position, reçoit ce qui ne s’est jamais adressé à lui, mais porte l’empreinte d’un Autre archaïque. Dans cette dynamique, le transfert devient le théâtre du retour de la lettre, de sa répétition inconsciente, et de sa possible relecture — ou du moins, de son nouage subjectif.
Pour prolonger la clinique de la lettre, plongez dans notre page d’accompagnement en psychanalyse