
Avant de plonger dans le vif du sujet, rappelons que « Aime ton prochain comme toi-même » n’est pas une douce maxime spirituelle, mais une injonction redoutable. Elle suppose que nous sachions déjà nous aimer, ce qui, avouons-le, est rarement le cas. Sous couvert d’humanisme, cette phrase cultive souvent la culpabilité, le sacrifice, et l’oubli de soi : on s’épuise à vouloir être bon, compatissant, inconditionnel… alors qu’on ne sait même plus ce que l’on ressent. L’amour du prochain, mal compris, devient un terrain fertile pour les manipulations affectives et la négation de nos propres besoins. La psychanalyse nous invite à relire cette injonction autrement : non pas comme une consigne morale, mais comme un travail intérieur, celui d’apprendre à aimer sans se perdre, à reconnaître sa part d’ombre et à accepter l’autre non pas comme un idéal, mais comme un autre manquant. Allez, c’est parti…
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« L’amour du prochain ne commence qu’à partir du moment où l’on se reconnaît capable de haine. » - Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1930)
Lorsque j’ai reçu Clara, quarante-deux ans, en pleine crise conjugale, elle m’a dit simplement :
« J’ai tout donné. J’ai tout pardonné. J’ai essayé d’aimer inconditionnellement… Et pourtant, il m’en veut encore. »
Elle croyait aimer “comme il faut”. En réalité, elle s’était oubliée.
Cette phrase « Aime ton prochain comme toi-même », que l’on croit douce, contient une violence : celle d’un idéal impossible. Aimer sans colère, sans rejet, sans limite ? C’est nier l’humain. Car aimer, c’est aussi désirer, se défendre, se fâcher. C’est l’ambivalence même qui rend le lien vivant.
Freud rappelait que notre psychisme est traversé par deux forces : Éros et Thanatos, l’amour et la destruction. Vouloir n’en garder qu’une, c’est se mutiler.
À force de vouloir être bons, nous refoulons ce qui dérange — et nous nous épuisons à aimer “comme il faut”. Le surmoi s’en régale : “Sois compatissant”, dit-il, puis il condamne aussitôt : “Tu manques d’amour.” Et voilà comment le désir d’aimer devient culpabilité de ne pas y arriver.
« Aimer son prochain comme soi-même, cela suppose d’abord qu’on se supporte soi-même. Et beaucoup n’y parviennent qu’à moitié. » - Jacques Lacan, Séminaire VII : L’éthique de la psychanalyse (1959-1960)
Avant d’aimer son prochain, encore faudrait-il pouvoir se supporter. Et c’est déjà beaucoup. S’aimer, ce n’est pas s’admirer. C’est se regarder sans trop détourner les yeux. Accepter ses contradictions, ses ratés, ses manques, ses désirs pas toujours jolis. Autant dire : une épreuve. La plupart d’entre nous n’aiment que les morceaux “présentables”. On cache le reste, on le refoule, on l’enterre sous le vernis de l’utile et du performant. Mais aimer seulement ce qui brille, c’est s’aimer à moitié. Et l’amour à moitié, ça finit toujours par faire mal.
En psychanalyse, on appelle cela une blessure narcissique. Non pas l’orgueil, mais la trace d’un amour reçu sous condition : “Sois sage”, “Sois fort”, “Sois ce qu’on attend.” À force de vouloir plaire, on oublie d’exister. Et ce qu’on appelle “amour des autres” devient souvent la recherche désespérée d’une approbation qu’on n’a jamais eue.
S’aimer vraiment, c’est arrêter de vouloir être aimable. C’est cesser de se corriger à chaque élan, de se demander si l’on mérite. C’est un apprentissage de tolérance envers soi-même. Pas de complaisance, non : de vérité. Et c’est seulement à ce moment-là que l’amour du prochain devient possible — quand on ne cherche plus à se réparer à travers lui, mais simplement à le rencontrer.
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Cette morale du “bon sentiment” fait des ravages silencieux. On croit aimer, on s’épuise à être irréprochable, et l’on finit vidé. Derrière la douceur du précepte, une mécanique : se sauver de soi en aimant l’autre.
Clara en était là. Elle se voulait bienveillante, infiniment patiente, généreuse à s’en effacer. En réalité, elle cherchait à réparer quelque chose d’ancien, une faute imaginaire, une peur de décevoir, peut-être un manque d’amour jamais digéré. Aimer était devenu un moyen de s’absoudre. Mais à force de “faire le bien”, elle s’était privée du droit de vivre ses mouvements les plus vrais : l’agacement, la révolte, la fatigue d’aimer.
Aimer vraiment, c’est accepter d’être traversé par le désordre.
La psychanalyse nous apprend que la bonté pure n’existe pas : elle cache souvent un refoulement, une colère maquillée en douceur. L’amour n’a rien d’un devoir moral. Il se déploie là où l’on cesse d’être parfait, là où l’on renonce à plaire à l’idéal. C’est dans cette faille — là où la pureté se défait — que naît la compassion authentique : celle qui n’excuse pas tout, mais comprend que le cœur humain, par nature, n’est jamais net.
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L’amour inconditionnel… Cet idéal qu’on nous sert à toutes les sauces, des comédies romantiques aux injonctions spirituelles : aimer sans limite, sans condition, sans attente. Une idée noble, sans doute, mais qui fait des ravages dans la vie psychique. Derrière ce mythe se cache une fantasmagorie infantile, celle du bébé et de sa mère dans la fusion originelle. À cet âge, aimer, c’est dépendre. Et l’amour inconditionnel, c’est vouloir retrouver cette illusion d’un amour total, sans séparation ni manque.
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Car personne ne peut aimer ainsi. Ceux qui essaient y laissent souvent leur peau psychique. Ils supportent l’insupportable, justifient l’injustifiable, au nom d’un amour “supérieur”. Mais ce prétendu don absolu dissimule souvent une peur archaïque d’être abandonné : “Si je t’aime sans condition, tu ne pourras pas partir.”
Si l'on y réfléchit un instant, l’amour inconditionnel n’est pas un dépassement de soi — c’est souvent une stratégie de survie affective.
La psychanalyse voit dans ce fantasme une confusion dangereuse entre amour et angoisse de perte. Aimer sans condition, c’est vouloir nier la castration symbolique, ce moment où le sujet comprend qu’il n’est pas tout pour l’autre, qu’il existe un manque fondateur dans tout lien. Or, c’est ce manque qui fait circuler le désir, qui donne à l’amour sa vitalité. L’amour inconditionnel, lui, veut abolir le manque — et, ce faisant, il abolit le désir. Ce n’est plus de l’amour, c’est de la fusion, du contrôle, parfois même de la servitude émotionnelle. Clara, dans son couple, en faisait une religion. Elle se disait : “Si je l’aime assez, il changera.” Elle croyait sauver l’autre, mais elle ne faisait que s’effacer. À force de tout comprendre, elle ne se comprenait plus. À force d’aimer sans conditions, elle avait perdu la condition même de l’amour : la réciprocité. Car aimer suppose un écart, une distance, une rencontre entre deux libertés.
Quand l’un se dissout pour prouver son amour, il ne reste plus qu’un fantôme aimant un fantôme.
Le travail thérapeutique consiste souvent à défaire ce piège. À réhabiliter l’idée qu’aimer, c’est aussi poser une limite, dire non, respecter son propre espace psychique. Qu’un amour qui s’use à tout pardonner finit par ne plus être de l’amour, mais une soumission émotionnelle. L’amour vrai, lui, n’est pas inconditionnel : il est conditionné par la reconnaissance mutuelle, par la possibilité de se séparer sans se détruire.
Alors oui, l’amour inconditionnel fait rêver. Mais il infantilise. Il séduit ceux qui ont peur d’être seuls, qui cherchent dans la fusion une réparation impossible. Aimer sans condition, c’est vouloir être Dieu. Et personne ne guérit en se prenant pour Dieu.
« La haine, quand elle est reconnue et contenue, peut devenir un acte de vie ; elle réintroduit la limite là où la fusion menace. » Alberto Eiguer, Le lien familial. Amour et haine dans les relations de couple et de famille (2012)
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Derrière les mots tendres circulent des pulsions, des fantasmes originaires, des blessures anciennes. Ce que nous appelons “amour” mêle désir, défense et répétition. L’élan vital d’Éros s’y frotte à la pulsion de mort, cette part en nous qui préfère la fusion à la séparation, la répétition à l’inconnu.
Les formes de l’amour hystérique, obsessionnelle ou névrotique racontent chacune une manière singulière de composer avec le manque. Chez certains, aimer revient à séduire sans fin pour ne jamais être aimé vraiment ; chez d’autres, à contrôler l’autre pour éviter d’être abandonné. Les psychiatres parleraient d’angoisse d’abandon, les psychanalystes d’une compulsion de répétition : deux lectures d’un même vertige. Car l’amour, au fond, rejoue toujours une scène plus ancienne — celle de la sexualité infantile, du désir œdipien, du premier attachement.
Les symptômes psychosomatiques, les lapsus amoureux, les phobies ou les jalousies obsessionnelles sont autant de traces de ce travail souterrain du psychisme. L’amour n’est pas seulement une émotion : c’est un langage. Un rêve éveillé où s’expriment nos zones latentes, nos fantasmes, nos conflits. C’est pourquoi Jung parlait de “psychologie analytique du lien” et Ferenczi de “tendresse traumatique” : l’amour révèle toujours ce que le corps et la parole taisent. L’approche freudienne, métapsychologique, nous enseigne que derrière l’instinct se cache une histoire, et derrière chaque amour, une tentative — parfois maladroite, parfois magnifique — de guérir du passé.
Freud disait que le désir naît de la perte. Sans manque, pas de mouvement, pas de curiosité, pas de lien. L’amour absolu, celui qui veut tout savoir et tout posséder, finit toujours par étouffer — comme un feu qu’on prive d’air. Dans les couples, dans les amitiés, dans la relation parent-enfant, c’est la même mécanique : vouloir combler, c’est nier l’altérité.
La psychanalyse nous apprend à apprivoiser ce vide, à ne plus le vivre comme un échec, mais comme la condition même du lien. Le manque, c’est ce qui rend l’autre désirable, vivant, réel. Aimer, c’est consentir à ce que l’autre nous échappe — et continuer quand même. Parce qu’au fond, l’amour n’est pas la promesse d’union parfaite, mais l’art délicat de respirer à deux dans l’imperfection du monde.
« L’amour ne consiste pas à se regarder l’un l’autre, mais à regarder ensemble dans la même direction. » Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes (1939)
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Au fond, cette injonction « Aime ton prochain comme toi-même » ne dit pas tant comment aimer que ce qu’il est impossible d’aimer parfaitement. Elle nous confronte à la limite constitutive de toute relation : celle du manque, de l’ambivalence, de la séparation.
Aimer, c’est avancer dans le brouillard de soi et de l’autre, sans garantie de réciprocité, sans promesse de paix. C’est se risquer à rencontrer un autre sujet, avec tout ce que cela suppose de malentendus, de désirs croisés, d’imperfections assumées.
Loin des manuels de développement personnel et des moralités de catéchisme, la psychanalyse nous apprend que l’amour n’est pas un devoir, mais une expérience de vérité. Aimer, ce n’est pas être pur — c’est accepter d’être traversé, parfois déstabilisé, souvent surpris. C’est reconnaître que le cœur humain n’obéit pas à des principes moraux, mais à des logiques inconscientes, où s’entrelacent pulsions, blessures et espérances.
L’amour n’a rien d’un état stable : c’est un mouvement, une tension, une invention perpétuelle entre deux incomplétudes. Vouloir aimer comme un saint, c’est renoncer à aimer comme un humain. Aimer son prochain “comme soi-même”, c’est peut-être, finalement, commencer par s’aimer dans sa propre inconstance, dans ses maladresses, dans ses élans imparfaits.
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Beaucoup confondent amour de soi et narcissisme, alors qu’il s’agit en réalité d’un processus psychologique profond, souvent thérapeutique. En psychanalyse, on découvre que la difficulté à s’aimer vient d’un regard parental intériorisé, d’un surmoi trop exigeant ou d’une culpabilité ancienne. Le travail avec un psychothérapeute permet de réconcilier les parts blessées de soi pour retrouver un rapport plus vrai et plus apaisé à sa propre humanité.
Vouloir aimer tout le monde relève d’un idéalisme moral souvent épuisant. Sur le plan psychanalytique, ce besoin de plaire à tous traduit un désir inconscient d’être reconnu ou réparé à travers le regard d’autrui. Aimer, c’est choisir, préférer, parfois refuser. Un amour universel et constant serait inhumain. Ce qui compte, c’est de ne pas transformer l’amour en devoir, mais en rencontre authentique. Dans la relation à l’autre, la sincérité vaut mieux que la perfection morale.
Freud y voyait une tension entre le désir et la loi morale. Beaucoup souffrent de ne pas aimer “comme il faut” : un parent, un enfant, un partenaire. Mais l’amour n’obéit pas à des règles. En thérapie, on apprend à distinguer le sentiment réel du fantasme de l’amour idéal. Se libérer de cette pression morale, c’est retrouver un amour plus vivant et plus sincère.
Quand l’estime de soi est blessée, on aime pour combler un vide, pour se sentir utile ou digne d’attention.
Cela crée souvent des relations fusionnelles, voire des emprises affectives. Le rôle du thérapeute est alors d’aider à rétablir la différenciation : apprendre à être deux, sans se perdre. En retrouvant un amour de soi sain, l’amour devient partage plutôt que réparation.
Seul un idéal religieux ou spirituel pourrait prétendre à un amour sans condition. En réalité, l’amour inconditionnel masque souvent un mécanisme psychique de défense : peur de la séparation, du rejet, du conflit. En psychanalyse, on dirait qu’il rejoue la fusion mère-enfant, avant la découverte du manque.
L’amour adulte suppose la limite, le “non”, la séparation. Ce n’est pas moins noble : c’est simplement plus humain et thérapeutique.
Aimer “vraiment”, c’est supporter la différence, la frustration, le désaccord.
C’est un équilibre subtil entre attachement et liberté. En psychothérapie, on explore comment nos amours rejouent parfois des scénarios inconscients : chercher à sauver, à être sauvé, à fusionner. L’amour mature ne cherche plus à combler, mais à accompagner le manque, dans le respect mutuel et la lucidité affective.
Freud puis Lacan ont montré que l’amour est toujours transfert et projection : on aime à travers l’autre, on rejoue avec lui une part de soi. L’analyse aide à repérer ces mécanismes inconscients, à mettre des mots sur les répétitions et les impasses relationnelles. Ce travail psychothérapeutique ne supprime pas le mystère de l’amour, mais il permet de l’habiter avec plus de conscience, moins d’illusion et plus de liberté intérieure.
Derrière nos choix affectifs se cachent des fantasmes refoulés, des mécanismes de défense et des blessures archaïques. L’objet d’amour n’est jamais neutre : il incarne souvent une figure symbolique liée à notre histoire.
La psychanalyse permet de rendre ces déterminants visibles, d’en décoder la dimension pulsionnelle et d’en libérer la charge émotionnelle. C’est ainsi que le lien devient moins répétitif, plus libre, plus vivant.
La psychopathologie de l’amour montre que certaines unions rejouent des scénarios traumatiques : abandon, rejet, trahison. Ce n’est pas la passion qui est toxique, mais sa fonction inconsciente. Travailler sur le psychisme, avec un analyste ou un psychothérapeute, aide à repérer ces boucles inconscientes et à retrouver une relation moins compulsive, plus choisie, moins gouvernée par la souffrance.
L’amour est pour lui un compromis entre pulsion et sublimation : une manière civilisée de canaliser l’élan pulsionnel sans l’éteindre.
Lacan, lui, déplace la focale. Le désir, dit-il, ne vise jamais vraiment l’autre, mais ce qui manque en soi. Aimer, c’est tenter de combler ce vide en lui donnant un nom, une forme, une voix. L’amour, dans cette lecture, n’est pas fusion mais métaphore : il rend le manque supportable, et la vie un peu plus habitable.
L’amour et la sexualité partagent la même énergie pulsionnelle. Nos élans érotiques, nos inhibitions et nos fantasmes traduisent des conflits inconscients entre le plaisir et la loi. Ce que les neurosciences appellent “attachement” et “dopamine”, Freud le décrivait déjà sous le terme de libido. Le travail analytique consiste à reconnaître cette énergie pour mieux la vivre, sans honte ni refoulement, en retrouvant la dimension symbolique du désir.
Chez certaines personnalités, la peur de la perte, la blessure narcissique ou la rigidité du surmoi bloquent l’élan d’amour. Ce n’est pas un manque de cœur, mais une stratégie psychique de protection. La psychanalyse lacanienne parle ici de censure du désir : un mécanisme qui empêche la rencontre.
En thérapie, ces blocages se défont à mesure que le sujet retrouve l’accès à son propre ressenti.
Beaucoup d’histoires d’amour rejouent des scénarios inconscients non résolus : besoin d’être sauvé, peur de l’abandon, attirance pour l’inaccessible.
L’amour devient alors le théâtre d’une névrose affective. Freud décrivait déjà cette confusion entre l’objet d’amour et l’objet de manque. L’analyse aide à comprendre pourquoi on choisit toujours le même type de partenaire, et comment ce choix répète une blessure ancienne. L’amour devient thérapeutique quand il ne cherche plus à réparer, mais à relier.
Aimer quelqu’un de destructeur, c’est parfois rejouer un lien primaire où la douleur et l’attachement étaient mêlés. Il y a là une dynamique pulsionnelle puissante, entre désir et punition. En termes métapsychologiques, on pourrait parler d’un conflit entre la libido de vie et la jouissance de la répétition.
L’analyse permet d’éclairer ce paradoxe : on reste prisonnier d’un lien souffrant tant qu’on ne comprend pas ce qu’il vient combler.
Ils protègent le psychisme, mais au prix d’une perte d’authenticité. Par exemple, l’idéalisation transforme l’autre en miroir de soi, tandis que le refoulement empêche de sentir le désir. Ces processus, décrits par la métapsychologie freudienne, sont normaux tant qu’ils n’étouffent pas la relation.
En psychothérapie analytique, apprendre à reconnaître ses défenses, c’est déjà commencer à aimer plus librement.
Il révèle ce qui est resté refoulé : blessures, pulsions, fantasmes, désirs inavoués. Chaque relation devient un espace de projection, une scène où se rejouent les drames du passé.
Ce n’est pas pathologique : c’est la structure même du lien humain. Le rôle de l’analyste n’est pas de juger, mais d’aider à mettre du sens sur ces répétitions inconscientes pour que le sujet cesse de subir son scénario affectif et en devienne l’auteur.
L’amour sans désir est une forme d’amitié sublimée. Le désir, qu’il soit sexuel, symbolique ou pulsionnel, est ce qui donne du mouvement à la relation. Lacan rappelait que le désir n’est pas seulement charnel : il est ce qui maintient la distance nécessaire entre deux sujets. L’absence totale de désir signe souvent une inhibition ou une censure inconsciente.
Le travail analytique aide à réconcilier tendresse et érotisme, pour retrouver une énergie libidinale vivante, non réprimée.