Psychanalyse et psychothérapie : ce qui, de la rencontre, guérit...
20/8/2020

Psychanalyse et psychothérapie : ce qui, de la rencontre, guérit...

La demande et le désir de guérir n’est pas celle d’un client qui vient chercher une baguette de pain et qui n’attend rien d’autre si ce n’est qu’on la lui donne avec un éventuel sourire en prime. Elle n’est pas non plus celle adressée à un médecin qui rédige une ordonnance ou a un pharmacien qui en fournit les prescriptions.

Le client est, ici, impliqué dans sa demande et c'est bien lui qui va devoir changer quelque chose à ses habitudes de penser, de sentir ou d'agir s'il veut conquérir ce qu’il souhaite.

Mais alors, entre le psychothérapeute et son patient, qu'est-ce qui, de la rencontre, guérit ?

Ce que, comme psychothérapeutes, nous voyons, sentons, éprouvons, même sans le dire, nous le retournons à notre interlocuteur. Et ce que l’on nomme guérison est toujours l’effet de l’invention d’une nouvelle modalité d’existence.

Mais si la visée de la psychothérapie ou de la psychanalyse est

de mettre fin à l’inhibition et à la rigidité pour que le patient, devenu AGENT, retrouve son mouvement et puisse à chaque instant s’adapter aux personnes et aux circonstances, que pourrions-nous craindre de l’adaptation ?

Le mieux que puisse produire une psychothérapie n’est-il pas de susciter une liberté qui prend toute chose avec force et souplesse pour en extraire la quintessence… une sorte de mobilité généralisée qui sait s’absorber dans l’action et dans des projets audacieux qui INTERDISENT DE REGARDER EN ARRIERE.

Au-delà de la demande

La mise entre parenthèses du symptôme et donc le non-souci de la guérison doivent être interprétés comme une manière de faire entrer en action celui qui veut améliorer son sort ou comme une façon de lui dire que le principe du changement est en lui et que l’on ne peut vouloir à sa place.

Cette mise entre parenthèses et ce non-souci deviennent ainsi des ingrédients nécessaires à la relation qui a été instituée. Mais ils ne représentent qu’un côté du travail du psychothérapeute.

L’autre côté demeure le désir de guérir

Lorsque le psychanalyste pratique ce métier pour un autre, c'est bien qu’il poursuit un but à son égard.

Mais il ne peut progresser que par tâtonnements, à travers une succession d’essais et d’erreurs.

C’est au patient à confirmer ou infirmer

la voie dans laquelle il lui est proposé de s’avancer.

Le psychothérapeute, le psychologue doit être prêt à se tromper sans cesse, car jamais il ne formule ce qui est exactement enviable ou supportable pour son interlocuteur.

Cela suppose, pour le psychanalyste, de suspendre toutes les idées reçues.

S’il impose, croyant universel ou immuable, ce qu’il a pu apprendre dans les livres ou au cours de sa formation, s’il veut s’en tenir à quelques vérités ressassées, qu’il prend pour des évidences, il ne permettra pas au patient d’accéder à sa singularité. Or c’est la découverte ou la redécouverte de cette dernière qui est l’une des clés du changement.

La liberté du psychothérapeute implique, en effet, qu’il renonce à prendre appui sur quelque théorie. Qu’il ne se soucie pas d’appliquer une technique, mais qu'il soit tout entier présent pour commencer une relation sans armes ni armures.

La relation entre deux humains

en deçà de l’amour, de l’empathie ou de la reconnaissance, consiste à donner et à recevoir l’existence, sans préjuger de la forme qu’elle pourra prendre.

Le psychanalyste est celui qui s’émerveille par anticipation : il voit, entend, soupçonne ou perçoit que près de lui quelqu’un est au bord de la découverte d’une nouvelle vision du monde ou d’une autre manière de vivre, que la complication d’une existence déchirée est là toute prête d’accéder à la simplicité que les drames et es peines ne sont peut-être que des constructions secondes.

L’attitude du psychothérapeute, et certainement celle du psychanalyste face au patient peut se définir comme une intensité de présence attentive, dépouillée de toute intention particulière. Aucun préjugé, aucune idée préconçue, aucun diagnostic.

Il sent, il entend, il voit cette personne dans sa globalité, esprit, cœur et corps

Il se laisse imprégner de tout et des plus petits riens, il reçoit, dans une ouverture sans partage, l’existence de l’autre telle qu’elle veut bien se donner.

Attitudes et moments capital sans cesse à réeffectuer, car ils déterminent ce qui est au fondement de la relation, d’une richesse insoupçonnée et qui va commander toute la relation ultérieure et toutes relations. »

En résumé, C'est par la relation inventée dans la thérapie que s'opèrent les changements qui ouvrent sur la guérison.  

Biblio : Extraits de « La fin de la plainte ». François Roustang. Ed. O. Jacob

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