Peut-on vraiment confier sa souffrance à une intelligence artificielle ? Alors que ChatGPT et d’autres IA conversationnelles se glissent peu à peu dans nos vies, certains y voient une alternative à la thérapie : pratique, immédiate, rassurante, gratuite... Mais que se passe-t-il lorsqu’on remplace la présence d’un être humain par une machine bien programmée ? Peut-on vraiment espérer guérir en dialoguant avec un outil qui ne ressent rien, ne doute pas, ne partage aucun silence ? Alors, quelles sont les limites fondamentales de l’IA dans le champ du soin psychique ? Il ne s’agit pas de rejeter la technologie, mais de rappeler ce qui fait la singularité du lien thérapeutique : un corps en face, un regard, une écoute vivante. Car en psychothérapie, ce n’est pas la qualité des réponses qui soigne. C’est la rencontre.
Mais il ne remplace pas un psy. Pourquoi ? Parce que la thérapie n’est pas un échange d’informations, c’est une expérience humaine.
Un vrai psy, c’est :
✔ un corps présent,
✔ un silence qui accueille,
✔ un regard qui soutient,
✔ une altérité qui ne répond pas par réflexe, mais qui ressent, s’ajuste, contient.
L’IA peut répondre.
Un psy vous écoute vraiment.
Et c’est dans ce « vraiment » que tout se joue.
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Même si l’intelligence artificielle progresse à une vitesse vertigineuse, les chiffres confirment ce que les cliniciens savent intuitivement : rien ne remplace la présence humaine dans un cadre thérapeutique.
Ces chiffres ne disent pas que l’IA est inutile.
Ils rappellent simplement que le soin, le vrai, est une affaire de lien.
Un accompagnement thérapeutique, ce n’est pas seulement parler : c’est être entendu dans un cadre contenant, incarné, éthique — comme celui que propose la thérapie individuelle à Versailles.
Lorsque j’ai reçu Aurore pour la première fois, elle m’a parlé d’un mal-être diffus, d’un sentiment d’impasse intérieure. Mais avant de venir, elle avait longuement échangé… avec ChatGPT. « Je lui ai posé mes questions les plus intimes. Il m’a répondu avec calme, cohérence, même bienveillance. Mais… je me suis sentie encore plus seule après. » Ce n’était pas une critique de l’outil. Plutôt une prise de conscience : Quelque chose avait été dit, mais rien n’avait été entendu.
Un échange avait eu lieu, mais aucun lien ne s’était tissé.
Ce qu’elle avait ressenti, ce n’était pas un rejet — mais un vide. Ce vide, c’est précisément ce que ne peut combler aucune machine.
Car en thérapie, ce qui transforme, ce n’est pas une réponse correcte.
C’est une présence, une écoute vivante, un autre qui accueille ce que vous ne savez pas encore mettre en mots.
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Elle est là, à toute heure, sans rendez-vous, sans regard, sans attente.
Elle répond sans jugement, sans délai, sans fatigue.
Elle donne une impression de maîtrise, de neutralité bienveillante, et parfois même de sagesse synthétique.
Dans un monde où la souffrance psychique dérange, où le doute fait peur, où l’on cherche à optimiser le moindre inconfort, l’idée qu’une machine puisse donner du sens à ce qu’on ressent est terriblement attirante.
Car ChatGPT donne des mots, des phrases bien construites, des conseils parfois justes.
Il parle « comme un psy », sans jamais vous renvoyer à votre propre vide, ni à son propre inconscient — puisqu’il n’en a pas.
Mais cette séduction repose sur un malentendu fondamental :
On ne vient pas en thérapie pour obtenir une bonne réponse.
On vient pour rencontrer un autre être humain, capable d’habiter le silence, de tolérer l’ambiguïté, d’entendre ce qui ne se dit pas.
Un psy ne cherche pas à combler. Il accueille ce qui manque.
Il ne délivre pas de verdict. Il crée un espace où vous pouvez penser ce qui, jusque-là, n’avait pas droit de cité.
ChatGPT peut simuler l’écoute, mais il ne peut ni ressentir, ni se laisser toucher, ni s’engager émotionnellement dans un processus. Il traite des contenus ; un psy rencontre un sujet.
La tentation de l’IA, c’est celle d’un lien sans risque, d’une relation propre, lisse, sans conflit.
Mais un lien sans risque…
C’est un lien sans transformation. C’est un lien sans profondeur.
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L’IA répond. Mais elle ne vous voit pas.
Elle aligne des phrases. Mais elle ne vous contient pas.
Elle comprend les mots. Mais elle ignore ce que c’est que ressentir.
Elle analyse des données chiffrées, mais elle ne perçoit ni les tremblements de votre voix, ni les silences pleins de larmes retenues.
Elle peut citer Freud ou Winnicott, mais elle ne sait rien de votre manière à vous de tomber ou de survivre.
Elle peut modéliser la tristesse, mais elle ne connaît ni le poids d’un deuil, ni la honte d’un passé, ni l’angoisse du vide.
Elle sait "tout".
Mais elle ne comprend rien du dedans.
Et c’est là que réside le danger : confondre l’écho numérique avec une vraie écoute.
Vous croyez que vous avez été entendu, alors que vous avez simplement été traité.
Vous croyez que vous avez avancé, alors que vous avez juste remué du sens dans le vide.
Dans le pire des cas, cela peut vous isoler davantage.
Dans le meilleur, cela peut vous pousser — enfin — à franchir la porte d’un cabinet, là où quelqu’un vous attend vraiment.
Votre mal-être mérite un regard. Un souffle. Une présence.
Quelqu’un qui peut rester quand vous vous effondrez.
Quelqu’un qui ne vous optimise pas, mais vous accueille.
Parce que la guérison ne vient pas d’une réponse parfaite,
mais de la relation qui vous permet, peu à peu, d’être vraiment là.
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Parce qu’il se laisse traverser par ce que vous dites — et surtout, par ce que vous ne dites pas.
C’est un être humain en face de vous, avec un regard, une posture, un souffle, un tremblement parfois.
Quelqu’un qui est là, dans le même espace, au même moment, qui vous entend au-delà des mots, qui vous regarde exister, même quand vous doutez de vous-même.
Et souvent, cela suffit à réintroduire du réel dans l’expérience.
La thérapie, c’est aussi cela : pouvoir dire quelque chose devant quelqu’un qui reste, qui soutient la scène, même quand elle vacille.
Cette co-présence charnelle crée une sécurité symbolique que rien ne peut remplacer.
Il devient — à votre insu — une figure familière : le parent, le juge, l’enfant que vous étiez, le témoin attendu ou redouté.
Ce déplacement inconscient, ce transfert, donne à la parole sa densité, sa charge émotionnelle, son pouvoir de dévoilement et de changement.
Un psy accueille ce transfert, le pense, le contient, l’élabore. Il vous aide à en faire quelque chose, à en comprendre le sens, plutôt qu’à l’agir.
Il tient sa place sans la confondre.
Une IA, elle, ne vous renvoie que votre formulation, jamais votre histoire. Elle ne peut pas devenir le support de ces liens symboliques, ni vous aider à les traverser.
Si vous ressentez le besoin de déposer ce qui vous traverse dans un espace sécurisé, une thérapie individuelle avec un psychanalyste à Versailles peut offrir ce lieu rare où la parole trouve sens.
Il est affecté, touché, parfois troublé — et ce n’est pas une erreur, c’est une partie du processus.
Il ne réagit pas, il réfléchit. Il met au travail ce qu’il ressent, pour mieux vous comprendre.
Ce qu’il éprouve, il l’écoute comme un signal, une boussole : un tremblement dans sa voix, une tension dans son corps, une émotion qui surgit.
Cette capacité à se laisser affecter sans s’effondrer, à se décaler pour mieux vous accompagner, c’est l’essence du soin relationnel.
Et c’est, par définition, hors de portée d’un programme automatisé, qui ne connaît ni la confusion, ni l’attachement, ni le trouble.
Il tient un cadre souple et stable, tolère les répétitions, supporte les impasses. Il sait que certaines choses ne se disent qu’au bout de longues dérives.
Que certaines paroles ne surgissent qu’après avoir été tues pendant des mois.
Il ne presse pas, il accompagne. Il ne classe pas, il écoute ce qui revient, ce qui résiste, ce qui s’effondre.
Là où l’IA propose une réponse immédiate, un psy accepte de rester dans le flou, de cheminer à vos côtés, de faire confiance à l’inconscient.
Il suspend le jugement, attend le moment juste, laisse advenir ce qui demande du temps.
Et ce temps partagé, ce temps humain, est souvent plus thérapeutique que n’importe quelle solution.
Thomas est arrivé en séance après plusieurs mois de réflexion… et plusieurs dizaines de conversations avec une IA. « C’était pratique. Je pouvais lui parler la nuit. Elle m’expliquait mes schémas, me proposait des lectures, des pistes. Mais… je ne me sentais pas avancé. Juste plus intelligent sur ma douleur. » Ce qu’il décrivait, c’était une analyse sans lien, une lucidité sans ancrage. En séance, un jour, il s’est mis à pleurer. Pas à cause de mes mots — ils étaient simples, banals.
Mais parce que quelqu’un l’avait entendu sans le corriger. Parce que je n’avais pas répondu immédiatement. Parce que je ne l’avais pas rassuré, et que je n’étais pas parti non plus. À ce moment-là, ce n’est pas une idée qui l’a touché.
C’est ma présence silencieuse, humaine, fragile comme lui, qui a permis la traversée.
Vous n’avez ni regard, ni respiration en face, ni sensation d’être accueilli dans votre ressenti corporel. Un vrai psy vous écoute avec tout son être : dans le ton de votre voix, dans vos silences, dans les micro-expressions de votre visage. C’est une présence qui vibre, perçoit, ressent. Et c’est cela qui soigne véritablement.
Voir le regard de l’autre, entendre le timbre de sa voix, ressentir le cadre sécurisant dans le corps : c’est une expérience multisensorielle. Le thérapeute capte vos émotions, même celles que vous n’exprimez pas. Ce lien incarné crée un ancrage émotionnel profond. Il vous aide à ressentir autrement, à habiter votre histoire avec plus de conscience. C’est un chemin vécu à deux, pas un simple échange de mots.
Elle ne sent pas le froid dans votre ventre, la gorge qui se serre, ni les larmes qui montent quand vous parlez. Un psy perçoit votre émotion dans votre corps, votre voix, vos gestes. Il peut ajuster sa présence, vous offrir un espace sensoriel sécurisant. L’IA reste à la surface du langage. En thérapie, c’est le non-dit et le ressenti qui comptent tout autant.
C’est agréable, mais c’est une illusion relationnelle. Un vrai psy, lui, vous écoute au-delà des mots. Il perçoit vos besoins, vos blessures, vos désirs silencieux. Il ne vous répète pas, il vous accompagne à vous entendre vous-même. Ce n’est pas une conversation bien huilée : c’est une rencontre humaine, avec des émotions, des sensations, du réel.
Mais cet attachement n’est ni incarné, ni réciproque. Il ne vous nourrit pas émotionnellement. Il entretient un contact imaginaire, sans odeur, sans chaleur, sans regard. Un psy humain, lui, peut accueillir vos projections, travailler avec elles, vous aider à en comprendre l’origine. Il est là avec ses limites, son corps, sa subjectivité — et c’est ce qui rend le lien réparateur.
Un psy vous aide à ressentir dans votre corps ce qui est juste pour vous. Il vous accompagne à écouter vos doutes, vos résistances, vos élans. L’IA est utile pour penser. Le psy est là pour vous reconnecter à votre ressenti global.
Il peut vous rejoindre émotionnellement, vous proposer une réponse humaine ajustée. Une IA reste figée dans une distance neutre. Un psy vous offre une présence chaude, une humanité palpable, un espace où vos sens sont engagés. C’est dans ce champ sensoriel partagé que se joue la transformation. C’est là que naît la confiance.
Cela peut vous apaiser temporairement. Mais ce soulagement est souvent fragile, car il n’est pas porté par une relation vivante. Un psy vous reçoit avec tout ce que vous êtes : vos sensations, vos images, vos intuitions. Il vous accompagne à ressentir en sécurité, à habiter votre corps, à donner du sens avec quelqu’un. L’IA apaise. Le psy transforme.
Mais elle ne sent pas quand vous vous coupez émotionnellement, quand votre voix devient plate, quand votre regard se fige. Un psy, lui, capte ces mouvements subtils. Il sent dans son propre corps ce qui se ferme ou se rejoue. Il vous aide à en prendre conscience sans vous brusquer. Là où l’IA détecte des modèles, le psy perçoit une histoire vivante en train de se dire.
Explorer avec l’IA peut vous permettre de formuler vos questions, de mettre des mots sur un malaise. Mais ne vous arrêtez pas là. Si ce que vous vivez a du poids dans votre corps, revient en boucle dans votre tête, ou vous coupe de vos élans, alors vous méritez un vrai accompagnement. Un psy vous offre un espace vivant, où vous pouvez enfin être entendu dans toutes vos dimensions.
À l’heure où les outils numériques prolifèrent, beaucoup redécouvrent l’impact profond d’une véritable rencontre thérapeutique en face-à-face, dans un cadre respectueux et humain.