Qui n’a jamais fantasmé le psychologue ou le psychanalyste idéal ? Celui qui vous comprendrait sans parler, vous accueillerait sans juger, et réglerait vos tourments en trois séances chrono, avec un air grave et bienveillant. Un mélange de parent parfait, de moine zen et de coach Netflix. Mais derrière ce rêve se cache une réalité bien plus complexe : le thérapeute n’est ni magicien, ni sauveur, ni modèle. Et si le vrai travail commençait justement quand le psy cesse de répondre à nos attentes ? Décryptage d’un fantasme tenace, miroir de nos blessures… et obstacle à toute véritable transformation.
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Avant de plonger en détail dans la réalité souvent idéalisée de la relation thérapeutique, rappelons ceci : le fantasme du psy parfait est un miroir de nos espoirs, de nos blessures… et parfois de nos résistances. On voudrait un thérapeute bienveillant mais incisif, neutre mais impliqué, expert mais humain. Pourtant, la psychanalyse comme la psychothérapie ne sont pas des prestations sur-mesure : elles sont des rencontres, souvent déstabilisantes, parfois salvatrices, toujours imparfaites. Allez, c’est parti…
Quelqu’un qui lirait entre nos silences, traduirait nos contradictions, supporterait nos ambivalences, et qui, cerise sur le divan, ne nous jugerait jamais. Un mélange de magicien, de moine bouddhiste et de maman infaillible.
Le fantasme du psy parfait est une projection aussi tenace qu’illusoire. Derrière lui, un besoin de réparation primaire, une quête d’absolu, une demande d’amour inconditionnel déguisée en démarche thérapeutique. Comme si l'on allait au psy pour enfin être reconnu, validé, accueilli… sans effort. C’est humain. Mais c’est aussi un leurre.
📌 Ce fantasme révèle bien plus notre histoire relationnelle que notre compréhension de la psychothérapie. On ne cherche pas un psy, on cherche le parent qu’on n’a pas eu, l’ami qu’on aurait voulu avoir, le gourou qui nous éviterait d’avoir à penser par nous-mêmes. Et parfois, tout ça en même temps.
Un psy parfait, c’est comme un site de rencontres sans désillusion : ça n’existe que dans les pubs. Et c’est tant mieux. Car si le psy était exactement ce qu’on attend de lui, il ne serait qu’un instrument de notre répétition, pas un levier de transformation.
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Car ce que l’on projette sur le psy, ce n’est pas rien. C’est notre rapport à l’autorité, au savoir, au manque, au soin, à la séparation, au désir… C’est la somme de nos attentes infantiles qui reviennent frapper à la porte, poliment déguisées en exigences de professionnalisme.
Freud l’a formalisé dès 1912 : le transfert, loin d’être un accident de parcours, est le cœur même du dispositif psychanalytique.
Ce que vous ressentez pour votre psy – admiration, agacement, fascination, envie, déception – ne lui appartient pas entièrement. Il le reçoit, il le contient, il le renvoie. Et parfois, il vous le retourne, comme un miroir sale qu’on aurait peur de nettoyer.
Quant à Lacan, il enfonce le clou avec sa célèbre formule :
« L’analyste n’est pas celui qui sait, mais celui à qui on suppose un savoir. »
Autrement dit : le psychologue parfait n’existe pas, mais il vous sert de support à fantasme. Et c’est là que ça commence à devenir intéressant. Car ce qui soigne, ce n’est pas le psy. C’est le déplacement du sujet face à sa propre demande.
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Et parfois, ça pique.
Parce qu’on fantasme rarement un psy médiocre, voici les 5 projections les plus courantes que les patients plaquent sur leur psychothérapeute… et ce qu’elles révèlent, parfois à leur insu.
Ce qu’on attend : Qu’il vous sorte de là. Qu’il comprenne tout, vite. Qu’il vous tende la main et vous ramène à la lumière, façon Moïse dans le cabinet.
Ce qu’il est vraiment : Un thérapeute, pas un messie. Il n’a pas de solution miracle, et surtout pas à votre place. Si vous cherchez un sauveur, vous risquez de vous sentir trahi dès qu’il vous invite à prendre votre responsabilité. Et ce sera le début du vrai travail.
Ce qu’on attend : Qu’il se taise pour mieux vous comprendre. Qu’il observe, prenne des notes, et finisse par sortir LA vérité ultime de son chapeau freudien.
Ce qu’il est vraiment : Un psy qui ne parle pas pour meubler, mais qui ne se tait pas pour séduire. Le silence, chez lui, n’est pas une absence, c’est un outil structurant. Il ouvre un espace de pensée, il permet l’émergence de ce que vous n’osez pas dire, de ce que vous ne savez même pas encore que vous portez. Et parfois, ce silence renvoie au vide… que vous auriez bien aimé qu’il remplisse à votre place. Mais c’est justement ce vide qu’il vous aide à habiter.
Ce qu’on attend : Qu’il vous aime bien. Pas trop quand même. Qu’il vous accueille avec chaleur, sans juger, sans rien attendre.
Ce qu’il est vraiment : Un professionnel qui ne vous adoptera pas. Il peut vous écouter avec une profonde humanité, mais ne vous confondra jamais avec son enfant, son ami ou son ex. Et ça, c’est rassurant. Même si ça vient réactiver quelques frustrations archaïques.
Ce qu’on attend : Qu’il ait réponse à tout. Qu’il ait lu tout Freud, tout Lacan, tout Winnicott, tout TCC, tout EMDR, et qu’il applique LA méthode. Avec rigueur. Sans faille.
Ce qu’il est vraiment : Un praticien humain, formé, mais faillible. Il ne vous expliquera pas la vérité de votre psyché, mais vous accompagnera à découvrir votre vérité singulière. Et il lui arrivera de se tromper. C’est même plutôt sain. Car le doute est thérapeutique.
Ce qu’on attend : Qu’il vous ressemble. En âge, en genre, en convictions, en style. Qu’il partage vos valeurs, vos références, votre playlist Spotify.
Ce qu’il est vraiment : Un Autre, précisément. Et c’est dans cet écart, dans cette altérité, que le processus thérapeutique peut opérer. Vouloir un psy qui nous ressemble, c’est vouloir un reflet. Mais ce n’est pas dans un miroir qu’on change. C’est dans une relation.
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👉 Selon une enquête Odoxa pour Le Figaro Santé (2023) :
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Ah, la fameuse claque existentielle post-troisième séance.
« Je pensais que ça m’éclairerait, mais je me sens plus perdu qu’avant. »
« Il n’a même pas réagi quand j’ai pleuré. »
« J’ai raconté un truc intime et il a juste dit “mmh”. »
Bienvenue dans la vraie thérapie. Là où le psy, au lieu de combler vos attentes, vous confronte à votre demande. Là où la déception n’est pas un échec relationnel, mais un point d’appui pour penser.
👉 Car si vous êtes déçu, c’est que vous aviez une attente. Et cette attente dit quelque chose de vous.
Qu’espériez-vous recevoir ? Un regard réparateur ? Une réponse autoritaire ? Une absolution muette ?
Parler de cette déception en séance est une clef.
C’est même souvent le début d’un véritable travail thérapeutique, là où on arrête de chercher un psy “comme il faut” pour enfin se rencontrer soi-même, comme on est.
📌 En psychanalyse, cette déception est parfois appelée « chute du fantasme ». C’est le moment où le patient cesse de confondre le psy avec son idéal parental, son double éclairé ou son sauveur silencieux. Et devinez quoi ? Ce n’est pas un drame. C’est libérateur.
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L’analyser. La ruminer un peu. La déposer. Et surtout, ne pas fuir.
Ce n’est pas un signal d’alarme : c’est une invitation à creuser plus profond.
« Le psy est là pour accueillir la demande… pas pour la combler. »
— Jean-Michel Vives, professeur de psychologie clinique
💬 Cette phrase simple, presque sèche, mérite qu’on s’y attarde. Car ce que le patient attend, parfois sans le savoir, c’est justement que le psy comble tout ce qui manque : le père absent, la mère trop présente, le sens de la vie, la validation permanente, la certitude d’être sur la bonne voie.
Et c’est là qu’intervient le paradoxe de la psychothérapie : plus un psy vous frustre intelligemment, plus il vous aide. S’il se contente de répondre à vos attentes, il devient complice de votre illusion. Mais s’il résiste, il ouvre une brèche : celle du désir, de la parole, du manque — autrement dit, de ce qui soigne.
🎯 Autrement dit, un bon psy n’est pas celui qui vous plaît, mais celui qui vous déplace.
À vous, qui êtes à deux doigts de prendre rendez-vous mais hésitez encore, de peur de tomber sur un psy froid, flou ou perché.
À vous, qui avez déjà testé deux psychothérapeutes et changé d’avis au bout de trois séances.
À vous, professionnels ou étudiants, qui vous demandez pourquoi certains patients idéalisent… puis dégoupillent.
Et aussi à tous ceux qui pensent qu’un bon psychologue, c’est quelqu’un qui vous dit ce que vous voulez entendre, vous donne un protocole de 8 séances, un petit schéma à cocher, et un compliment pour la route.
La thérapie, ce n’est pas Netflix. Il n’y a pas de fin heureuse garantie. Mais il y a un chemin. Et parfois, ça change une vie.
Le fantasme du psy parfait est rassurant : il vous évite d’affronter ce que vous ne voulez pas voir. Il vous promet un thérapeute qui comprend tout, ne vous dérange jamais, vous éclaire sans vous contrarier et vous accompagne sans jamais vous frustrer. Bref, un psy qui soigne votre illusion, pas votre symptôme.
Mais ce que vous êtes venu chercher — souvent sans le savoir — ce n’est pas une réponse clé en main. C’est un espace où penser l’inattendu, l’ambivalence, le manque, le désir. Et pour ça, il vous faudra un psychanalyste… humain. Pas parfait. Juste là. Qui supporte vos projections, vos colères, vos attentes folles, et qui tienne la barre quand la mer intérieure se déchaîne.
Alors, si vous êtes prêt à déposer vos idéaux au vestiaire et à vous engager dans une vraie relation thérapeutique, asymétrique mais vivante, vous êtes peut-être déjà en chemin.
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Ce n’est pas forcément qu’il est mauvais, mais qu’il n’est pas celui que vous espériez. Or, cette déception n’est pas une fin en soi. Elle peut devenir un matériau thérapeutique précieux, à condition de l’exprimer et de l’analyser. Le psy imparfait est souvent celui qui permet le vrai travail — une fois tombé le masque de vos illusions.
La projection — ou transfert — est une réédition émotionnelle de vos histoires passées, déplacées sur la figure du thérapeute. L’enjeu n’est pas d’éviter ce phénomène, mais de le traverser en conscience. Ce que vous ressentez pour votre psy (positif ou négatif) en dit souvent plus sur vous que sur lui. Et c’est là que le cadre thérapeutique protège et éclaire : il ne juge pas, il éclaire vos mouvements intérieurs.
Ce sentiment d’incompréhension peut cacher une résistance, une peur d’aller plus loin, ou une demande implicite que vous n’avez pas encore formulée. Un bon thérapeute accueillera votre doute sans se vexer. Parfois, cette parole ouvre une nouvelle phase du travail. Et si, après ça, vous vous sentez toujours enfermé ou méprisé, alors oui : il sera peut-être temps de chercher ailleurs. Mais pas avant d’avoir essayé de le penser ensemble.
Ce n’est pas la ressemblance qui soigne, c’est la différence. Le psy n’est pas un copain de pensée ou un double éclairé. C’est un Autre, avec son cadre, sa position, son écoute — et justement, son écart. Ce décalage crée un espace où peut se dire l’indicible, où peut surgir l’imprévu. Ce n’est pas un miroir flatteur : c’est un témoin structurant. Vouloir un psy qui vous ressemble, c’est parfois refuser d’être bousculé.
S’il vous écoute sans complaisance, qu’il respecte le cadre, et que vous ressentez une forme de mise en mouvement, même inconfortable, c’est souvent bon signe. La thérapie n’est pas censée être douce comme une tisane. C’est une rencontre. Et comme toute rencontre, elle vous secoue un peu. Faites confiance à votre ressenti, mais pas uniquement à votre confort.
Un psy n’est pas un surhomme, mais un être humain formé à l’écoute du symptôme et du transfert. Il peut avoir une mauvaise interprétation, un angle aveugle, un contre-transfert. L’important, c’est qu’il puisse l’entendre, le reconnaître, et en faire quelque chose avec vous. La perfection n’est pas un gage de qualité thérapeutique. L’humanité, la capacité à se remettre en question et à rester à sa juste place, oui.
Parfois, une séance réussie vous laisse un peu chamboulé, agacé, ou même silencieux. Le progrès en thérapie ne se mesure pas à la sensation immédiate de bien-être, mais à la façon dont les choses se mettent en mouvement, même de manière invisible. Si vous repartez avec plus de questions que de réponses, c’est souvent bon signe. Une thérapie efficace n’est pas une séance de spa. C’est un processus de remaniement.
Dire qu’on ne peut pas dire, c’est déjà une parole précieuse. Le silence, l’embarras, les hésitations sont autant de matériaux thérapeutiques. Vous n’êtes pas obligé de tout livrer d’un coup. Un bon psy ne force rien, il accueille ce qui vient — quand ça vient. La confiance se construit, parfois lentement. Et si vous sentez que quelque chose bloque, mettez-le en mots. Ce que vous craignez de dire est souvent ce qui a besoin d’être entendu.
Le psy devient alors, malgré lui, le théâtre de cette crainte ancienne. Mais bonne nouvelle : le cabinet n’est pas un tribunal. Un thérapeute digne de ce nom ne juge pas, il écoute. Et même quand il confronte, c’est dans un cadre de sécurité. Si vous avez peur d’être jugé, parlez-en. C’est souvent l’entrée d’un travail plus profond.
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