Désir d’enfant non partagé : quand l’un veut et l’autre pas
8/5/2025

Désir d’enfant non partagé : quand l’un veut et l’autre pas

Dans la plupart des couples, la question du désir d’enfant finit par émerger. Parfois avec douceur, parfois comme une évidence. Mais que se passe-t-il lorsque cette envie ne résonne pas de la même façon chez l’un et chez l’autre ? Quand l’un·e des deux rêve de maternité ou de paternité, et que l’autre répond par un silence, un « pas encore », ou un « jamais » ? Le désir d’enfant non partagé est une réalité plus fréquente qu’on ne le croit. Derrière les apparences de complicité, ce conflit de couple peut ronger lentement l’amour. Il ne s’agit pas seulement de faire un enfant ou non : il s’agit de transmission, d’engagement, de projet de vie, de ce que l’on veut construire — ou pas — à deux. Alors, que faire quand les chemins s’éloignent ? Faut-il attendre ? Négocier ? Renoncer ? Partir ? Et surtout… comment comprendre ce qui se joue, au-delà des mots, dans ces divergences parfois irréconciliables ? Plutôt que d'apporter des réponses toutes faites, embarquons pour un voyage au cœur des non-dits, là où le désir se heurte à la peur, là où l’amour se confronte à l’irréductible différence. Car parfois, c’est en traversant l’inconfort que l’on retrouve la vérité du lien.

Quand le projet d’enfant devient dissymétrique

Dans certains couples, le désir d’enfant n’émerge pas en même temps.

L’un·e ressent une envie profonde de maternité ou de paternité, tandis que l’autre avance plus lentement… ou reste en retrait.

Au début, ce décalage dans le désir d’enfant peut sembler gérable. Après tout, chacun a son rythme, ses peurs, ses priorités.

Mais lorsque cette asymétrie s’installe, elle devient source de tension, de frustration, voire de souffrance. D’un côté, celle ou celui qui désire un enfant se sent rejeté·e dans son projet de vie, dans son besoin de transmission, dans sa confiance en l’avenir. De l’autre, la personne qui ne ressent pas (encore) ce désir peut se sentir piégé·e, sommé·e de se justifier, voire accusé·e de ne pas aimer assez.

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« Ce n’est pas le bon moment »… vraiment ?

C’est souvent l’argument brandi pour temporiser.

Et il est compréhensible : l’envie de stabilité financière, de sécurité affective, de maturation personnelle sont des freins légitimes. Mais quand le "pas maintenant" devient un refrain sans fin, il se transforme en silence assourdissant.

Celui ou celle qui attend finit par entendre un refus déguisé : non pas « plus tard », mais « jamais ». Et c’est là que le cœur se serre, que l’envie de maternité non partagée ou la paternité refusée deviennent des douleurs muettes.

Car le temps n’a pas la même valeur pour chacun : pour certain·es, l’horloge biologique devient pressante, chaque mois une course contre la montre. Pour d’autres, le temps reste ouvert, flou, réversible. Ce décalage de temporalité peut être vécu comme une trahison, ou comme une mise sous pression intenable.

👉 Il ne s’agit pas de savoir qui a raison. Mais de reconnaître que derrière le désaccord se jouent souvent des peurs, des blessures, des attentes inconscientes qui méritent d’être écoutées — et non figées en opposition.

Un désir pas si biologique : les racines inconscientes

On parle souvent de l’instinct maternel, ou de l’horloge biologique, comme si le désir d’enfant allait de soi.

Pourtant, rien n’est moins sûr. Car ce désir, quand il surgit, n’est jamais « pur » : il est traversé par l’histoire familiale, les blessures de l’enfance, les deuils non faits, les projections inconscientes.

Avoir un enfant, ce n’est pas simplement transmettre ses gènes. C’est parfois vouloir réparer un manque, revivre une tendresse perdue, ou prouver qu’on peut mieux faire que ses propres parents. Ce que l’on appelle le fantasme d’enfant réparateur peut rendre ce désir aussi bouleversant qu’exigeant.

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Quand le désir vient (trop) réparer

Certain·es veulent un enfant pour offrir ce qu’ils n’ont jamais reçu : une présence aimante, une sécurité affective, une reconnaissance inconditionnelle.

Ce désir est souvent noble, sincère, bouleversant… mais parfois, il déborde, il devient absolu, chargé d’attentes qui dépassent l’enfant à venir.

Le/la partenaire qui ne ressent pas ce besoin peut alors se sentir pris au piège d’un projet qui ne lui appartient pas, ou pressentir un poids qu’il ne pourra jamais porter.

Quand le refus masque une peur

De l’autre côté, le refus de parentalité n’est pas toujours un choix libre et assumé. Il peut être le masque d’une angoisse profonde :

  • La peur de reproduire un schéma familial douloureux (violence, abandon, instabilité…),
  • La crainte de ne pas être un bon parent, voire de nuire à un enfant,
  • Le rejet inconscient de la transmission,
  • Ou tout simplement, le vertige de l’engagement, dans un monde incertain.

Dire « je ne veux pas d’enfant », c’est parfois se protéger de soi-même.

👉 Ces désirs et ces refus ne sont donc pas toujours ce qu’ils semblent être. Il faut souvent aller chercher plus loin : dans l’histoire transgénérationnelle, dans les loyautés invisibles, dans le non-dit du couple et de l’enfance.

Et c’est là que le dialogue devient si précieux — ou si explosif.

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Un terrain miné pour le couple

Quand le désir d’enfant n’est pas partagé, le couple s’avance sur une ligne de faille.

Ce n’est plus une divergence d’opinion : c’est un désaccord qui touche à l’intime, à l’avenir, au sens même du lien. Et très vite, les tensions s’invitent dans le quotidien.

Les dialogues se tendent, les silences s’épaississent, et les phrases finissent par exploser :

  • « Tu me fais perdre mes années les plus fertiles. »
  • « Tu préfères ta liberté à moi. »
  • « Je croyais qu’on voulait construire ensemble. »
  • « Tu veux un enfant ou tu veux me forcer la main ? »

Ce qui s’exprime ici, ce n’est pas seulement le désaccord parental, mais le glissement vers des reproches existentiels.

L’enfant devient le symbole d’un amour mis à l’épreuve, voire d’un sentiment de trahison. Celui ou celle qui désire se sent délaissé·e, incompris·e, parfois même sacrifié·e. Celui ou celle qui refuse se sent assailli·e, coupable, voire réduit·e à un ventre ou à un donneur de sperme.

Entre reproches, chantage et culpabilité

Ce terrain est fertile… pour les dérives relationnelles :

  • Le reproche permanent, qui ronge l’estime et creuse le ressentiment.
  • Le chantage affectif, parfois déguisé : « Si tu m’aimais, tu changerais d’avis. »
  • La culpabilité envahissante, qui pousse à des compromis impossibles, ou à un mutisme paralysant.

Ce n’est plus seulement le désir d’enfant qui est en jeu, mais le contrat amoureux lui-même, et la capacité du couple à s’écouter, à se soutenir, à évoluer.

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Le désir d’enfant comme révélateur

Souvent, ce conflit met à nu des fissures préexistantes : un déséquilibre dans les rôles, des projets de vie jamais clarifiés, des valeurs profondément différentes.

L’enfant n’est plus le sujet, mais le miroir grossissant d’un malaise latent.

👉 Le danger ? Que le couple s’enferme dans une spirale : désir vs refus, espoir vs blocage, attente vs fuite. Sans médiation, sans parole sincère, le lien s’abîme, parfois au point de non-retour.

Mais ce conflit, s’il est affronté avec courage, peut aussi devenir un point de bascule vers une communication plus profonde, plus authentique. Encore faut-il accepter de regarder au-delà du symptôme.

Peut-on négocier un enfant ?

Un enfant n’est pas un compromis.

Ce n’est pas une faveur qu’on accorde, ni une monnaie d’échange pour garder l’autre, ni un dernier espoir de sauver un couple bancal.

Un enfant, c’est un sujet.

Et le concevoir dans une dynamique de concession, c’est lui faire porter dès l’origine le poids d’un pacte silencieux.

Accepter de devenir parent « pour faire plaisir » à son ou sa partenaire, c’est courir le risque de vivre la parentalité comme un renoncement à soi-même. Et parfois, sans le vouloir, faire peser sur l’enfant une attente étouffante, un rôle de réparation, ou un espoir de sens.

De même, renoncer à un désir profond de maternité ou de paternité pour préserver une relation, c’est prendre le risque d’un ressentiment sourd, d’une blessure qui reviendra tôt ou tard — souvent dans d’autres conflits.

👉 Dans un couple, on peut négocier beaucoup de choses : des habitudes, des lieux de vie, des rythmes, des projets professionnels. Mais un enfant ne peut pas faire l’objet d’un marché affectif. C’est une décision qui engage l’intime, l’inconscient, et l’avenir de trois personnes au moins : vous, votre partenaire, et l’enfant à naître.

Et vous, jusqu’où seriez-vous prêt·e à aller par amour ?

Cette question mérite d’être posée.

Car si l’amour vous pousse à vous trahir, ou à trahir l’autre dans son désir ou son non-désir, alors il n’est peut-être plus un lien fécond, mais une impasse affective.

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La douleur du désir frustré : entre solitude et course contre le temps

Quand le désir d’enfant grandit chez l’un·e, et se heurte au refus ou à l’indifférence de l’autre, la souffrance s’installe en silence.

Elle n’est pas toujours reconnue, ni même partagée. Pourtant, elle est bien là : diffuse, sourde, constante. Une souffrance existentielle, qui dépasse la simple frustration.

Celui ou celle qui désire peut vivre un véritable deuil symbolique : celui d’un enfant imaginaire, déjà investi émotionnellement. Il ou elle s’était projeté·e dans une parentalité pleine d’amour, avait déjà imaginé un prénom, une chambre, un visage. Mais cet enfant reste absent, et son absence devient présence fantôme dans le quotidien.

Ce vide, l’autre ne le perçoit pas toujours. Ou ne veut pas le voir. Alors s’installe la solitude dans le couple. Celle de celui ou celle qui attend, qui espère, qui interprète chaque mot, chaque silence, chaque mois qui passe comme un signe. Une attente faite de micros deuils répétés, où chaque refus ravive la blessure d’un espoir avorté.

Et puis, il y a le corps. Quand le temps passe, le corps parle, lui aussi.

L’horloge biologique devient une compagne anxieuse : chaque anniversaire est un rappel brutal, chaque cycle menstruel un sablier. Pour beaucoup de femmes, mais aussi pour certains hommes, le temps biologique devient une urgence. Le désir d’enfant se transforme alors en angoisse de la dernière chance, en tension permanente entre patience et désespoir.

👉 Dans ce contexte, l’autre devient parfois l’obstacle, le bourreau involontaire, ou le gardien du temps perdu. Et le couple glisse insidieusement vers le ressentiment, la culpabilité mutuelle, la fatigue émotionnelle.

Mais cette douleur, pour être transformée, a besoin d’être nommée, écoutée, accueillie.

Elle ne cherche pas une solution immédiate, mais une reconnaissance symbolique, un espace où elle peut exister sans honte.

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Aimer sans vouloir les mêmes choses : rester ou partir ?

« Si tu m’aimais, tu voudrais un enfant avec moi. »

Cette pensée douloureuse traverse parfois l’esprit de celui ou celle dont le désir d’enfant est resté sans écho.

Comme si le refus de parentalité équivalait à un refus d’aimer. Mais ce raccourci est aussi courant que destructeur.

Car le désir d’enfant non partagé n’est pas forcément un manque d’amour. Il peut exister un lien fort, sincère, profond… et un désaccord irréductible. Ce n’est pas l’intensité du sentiment qui fait la durabilité du couple, mais la compatibilité des projets, des temporalités, des désirs fondamentaux.

Certaines personnes ne veulent pas d’enfant, non pas par égoïsme ou manque d’amour, mais parce qu’elles se connaissent, parce qu’elles craignent de reproduire des schémas douloureux, ou parce que leur conception du bonheur est autre. Ce refus n’est pas contre vous. Mais il vous affecte. Et c’est là toute la complexité.

Peut-on rester ensemble malgré ce désaccord ?

La réponse n’est pas universelle. Certains couples choisissent de rester ensemble en transformant le projet d’enfant en autre chose : un projet créatif, un engagement solidaire, un nouveau pacte de sens.

D’autres réalisent qu’ils s’aiment mais n’avancent plus dans la même direction.

Rester ensemble dans cette dissymétrie demande :

  • Une communication dépouillée de chantage et d’attentes implicites,
  • Une acceptation authentique de ce que l’autre ne donnera jamais,
  • Et surtout, une capacité à renoncer sans s’abîmer.

👉 Si vous vous dites : « Je préfère rester et l’aimer que vivre sans lui/elle », interrogez-vous aussi : « Mais puis-je m’aimer encore, dans cette attente vide ? »

Parfois, l’amour ne suffit pas. Il faut aussi une vision partagée, un futur qui se dessine à deux. Sinon, rester ensemble, c’est risquer de trahir l’autre… ou de se trahir soi-même.

https://www.psy-coach-versailles.com/blog/therapie-de-couple-apres-rupture

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Quand le dialogue ne suffit plus : l’aide de la thérapie

Quand le désir d’enfant devient un point de rupture silencieux ou une spirale de tensions récurrentes, il peut être difficile de s’en sortir seul·e.

Parler ne suffit plus, ou tourne en boucle.

Chacun campe sur ses positions, pris dans ses peurs, ses blessures ou ses attentes déçues. C’est souvent là que la thérapie devient un espace salutaire.

En thérapie de couple

Elle permet d’ouvrir un espace sécurisé pour déposer ce que les mots ordinaires n’arrivent plus à dire. On y explore :

  • Les représentations inconscientes de l’enfant,
  • Les projections mutuelles,
  • Les blessures activées par le désaccord,
  • Et parfois, les non-dits de la relation elle-même.

Elle n’a pas pour but de trancher ou de convaincre, mais de réintroduire de la nuance, de l’écoute, et du lien.

En thérapie individuelle

Pour celui ou celle qui souffre, ou celui/celle qui refuse, un accompagnement personnel peut aider à :

  • Clarifier son rapport à la filiation, au rôle de parent,
  • Identifier des peurs anciennes ou loyautés invisibles,
  • Défaire les nœuds du passé qui polluent les choix présents.

C’est aussi l’occasion de retrouver sa liberté intérieure, sans se sentir ni coupable, ni coupable de ne pas vouloir.

En hypnose ou thérapie stratégique

Ces approches permettent parfois de dépister rapidement les blocages : peur d’être enfermé·e, angoisse du corps, refus de transmission, etc.

Elles ouvrent des chemins créatifs et pragmatiques, là où la parole reste figée.

En psychanalyse

Elle propose un travail plus en profondeur, sur le désir, le fantasme, l’histoire familiale.

Pourquoi cet enfant maintenant ? Pourquoi ce refus si intense ? Quels fantômes familiaux sont à l’œuvre derrière ce conflit ? Elle aide à déplier l’inconscient, pour ne plus répéter, pour ne plus subir.

👉 Dans toutes ces formes d’accompagnement, il ne s’agit jamais de forcer une décision. Mais d’aider chacun à comprendre ce qui se joue en soi et dans le lien, pour retrouver une dignité dans le choix, quel qu’il soit.

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FAQ – Désir d’enfant non partagé : 10 questions que vous n’osez pas poser

Est-ce que ne pas vouloir d’enfant fait de moi quelqu’un d’anormal ?

Absolument pas.

Le non-désir d’enfant est un choix intime, légitime, et de plus en plus assumé. Il ne reflète ni un manque d’amour, ni une immaturité. Il peut naître d’une profonde lucidité sur soi-même, d’un besoin de liberté, ou simplement d’une autre conception du bonheur. Ce n’est pas l’absence de désir qui pose problème, mais le silence ou la pression qui l’entoure. Être aligné·e avec soi, c’est déjà faire preuve de maturité émotionnelle et relationnelle.

Pourquoi est-ce si difficile d’en parler sans blesser l’autre ?

Parce que cette question touche à l’identité, à l’avenir, à la valeur que l’on se donne et que l’on donne à l’autre.

Celui ou celle qui désire un enfant peut entendre le refus comme un rejet personnel. Et celui ou celle qui refuse peut se sentir réduit·e à un ventre ou à une fonction. Il y a souvent peur de blesser, peur d’être mal compris·e, ou de tout faire basculer. D’où l’importance d’un espace d’écoute, voire d’un médiateur.

Est-ce qu’un enfant peut vraiment sauver un couple en crise ?

Non, et c’est même l’inverse qui peut se produire.

Un enfant vient intensifier ce qui existe déjà dans le lien : si le couple est solide, il peut renforcer l’union ; s’il est instable, il risque d’en révéler les failles. Utiliser l’enfant comme remède à une crise, c’est lui faire porter une fonction de réparation impossible. L’enfant n’est pas là pour combler un vide ou réconcilier deux adultes. Il mérite d’être accueilli pour lui-même, pas comme solution.

Comment réagir quand l’entourage met la pression ?

Les remarques du type « Et vous, c’est pour quand ? » peuvent être douloureuses quand le sujet est conflictuel.

Il est important de poser des limites claires sans se justifier. Vous pouvez répondre avec humour, esquive ou fermeté : « C’est une question intime que je préfère garder pour nous ». Se protéger de la pression extérieure, c’est prendre soin de l’espace du couple, surtout si une divergence existe. Ce n’est pas à la famille ou aux amis de décider pour vous.

Que faire si je change d’avis après des années à dire "non" ?

Changer d’avis est un droit. Un désir peut émerger, se transformer, s’assouplir. Il n’y a pas de ligne droite.

Si vous sentez naître un désir d’enfant après l’avoir longtemps refusé, prenez le temps de l’explorer. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une évolution intérieure. Parlez-en à votre partenaire sans culpabilité. Ce nouvel élan peut rouvrir une discussion, une perspective… ou un conflit. Dans tous les cas, l’important est d’être honnête avec vous-même et avec l’autre.

Est-ce que je peux avoir un enfant seul·e si mon/ma partenaire refuse ?

C’est une question délicate. Oui, il est possible aujourd’hui d’avoir un enfant seul·e via PMA ou adoption.

Mais cela implique un projet personnel fort, une organisation et une clarté éthique. Si vous êtes en couple, ce choix peut être vécu comme une trahison. Il est essentiel de poser les limites du "nous" et du "je" : ce que vous êtes prêt·e à risquer, ce que l’autre est prêt·e à accepter, et si l’amour peut survivre à une parentalité dissymétrique.

Pourquoi ai-je l’impression d’être dans une impasse existentielle ?

Parce que cette divergence touche à un choix de vie fondamental, pas à une simple préférence. Le désir ou le refus d’enfant engage le corps, l’avenir, la transmission.

Quand les visions s’opposent, on se sent déraciné·e de soi-même ou du lien. Il ne s’agit plus de "gagner" ou "perdre", mais de savoir comment rester fidèle à soi sans blesser l’autre. C’est vertigineux, car cela oblige à regarder la relation en face — avec lucidité et courage.

Et si j’ai honte de vouloir un enfant très fort ?

Ce désir peut parfois être jugé : trop féminin, trop pressant, trop archaïque.

Pourtant, vouloir un enfant est un désir profondément humain, souvent empreint de générosité, de transmission, et de réparation intérieure. Il n’y a pas de honte à ressentir cet appel fort, ni à en souffrir quand il est contrarié. Ce qui fait souffrir, ce n’est pas tant le désir lui-même, que le silence, la solitude ou la réprobation sociale qui l’entoure. Osez le nommer.

Est-ce qu’on peut vraiment "faire le deuil" d’un enfant qu’on n’a jamais eu ?

Oui. Ce que vous pleurez, ce n’est pas un enfant réel, mais un enfant symbolique : celui que vous aviez imaginé, investi, rêvé.

Ce deuil est réel et souvent ignoré. Il peut prendre du temps, provoquer une tristesse sourde, un vide existentiel, parfois un sentiment d’incomplétude. L’élaboration passe par la parole, l’acceptation, parfois la thérapie. Ce n’est pas renoncer à vivre, c’est honorer ce qui n’aura pas été, et retrouver une place dans un autre récit de vie.

Est-ce que l’amour peut survivre sans enfant ?

Oui, si le lien repose sur autre chose que la parentalité.

Un couple peut être fertile autrement : dans la création, le partage, l’engagement, la construction d’un monde commun. Mais cela suppose que les deux partenaires acceptent sincèrement cette forme d’amour-là, sans regret dissimulé. L’enfant ne fait pas le couple. Et l’absence d’enfant ne le défait pas, si l’amour est vivant, mobile, lucide. C’est un autre chemin, qui demande confiance, renoncements… et beaucoup de tendresse.

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Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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