Peut-on vraiment accompagner tout le monde ? Une réflexion essentielle pour les praticiens... Dans un monde où l’accompagnement psychologique se démocratise, où les thérapies et le coaching se multiplient, une question centrale demeure : peut-on réellement accompagner tout le monde ? Derrière l'élan sincère d’aider autrui, se cache parfois une réalité plus complexe, faite de limites humaines, éthiques et professionnelles. En tant que psychologue, coach ou thérapeute, vous êtes confronté à cette tension : répondre à une demande avec bienveillance, tout en restant fidèle à vos valeurs, compétences et responsabilités. Refuser un accompagnement peut sembler contre-intuitif dans les métiers de la relation d’aide, souvent imprégnés de l’idéal d’un accueil inconditionnel. Et pourtant… ce refus éthique peut devenir une boussole précieuse pour garantir la qualité de votre engagement. Accompagner quelqu’un ne se réduit pas à l’écoute ou à la technique : cela suppose une rencontre authentique, un engagement réciproque, une co-construction du changement. Or, certaines situations exigent une décision lucide : celle de ne pas s’engager, pour ne pas nuire. 👉 Refuser n’est pas rejeter. C’est parfois offrir à la personne une chance d’un accompagnement plus adapté, ailleurs, autrement.
Peut-on vraiment accompagner tout le monde ? Dans les métiers de la psychothérapie, du coaching ou de la relation d’aide, la tentation d’un accueil inconditionnel est forte. Pourtant, il est parfois plus juste – et plus éthique – de dire non. Refuser un accompagnement ne signifie pas rejeter la personne, mais garantir un cadre adapté, préserver l’intégrité du lien, et reconnaître ses propres limites. Dans cet article, nous explorons l’éthique du refus, ses fondements cliniques, déontologiques, émotionnels et pratiques. Parce que savoir dire non, c’est aussi savoir accompagner mieux.
Allez, c’est parti… 👇
Ces données rappellent que l’éthique ne relève pas seulement de principes abstraits, mais bien de réalités professionnelles vécues, parfois silencieusement.
Ces chiffres ne sont pas là pour alarmer, mais pour interpeller avec lucidité. Ils rappellent que poser un refus n’est pas un caprice, mais une nécessité clinique, éthique et professionnelle. Un acte de protection – pour l’autre, pour soi, et pour le cadre qui rend possible tout vrai changement.
Cette idée, très ancrée dans notre culture professionnelle, valorise une posture d’écoute inconditionnelle, de bienveillance permanente, et de neutralité absolue. Le praticien se doit d’être disponible, stable, toujours ouvert. Dire « non » ? Ce serait trahir sa mission, manquer à l’éthique du soin, voire renvoyer l’autre à une nouvelle blessure d’abandon.
Mais cette ouverture totale est-elle toujours possible ? Plus encore : est-elle toujours souhaitable ? Et surtout, éthique ?
Accompagner quelqu’un ne consiste pas seulement à l’accueillir dans son discours ou son mal-être. Cela implique une rencontre authentique, un engagement réciproque, et une co-construction du processus de changement. Or, il arrive que certaines demandes soient inappropriées, incompatibles ou impossibles à honorer, pour des raisons :
Dans ces cas, refuser d’accompagner ne signifie pas rejeter la personne. C’est, au contraire, lui témoigner du respect en reconnaissant que l’on n’est ni omnipotent ni toujours la bonne personne, et garantir une orientation plus ajustée.
Comme le rappelle Donald Winnicott dans un texte fondamental de 1960 :
« Il ne suffit pas d’être là. Encore faut-il savoir si notre présence est aidante. »
Ce propos souligne que la présence, en thérapie, n’est jamais neutre. Elle peut soigner, mais aussi troubler, bloquer, ou renforcer des schémas toxiques. Le praticien doit donc interroger, en conscience, la qualité de son impact.
Carl Rogers, quant à lui, nous propose une autre voie, toute aussi précieuse. Il écrivait :
« Le paradoxe curieux est que, lorsque je m’accepte moi-même tel que je suis, alors je peux changer. »
Cette acceptation de soi, avec ses ressources et ses limites, nous invite à reconsidérer le refus non comme un échec, mais comme un acte éthique de lucidité. C’est précisément en reconnaissant nos frontières que nous offrons à l’autre un véritable espace de changement.
Refuser, c’est aussi se protéger. Les recherches de Charles Figley (1995) sur la fatigue compassionnelle montrent combien les professionnels de l’aide, exposés en permanence à la souffrance, sont vulnérables à l’épuisement psychique. Schaufeli, Leiter et Maslach (2009) vont dans le même sens :
« La qualité de l’accompagnement dépend autant de l’équilibre du praticien que de la relation avec le patient. »
Mettre des limites, c’est donc aussi préserver l’essence même de notre métier : être présent avec justesse, engagement et discernement.
Cette vocation, profondément humaine, s’ancre dans l’écoute, la bienveillance, et une forme de foi dans la capacité de chacun à évoluer.
Mais très vite, la pratique nous confronte à une vérité essentielle : vouloir aider ne suffit pas. Accompagner implique bien plus qu’un simple élan du cœur. C’est entrer dans une relation, construire un cadre thérapeutique, maintenir une présence suffisamment stable et contenante, et surtout, savoir reconnaître ses propres limites.
Mais chaque patient, chaque client, arrive avec son monde intérieur, ses fragilités, ses mécanismes défensifs, ses traumatismes parfois enkystés.
Certaines demandes viennent bousculer notre cadre de travail, voire le rendre inopérant. Il est alors nécessaire de s’interroger : ma présence est-elle aidante, ou simplement rassurante ? Est-elle transformatrice, ou illusoire ? Comme le soulignait Winnicott, il ne s’agit pas seulement d’« être là », mais de savoir si notre présence est vraiment utile au processus de changement.
Certaines problématiques nécessitent une formation spécialisée, une expérience particulière, ou un cadre d’intervention différent du vôtre. La question devient alors inévitable :
Suis-je la personne la plus pertinente pour accompagner ce patient ?
Refuser de s’illusionner sur ses compétences, c’est faire preuve de maturité professionnelle. Accepter un accompagnement qui excède ses possibilités, c’est prendre le risque d’un échec thérapeutique, voire d’un préjudice psychique pour le patient.
Il repose aussi sur un devoir éthique fondamental : celui de veiller au bien-être, à la sécurité et à l’évolution de l’autre. Cela suppose parfois de poser un cadre clair, de ralentir une demande trop urgente, ou de mettre fin à une relation d’aide inadaptée.
Ce devoir de vigilance est parfois inconfortable. Il implique de renoncer à répondre à toutes les attentes, de supporter une forme de frustration — celle de ne pas « pouvoir tout » — et d’assumer des choix de positionnement parfois difficiles. Mais c’est précisément dans ces moments que l’éthique du praticien prend tout son sens.
Dire non n’est pas renoncer à sa vocation. C’est la protéger, l’ancrer dans le réel, et l’inscrire dans une posture responsable.
Pourtant, dans la pratique quotidienne, savoir dire non fait pleinement partie d’une posture professionnelle éthique et mature.
Accepter toutes les demandes sans discernement, c’est prendre le risque de compromettre la qualité de la relation d’aide, voire de générer des situations de dépendance, de confusion ou de désillusion. Refuser, au contraire, peut être une preuve de discernement, de respect pour l’autre et de fidélité à ce que l’on peut vraiment offrir.
Il s’agit de reconnaître que la relation — dans ses conditions actuelles — ne serait pas favorable à un changement véritable, ni pour le client, ni pour le praticien.
Refuser d’accompagner, c’est aussi :
Dans cette logique, le refus n’est pas un obstacle. Il devient un outil de prévention, de clarification, et parfois, un tournant vers un accompagnement plus adapté ailleurs.
Voici les plus fréquents :
Vous êtes peut-être sollicité·e pour des troubles ou des situations qui excèdent votre champ d’intervention : pathologies psychiatriques complexes, addictions actives, troubles graves de la personnalité… Dans ces cas, orienter vers un professionnel spécialisé est une démarche responsable.
Certaines rencontres activent chez nous des réactions émotionnelles intenses, des tensions inconscientes ou une confusion des rôles. Si ces mouvements nuisent à la qualité de votre présence, le contre-transfert devient un signal d’alerte. Un refus (ou une réorientation) peut alors être envisagé dans un cadre supervisé.
Vous pouvez être confronté·e à des discours ou comportements discriminatoires, violents, manipulateurs, ou à des demandes qui transgressent votre cadre (demande de conseil médical, d’orientation sectaire, ou d’intervention sur un tiers). Dans ces cas, dire non est une obligation éthique, afin de respecter vos valeurs et la déontologie de votre profession.
Lorsque la relation d’aide devient une béquille permanente, sans visée d’autonomisation, il peut y avoir glissement vers une forme de dépendance affective ou symbolique. La lucidité impose parfois de rompre cette dynamique, pour redonner du mouvement à la trajectoire du client.
Ce refus devient alors un acte d’authenticité. Il protège les deux protagonistes de l’illusion d’une relation aidante, quand celle-ci ne remplit plus ou pas encore ses promesses. Il permet de préserver la qualité de l’engagement, la clarté du cadre, et la fidélité à la finalité de toute démarche thérapeutique : permettre à l’autre d’avancer par lui-même.
Il ne s’agit pas d’une simple décision intérieure, mais d’un acte professionnel structurant, qui mobilise autant la réflexion clinique que la qualité du lien.
Dire non dans le cadre d’une relation d’aide, ce n’est pas fuir, céder à l’évitement ou se protéger d’un inconfort passager. C’est prendre une position éclairée, au service de l’autre autant que de soi.
Ces questions sont essentielles. Car refuser n’est éthique que si cela s’appuie sur une analyse sincère et approfondie.
👉 La supervision joue ici un rôle central. Elle permet de prendre du recul, de démêler les enjeux transférentiels et de clarifier si le refus est bien au service du processus thérapeutique. Comme dans toute pratique de psychothérapie ou de coaching professionnel, c’est dans le regard croisé avec un pair que se renforce la capacité à agir en conscience, à se demander régulièrement :
"Suis-je dans la meilleure posture pour accompagner cette personne aujourd’hui, ici, maintenant ?
Cela suppose de rester aligné avec son éthique, tout en préservant la dignité, la confiance et parfois la vulnérabilité de la personne en face.
Ce moment mobilise à la fois votre clarté intérieure, votre capacité d'empathie, et votre intention bienveillante. Car il ne s'agit pas seulement de poser une limite : il s'agit aussi de prendre soin du lien, même (et surtout) lorsqu'on décide de ne pas l'engager ou de l’interrompre.
Voici les principes clés qui peuvent vous guider dans cette communication :
Évitez les formules vagues ou trop techniques. Nul besoin d’entrer dans des justifications longues ou inconfortables : il s’agit d’être honnête sans être brutal, transparent sans être blessant.
💬 Exemple :
« Après réflexion, je pense que le cadre que je peux vous proposer aujourd’hui ne correspond pas pleinement à ce dont vous avez besoin. Je préfère vous orienter vers une autre forme d’accompagnement, qui me semble plus adaptée à votre démarche. »
Ce type de formulation évite le flou tout en restant centré sur les besoins du client, et non sur vos limites personnelles.
Bien au contraire, il est essentiel de valoriser le courage qu’il faut pour consulter, demander de l’aide, franchir la porte d’un cabinet.
Votre réponse doit donc commencer par une reconnaissance sincère de cette démarche, afin que la personne ne reparte pas avec un sentiment de rejet ou d’indignité.
💬 Exemple :
« Je vous remercie de m’avoir fait confiance en me parlant de ce que vous traversez. Je mesure combien il peut être difficile de faire cette démarche. C’est justement par respect pour vous que je préfère vous orienter vers quelqu’un qui pourra mieux vous accompagner à ce stade. »
Ce temps de validation émotionnelle est crucial pour éviter la blessure narcissique souvent réveillée par un refus.
Proposer des alternatives concrètes, que ce soit des confrères compétents, des structures spécialisées ou même un autre type de thérapie (EMDR, systémique, psychodynamique…), permet de repositionner le refus comme un geste de soin.
💬 Exemple :
« Il existe des professionnels avec une expertise plus spécifique sur ce que vous traversez. Je peux vous transmettre quelques coordonnées si vous le souhaitez. »
Cette posture soutient l’idée que vous restez engagé dans une intention d’aide, même en vous retirant de la place d’accompagnant principal.
Dire non peut être une manière de préserver votre équilibre, d’éviter une relation toxique, floue ou déséquilibrée, et de rester fidèle à vos valeurs professionnelles.
Vous avez le droit — et même le devoir — de poser vos limites lorsqu’une demande résonne de manière trop forte, quand vous sentez une usure de l’écoute, ou lorsque vous identifiez un risque d’épuisement.
💬 À garder en tête :
Refuser, ce n’est pas abandonner l’autre. C’est honorer votre posture professionnelle en offrant un accompagnement juste, respectueux et cohérent.
C’est un acte clinique et déontologique, au même titre que le respect du secret professionnel, la confidentialité, ou la neutralité bienveillante. Trop souvent perçu comme un aveu de faiblesse ou une faille dans la posture, le refus est en réalité un geste de protection, pour la personne comme pour le praticien.
Dans certains cas, un suivi inapproprié peut :
Les codes de déontologie insistent sur l’obligation pour le praticien de ne pas outrepasser ses compétences et de veiller à l’adéquation de sa pratique avec les besoins de la personne. Le refus devient alors une mesure de prévention : prévenir l’errance, l’auto-délusion, voire une aggravation de la souffrance.
👉 Refuser, ce n’est pas abandonner. C’est reconnaître que le bon accompagnant n’est pas toujours soi-même, et que la responsabilité consiste à aider la personne à trouver un cadre mieux ajusté à sa demande.
Ce cadre repose sur :
Lorsque ce cadre est mis à mal — par une demande floue, une attente de sauvetage, une idéalisation excessive ou des passages à l’acte menaçants —, il appartient au praticien de dire stop. Pas pour se dérober, mais pour éviter que la relation ne devienne malsaine, fusionnelle ou destructrice.
Par exemple :
Dans ces cas, refuser ou interrompre l’accompagnement, c’est préserver l’intégrité du dispositif, la neutralité de la posture, et l’autonomie du sujet.
Et pourtant, vous êtes vous aussi un être humain, exposé, vulnérable, traversé par des émotions, des projections, des fatigues. S’engager dans un accompagnement qui vous épuise, vous met en insécurité ou vous amène à sortir de votre cadre, c’est vous exposer à des risques réels :
En ce sens, poser un refus, c’est aussi un acte de soin envers soi-même, et une condition pour maintenir la qualité de votre écoute, la solidité de votre posture et la continuité de vos accompagnements auprès d’autres personnes.
Comme le rappellent Schaufeli, Leiter et Maslach (2009) :
« La qualité de l’accompagnement dépend autant de l’équilibre du praticien que de la relation avec le patient. »
Cela signifie :
👉 Le refus devient alors une balise éthique, un acte de lucidité qui permet de rester aligné avec sa déontologie, sans tomber ni dans l’abandon, ni dans l’omnipotence.
C’est un acte professionnel, mais c’est aussi un événement psychique. Il touche des zones sensibles : le désir d’aider, la peur de blesser, le doute sur sa légitimité, l’angoisse d’être mal perçu. C’est pourquoi le refus ne peut être posé avec justesse que s’il est travaillé intérieurement, avec lucidité et bienveillance.
Peut-on dire non sans être un "mauvais thérapeute", un "coach froid", un "professionnel démissionnaire" ? Beaucoup de praticiens ressentent un tiraillement entre leur vocation d’aide et leur intuition qu’un accompagnement serait inapproprié, voire toxique.
C’est là que la culpabilité peut surgir : peur de trahir l’autre, de l’abandonner, ou de ne pas être à la hauteur de la demande. Ce sentiment est d’autant plus fort lorsque la personne en face est vulnérable, dans la détresse, ou exprime un attachement précoce.
Mais cette culpabilité est souvent le signe d’une posture engagée – et non d’un défaut éthique. Elle mérite d’être accueillie, mais aussi interrogée en supervision : à qui suis-je loyal en ce moment ? À l’image que je me fais de moi comme aidant ? À mes peurs anciennes ? Ou au véritable intérêt de la personne que j’ai en face de moi ?
👉 La clé n’est pas de ne rien ressentir, mais de ne pas se laisser gouverner par ces affects.
Bien au contraire. Le cœur de notre métier n’est pas d’être là coûte que coûte, mais d’offrir un cadre qui permette à l’autre de se mettre en mouvement. Or, ce cadre doit être contenu, stable, ajusté – sinon, il risque de renforcer l’immobilité ou la dépendance.
Rappeler cette finalité profonde de l’accompagnement permet de sortir d’une vision sacrificielle du rôle d’aidant. Vous n’êtes pas tenu·e d’incarner la solution, mais de faciliter l’accès au changement, y compris lorsque cela passe par une réorientation respectueuse.
💬 En d’autres termes :
Refuser d’accompagner, c’est parfois le plus grand service que l’on puisse rendre à quelqu’un.
On peut craindre le regard de ses collègues, le jugement implicite du « bon thérapeute toujours disponible ». C’est pourquoi il est essentiel de pouvoir parler de ces situations dans des espaces sûrs : groupes de pairs, supervision, analyse de pratique.
Partager ses doutes, entendre d’autres expériences, mettre en mots ce que le refus a remué, permet de désamorcer la honte, de renforcer sa posture clinique, et d’enrichir son éthique professionnelle.
👉 Une éthique vivante se construit à plusieurs. Se confronter au refus, c’est faire grandir sa pratique, sa clarté intérieure, et sa capacité à se positionner avec humanité et fermeté.
Une pratique de l’accompagnement réellement responsable ne se mesure pas à la quantité de patients suivis, ni à la capacité d’absorber toute demande — mais à la qualité du lien que l’on tisse, à la justesse de la présence, à la fidélité au cadre.
Cela demande de connaître ses limites, mais aussi d’avoir les moyens de les reconnaître, comprendre et affiner. C’est pourquoi la formation continue, en psychologie, en psychothérapie comme en coaching, est une ressource précieuse.
Se former, c’est enrichir ses outils, élargir sa vision clinique, intégrer de nouveaux repères théoriques, affiner sa compréhension des mécanismes humains. C’est aussi un moyen de renforcer son autonomie professionnelle, et de savoir quand un accompagnement devient risqué ou inadapté.
👉 Refuser, c’est parfois aussi reconnaître qu’une compétence manque aujourd’hui… et qu’elle pourrait être acquise demain.
Il ne s’agit pas seulement de poser un refus de manière isolée, mais d’en faire un élément cohérent de son identité professionnelle.
Cela suppose :
👉 Ce positionnement est un geste de maturité clinique. Il témoigne d’une capacité à mettre l’éthique au cœur de sa pratique, non comme une contrainte, mais comme un fil conducteur de la relation d’aide.
Le refus devient un acte de transparence, qui humanise la relation d’aide et permet à la personne accompagnée de comprendre que chaque décision est prise dans son intérêt.
Cette posture favorise un climat de confiance, même lorsque la relation ne se poursuit pas. Elle montre que vous n’êtes pas là pour remplir un rôle à tout prix, mais pour offrir un accompagnement ajusté, sincère et respectueux.
👉 Refuser, ce n’est pas interrompre la relation : c’est parfois lui donner une autre forme, plus juste, plus féconde.
Dire non n’est donc ni une fuite, ni un abandon. C’est un acte de lucidité et de loyauté. Loyauté envers l’autre, en reconnaissant qu’il ou elle mérite un accompagnement ajusté. Loyauté envers soi, en n’usant pas ses ressources dans une relation qui pourrait devenir stérile, voire nuisible. Loyauté envers le cadre, enfin, qui ne se négocie pas au gré des affects ou des injonctions internes.
Il est temps de déconstruire l’idée, encore trop répandue, qu’un « bon thérapeute » ou un « bon coach » est celui qui accueille tout le monde, tout le temps. Cette posture sacrifie la qualité de la relation au profit d’une forme d’abnégation qui ne profite à personne. Car accompagner n’est pas se fondre, s’effacer, s’user. C’est tenir une place vivante, claire, assumée. Et cela suppose de savoir dire oui… et parfois non.
Ce non professionnel, formulé avec bienveillance, est souvent l’un des gestes les plus puissants de l’accompagnement. Il permet :
Et ce qui est préservé, c’est l’intégrité du processus thérapeutique, la dignité de la personne, et la cohérence d’une pratique engagée, incarnée et consciente.
Être un praticien éthique, ce n’est pas toujours dire oui.
C’est savoir reconnaître quand un non est le véritable acte d’aide.
Un non qui ne ferme pas, mais qui oriente.
Un non qui ne rejette pas, mais qui protège.
Un non qui, paradoxalement, permet à l’autre de dire oui à lui-même.
Ce refus peut être motivé par une inadéquation entre la demande et ses compétences, un cadre non respecté, un contre-transfert trop fort, ou encore un épuisement personnel. Le refus s’inscrit alors dans une posture éthique, visant à garantir la sécurité du cadre et la qualité de la relation. Il doit être expliqué avec clarté et bienveillance.
Cela peut survenir si le thérapeute constate une impasse relationnelle, un non-respect répété du cadre, ou une demande qui sort de son champ de compétences. Il s’agit d’un acte professionnel, et non d’un rejet personnel. Dans l’idéal, le praticien oriente vers un autre professionnel plus adapté à votre situation.
Il doit évaluer si la demande relève bien de son champ d’action (objectif professionnel, développement personnel, etc.) et s’assurer qu’aucune problématique psychologique ou médicale ne vient compromettre l’accompagnement. Refuser un coaching peut aussi résulter d’un désalignement de valeurs ou d’un manque de clarté dans la demande. Cela garantit un accompagnement éthique, respectueux de chacun.
Cependant, un refus d’accompagnement n’est jamais un jugement de votre valeur. Il s’agit d’un positionnement professionnel du praticien, destiné à vous orienter vers un cadre plus approprié. Parfois, ce refus permet même un travail plus profond ailleurs. Si cela vous affecte, n’hésitez pas à en parler à un autre professionnel pour mettre en mots ce que cela a touché en vous.
Sauf cas de force majeure ou de comportement mettant en danger le cadre (violence, harcèlement…), un arrêt de thérapie doit être expliqué clairement au patient, dans le respect du lien établi. Une fin brutale, non discutée, peut provoquer des effets délétères. Le code de déontologie invite à une clôture progressive, avec proposition d’alternatives si nécessaire. Cela fait partie des responsabilités du praticien de ne pas interrompre sans explication.
Toutefois, la plupart des refus sont posés avec prudence. Il peut aussi être utile d’en parler à un autre professionnel pour distinguer ce qui relève du cadre professionnel et ce qui touche à votre vécu personnel.
Par exemple, des propos racistes, sexistes ou violents peuvent constituer un motif de refus éthique, pour protéger le cadre et les principes fondamentaux de la profession. Le refus ne doit pas viser la personne, mais les conditions de travail qui ne permettent pas un lien respectueux et constructif.
Certains n’en ont jamais eu. Cela peut fragiliser leur capacité à gérer les situations complexes ou à poser un refus quand c’est nécessaire. La supervision est pourtant essentielle pour prendre du recul, penser les impasses, les transferts, et maintenir une posture professionnelle éthique et vivante. De plus en plus de formations insistent désormais sur l’importance de cette pratique réflexive.
Si la souffrance est aiguë et nécessite un cadre médical ou psychiatrique, le thérapeute peut orienter vers un dispositif plus adapté (CMP, psychiatre, hôpital). Continuer un accompagnement pour lequel on n’est pas formé revient à mettre le patient en danger, malgré les bonnes intentions. Refuser ici, c’est protéger la personne, garantir un meilleur soin et rester fidèle au principe de non-nuisance, fondement de toute posture clinique.
Préparer un refus, c’est réfléchir en amont aux cas de figure où l’accompagnement serait contre-indiqué. Cela permet d’aborder ces situations avec calme, cohérence et empathie, sans se laisser envahir par la culpabilité. Un refus bien posé, formulé avec clarté et respect, renforce la qualité de la relation et témoigne d’une éthique vivante et assumée.
Accompagner un proche pose de sérieuses difficultés déontologiques et relationnelles. La proximité affective empêche souvent une neutralité suffisante, rend les transferts confus, et peut compromettre la qualité du cadre. Pour ces raisons, les praticiens éthiques refusent généralement d’accompagner amis, famille ou collègues proches. Il est préférable d’orienter vers un professionnel tiers, afin de garantir une relation thérapeutique ou de coaching claire, contenante et respectueuse des enjeux de chacun.
Il est essentiel de s’adresser à lui avec des mots simples, adaptés à son âge, tout en valorisant sa démarche. Le praticien peut dire qu’un autre professionnel sera mieux placé pour l’aider, ou que les conditions actuelles ne permettent pas un travail serein. Inclure les parents dans cette explication aide aussi à contenir l’impact émotionnel et à sécuriser l’enfant dans cette transition.
Refuser une personne uniquement parce qu’elle a peu de moyens va à l’encontre des principes éthiques. En revanche, un praticien peut proposer un tarif solidaire, un rythme différent, ou orienter vers un dispositif adapté (CMP, associations, plateformes solidaires). L’important est de garantir un cadre clair, respectueux, et soutenable pour les deux parties.
Par exemple, si la situation du patient a changé, si le praticien a acquis une nouvelle compétence ou si le cadre s’est transformé. Il est alors possible d’en reparler, avec prudence et transparence. Toutefois, cela suppose que la demande reste pertinente et que la relation potentielle soit exempte de risques. Revenir sur un refus doit toujours s’accompagner d’une analyse approfondie et, idéalement, d’un travail en supervision.
Cela peut s’expliquer par un manque de supervision, de formation à la posture, ou par une difficulté à assumer des limites claires. À long terme, cela expose à des impasses cliniques, des ruptures de cadre, voire à un épuisement personnel. Apprendre à refuser fait partie intégrante d’une pratique professionnelle éthique et durable.