Et si “devenir plus fort” n’était qu’une illusion ?
18/12/2025

« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». Nietzsche et le fantasme de maîtrise

Avant de brandir le fameux « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort », rappelons que Nietzsche ne prônait pas la dureté mais la transformation intérieure. Ce qui rend fort n’est pas la souffrance brute, mais le travail psychique qui permet d’en faire quelque chose. En psychanalyse, vouloir « tenir » à tout prix relève souvent d’un fantasme de maîtrise : une défense contre la peur de s’effondrer. La vraie force, elle, naît du consentement à la fragilité, du courage de sentir plutôt que d’endurer. Ce n’est pas le contrôle qui sauve, mais la capacité de symboliser ce qui échappe. Allez, c’est parti…

Table des matières

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Lorsque j’ai reçu Julien, j’ai d’abord vu un homme impressionnant : grand, élégant, les épaules larges, le corps musclé comme taillé pour encaisser les coups. Une allure de roc, un port de tête presque militaire. Il s’asseyait droit, trop droit, comme s’il craignait que son dos plie et que tout s’effondre avec lui. D’un ton calme, presque martial, il répétait : "Je ne comprends pas, je me suis longtemps répété ce mantra : Ce qui ne me tue pas me rend plus fort, j'ai encaissé, encaissé, en pensant que ça passerait, mais là, je n'y arrive plus..."

Il venait de sortir d’un burn-out, d’un divorce et d’un deuil. Trois épreuves coup sur coup et encore debout. Mais debout contre tout. Sa force, si visible, avait quelque chose d’artificiel : elle tenait du blindage, pas de la vitalité. Sous le muscle, je percevais une tension électrique, celle de l’homme qui ne s’autorise plus à faillir.

Et si cette phrase, si souvent citée comme un mantra de résilience, cachait en réalité une peur archaïque de s’effondrer ? Et si la force n’était plus qu’une cuirasse, un fantasme de toute-puissance pour ne pas sentir le vide ?

Nietzsche, la douleur et le dépassement de soi

On cite Nietzsche comme on se vaccine : pour se protéger de la douleur.

Mais Nietzsche, lui, ne cherchait pas à s’en immuniser. Il voulait l’habiter. Pour lui, la douleur n’est pas une ennemie à abattre mais une matière première à transmuter. Elle déchire, elle blesse, mais elle ouvre aussi... comme une faille dans le moi où peut s’engouffrer un souffle neuf.

Nietzsche écrit avec son corps malade, son œil myope, ses nerfs à vif. Ce n’est pas une philosophie de salon, c’est une écriture de la chair en tension. Sa fameuse phrase n’a rien d’un slogan pour cadres en quête de performance : c’est un cri d’homme qui a tout perdu, sauf la volonté de se recréer.

Le dépassement de soi, chez lui, n’est pas un sport mental, c’est une métamorphose. On ne s’élève pas contre la souffrance, on s’élève avec elle, à condition de lui donner forme, sens et direction.
Freud aurait dit : sublimer.
Nietzsche, lui, parle de renversement des valeurs : retourner la douleur comme on retourne un gant, et y trouver, non plus la malédiction, mais la puissance d’affirmation.

Seulement notre époque, elle, a défiguré Nietzsche. Elle a transformé le penseur du tragique en coach du développement personnel.
Son appel à la création est devenu un mot d’ordre de résilience rentable :

“Fail, learn, win.” ! Ce n’est plus la tragédie grecque, c’est la start-up nation !

Or, Nietzsche n’a jamais voulu fabriquer des vainqueurs : il appelait des êtres capables d’endurer le vertige de leur finitude, des vivants qui ne s’endorment pas dans la consolation morale.

Le dépassement nietzschéen n’est pas une fuite hors du manque, c’est une danse avec lui.

Et c’est précisément là que la psychanalyse rejoint Nietzsche : dans cette idée que la douleur peut devenir un lieu de savoir.
Ce qui ne nous tue pas, c’est ce qui nous confronte à notre impuissance sans nous y engloutir.
Là où l’ego veut triompher, l’inconscient propose une autre voie : transformer la blessure en signification.

Dans le cabinet, cela s’entend dans les silences :

- « J’ai cru mourir quand il m’a quitté. »

- « Et qu’est-ce qui est mort, en vous ? »

- « L’illusion que je pouvais tout contrôler. »

Ce jour-là, quelque chose renaît. Pas un héros, pas un surhomme : un sujet.

Quand la force devient déni de faiblesse

Dans la cure, je rencontre souvent ces êtres solides en apparence, ceux qui arrivent avec le dos droit et la mâchoire serrée, comme s’ils avaient été dressés pour ne jamais vaciller.

Ils racontent leur chute sur un ton presque administratif : un divorce, un deuil, un licenciement, un épuisement, et la phrase qui tombe comme un verdict :

« Mais je tiens bon. »

Comme si tomber était interdit. Comme si reconnaître la douleur équivalait à renoncer à soi. Cette posture héroïque, c’est le triomphe du fantasme de maîtrise : contrôler ce qui déborde, refuser l’émotion, dompter la peur. Dans cette maîtrise-là, il n’y a pas de force, il y a une panique muette : la peur archaïque de s’effondrer, d’être envahi, d’être à nouveau impuissant.

Alors on serre les dents, on fait taire le corps, on évite les souvenirs qui brûlent.

Mais ce qu’on croit dominer revient autrement : dans l’irritabilité, l’insomnie, la crispation, la lassitude de vivre. Le corps parle quand la bouche se tait. L’inconscient, lui, ne supporte pas les zones verrouillées. Il invente des symptômes pour fissurer le mur. C’est sa façon de dire : « Tu ne ressens plus rien, mais moi, je suis encore vivant. »

Il y a dans cette prétendue force une immense solitude.

Ces patients sont des funambules du contrôle : ils tiennent pour ne pas sentir. Ils confondent endurance et anesthésie. Et pourtant, sous la carapace, ça tremble. Derrière le “je gère”, il y a un enfant qui n’a jamais eu le droit de pleurer. Un enfant qu’on a peut-être félicité pour sa maturité précoce, qui a tout pris sur lui, qui a confondu survie et amour. Ceux-là ne s’effondrent pas, ils se figent. Et c’est parfois pire. Parce que le gel intérieur empêche tout mouvement. Rien ne circule, ni la peine, ni la joie. Ce n’est pas un mur de force, c’est un sarcophage psychique. Alors oui, il faut parfois s’autoriser à tomber, à perdre pied, à admettre que “tenir” n’est plus tenable.

Non pas pour se complaire dans la plainte, mais pour que le corps, enfin, puisse respirer.

La vraie force, c’est celle qui ne s’oppose pas à la faiblesse. C’est la capacité de se laisser traverser sans disparaître.

C’est accepter de lâcher les armes, de perdre la maîtrise, pour retrouver la vie. Car ce qui ne tue pas ne rend pas forcément plus fort : cela peut aussi rendre plus dur, plus sec, plus seul. La guérison, elle, commence souvent par un craquement. Et dans ce craquement, quelque chose respire à nouveau.

L’homme moderne et le fantasme du muscle intérieur

Ce n’est pas un hasard si les salles de musculation poussent comme des champignons et que les hommes veulent se faire des gros bras.

C’est le nouveau catéchisme de la virilité : le corps fort comme rempart contre le doute.

Dans une époque où tout vacille - les repères, les rôles, les liens -, beaucoup cherchent refuge dans la seule chose qu’ils croient encore pouvoir maîtriser : leur corps. On se sculpte, on se redresse, on s’endurcit. On veut tenir, littéralement. Le biceps devient une métaphore : un muscle de survie psychique. Derrière la quête esthétique, il y a un combat existentiel, celui de ne pas sentir. De ne pas trembler, de ne pas fléchir, de ne pas dépendre. Le corps devient une cuirasse comportementale, un moyen de neutraliser le malaise intérieur que le psychisme, lui, ne parvient plus à symboliser.

Le psychothérapeute le voit : ces corps tendus sont souvent le miroir d’une psyché contractée. Trop de contrôle, pas assez de souffle. Trop de performance, pas assez de présence. Le “mental d’acier” cache souvent une angoisse inconsciente, une peur archaïque de la chute ou du vide. À force de vouloir être fort, on s’interdit d’être humain.

C’est le même fantasme que celui qu’évoquait Nietzsche ; mais mal compris. Le “surhomme” moderne n’est pas celui qui se dépasse, mais celui qui s’auto-sature. Il remplace la pensée par le muscle, le lien par la maîtrise. Il rêve de tout contenir : le stress, la colère, la tristesse. Et à force de tout contenir, il finit par exploser : burn-out, colère, addictions, effondrement corporel ou psychique.

La vraie force n’a rien à voir avec le muscle.

Elle réside dans la souplesse psychique, cette capacité à plier sans rompre, à ressentir sans s’effondrer. Être fort, ce n’est pas se blinder. C’est accepter d’être traversé par le manque, le désir, le doute, la perte. C’est là que commence le courage, le vrai : celui de ne plus se cacher derrière la maîtrise.

Le fantasme de maîtrise : tenir, pour ne pas sentir

Le fantasme de maîtrise, c’est cette fiction intime qui nous fait croire qu’on peut tout contrôler : nos émotions, nos désirs, nos pertes, les autres, le temps, la mort.

C’est le grand mensonge du moi, son armure et sa prison. Dans la cure analytique, il s’exprime souvent par une phrase simple, presque banale : « Je veux comprendre. »

Mais comprendre, ici, signifie souvent « ne plus être traversé ». Le sujet veut savoir pour ne plus souffrir. Il veut mettre la main sur ce qui lui échappe, alors que c’est précisément ce qui lui échappe qui le fonde comme sujet.

Ce fantasme naît dans l’enfance, là où la vulnérabilité a été vécue comme un danger.

Quand personne n’a pu accueillir la peur, l’impuissance ou la détresse, l’enfant a appris à se gérer seul.

Il s’est fabriqué une illusion de contrôle, un petit dieu intérieur persuadé qu’il suffit d’être sage, fort, intelligent ou irréprochable pour ne plus être blessé. Devenu adulte, il continue à fonctionner ainsi, à tenir bon, à tout anticiper. Il planifie pour ne pas sentir, il agit pour ne pas penser, il parle pour ne pas tomber. Mais la maîtrise n’est pas la liberté. C’est une forme de captivité dorée. À force de vouloir tout maîtriser, on finit par ne plus rien vivre. On vit en mode surveillance, dans un état de vigilance constante, comme si la moindre faille pouvait déclencher une apocalypse intérieure. L’énergie psychique se consume à contenir, à calculer, à neutraliser.

Et quand enfin tout semble sous contrôle, c’est souvent là que surgit l’angoisse. Parce que plus rien ne bouge. Parce qu’on a remplacé la vie par le protocole.

Freud l’avait pressenti : le besoin de maîtrise est une défense contre la pulsion. Contre ce qui déborde, ce qui échappe, ce qui met en jeu le plaisir, la perte, la jouissance. Maîtriser, c’est refouler le vivant. C’est substituer la sécurité à l’expérience. Et dans cette illusion de maîtrise, l’inconscient s’agite comme un fauve en cage. Il ronge les parois, invente des symptômes, cherche la fuite.

La psychanalyse, la psychothérapie invitent à un tout autre mouvement : non plus maîtriser, mais consentir.

Accepter de sentir, de ne pas comprendre tout de suite, de laisser l’inconscient faire son travail. C’est un renversement radical : la puissance n’est plus dans le contrôle, mais dans la capacité à se laisser traverser sans se dissoudre. Dans la cure, ce moment est toujours saisissant :

quand le patient dit, pour la première fois, « Je ne sais plus », et que cette phrase n’est plus une défaite, mais une délivrance.

Alors quelque chose se déverrouille. L’énergie jusque-là figée recommence à circuler. Le sujet cesse de se défendre contre la vie. Il apprend à tomber sans se briser, à perdre sans disparaître. C’est là que le fantasme de maîtrise s’effondre et qu’apparaît enfin une forme de maîtrise symbolique, celle qui consiste non pas à contrôler le monde, mais à signifier ce qu’on ne peut changer.

L’héroïsme contemporain : de la résilience au déni

Notre époque raffole des héros du quotidien.

On les applaudit parce qu’ils « tiennent bon », qu’ils « rebondissent », qu’ils « ne lâchent rien ».

Le mot résilience s’est mué en étendard moral, brandi par des vies épuisées. On voudrait croire que chaque épreuve forge, que la douleur est un passage obligé vers une version “améliorée” de soi-même. Comme si la souffrance avait une fonction pédagogique universelle. Comme si tout trauma devait produire du sens.

Mais ce culte de la renaissance finit par tourner à la violence : il interdit le droit de ne pas aller bien.

Dans la cure, je le vois sans cesse : des patients qui viennent s’excuser de leur fatigue, de leur chagrin, de leur lenteur à “remonter la pente”. Ils se sentent fautifs de ne pas être encore devenus les phénix qu’on attend d’eux. Ils culpabilisent de souffrir trop longtemps, de ne pas « avancer », de ne pas afficher cette sérénité qu’on vend sur les réseaux comme preuve d’évolution spirituelle. Ce n’est plus la douleur qui est insupportable, c’est la honte de la ressentir. Cette idéologie du “relevons-nous” n’a rien d’innocent : elle épouse la logique du rendement. Le temps de la peine doit être court, rentable, efficient. La société du bien-être veut des rescapés performants, pas des endeuillés.

On soigne la blessure comme un bug à corriger.

Résultat : les individus ne se remettent pas, ils se suradaptent. Ils s’endurcissent. Et ce durcissement, présenté comme victoire, n’est souvent qu’un gel affectif.

Or, ne vous en déplaise, le véritable travail psychique de la souffrance est lent, non linéaire, imprévisible. Il exige qu’on se laisse traverser, qu’on accepte de ne pas savoir où mène la douleur. Nietzsche parlait du devenir, Freud du travail du deuil : tous deux savaient qu’on ne renaît pas indemne. L’héroïsme contemporain, lui, nie cette transformation lente, confuse, parfois désespérée. Il veut des résultats visibles, des visages inspirants, des récits de dépassement à publier avant la fin du mois.

Mais la résilience n’est pas un muscle. C’est un processus d’intégration psychique. Ce qui nous renforce n’est pas la souffrance elle-même, mais le sens qu’on parvient à lui donner, la manière dont on réinscrit l’épreuve dans une continuité symbolique.
Là où le discours collectif dit : “Tourne la page”, la psychanalyse murmure : “Relis-la.” C’est ce geste-là, intime, silencieux, souvent invisible, qui fonde la vraie force : celle d’assumer la cicatrice au lieu de la maquiller.

Dans cette société saturée de performances émotionnelles, pleurer devient un acte subversif.

Dire « je n’y arrive pas » devient un acte de résistance. Le refus de la productivité du bonheur, c’est peut-être le dernier espace où quelque chose d’humain subsiste encore.

Souffrir n’est pas un mérite

On a fait de la douleur une vertu, une médaille invisible qu’on épingle sur sa poitrine en serrant les dents.

« Je souffre, donc je grandis. » Quelle imposture !

La souffrance n’a rien d’un maître spirituel. Elle ne rend pas meilleur, elle rend bête quand on la chérit trop. Elle tord le regard, elle fige la bouche, elle fait croire qu’endurer, c’est exister. Nietzsche n’a jamais prêché la pénitence. Il parlait d’un feu, pas d’un fardeau. La douleur, chez lui, n’est pas une école de vertu, c’est un laboratoire du vivant. On y brûle ce qui est mort, on y éprouve ce qui veut renaître. Mais il faut être assez vif pour ne pas s’y consumer.

Le danger, c’est de confondre endurance et consentement. L’un s’endurcit, l’autre s’ouvre. L’un serre les poings, l’autre tend la main.

L’un répète : « Je m’en sors », l’autre murmure : « J’en fais quelque chose. »

Souffrir ne rend pas plus fort, ça rend plus lucide, si l’on ose regarder ce qui craque sans vouloir recoller aussitôt. Le reste n’est que pose stoïque et storytelling de douleur rentable.

De la maîtrise au consentement

Le fantasme de maîtrise est la nouvelle épidémie silencieuse.

Nous voulons tout piloter : nos émotions, nos pensées, notre anxiété, nos relations, même notre sommeil.

Nous nous croyons au volant du psychisme, mais c’est souvent l’inconscient qui tient le guidon. Et quand il dérape, nous nous étonnons de finir dans le décor.

En séance, cela s’entend :

“Je veux contrôler mes peurs”, “je veux effacer mes angoisses”, “je veux que ça cesse”.
Ce “je veux” est déjà un symptôme.

Car le psychisme ne se commande pas, il se traverse. La volonté n’a aucun pouvoir sur ce qui est pulsionnel. Plus on tente de verrouiller, plus ça fuit : cauchemars, insomnies, somatisations, passages à l’acte. C’est la revanche du refoulé, la manière qu’a l’inconscient de rappeler qu’il existe. Le travail psychanalytique consiste précisément à déplacer cette illusion de maîtrise vers une forme plus adulte du rapport à soi : le consentement.
Consentir, ce n’est pas se résigner. C’est accepter de sentir, de ne pas comprendre tout de suite, de laisser parler ce qui échappe à la raison consciente.
Là où la maîtrise dit “non” au trouble, le consentement dit “oui” à la vie, à sa part confuse, contradictoire, affective.

Nietzsche y voyait le “grand Oui” : celui du vivant qui s’assume tragique.
Freud, lui, y reconnaissait la sublimation : la transformation du chaos pulsionnel en matière de création.
Et le psychanalyste, dans ce théâtre intime, accompagne ce passage du contrôle crispé à la parole vivante. Parce qu’à force de vouloir être solide, on finit par devenir sec et cassant.
Le consentement, c’est le retour du fluide : le moment où le psychisme respire à nouveau, où la parole se remet à circuler, où la vie cesse d’être une injonction et redevient un mouvement.

Conclusion... Devenir plus fort, ou devenir plus vivant ?

« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » : une phrase qu’on agite comme un gri-gri contre le chaos, sans voir qu’elle cache une peur panique de l’imprévisible.

La vraie force n’a rien à voir avec le contrôle ni avec la performance émotionnelle.

Elle réside dans ce travail psychique qui consiste à laisser tomber les illusions de maîtrise pour renouer avec l’expérience du vivant. Dans l’accompagnement psychologique et psychanalytique, ce moment est toujours saisissant : quand le patient cesse de vouloir se corriger pour commencer à se comprendre. Ce n’est plus “devenir fort”, c’est devenir entier... y compris dans ses failles. L’analyse ne promet pas l’immunité contre la souffrance, elle propose mieux : la possibilité d’en faire un lieu de connaissance, de création, de liberté.

Nietzsche l’avait pressenti : on ne grandit pas malgré les blessures, mais à travers elles, quand on accepte d’en écouter la musique. Freud, lui, aurait ajouté que la force du sujet réside dans sa capacité à symboliser ce qui le traverse. Et c’est bien là tout le paradoxe : ce n’est pas la maîtrise qui rend plus fort, c’est le consentement à ne pas tout maîtriser.

Alors non, tout ce qui ne tue pas ne rend pas forcément plus fort.
Mais parfois, ce qui nous renverse nous réveille et c’est déjà une victoire du désir sur la peur.

La seule façon de rester debout durablement, c'est d'accepter, pour un temps, de mettre un genou à terre.

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FAQ : Au-delà du mythe "Ce qui ne tue pas rend plus fort"

Pourquoi l'adage "ce qui ne tue pas rend plus fort" est-il parfois un piège pour notre santé mentale ?

Croire qu'il faut absolument s'endurcir après un choc peut créer une carapace toxique.

En psychanalyse, on voit que cette injonction empêche souvent de guérir réellement. À force de refouler la douleur pour paraître fort, on crée des troubles psychiques souterrains. Au lieu de renforcer le mental, on fragilise sa santé mentale en s'interdisant d'être vulnérable, ce qui peut mener à l'effondrement des années plus tard.

Si mon esprit a "tourné la page", pourquoi mon corps réagit-il encore aux stimuli traumatiques ?

C'est tout l'apport des neuro-sciences : le corps a une mémoire que la volonté ignore.

Même si vous pensez avoir "géré", votre système nerveux peut rester bloqué en alerte face à certains stimuli. Cela crée un état de stress post-traumatique invisible. Ce n'est pas une phobie imaginaire, mais une empreinte biologique traumatique qui nécessite souvent l'aide d'un praticien spécialisé (via une approche intégrative ou corporelle) pour désamorcer l'alarme.

Peut-on être anxieux ou en dépression justement parce qu'on a essayé d'être "trop fort" ?

Absolument. Le sujet anxieux ou en dépression est souvent quelqu'un qui a tenu bon trop longtemps.

C'est l'épuisement de la "forteresse". En refusant de se sentir souffrant, la personne accumule une culpabilité inconsciente et développe parfois une névrose de l'échec. Un psychologue ou un clinicien vous expliquera que ces symptômes mentaux ne sont pas des signes de faiblesse, mais le signal que votre armure est devenue trop lourde à porter.

Psychiatre ou psychanalyste : qui consulter quand on s'est "trop" blindé émotionnellement ?

Tout dépend de l'intensité.

Si la souffrance paralyse votre vie (insomnies majeures, idées noires), un psychiatre pourra évaluer la dimension psychiatrique et soulager les symptômes chimiquement. Mais pour déconstruire le blindage, un thérapeute ou un psychologue est essentiel. Qu'il soit d'orientation psycho-dynamique ou humaniste, il travaillera sur la dimension relationnelle pour vous réapprendre à faire confiance, là où le traumatisme vous a appris à vous méfier.

Les TCC sont-elles efficaces pour assouplir mes défenses psychologiques ?

Oui, la TCC (thérapie comportementale et cognitive) est très pertinente ici.

Elle ne cherche pas seulement le "pourquoi", mais aide à modifier les réponses comportementales et cognitives rigides que vous avez mises en place pour survivre. En travaillant sur les schémas de pensées, ces approches psychothérapeutiques permettent de réduire les mécanismes de défense devenus obsolètes et de retrouver une flexibilité face aux événements psychologiques difficiles.

Faut-il avoir souffert soi-même pour devenir psychothérapeute et comprendre la douleur ?

C'est le mythe du "guérisseur blessé".

Avoir traversé des épreuves peut nourrir l'empathie, mais ce n'est pas suffisant pour devenir psychothérapeute. Il faut avoir transformé cette souffrance. Une solide formation en psychopathologie et un travail personnel sont indispensables pour ne pas projeter son propre vécu sur le patient. C'est cette distance juste qui permet au professionnel d'accueillir les désordres mentaux sans s'y noyer, offrant ainsi un véritable espace de mieux-être.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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