Pourquoi l’hypnose fascine autant les scientifiques ?
15/10/2025

Pourquoi l’hypnose fascine autant les scientifiques ?

l’hypnose n’est plus un simple spectacle de cabaret ni une pratique ésotérique. Aujourd’hui, elle intrigue, stimule les neurosciences, bouscule la psychiatrie, et inspire même la psychologie clinique. Les chercheurs du monde entier tentent de comprendre comment un état de conscience modifiée peut modifier la perception, la douleur, la mémoire et même la plasticité neuronale. Bref, l’hypnose n’est pas un gadget : c’est un miroir de l’esprit.

Table des matières

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« L’hypnose est une pédagogie du réel : elle apprend à l’esprit à reconfigurer la réalité. » François Roustang, philosophe et hypnothérapeute

Lorsque j’ai reçu Camille, une jeune femme venue pour une douleur chronique post-opératoire, je n’imaginais pas que sa séance deviendrait un exemple vivant de neuroplasticité émotionnelle et sensorielle. Elle s’était assise avec la retenue de ceux qui ont trop souffert, le corps crispé, la respiration courte, comme si vivre était devenu un effort musculaire permanent. Puis, peu à peu, quelque chose s’est dénoué.

Alors que son corps restait immobile, son cerveau semblait entrer dans un autre régime. Son souffle s’allongeait, ses épaules s’abandonnaient, et cette douleur qui l’accompagnait depuis des mois devenait… lointaine, presque abstraite. On aurait dit que son système nerveux se souvenait d’un savoir oublié — celui de se reposer.

Ce qui fascinait les chercheurs depuis Charcot, Janet ou Freud se rejouait là, à quelques centimètres de moi : un simple dialogue hypnotique, quelques images métaphoriques partagées, et une bascule profonde dans la perception.

Un passage de l’effort au laisser-être, du contrôle à la confiance, un voyage intime entre le conscient et l’inconscient où la douleur cédait doucement la place à la possibilité de vivre autrement.

Pourquoi l’hypnose est-elle redevenue un objet d’étude scientifique ?

Il fut un temps où l’hypnose avait été reléguée au rang de curiosité de foire.

Trop insaisissable, trop “inconsciente” pour la raison scientifique, trop “thérapeutique” pour la médecine pure. Puis les laboratoires ont changé d’outil, et avec eux, de regard. Quand les premières IRM fonctionnelles ont révélé que la transe hypnotique modifiait réellement l’activité cérébrale, les chercheurs ont rouvert les yeux sur ce phénomène qu’ils avaient longtemps écarté, faute de preuves tangibles.

Ce qu’ils ont découvert les a fascinés : l’hypnose ne plonge pas dans le sommeil — elle réorganise la conscience.
Pendant une séance, certaines zones du cerveau s’activent tandis que d’autres s’apaisent. Le cortex cingulaire antérieur, associé à la douleur et au conflit, baisse de régime ; le réseau du mode par défaut, responsable de la rumination, se calme ; les aires sensorielles deviennent plus perméables aux suggestions. En somme, la parole agit sur le cerveau comme une lumière qui réoriente les connexions neuronales.

C’est une véritable révolution conceptuelle : jusque-là, on croyait que seul un médicament pouvait agir sur la physiologie.
Or voilà qu’une phrase, une image mentale, un ton de voix hypnotique suffisent parfois à changer le vécu corporel.
La science redécouvre que l’imaginaire a un impact biologique — que l’inconscient n’est pas une métaphore poétique, mais une architecture réelle du psychisme.

Les laboratoires de Stanford, de Liège ou de Lyon mesurent aujourd’hui les effets précis de l’hypnose :

  • la diminution des signaux de douleur jusqu’à 60 %,
  • l’augmentation des capacités de concentration,
  • la régulation du stress et du rythme cardiaque,
  • la modulation des émotions négatives.

Mais ce qui les captive le plus, c’est ce paradoxe fascinant : pendant la transe, le sujet semble à la fois profondément relâché et extraordinairement lucide.
Comme si le cerveau, en baissant le volume du mental, parvenait enfin à entendre la voix intérieure du corps et de l’inconscient.

L’hypnose, loin d’être un art marginal, devient alors un terrain d’étude privilégié du lien entre cerveau et subjectivité.
Elle offre aux neurosciences un laboratoire vivant de l’expérience humaine : comment une idée, une émotion ou une suggestion thérapeutique peut se traduire en modification neuronale mesurable.

Et si, en vérité, la fascination des scientifiques ne venait pas tant de ce qu’ils comprennent… que de ce qu’ils ne comprennent pas encore ?

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Une fascination née du mystère entre suggestion et neurobiologie

Ce qui trouble les scientifiques, ce n’est pas seulement que l’hypnose fonctionne.

C’est comment elle fonctionne.

Souvent, tout commence par presque rien : une respiration qui s’allonge, les paupières qui s’alourdissent, un mot qui glisse doucement entre deux silences. Rien de spectaculaire à première vue… et pourtant, en coulisses, le cerveau entre en mouvement comme une scène de théâtre qui s’éclaire progressivement.

Là où la biologie classique voit des récepteurs, l’hypnose révèle des images qui deviennent des sensations, des mots qui deviennent des états, des suggestions qui deviennent de la chair.

Le langage — si discret, si ordinaire — acquiert soudain une puissance neurophysiologique.
Chez certains patients, une simple métaphore suffit à atténuer une douleur de dix ans.
Chez d’autres, un mot juste ouvre une brèche et délie une terreur ancienne.

Ce qui se passe ici échappe encore aux équations. On appelle cela neuroplasticité, réorganisation des réseaux attentionnels, diminution des circuits nociceptifs… Les chercheurs modélisent, nomment, mesurent — et pourtant, dans le cabinet, tout reste profondément humain, brut, intime.

Car l’hypnose n’est pas un processus mécanique. C’est une rencontre.
Un espace où l’autre se laisse toucher par un ton, une intention, une présence. Et ça, les machines à IRM ne savent pas encore le mesurer :
la manière dont la parole, lorsqu’elle est hypnotique, juste, empreinte de respect, devient un outil aussi précis qu’un scalpel… mais infiniment plus doux.

L’inconscient, terrain longtemps suspecté d’irrationalité, redevient ici un territoire clinique.
Non pas un chaos, mais une intelligence cachée, une mémoire vivante, un lieu où le corps raconte ce que le mental n’a pas encore su dire.

Et la science reste là, fascinée, presque humble devant ce paradoxe :

Une suggestion peut modifier une synapse.
Une image intérieure peut apaiser un nerf.
Un état de conscience peut devenir un outil thérapeutique.

Cela dépasse le biologique. Cela flirte avec le philosophique. Cela rappelle que l’humain n’est pas qu’un ensemble de neurones — il est aussi un sens, une histoire, une capacité à se transformer de l’intérieur.

Au fond, la recherche sur l’hypnose est peut-être l’étude la plus intime de toutes : celle du pouvoir du vivant sur lui-même.

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Ce que les études révèlent (et ce qu’elles ne disent pas)

Les chiffres rassurent. Ils sécurisent. Ils donnent du contour au mystère.

Et c’est vrai : les études sur l’hypnose thérapeutique ne manquent plus.
Elles s’empilent dans les revues scientifiques, elles modélisent, elles isolent des variables, elles mesurent des taux de cortisol, des réseaux neuronaux, des fréquences cardiaques.

Elles disent — avec la froideur élégante de l’objectif — que l’hypnose :

  • diminue significativement la douleur chronique,
  • réduit l’anxiété pré-opératoire,
  • améliore le sommeil,
  • participe au traitement du trauma psychique et du stress post-traumatique,
  • favorise la récupération en post-opératoire,
  • module la perception sensorielle et émotionnelle.

Elles montrent des courbes qui descendent, d’autres qui montent. Elles parlent de neuroplasticité, de connexion fronto-limbique, de modulation du cortex somatosensoriel.
Elles enregistrent l’effet des suggestions hypnotiques comme on observe la pluie tomber sur des feuilles au microscope : avec rigueur, mais depuis la vitre.

Mais ce que les études ne disent pas, c’est la chaleur d’une main qui ne touche pas mais rassure. Elles ne racontent pas ce moment où un patient, en transe, découvre qu’il peut respirer autrement.
Elles ne voient pas la larme silencieuse qui coule lorsqu’un souvenir douloureux se transforme en scène apaisée, ni la stupeur tendre sur le visage de celui qui réalise que son inconscient n’était pas un ennemi, mais un allié fatigué qui n’attendait qu’une permission pour relâcher l’alerte.

La science mesure, mais elle n’entend pas le “ça y est, j’y suis” chuchoté dans le cabinet ; elle ne capte pas la vibration de la voix, la respiration qui change, l’instant où la résistance baisse… non par capitulation, mais par confiance.

Elle quantifie les résultats, mais ignore l’essentiel :

ce qui guérit n’est jamais seulement la technique — c’est la relation, la présence, la façon dont la parole trouve le chemin du corps.

Les chercheurs parlent d’état de conscience modifié. Les cliniciens, eux, voient quelqu’un renouer avec ce qu’il pensait inaccessible : sa dignité, sa capacité à ressentir, à créer du sens, à retrouver un territoire intérieur habitable.

Entre les tableaux statistiques et la réalité humaine, il y a un monde, celui où la transe hypnotique n’est pas un phénomène observé, mais une expérience vécue. Là où l’on ne “démonte” pas le cerveau pour comprendre : on accompagne un être pour qu’il se réhabite.

La science nous montre comment l’hypnose agit.
La clinique nous montre pourquoi cela compte.

Et ce qu’aucune étude ne parvient encore à formuler, c’est peut-être ceci :

L’hypnose révèle ce que le vivant sait faire quand on lui rend sa liberté.

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Hypnose : la science du lien invisible

L’hypnose ne se réduit pas à une technique. C’est une manière d’entrer en relation.
Une science du lien invisible entre deux consciences — celle du thérapeute et celle du patient — qui, l’espace d’une séance, se mettent à respirer au même rythme.

Là, dans ce dialogue sans effort, quelque chose circule. Pas seulement des mots, mais des images, des symboles, des silences.
Le langage devient tactile, les suggestions deviennent des gestes de l’esprit, et le corps, apaisé, se met à écouter ce qu’il n’entendait plus.

L’hypnose fascine les chercheurs parce qu’elle réconcilie ce que la science a trop longtemps séparé : le cerveau et le verbe, la biologie et la subjectivité, le mesurable et l’intime.
C’est une passerelle entre le neurologique et le symbolique, entre l’inconscient et la conscience.

Lorsque le patient ferme les yeux, ce n’est pas pour s’endormir, mais pour mieux se rencontrer. Dans cet état de conscience modifié, il entre dans un espace intérieur où le temps s’étire, où les repères changent, où la perception se réorganise.
L’hypnothérapeute n’impose rien : il accompagne le mouvement, comme on soutient une danse déjà commencée.
Là où la médecine agit sur le corps, l’hypnose agit avec lui.

Ce lien invisible, c’est celui du tissu psychique : un espace où le verbe, le souffle et l’attention tissent ensemble une trame de réparation.
Le phénomène hypnotique devient alors un acte de rencontre, une manière d’être au monde, d’ouvrir une brèche dans le mental pour laisser passer la vie.

Et si la fascination scientifique perdure, c’est parce que l’hypnose rappelle une vérité oubliée :
ce qui soigne n’est pas toujours visible.
Ce qui agit ne se mesure pas toujours.
Ce qui change un être se passe souvent dans cet interstice fragile entre le mot et le silence, entre la suggestion et la confiance, entre le thérapeutique et le profondément humain.

L’hypnose n’est pas seulement une discipline :
c’est une poétique du soin. Un art de redonner forme à la conscience, d’aider l’esprit à se rebrancher sur le corps, d’écouter autrement ce que l’inconscient murmure depuis toujours :

« Je sais comment guérir. Aide-moi simplement à me souvenir. »

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Conclusion — Quand la science se penche, l’humain se relève

On dit parfois que l’hypnose intrigue parce qu’elle flirte avec le mystère. Ce n’est pas tout à fait vrai.
Elle fascine parce que, face à elle, la science se rend à l’évidence : l’humain ne se réduit pas à des impulsions électriques et des courbes statistiques.

Il y a, dans l’espace hypnotique, un éclat de vérité ancienne : celle d’un esprit capable de se réparer, d’un corps capable d’écouter,
d’un inconscient capable d’apporter ses propres remèdes lorsqu’on lui en laisse la place.

Les laboratoires le mesurent en IRM. Les cliniciens le voient dans les larmes qui libèrent, dans les épaules qui tombent, dans le souffle qui revient enfin.
Deux mondes qui observent le même phénomène sous des angles différents — et qui, pour une fois, ne s’opposent pas : ils se complètent. Car au fond, ce que l’hypnose révèle — loin des clichés de montre à gousset ou de pouvoir occulte —, c’est la prodigieuse capacité du vivant à s’autoréparer.
Non pas par magie. Mais par présence, par suggestion juste, par relation contenante, par intention claire.

Ce n’est pas le thérapeute qui guérit.
Ce n’est pas la technique qui sauve.
C’est ce moment si particulier où le patient découvre, comme par surprise : Je peux participer à ma propre guérison.

Alors peut-être que la vraie question n’est pas : Pourquoi l’hypnose fascine-t-elle autant les scientifiques ?

Mais plutôt, Comment avons-nous pu oublier aussi longtemps que le psychisme possède ses propres chemins, ses propres forces, sa propre lumière intérieure ?

Ce n’est pas du mystère, c’est du vivant. Et le vivant, quand on lui parle avec respect, répond toujours.

FAQ – Hypnose & fascination scientifique

Est-ce que l'hypnose modifie la communication entre les régions du cerveau ?

Oui. Les neurosciences montrent désormais que l’état d’hypnose modifie les échanges entre différentes zones cérébrales.

Concrètement, les connexions entre les régions liées à l’attention, à la douleur et aux émotions se réorganisent. Ce n’est pas une simple “détente psychologique”, mais un véritable reparamétrage fonctionnel temporaire. Certaines zones dialoguent davantage, d’autres se mettent au repos, comme si le cerveau adoptait une logique plus fine, plus sélective. Ce changement de dynamique interne ouvre un espace où les réactions automatiques s’assouplissent, où l’imaginaire devient opérant, et où l’individu peut accéder à une forme d’autonomie intérieure.

C’est ce terrain de liberté intérieure qui permet ensuite un travail thérapeutique profond.

L’hypnose agit-elle sur la mémoire ?

L’hypnose ne “fabrique” pas de souvenirs — elle ne manipule pas le réel — mais elle influence la manière dont nous accédons aux souvenirs et dont nous les ressentons.

Les chercheurs parlent de reconsolidation mnésique : lorsqu’on revisite une expérience dans un contexte sécurisé, le cerveau peut en modifier la charge émotionnelle. Ce mécanisme explique pourquoi certaines scènes du passé deviennent soudain moins lourdes, moins envahissantes. L’hypnose permet alors de revisiter des traces internes sans les revivre dans la souffrance, en ouvrant un passage vers d’autres ressources, d'autres interprétations possibles. Plus qu’un voyage dans la mémoire, c’est un changement de posture intérieure face à ce qui nous a façonnés.

Les personnes très rationnelles ou “dans le contrôle” sont-elles moins hypnotisables ?

Contrairement à une idée répandue, les profils très logiques ou analytiques répondent souvent très bien à l’hypnose.

Ils peuvent entrer en état de transe d’une manière différente : plus mentale, plus imaginale, parfois avec une forme de dialogue intérieur actif. Ils ne “perdent pas le contrôle” — et ce n’est pas nécessaire.

L’hypnose n’est pas une soumission à une volonté extérieure, mais une coopération subtile entre attention, imagination et ressenti.

Les personnalités rationnelles apprécient justement ce processus structuré, non intrusif, respectueux du moi. Ce qui compte n’est pas de “lâcher prise complètement”, mais de laisser juste assez d’espace pour que l’esprit puisse fonctionner autrement. L’intelligence, loin d’être un obstacle, devient parfois un moteur puissant de transformation intérieure.

Que se passe-t-il au niveau de la perception sensorielle sous hypnose ?

Sous hypnose, la perception ne disparaît pas : elle se réoriente.

Le cerveau choisit ce qu’il amplifie et ce qu’il atténue. C’est un phénomène que les neurosciences appellent la modulation attentionnelle. Par exemple, une sensation corporelle peut devenir lointaine, tandis qu’un souvenir visuel se fait incroyablement précis. Ce n’est pas une hallucination, mais un rééquilibrage du système perceptif. Cela explique pourquoi l’hypnose peut aider à mieux habiter son corps, ou au contraire à prendre de la distance avec certaines sensations. Dans cet état, l’esprit devient plus créatif, plus libre de recomposer son monde sensible. Comme si la perception cessait d’être une fatalité pour devenir un paysage intérieur malléable.

Est-ce que l’hypnose peut influencer le système nerveux autonome ?

Oui, et c’est l’un des champs les plus passionnants pour les neurosciences contemporaines.

L’état d’hypnose stimule le système parasympathique, responsable du repos, de la récupération, de l’équilibre intérieur. On observe alors une respiration plus ample, une diminution du tonus musculaire, parfois même une baisse de la pression artérielle et du rythme cardiaque. Ce n’est pas seulement “être détendu” : c’est un réglage interne profond vers la sécurité physiologique.

Dans cet état, le corps cesse de se défendre, il se réorganise, il se répare. Ce mécanisme explique en partie pourquoi l’hypnose favorise la récupération physique, l’apaisement émotionnel et une meilleure présence à soi. Quand le système nerveux n’est plus en alerte, la vie psychique respire à nouveau.

L’hypnose permet-elle d’observer l’inconscient d’un point de vue scientifique ?

L’inconscient ne se montre pas directement, mais les neurosciences commencent à observer ses traces.

Sous hypnose, certaines zones cérébrales liées à l’auto-contrôle ralentissent, laissant émerger des associations, des images, des symboles. On ne force rien, on accompagne l’ouverture.

On ne “voit” pas l’inconscient comme on verrait un organe sur un scanner, mais on observe comment il s’exprime : par des métaphores, des mouvements internes, des émotions qui se défont, des insights soudains.

L’hypnose devient alors un pont délicat entre science et vécu subjectif. L’inconscient n’est pas disséqué — il est écouté. Et c’est peut-être là que se trouve la frontière la plus féconde entre psychanalyse, psychologie cognitive et neurosciences : un espace où l’humain se pense autant qu’il se ressent.

Le cerveau en hypnose ressemble-t-il à celui en méditation ?

Il existe des points communs — notamment la baisse du réseau du mode par défaut, lié aux pensées automatiques — mais les objectifs diffèrent.

La méditation ouvre l’attention à ce qui est, dans une forme d’accueil neutre. L’hypnose, elle, oriente l’attention vers un mouvement intérieur particulier : une exploration dirigée. Là où la méditation propose de se fondre dans l’expérience, l’hypnose propose parfois de la transformer. Les deux pratiques nourrissent la conscience, mais sur des chemins voisins : l’une calme le mental, l’autre dialogue avec l’imaginaire pour permettre un changement. On pourrait dire que la méditation apprend à habiter l’esprit, tandis que l’hypnose apprend à l’aménager.

L’hypnose ressemble-t-elle simplement à une relaxation profonde ?

Non, même si la relaxation peut accompagner certaines inductions hypnotiques, l’état hypnotique va bien au-delà du calme physique.

L’hypnose n’est pas un apaisement passif, mais un processus actif où l’attention se réorganise et où des zones neuro-cognitives spécifiques s’engagent. On peut être très détendu, mais aussi très concentré, avec un sentiment d’éveil intérieurement conscient. Là où la relaxation vise la détente, l’hypnose crée un espace pour l’exploration, les changements internes, la reconfiguration des perceptions et le mieux-être durable.
C’est comme si le corps reposait et que l’esprit se mettait en mouvement.

Est-ce que l’hypnose reproduit l’état de rêve ?

Pas tout à fait.

Le rêve emporte, l’hypnose guide. Dans le rêve, on est passager ; sous hypnose, on est à la fois observateur et acteur. L’état modifié de conscience hypnotique partage certains mécanismes avec le rêve, notamment l’accès aux images mentales et aux émotions profondes, mais il conserve une forme de lucidité. C’est ce qui en fait un espace thérapeutique unique : on peut rencontrer des images, revisiter des scènes, explorer des perceptions, mais en gardant un pied dans le réel.

L’hypnose ne cherche pas à fuir le monde — elle aide à le réintégrer autrement, avec plus d’amplitude et de douceur intérieure.

L’hypnose est-elle vraiment scientifique ?

Oui. Aujourd’hui, l’hypnose thérapeutique est étudiée avec les outils les plus avancés des neurosciences : IRM fonctionnelle, EEG haute résolution, analyses connectomiques.

On observe clairement que l’état de conscience hypnotique modifie l’activité cérébrale liée à la douleur, au contrôle attentionnel, à la perception, et au traitement émotionnel. Ce n’est pas une croyance : c’est un champ de recherche dynamique.

Ce qui intrigue les scientifiques, c’est la façon dont l’inconscient réagit aux mots comme à un signal physiologique, presque comme si le langage devenait une molécule. La suggestion hypnotique agit alors comme un vecteur de changement, montrant que le cerveau peut se réorganiser sous l’effet de l’imaginaire — une révolution pour la compréhension du soin psychique.

L’hypnose ericksonienne a-t-elle une base scientifique solide ?

Oui.

Inspirée par Milton Erickson, l’hypnose ericksonienne a été étudiée dans de nombreux contextes médicaux et psychologiques. Elle repose sur des inductions indirectes, des métaphores, et un profond respect du rythme interne. Ce n’est pas un hypnotisme autoritaire, mais une approche humaniste et subtile où les inconscients trouvent leur chemin.

Des thérapeutes, des médecins et même des psychiatres l’utilisent pour ses effets thérapeutiques validés, notamment dans la gestion de la douleur, certaines formes d’anesthésie, l’anxiété et la rééducation émotionnelle. Elle ouvre un espace conscient et souple, propice à la transformation.

Un hypnothérapeute peut-il contrôler l’esprit ?

Non.

L’idée d’un hypnotiseur tout-puissant appartient aux spectacles et aux scénarios hollywoodiens. En hypnose thérapeutique, le praticien ne prend pas le contrôle : il crée un espace où la personne peut reprendre le sien.

La suggestion ne fonctionne que si elle est acceptée, intégrée, ressentie comme juste. L’inconscient reste protecteur : il refuse ce qui est contraire à l’éthique de la personne. L’hypnose ne manipule pas, elle accompagne. Elle respecte le rythme, les résistances et l’histoire intérieure. Le rôle du thérapeute est de guider, d’ouvrir des portes — pas de les forcer. Ce processus est coopératif, profondément humain, et fondé sur la confiance, la lucidité et l’autonomie retrouvée.

L’hypnose agit-elle sur l’inconscient ?

Oui — et c’est là toute sa singularité.

L’hypnose n’impose rien à l’inconscient : elle lui parle dans sa langue — celle des images, des symboles, des sensations. En séance, l’accès aux processus internes se fluidifie : on ne “pousse” pas l’esprit, on l’invite à se déployer. Cela active des mécanismes d’autorégulation, de mémoire émotionnelle, parfois de réparation profonde.

Ce n’est pas magique : c’est un processus neuropsychique, soutenu par la relation thérapeutique. L’hypnose offre un espace où le mental volontaire se repose un peu, laissant émerger ce qui sait déjà guérir. On pourrait dire que l’hypnose ne manipule pas le psychisme — elle lui rend sa capacité à choisir d’autres chemins.

Pourquoi la transe attire-t-elle autant la science ?

Parce qu’elle bouscule nos modèles classiques de la conscience.

La transe hypnotique est un terrain d’étude rare : une expérience où vigilance et relâchement cohabitent, où l’attention se fait fine, dirigée, et où l’inconscient devient accessible sans perte de lucidité. Comment quelques suggestions peuvent-elles modifier la douleur, l’émotion, ou la perception ? Comment le cerveau, si “rationnel” d’apparence, peut-il se transformer via l’imaginaire ? C’est un laboratoire vivant de plasticité cérébrale, d’intelligence émotionnelle et de cognition incarnée. L’hypnose fascine parce qu’elle remet en jeu les frontières entre biologie, subjectivité, et capacité humaine à se reconfigurer. Elle ouvre un monde où la parole devient acte neurologique — et cela, pour la science, est vertigineux.

Comment le cerveau réagit-il à une induction hypnotique ?

L’induction n’endort pas l’esprit — elle induit un état où certaines fonctions s’apaisent tandis que d’autres se renforcent.

Les recherches neuro-cognitives montrent une baisse du bavardage mental (réseau par défaut) et une stimulation des circuits de l’imagination, du ressenti, de la mémoire émotionnelle. Cela crée un état de conscience modifiée où l’on peut entrer en transe tout en restant lucide. C’est un basculement subtil : moins de contrôle volontaire, plus d’accès au spontané. Le cerveau devient plus créatif, plus modulable.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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