Comment devient-on bipolaire ?
2/11/2024

Comment devient-on bipolaire ?

Avec ses fluctuations d’humeur intenses et imprévisibles, le trouble bipolaire soulève de nombreuses questions. Comment comprendre cette alternance entre exaltation et tristesse profonde ? Découvrez les mystères et réalités de cette condition complexe qui bouleverse la vie.

Table des matières

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Le trouble bipolaire, anciennement appelé psychose maniaco-dépressive, est bien plus qu’une simple variation d’humeur.

C’est un mouvement, une danse intérieure entre deux états extrêmes qui semblent irréconciliables. Il se manifeste par des épisodes de manie — moments où l’individu ressent une énergie inépuisable, parfois au bord du sublime — et des périodes de dépression profonde, où chaque geste peut sembler impossible.

« La bipolarité, c’est la cohabitation de l’ombre et de la lumière dans un même esprit », pourrait-on dire.

Au-delà des définitions techniques, ce trouble révèle une fragilité extrême qui déstabilise, mais qui peut aussi fasciner par la richesse émotionnelle de ceux qui en sont porteurs (American Psychiatric Association, 2013).

Quels sont les différents types de trouble bipolaire ?

Il existe plusieurs types de troubles bipolaires, chacun portant en lui ses propres nuances et douleurs :

  1. Trouble bipolaire de type I : marqué par au moins un épisode maniaque pouvant nécessiter une hospitalisation. Cet état extrême peut se présenter comme un élan vital irrésistible, mais aussi terriblement destructeur.
  2. Trouble bipolaire de type II : ici, l’intensité est plus modérée (hypomanie), bien que les phases de dépression majeure plongent souvent la personne dans des états de désespoir. C’est un équilibre précaire où la joie devient suspecte, car elle semble annoncer la prochaine descente.
  3. Cyclothymie : oscillation plus douce mais durable, une sorte de vague d’humeurs qui s’étend sur plusieurs années, sans atteindre les extrêmes. Pour ceux qui vivent cet état, c’est comme si la tempête gronde en arrière-plan, sans éclater.

Ces distinctions cliniques, si utiles pour les soignants, peinent parfois à exprimer l’intensité humaine qui habite ces personnes dont la vie est marquée par des hauts et des bas vertigineux.

Que ressent-on durant un épisode maniaque ?

Imaginez une lumière éclatante, une énergie débordante qui pousse à accomplir l’impossible.

Durant un épisode maniaque, la personne bipolaire se sent invincible, portée par une force intérieure qui défie les limites. Mais cette lumière vive peut rapidement brûler ; elle entraîne avec elle des comportements impulsifs, des dépenses folles, des décisions prises sans recul. « La manie est à la fois euphorie et danger, un état où l’individu ne voit plus les frontières entre l’imaginaire et le possible » (Goodwin & Jamison, 2007).

Pour ceux qui en sont témoins, ces épisodes sont souvent déconcertants, car l’individu semble transformé, parfois jusqu’à devenir méconnaissable. Ce moment intense peut être perçu comme un miracle par la personne elle-même, mais laisse souvent des séquelles une fois l’épisode terminé.

Comment se manifestent les épisodes dépressifs ?

Là où la manie est excès, la dépression est absence.

C’est un fléchissement brutal, un silence intérieur qui s’installe après le bruit et la lumière de la manie. Les personnes en phase dépressive se retrouvent plongées dans une douleur muette, un sentiment de vide et de dévalorisation qui les éloigne des autres et d’elles-mêmes. Rien n’a de saveur, tout paraît futile. Dans le trouble bipolaire, les épisodes dépressifs sont souvent profonds et durables, comme un long hiver qui étouffe toute chaleur.

Ces phases dépressives, plus fréquentes que les phases maniaques, constituent souvent l’aspect le plus douloureux et le plus handicapant du trouble bipolaire. Elles plongent l’individu dans une solitude intense, où l’espoir lui-même semble s’effacer, les éloignant de ceux qu’ils aiment.

Comment le diagnostic du trouble bipolaire est-il posé ?

Le diagnostic du trouble bipolaire est un processus délicat et complexe.

Parfois, il faut des années pour poser un nom sur cette oscillation émotionnelle, car les premiers signes peuvent ressembler à une dépression unipolaire. Les épisodes maniaques sont souvent éphémères, ou interprétés comme des phases d’hyperactivité ou d’exubérance passagère. Il faut donc un regard averti et une connaissance approfondie des symptômes pour distinguer le trouble bipolaire des autres affections de l’humeur (American Psychiatric Association, 2013).

Les proches jouent ici un rôle crucial.

Ce sont eux qui observent les changements de comportement, qui constatent les cycles répétitifs, parfois destructeurs. Il faut souvent leur écoute et leur soutien pour aider la personne à cheminer vers un diagnostic, ouvrant la voie à un accompagnement adapté.

Quels sont les facteurs de risque et les causes du trouble bipolaire ?

Les causes du trouble bipolaire sont encore en partie mystérieuses, bien que la science ait mis en lumière des éléments génétiques et neurobiologiques.

Les études montrent que le trouble bipolaire se manifeste souvent au sein des familles, suggérant une transmission héréditaire.

Mais l’héritage génétique n’explique pas tout : des événements de vie marquants, des traumatismes ou des situations de stress intense peuvent aussi déclencher la maladie, comme si ces épisodes agissaient en tant que détonateurs d’une souffrance latente (Gagné & Renaud, 2016).

Au cœur de cette affection, il y a une vulnérabilité cérébrale, un déséquilibre des neurotransmetteurs qui agit sur les émotions. Ces fluctuations chimiques dans le cerveau contribuent à ces alternances si puissantes et déstabilisantes entre les extrêmes de la joie et du désespoir.

Le trouble bipolaire touche-t-il les adolescents ?

Le trouble bipolaire peut effectivement débuter dès l’adolescence, un moment où l’âme est déjà en pleine turbulence.

Les symptômes sont alors souvent amplifiés par les changements hormonaux et les défis émotionnels de cette période charnière. Chez les jeunes, les phases maniaques peuvent se manifester par de l’agressivité ou de l’irritabilité, rendant parfois le diagnostic encore plus complexe.

Pour les familles, voir leur enfant plongé dans ces vagues émotionnelles est une épreuve douloureuse, car les parents se sentent souvent impuissants face aux tourments de leurs adolescents. Ce début précoce souligne l'importance d'un accompagnement adapté, permettant au jeune de trouver des repères et des ressources face à ce trouble.

Quelle est l’influence du trouble bipolaire sur la vie quotidienne ?

La bipolarité est une tempête intérieure qui affecte chaque aspect de la vie.

Les relations amoureuses, l’amitié, la carrière : tout devient fragile face aux oscillations de l’humeur.

Les phases de manie peuvent entraîner des comportements impulsifs qui mettent en péril les liens affectifs et le travail, tandis que les périodes de dépression conduisent à un isolement profond et à un désintérêt pour la vie.

Pour les personnes atteintes, le trouble bipolaire est souvent vécu comme une lutte intérieure, un effort constant pour conserver une stabilité précaire. Les proches, quant à eux, ressentent l'incompréhension, parfois même l’épuisement, face à des comportements imprévisibles et répétitifs. Les soutiens familiaux et amicaux sont alors essentiels pour que la personne bipolaire puisse trouver des points d’ancrage dans cette oscillation perpétuelle.

Existe-t-il un rythme saisonnier dans les épisodes bipolaires ?

Pour certains individus, le trouble bipolaire semble suivre le rythme des saisons : les épisodes maniaques apparaissent souvent en été, lorsque la lumière est plus intense, tandis que les phases dépressives coïncident avec l’hiver, période de repli et d’obscurité. Cette cyclicité souligne combien le trouble bipolaire est influencé par l’environnement et les changements externes, comme une mer intérieure qui suit les marées du monde extérieur (American Psychiatric Association, 2013).

Quels sont les risques de suicide associés au trouble bipolaire ?

Le trouble bipolaire est porteur d’un risque suicidaire élevé, surtout durant les épisodes dépressifs intenses.

Lorsque l’individu se sent prisonnier de cycles infinis, sans espoir de répit, l’idée de mettre fin à la souffrance peut se profiler comme une échappatoire. Près de 10 % des personnes bipolaires pourraient être confrontées au désir de mettre fin à leurs jours (Goodwin & Jamison, 2007).

Face à cette réalité, le soutien des proches, l’écoute des professionnels, et des ressources comme les numéros de prévention du suicide sont des remparts indispensables. Il est vital de se rappeler que, même dans les moments les plus sombres, une main tendue peut faire toute la différence.

Le trouble bipolaire est-il une maladie incurable ?

La bipolarité est une maladie chronique, mais elle n'est pas une condamnation.

Bien que les rechutes soient fréquentes, il est possible, avec un accompagnement adapté, de trouver une forme de stabilité. Certains trouvent dans les traitements et la thérapie des moyens de maintenir un équilibre, tandis que d’autres parviennent à vivre de longues périodes de rémission.

En conclusion, le trouble bipolaire est une maladie complexe, un chemin semé d’embûches et de défis.

Mais pour ceux qui en sont atteints et leurs proches, la compréhension et l’empathie offrent un espace de résilience et de paix dans cette oscillation de l’âme. Face à la souffrance, il y a toujours l’espoir d’un apaisement, d’un équilibre fragile mais précieux.

FAQ – Comprendre et vivre avec le trouble bipolaire

Comment savoir si je souffre d’un trouble bipolaire ou d’une simple dépression ?

Le trouble bipolaire se distingue des troubles dépressifs par la survenue de phases maniaques ou hypomaniaques alternant avec des épisodes dépressifs sévères.

On observe souvent une excitation excessive, une agitation, ou encore des insomnies marquées. Le psychiatre est le plus à même de diagnostiquer cette maladie mentale complexe. Certaines personnes souffrant de bipolarité sont d’abord traitées par antidépresseurs, avant qu’un traitement médicamenteux adapté soit mis en place pour éviter la rechute.

Quels sont les premiers signes d’un épisode maniaque ou hypomaniaque ?

Une phase maniaque peut débuter par une énergie débordante, une irritabilité excessive, un appétit de vie intense et un besoin de sommeil réduit.

Peu à peu, s’installent des pensées rapides, parfois des hallucinations ou une excitation affective difficile à contenir. Les proches remarquent souvent cette agitation inhabituelle. Si ces symptômes persistent, il est essentiel de consulter un psychiatre pour prévenir la rechute et éviter les conduites à risque. Le Lithium reste un traitement de référence.

Les antidépresseurs aggravent-ils le trouble bipolaire ?

Les antidépresseurs peuvent, chez certaines personnes souffrant de troubles de l’humeur, déclencher une phase maniaque ou hypomaniaque, surtout sans stabilisateur de l’humeur.

C’est pourquoi un traitement médicamenteux doit toujours être suivi sous la supervision d’un psychiatre. L’association avec le Lithium ou d’autres régulateurs aide à limiter ces effets secondaires. Une approche prudente, alliant suivi psychiatrique et accompagnement psychothérapeutique, permet d’ajuster la prise en charge selon la sévérité du trouble.

Le trouble bipolaire peut-il être confondu avec la schizophrénie ?

Oui, parfois.

Certains états maniaques sévères peuvent s’accompagner de hallucinations ou de délires, ce qui rend le diagnostic psychiatrique délicat. Toutefois, la schizophrénie implique une altération durable du contact avec la réalité, tandis que la maladie bipolaire se caractérise par des troubles de l’humeur alternant entre épisodes dépressifs et phases maniaques. Le psychiatre s’appuie sur les antécédents du patient, la sévérité des symptômes et la survenue cyclique des épisodes pour poser un diagnostic précis.

Le traitement au lithium est-il obligatoire dans la maladie bipolaire ?

Le Lithium reste l’un des stabilisateurs de l’humeur les plus efficaces, mais il n’est pas systématique.

Certaines personnes souffrant de bipolarité réagissent mieux à d’autres traitements médicamenteux, selon leurs antécédents ou la sévérité du trouble. Un psychiatre ajuste toujours la prescription selon les effets, les prises de sang régulières, et la tolérance du patient. En parallèle, une psychothérapie aide à prévenir la rechute et à apaiser les culpabilités liées à la maladie affective.

La bipolarité peut-elle entraîner des troubles du sommeil et de l’appétit ?

Oui, les troubles de l’humeur s’accompagnent souvent d’insomnie ou, au contraire, d’un sommeil excessif. Pendant la phase dépressive, la culpabilité et la fatigue dominent, alors qu’en phase maniaque, l’excitation empêche le repos.

L’appétit fluctue également : perte totale ou fringales incontrôlées. Ces variations sont des signes précieux pour ajuster le traitement médicamenteux. Parler de ces symptômes avec un psychiatre permet d’adapter la prise en charge et d’éviter une rechute.

Le trouble bipolaire peut-il mener à une tentative de suicide ?

Malheureusement oui. Dans la population générale, les personnes souffrant de maladie bipolaire présentent un risque suicidaire élevé, particulièrement lors des états dépressifs sévères ou après une phase maniaque.

Le sentiment de culpabilité, la perte d’énergie et l’absence d’espoir peuvent mener à des idées suicidaires. Il est crucial de consulter rapidement un psychiatre ou d’appeler les numéros d’urgence si ces pensées surviennent. Avec un suivi psychiatrique, un traitement médicamenteux adapté et du soutien, la guérison affective est possible.

Peut-on être bipolaire et anxieux à la fois ?

Oui, c’est très fréquent.

De nombreux patients bipolaires présentent aussi des troubles anxieux, qui peuvent accentuer la gravité du trouble. L’état anxieux précède parfois un épisode dépressif ou mixte, où s’entremêlent agitation et ralentissement. Ces cooccurrences exigent une prise en charge psychiatrique rigoureuse. La médication adaptée, parfois associée à des antipsychotiques ou neuroleptiques, aide à réguler la sérotonine et à stabiliser l’humeur affective. L’objectif est de prévenir les rechutes et d’apaiser l’angoisse sous-jacente.

Les troubles bipolaires peuvent-ils s’aggraver avec les drogues ou l’alcool ?

Oui, les drogues et l’alcool perturbent profondément la chimie cérébrale et favorisent les accès maniaques ou épisodes dépressifs sévères.

Ils interfèrent avec les médications psychiatriques et augmentent les risques de délires ou d’épisodes psychotiques. Chez une personne atteinte de trouble de l’humeur, ces substances peuvent déclencher plusieurs épisodes rapprochés et altérer le jugement. Le psychiatre conseille toujours d’éviter toute consommation pour protéger la stabilité émotionnelle et éviter la progression de la pathologie bipolaire.

Existe-t-il des formes plus légères de bipolarité comme la cyclothymie ou la dysthymie ?

Oui.

Certaines formes de trouble de l’humeur sont moins sévères mais tout aussi éprouvantes. Le profil cyclothymique se caractérise par des alternances rapides entre déprime et euphorie légère, sans accès maniaque majeur. La dysthymie, quant à elle, se manifeste par un état dépressif chronique d’intensité modérée, souvent confondu avec une simple fatigue psychologique. Ces formes nécessitent une surveillance psychiatrique et parfois une médication douce, car elles peuvent évoluer vers une maladie bipolaire plus marquée à l’âge adulte.

Comment distinguer un épisode dépressif classique d’un trouble bipolaire ?

Un épisode dépressif isolé s’inscrit dans la dépression unipolaire, tandis qu’une maladie bipolaire alterne entre phases dépressives et maniaques ou mixtes.

Chez les patients bipolaires, on observe souvent des signes d’un trouble affectif plus instable : périodes de culpabilité, irritabilité, idées délirantes parfois, et ralentissement psychique. Les antécédents familiaux, la prévalence d’épisodes, et la réaction aux antidépresseurs aident le psychiatre à poser un diagnostic précis. Un traitement combinant psychothérapie et médication favorise la stabilisation durable.

Références

American Psychiatric Association. (2013). DSM-5: Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (5e éd.). Éditions Elsevier Masson.

Goodwin, F. K., & Jamison, K. R. (2007). Trouble bipolaire : Psychopathologie et traitement (2e éd.). Odile Jacob.

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Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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