« Tuer le père » : comprendre la séparation symbolique en psychanalyse
2/11/2025

« Tuer le père » : comprendre la séparation symbolique en psychanalyse

En psychanalyse, « tuer le père » ne parle pas de violence mais d’émancipation intérieure. C’est le moment où l’on cesse de vivre sous le regard du père — réel ou imaginaire — pour devenir sujet de son désir. Ce passage n’exige ni rupture familiale ni colère : il demande la capacité de penser par soi-même, d’assumer ses choix et de ne plus chercher la validation symbolique. À Versailles comme ailleurs, cette transformation se fait souvent en douceur, au fil d’un travail analytique qui permet de sortir du rôle d’enfant “prometteur” pour devenir adulte singulier.

Table des matières

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Lorsque j'ai reçu A., je n’ai pas vu entrer un homme écrasé par une figure tyrannique ou blessé par une autorité paternelle tonitruante ; j’ai vu quelqu’un de parfaitement inséré dans le monde, poli, compétent, respecté, presque exemplaire, mais dont quelque chose, dans le regard et dans le souffle, trahissait une fidélité silencieuse, une dette muette, un fil intérieur encore tendu vers un lieu d’origine. Il n'était pas malheureux, pas révolté, pas en conflit ouvert, simplement habité par une forme d'obligation douce, presque imperceptible, celle qu’on ressent lorsque l’on vit sa vie avec application plutôt qu’avec appropriation.

Au fil des séances, il devint clair qu’il n’y avait là ni haine du père ni idéalisation béate, mais une question beaucoup plus subtile : comment être soi sans trahir ce qui nous a fait naître, et comment se détacher sans se justifier ?

Ce n'était pas le drame classique du “je refuse l’autorité”, ni la version contemporaine du “je me libère de mon passé toxique” ; c’était cet entre-deux délicat dans lequel tant de sujets se trouvent un jour, suspendus entre reconnaissance et nécessité de s’écarter, entre gratitude et respiration.

Car il existe un moment, discret, souvent sans témoin, où l’on cesse de demander, consciemment ou non, la permission imaginaire de vivre ; où l’on découvre que la liberté ne s’obtient pas en défiant l’Autre, mais en cessant d’indexer sa parole sur lui. Ce geste-là, qui n’a rien de spectaculaire, constitue pourtant un acte fondamental de subjectivation : il est la séparation qui ne fait pas de bruit, la révolte qui ne crie pas, le passage de l’enfant regardé à l’adulte regardant.

Dans la psychanalyse, on appelle cela “tuer le père”, non pas parce qu’il s’agirait d’en finir avec un homme, mais parce qu’il faut, à un moment, déplacer le lieu d’où vient l’autorité, accepter que la Loi ne soit plus incarnée, que le sens ne soit plus garanti par une figure, que l’on puisse être, enfin, sans référence obligatoire.

Et, comme souvent, cette transformation n’arrive pas avec un cri, mais avec un soupir ; pas avec une proclamation, mais avec une évidence qui se dépose. C’est précisément dans cette modestie apparente que réside sa force.

Le père selon Lacan

Contrairement à ce que la culture populaire laisse entendre, lorsque Lacan parle du “père”, il ne s’agit pas du personnage historique, affectif, ni même éducatif.

Il ne décrit pas l’homme en chair et en mots, celui qui fait des blagues discutables ou oublie les anniversaires, celui qui inspire ou irrite, mais plutôt une fonction symbolique qui, dans la structuration du psychisme, introduit la Loi, la limite et la possibilité même du désir. Ce père-là n’est pas une personne, mais un opérateur psychique, un signifiant, un “Nom-du-Père” qui dit, d’une certaine manière, que le monde ne tourne pas autour de nous, et qu’il va falloir composer avec le manque, l’altérité et la réalité.

Cette fonction paternelle, pour Lacan, n’a pas besoin d’être parfaite, présente, aimante ou brillante ; elle n’a même pas besoin d’être incarnée dans un père réel physiquement là. Il suffit qu’elle soit symboliquement transmise, c’est-à-dire qu’à un moment donné quelque chose, un mot, un geste, une place accordée ou refusée, vienne inscrire que l’enfant n’est pas l’objet total du désir maternel, que quelque chose de l’Autre échappe, que la jouissance n’est pas infinie.

Sans cette inscription, le sujet reste collé à l'idée d’une complétude imaginaire, prisonnier d’une fusion ou d’un idéal impossible ; avec elle, il peut commencer à parler, à désirer, à se séparer, à s’inventer.

Il ne s’agit donc pas d’aimer ou de détester son père réel, ni de lui en vouloir ou de l’aduler, mais de se déprendre progressivement de ce qu’il représente comme instance de garantie. De cette position intérieure où le père, réel, fantasmé, idéalisé ou même absent, continue de fixer ce qui est valable, pensable, autorisé.

Ce qui compte, ce n’est pas le père biographique, mais la question : “Ai-je encore besoin de son regard, même imaginaire, pour exister ?”

Lorsque Lacan affirme que “l'analyste ne s’autorise que de lui-même… et de quelques autres”, il nous rappelle que la véritable émancipation ne consiste pas à renverser la Loi, ni à se poser en héros contre l’autorité, mais à ce que la Loi cesse simplement d'être l’instance ultime de mesure. Autrement dit, tuer le père, dans sa dimension lacanienne, revient à déplacer ce signifiant de sa place souveraine, de sorte que la parole du sujet n’ait plus à passer par ce filtre pour se légitimer.

On ne détrône pas le père en l’abattant, on le détrône en cessant de lui demander un royaume.

Ainsi, ce n’est pas un assassinat symbolique dans le vacarme, mais une mise à distance dans le calme : le père cesse d’être Grand Autre et devient simple humain ; sa voix intérieure n’est plus un décret, mais un souvenir ; et l’on découvre, presque timidement parfois, que son regard, réel ou supposé, ne constitue plus la lumière devant laquelle se tenir pour devenir quelqu’un. À ce moment-là, le sujet peut enfin se tenir devant lui, à côté de lui, ou loin de lui, mais surtout, hors de lui.

Mais alors, que se passe-t-il ?

Curieusement, lorsqu’une séparation symbolique s’opère, il ne se passe rien de spectaculaire : pas de rupture théâtrale, pas de grande scène de vérité, pas de jet dramatique d’alliances familiales sur la table du salon. Rien de ce que le cinéma nous a promis. Au lieu du tonnerre attendu, il y a souvent une forme de calme, presque déroutant, comme si quelque chose se déplaçait silencieusement dans la trame intérieure du sujet, sans tambour ni applaudissements. Dans la réalité clinique, ce “meurtre symbolique” ne ressemble ni à un affrontement héroïque, ni à une affirmation grandiloquente de soi ; il ressemble plutôt à un geste minuscule, un choix fait sans consultation invisible, un mouvement intérieur où l’on se surprend à répondre non pas en fonction de ce que l’on imagine que le père, réel ou fantasmé, aurait validé, mais en fonction de ce qui, tout à coup, fait sens pour soi.

C’est un moment doux, parfois imperceptible, où la question “Serait-il d’accord ?” disparaît non pas dans la rébellion, mais dans l’indifférence tranquille. Et cette indifférence-là n’est pas froideur ni ingratitude : c’est la preuve que la fonction d’arbitre intérieur a cessé de faire autorité, et que le sujet peut enfin inventer plutôt que performer la fidélité.

On découvre alors qu’il est possible de continuer à aimer, respecter ou voir le père, qu'il soit vivant ou non, tout en ne se sentant plus assigné à l’enfant best-in-class, celui qui doit mériter son appartenance au monde. On cesse de chercher son regard, on cesse de craindre sa déception, et, dans certains cas particulièrement délicats, on cesse même de vouloir lui expliquer quoi que ce soit. Le besoin de justification se dissout.

Ce qui me touche toujours à ce moment-là, c’est qu’il ne s’accompagne d’aucun triomphe ; souvent, l’analysant me dit simplement :

« J’ai décidé, et ça ne m’a rien fait qu’il ne comprenne pas. »

Pas de colère, pas de revanche. Juste la constatation d’une autonomie acquise sans bruit, presque par inadvertance.

Et paradoxalement, c’est souvent à ce moment-là, dans ce retrait de la scène intérieure, que les liens réels s’apaisent.

Il arrive même que le père, tout à fait vivant et plein de bonne volonté, remarque quelque chose sans le comprendre, et dise avec un étonnement tendre : Tu as l’air plus toi. Ce qui est, en soi, une très belle forme de bénédiction involontaire.

Alors oui, lorsque “cela se passe”, il ne se passe presque rien et pourtant tout change : la vie devient respirable, non pas parce qu’un obstacle tombe, mais parce qu’un regard intérieur se retire.

Une indépendance silencieuse, mais irréversible.

Une petite parenthèse pour ceux qui “ont déjà tué le père” (selon eux)...

Une petite parenthèse pour ceux qui “ont déjà tué le père” (selon eux)... Il y a toujours, à un moment ou à un autre, quelqu’un pour annoncer avec une assurance tranquille, parfois même avec un petit sourire de celui qui pense avoir compris avant les autres, qu’il a “déjà tué le père”.

C’est dit comme on brandirait un diplôme intérieur. Comme si l’émancipation symbolique pouvait se prouver par déclaration et s’obtenir par simple conviction. En général, ce genre d’affirmation, plutôt que de marquer l'accomplissement, signale précisément l'endroit où le travail n’a pas encore eu lieu, car lorsqu’on a réellement opéré ce déplacement, il n'est plus nécessaire de le proclamer. On vit. Et cela suffit.

Ce qui continue à parler dans ce “je l’ai tué” bravache, ce n’est pas le sujet libéré, mais la trace vivace du père intérieurement convoqué comme point de référence, qu’on s’y oppose avec force n’y change rien.

Être encore occupé à prouver que l’on n’obéit plus, c’est encore obéir ; se définir contre, c’est encore s’ordonner par rapport à.

Il y a dans la rébellion déclarée une forme de loyauté paradoxale, presque touchante, comme si le père continuait d'occuper la scène psychique, simplement grimé en adversaire plutôt qu’en modèle.

L’analyse, elle, ne cherche pas à faire renverser des statues intérieures, ni à encourager une posture anti-paternelle flamboyante. Elle accompagne plutôt le glissement subtil où la figure symbolique perd son statut de référence, non pas dans le conflit, mais dans une forme de désaffection tranquille. Le père n’est plus trône ni cible : il devient un signifiant parmi d’autres, auquel on ne se mesure plus. Et c’est précisément cette absence de bruit (absence d’emphase, absence de besoin de commenter) qui signe la séparation véritable.

C’est pourquoi, lorsqu’un analysant me dit un jour, presque sans y penser, qu’il a pris une décision et que, pour la première fois, l’opinion imaginaire du père n’a même pas effleuré son esprit, je sais que quelque chose s’est déplacé sans drame et sans victoire proclamée.

La “mort” symbolique, si l’on tient à ce terme, n’est pas un duel, mais une désinstallation : l’autorité, jadis centrale, devient irréelle, presque insignifiante. Non pas écrasée, mais rendue inutile.

Voilà ce qui me fait sourire doucement, parfois même silencieusement : le jour où l’on n’a plus besoin de dire qu’on est libre, c’est souvent celui où on l’est enfin.

Ce que cela exige ? Pas un courage héroïque, mais une rare patience d’être

Se séparer symboliquement d’une figure fondatrice n’a rien d’un geste dramatique, ni d’une proclamation solennelle du type “à partir de maintenant, je suis libre”.

Il ne s’agit ni de claquer la porte, ni de publier son indépendance intérieure en story, ni de “poser des limites” sur un fond beige lin. Cela ressemble beaucoup moins à une révolution romantique qu’à une mutation silencieuse, presque discrète, une opération chirurgicale du psychisme que personne ne voit mais que tout le corps ressent.

Ce travail exige d’abord de supporter le vide : ce moment particulier où l’on ne sait plus très bien à quoi se raccrocher, ni contre quoi se dresser, ni par quoi se définir. On quitte un appui, qu’il soit tyrannique, sécurisant ou simplement familier, avant de savoir marcher sans béquille. Le sujet se tient alors dans une zone liminaire, déstabilisé mais en devenir, exposé mais pas encore constitué ; c’est une position fragile, mais déjà un progrès immense.

Il faut aussi affronter la culpabilité, cette voix souvent héritée, pas toujours identifiable, qui murmure :

“Vraiment, tu vas t’autoriser ça ?”

Rien de tonitruant : une simple intonation intérieure, mais capable d’arrêter un désir net comme un feu rouge au milieu du désert. La séparation suppose d’apprendre à laisser cette voix parler… avant de la laisser passer.

Il faut ensuite accepter de perdre une place, celle du “bon enfant”, du garant narcissique familial, du repère rassurant. On quitte un rôle avant de savoir habiter un être. La transition est douloureuse, car la place de l’enfant, même aliénante, a ses avantages : elle donne une direction, elle promet un amour, elle rassure sur sa valeur. La perdre, c’est risquer de ne plus être défini et c’est précisément là que se joue la possibilité d’exister autrement.

Il faut enfin renoncer à l’excellence morale filiale.

Beaucoup ont été élevés dans le culte du “bien faire”, “bien être”, “ne pas blesser”, “ne pas décevoir”.

Ils découvrent que l’émancipation, paradoxalement, peut exiger d’être simplement humain, c’est-à-dire imparfait, ambivalent, traversé de limites et de désirs propres et que c’est parfois le geste le plus loyal envers soi. Et puis il y a la solitude subjective, ce moment étrange où, pour la première fois, personne dans sa tête n’applaudit, ne juge, ne commente, ne valide. C’est austère au début, presque rugueux, comme une pièce vide qu'il faut apprendre à meubler. Mais c’est aussi l’endroit où naît une parole qui ne cite plus personne.

C’est cela, au fond : non pas le passage du “Que penseront-ils ?” au triomphal “Je me moque du regard des autres”, mais celui, bien plus calme et bien plus mature, du “Que penseront-ils ?” au “Qu’est-ce que j’assume ?”.

Et c’est souvent à cet instant précis, lorsque l’analysant formule un choix sans demander d’ombre portée, presque sans y penser, que quelque chose s’ouvre. Pas un fanion planté, pas une victoire psychologique sonnée clairon en tête, mais un espace.

Un espace vivable.
Un espace respirable.
Un espace à habiter, doucement, durablement, subjectivement.

Ultrasolution  !

On voit circuler, aujourd’hui, une avalanche de maximes bienveillantes “Libère-toi de ton passé !”, “Coupe les liens toxiques !”, “Pose tes limites !” dont la promesse implicite est qu’un peu de volonté, une injonction positive et deux stories Instagram suffiraient à dénouer en trois étapes ce que l’inconscient a mis des années à tisser. Très bien. L’intention n’est pas mauvaise, l’élan n’est pas absurde, et bien sûr, il est toujours plaisant de s’imaginer pouvoir se transformer en trois conseils inspirants et un mantra pastel.

Mais il y a tout de même un petit détail que ces slogans oublient commodément : on ne devient pas sujet par un tutoriel.

On devient sujet quand on accepte que la séparation symbolique n’est pas un exploit de motivation personnelle mais un processus lent, parfois silencieux, souvent exigeant, qui implique de perdre des illusions, de renoncer à certaines identités confortables, de supporter le vide là où il y avait un idéal, et d’endurer cette forme rare de fatigue noble qu’on appelle maturation psychique.

Si les choses se résumaient à déclarer son indépendance émotionnelle dans un carrousel Instagram, les cabinets des psychanalystes et autres psychologues seraient vides, les psychothérapeutes au chômage, et le monde rempli d’adultes accomplis, merveilleusement autonomes et absolument délivrés du besoin d'être regardés ou approuvés.

Or, ce n'est pas exactement ce que montrent ni la clinique, ni la vie.

Il faut le dire avec tendresse et un léger sourire : nous sommes nombreux à devenir adultes sur le papier bien avant de le devenir dans le désir. A savoir théoriser la liberté sans encore l'habiter, à parler d’autonomie psychique alors que notre inconscient, ce petit malin, continue de demander qui nous aime, qui nous valide, qui nous regarde.

La psychanalyse, dans tout cela, ne vend pas de l“empowerment” instantané, ni du muscle symbolique prêt-à-porter.

Elle propose quelque chose de moins photogénique et infiniment plus radical : se dégager suffisamment de l’image donnée pour risquer d’exister, sans certitude, sans effet spécial, sans slogan, mais avec la chance, peu à peu, de faire advenir une parole qui soit la sienne.

Ce n’est pas glamour, ce n’est pas viral, personne n’applaudit en direct et aucun algorithme ne vous félicite. Mais pour qui en fait l’expérience, c’est diablement efficace et surtout, profondément humain.

Quelques chiffres

  • En France, 43 % des adultes enfants voient leur père ou leur mère chaque semaine.
  • Une étude sur la transition à l’âge adulte (18-24 ans) en France montre que la qualité de la relation avec les parents influence les décisions majeures (formation, emploi, quitter le domicile).
  • 41 % des enfants français estiment que leurs parents « empiètent sur leur liberté », contre 9 % en Norvège.

-> Ces chiffres peuvent illustrer : l’étendue de l’emprise familiale encore active, la fréquence des liens parent-enfant, et l’influence symbolique persistante du “père” ou de la “figure paternelle”.

De l’Autre supposé savoir au désir propre

Au terme de ce parcours, il devient clair que « tuer le père » n’est ni une scène fantasmatique de toute-puissance, ni une rupture spectaculaire avec une figure réelle ; il s’agit plutôt d’un processus interne lent, parfois imperceptible, où le sujet se déprend progressivement de la nécessité d’être adossé à une instance d’autorité, ce Sujet supposé savoir qui, pendant longtemps, garantissait la cohérence du monde et la légitimité de soi. Ce meurtre symbolique ne détruit rien : il déplace. Il ne supprime pas la Loi : il en change le lieu d’inscription.

Là où l’enfant cherchait une confirmation extérieure, qu’elle prenne la forme d’un regard, d’un idéal, d’une dette, ou d’une fidélité invisible, l’adulte en devenir découvre l’étrange expérience d’assumer le manque comme condition de la liberté. Il ne s’agit plus de lutter contre le père, ni de s’y soumettre, mais d’accéder à un ordre où le désir n’est plus demandé, confirmé, ni indexé sur un autre. Lacan dirait que c’est le moment où le sujet cesse de se ranger sous le signifiant maître pour consentir à la castration symbolique, et ainsi, paradoxalement, gagner en capacité d’inventer.

Ce passage ne s’accompagne pas de trompettes narcissiques ; il se signale plutôt par une diminution du bruit dans la tête - moins d’injonctions, moins d’auto-justifications, moins de dialogues imaginaires. Une certaine paisibilité du dedans s’installe : l’Autre ne disparaît pas, mais il cesse d’occuper la position de tribunal intime. Là où jadis un père intérieur jugeait, comblait ou validait, il ne reste plus qu’un espace vide et cet espace vide, loin d’être menaçant, devient pratiquement habitable. Il ouvre une place où une parole peut advenir, non pas écho, mais énonciation. Lorsque ce moment se produit, il ne ressemble ni à une victoire ni à une libération spectaculaire ; il ressemble davantage à la phrase chuchotée par certains analysants, avec un étonnement presque timide :

« Je crois que je peux vivre sans demander d’autorisation. »

C’est là, précisément, que quelque chose du sujet se met à exister, enfin détaché de l'Autre, et pourtant capable d’un lien qui ne soit plus servitude ni défi, mais rencontre.

À un moment, il ne s’agit plus de bien faire, ni de plaire, ni d’éviter.
Il s’agit d’exister.

Si vous sentez qu’une voix intérieure vous tient encore, qu’elle vous guide… ou vous freine, nous pouvons travailler ensemble ce passage vers vous-même.

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“Tuer le père” en psychanalyse : questions fréquentes

Que faire si l’on craint de “décevoir” ou de trahir sa famille en devenant soi ?

Cette crainte est l’une des résistances les plus fréquentes, et elle touche souvent des sujets très “bien élevés”, parfois même des profils brillants, mais tenus par un idéal hérité.

On peut craindre de blesser, de perdre sa place, voire de provoquer un symptôme chez l’autre. C’est là que l’accompagnement d’un psychanalyste ou d’un psychothérapeute formé, parfois en approche intégrative, parfois systémique, parfois dans une psychothérapie psychanalytique active, permet de distinguer loyauté affective et servitude inconsciente. On n’abandonne pas ses parents ; on cesse simplement de vivre à leur place.

“Tuer le père”, est-ce renoncer à toute autorité ?

Pas du tout. Il ne s’agit pas de devenir un être “sans maître” ou d’abolir toute référence.

On ne remplace pas une figure paternelle par un désert symbolique, sinon on tombe dans une illusion de toute-puissance ou un rapport infantile à la liberté. L’enjeu n’est pas de fuir l’autorité, mais de ne plus être soumis à une autorité unique, sacralisée. Dans une perspective psychanalytique et psychodynamique, la véritable maturité consiste à pouvoir accueillir plusieurs repères, culturels, éthiques, collectifs, sans les vivre comme des ordres ni comme des menaces. Le sujet peut alors inventer, plutôt qu’obéir ou s’opposer.

Comment distinguer séparation symbolique et conflit familial ?

Le conflit familial peut être un passage, mais il n’est jamais une preuve.

Un patient peut se disputer avec son père, rompre tout contact et, malgré cela, demeurer en névrose filiale parfaite, obéissant en silence au Surmoi hérité. Inversement, un sujet peut être en paix avec son père réel tout en s’être psychiquement différencié. La cure psychanalytique explore ce qui se joue dans l’inconscient et non dans le théâtre familial. La séparation symbolique se lit dans la capacité à penser, à désirer et à agir sans demander la bénédiction ou la guerre. Elle se constate, elle ne s’énonce pas.

Que veut dire “tuer le père” en psychanalyse ?

“Tuer le père” ne se réfère pas à une destruction réelle, mais à un processus psychanalytique où le sujet se détache de l’autorité intériorisée, ce Surmoi héritier du modèle freudien.

On cesse d’attendre une validation imaginaire pour penser ou agir. Ce n’est ni un acte comportemental ni un protocole TCC, mais un travail sur la psyché et les positions inconscientes. Dans cette approche psychodynamique, il s’agit de quitter l’enfance psychique, non la relation familiale. Ici, le “père” peut être une personne, un idéal, un mythe ou un symptôme de l’histoire intérieure.

Est-ce que “tuer le père” signifie couper les liens avec sa famille ?

Non, absolument pas. La séparation symbolique n’implique ni rupture familiale ni conflit systématique. Beaucoup de personnes continuent à voir leurs parents, à partager des moments, tout en ayant conquis une autonomie psychique. Le point crucial n’est pas la distance géographique ou relationnelle, mais le changement intérieur : on ne vit plus pour plaire, ni pour se rebeller. On vit depuis son désir, pas contre ou pour quelqu’un. Certaines personnes que j'accompagne à Versailles gardent des liens familiaux chaleureux tout en se sentant, enfin, auteurs de leur vie.

Comment savoir si je suis encore sous l’influence du père intérieur ?

Si, face à un choix, une petite voix intérieure, héritée, freudienne dans son économie, demande encore “que penserait-il ?”, si la culpabilité ou le besoin d’être irréprochable signent une loyauté invisible, alors le travail n’est pas terminé.

Le symptôme, parfois discret, peut être une vie “propre”, moralement impeccable, mais peu vivante. On peut être adulte socialement et enfant psychiquement. L’analyste aide à identifier ces inconscients déterminants et à les traverser.

Pourquoi ce concept est-il encore d’actualité aujourd’hui ?

Parce que, même en 2025, nous sommes nombreux à vivre sous des injonctions héritées : réussir, être raisonnable, ne pas décevoir, “faire honneur”.

Dans une société où l’on pense être libre (études, carrière, choix amoureux) l’empreinte familiale reste puissante. Et paradoxalement, à l’ère des réseaux sociaux, on remplace souvent le père symbolique par d’autres figures d’autorité : algorithmes, normes sociales, modèles à suivre. Le travail analytique, à Versailles comme ailleurs, aide à distinguer le désir de l’autre de son désir propre.

Comment se passe ce travail en psychanalyse ?

Ce travail ne se fait ni par confrontation directe, ni par “recettes psychologiques”.

Il se déploie dans le temps, par la parole, par des prises de conscience progressives, par le repérage de ce qui nous habite encore comme obligation intérieure. On n’apprend pas à devenir adulte par slogans, mais par un processus de subjectivation. En séance, l’analyste n’impose pas une vision ; il accompagne l’émergence d’un espace intérieur où l’on ose enfin poser : “Qu’est-ce que je veux, moi ?” Ce chemin demande patience, mais libère durablement.

Peut-on “tuer le père” si le père n’a jamais vraiment été présent ?

Oui, car il s’agit moins du père réel que de la fonction symbolique du père.

Même un père absent peut laisser une trace psychique : attente impossible, idéalisation, rancœur, besoin de prouver quelque chose. Dans ces cas-là, le travail consiste à quitter une dette imaginaire ou un “fantôme d’attente”, plutôt qu’une autorité manifeste. À Versailles, j’accompagne souvent des personnes pour qui l’absence paternelle fait encore présence psychique — et leur chemin consiste à se libérer non pas d’un homme, mais d’un manque sacralisé.

Peut-on faire ce travail seul, ou faut-il un psychanalyste ?

Certains déplacements se font seuls, mais se séparer psychiquement de l’autorité fondatrice, sans glisser dans une névrose héroïque ou une pseudo-indépendance défensive, nécessite souvent la présence d’un autre.

Pas un “coach de vie”, mais un thérapeute, praticien en psychanalyse active, psychologue, psychanalyste, ou psychothérapeutes formés à accueillir ce mouvement sans l’influencer. Ce n’est pas un protocole, c’est un espace où l’on découvre sa voix.

En quoi ce travail se distingue-t-il des thérapies comportementales ou systémiques ?

Là où une approche comportementale ou systémique explorerait interactions et stratégies, la perspective psychanalytique et psychodynamique écoute ce qui se trame dans l’inconscient, héritages, identifications, places, loyautés invisibles.

Aucun modèle ne s’oppose : certains patients profitent d’un aller-retour entre psychothérapies TCC et travail psychanalytique profond. Le but ici n’est pas de “changer de comportement”, mais de déplacer une structure intime, ce qui rend ensuite le changement comportemental naturel.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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