Qu'est-ce que le deuil périnatal et pourquoi est-il si difficile à surmonter ?

Le deuil périnatal est une expérience bouleversante que vivent les parents lorsque leur enfant décède pendant la grossesse ou peu après la naissance. Cela englobe diverses situations, telles que la fausse couche, la mort in utero, l'interruption médicale de grossesse (IMG), ou encore le décès à la naissance. La difficulté de ce deuil réside en grande partie dans la violence de la perte, la soudaineté de l'événement, et la profondeur des espoirs qui sont anéantis en un instant.

Pour beaucoup, le deuil périnatal est compliqué par le fait qu’il n’existe souvent aucun souvenir tangible de l’enfant, pas de photos, pas de moments partagés, ce qui rend le processus de deuil différent de celui qui suit la perte d’un être cher que l’on a connu. Le rêve d’une vie entière, d’un futur à construire, est brutalement interrompu, laissant un vide immense.

Pourquoi le deuil périnatal est-il souvent un sujet tabou ?

Le deuil périnatal demeure un sujet sensible, voire tabou, pour de nombreuses personnes. Pourquoi ? Parce que la mort d’un enfant avant ou peu après sa naissance peut être perçue comme une « non-existence » par ceux qui n’ont pas vécu cette épreuve. Les parents endeuillés peuvent se retrouver confrontés à des remarques maladroites du type « ce n’était qu’un fœtus » ou « tu en auras d’autres », qui minimisent leur douleur et leur perte.

Ce manque de reconnaissance sociale du deuil périnatal peut conduire à un sentiment d’isolement profond chez les parents en deuil. Ne pas pouvoir parler ouvertement de leur souffrance ou être confrontés à l’incompréhension des autres rend le processus de guérison encore plus ardu. C'est pourquoi il est essentiel d’aborder ce sujet avec sensibilité et de comprendre que chaque deuil est unique et mérite d’être respecté.

Comment les parents vivent-ils cette épreuve ?

Chaque parent réagit différemment face au deuil périnatal. Pour certains, la douleur est immédiate et intense, tandis que d'autres peuvent ressentir un choc ou un engourdissement émotionnel au début, ne réalisant pleinement la perte que plus tard. Il est fréquent que les parents passent par différentes phases émotionnelles, telles que le déni, la colère, la tristesse profonde, voire un sentiment de culpabilité.

Le sentiment de culpabilité est particulièrement prégnant dans le deuil périnatal. Les parents peuvent se demander ce qu'ils ont fait de mal, pourquoi leur corps n'a pas réussi à protéger leur enfant, ou encore ce qu'ils auraient pu faire pour éviter cette issue tragique. Cette auto-accusation, bien que souvent irrationnelle, est une réaction naturelle face à l'impuissance ressentie.

Il est également important de noter que les parents ne vivent pas toujours leur deuil de la même manière, ni au même rythme. Cela peut parfois créer des tensions au sein du couple, chacun tentant de gérer sa douleur à sa manière. Certains trouvent un réconfort dans le partage et la discussion, tandis que d'autres préfèrent se replier sur eux-mêmes pour affronter leur souffrance.

Quels sont les défis particuliers du deuil périnatal pour les pères ?

Alors que la souffrance des mères est souvent reconnue et soutenue, celle des pères est parfois négligée, voire ignorée. Les pères peuvent ressentir une pression sociale pour rester « forts » et soutenir leur partenaire, même s’ils sont eux-mêmes profondément affectés par la perte. Ce rôle traditionnel de « protecteur » peut les amener à réprimer leurs émotions, à ne pas chercher de soutien pour eux-mêmes, et à se sentir isolés dans leur deuil.

La société s'attend encore souvent à ce que les hommes « passent à autre chose » plus rapidement, ce qui ajoute une couche supplémentaire de difficulté au processus de deuil. Pourtant, le chagrin des pères est tout aussi réel et mérite d'être reconnu et pris en compte. Pour certains, il peut être particulièrement difficile de concilier leur propre souffrance avec le besoin de soutenir leur partenaire, ce qui peut engendrer un sentiment d’impuissance.

Quelle place pour les autres enfants dans ce deuil ?

Lorsqu’un couple a d’autres enfants, la gestion du deuil périnatal devient encore plus complexe. Comment expliquer à un enfant la perte d’un frère ou d’une sœur qu’il n’a jamais connue, mais dont il avait entendu parler avec tant de joie ? Les parents peuvent se retrouver déchirés entre leur propre douleur et le besoin de protéger leurs enfants du chagrin.

Il est naturel pour les parents de vouloir préserver leurs enfants de la souffrance, mais il est tout aussi important de leur permettre de comprendre ce qui s'est passé et de vivre leur propre deuil. Les enfants, même jeunes, sont capables de ressentir l’atmosphère de tristesse et d’angoisse qui règne à la maison, et il est essentiel de leur offrir un espace pour exprimer leurs émotions, même si celles-ci sont différentes de celles des adultes.

Pourquoi le deuil périnatal peut-il ressurgir des années plus tard ?

Il n’est pas rare que les parents en deuil de leur enfant perdu revivent intensément leur douleur des années après l'événement. Cela peut se produire à des moments clés, comme les anniversaires, les fêtes, ou lorsque d’autres événements marquants surviennent, comme la naissance d’un autre enfant. Ces périodes peuvent raviver le souvenir de la perte et réactiver le chagrin, même si le deuil semblait avoir été « surmonté ».

De plus, certaines personnes peuvent ne pas avoir eu la possibilité ou les ressources pour traiter pleinement leur deuil au moment où il s’est produit. La vie continue, et la nécessité de faire face à d'autres responsabilités peut pousser le chagrin en arrière-plan. Cependant, ce dernier peut ressurgir lorsque la personne se trouve dans une situation où elle a plus de temps ou de capacité émotionnelle pour affronter cette douleur.

Quelle est l'importance du soutien dans le processus de deuil périnatal ?

Le soutien est un facteur crucial pour les parents en deuil périnatal. Qu’il provienne de la famille, des amis, ou de professionnels, le fait de se sentir entouré et compris peut considérablement alléger le fardeau du chagrin. Toutefois, trouver le bon type de soutien n'est pas toujours évident. Certaines personnes peuvent se sentir mal à l’aise face à la douleur des parents et éviter de parler de la perte, tandis que d'autres peuvent offrir un soutien inapproprié en essayant de « minimiser » l’événement.

Pour les parents, il est essentiel de pouvoir parler de leur enfant perdu, de partager leur expérience sans crainte de jugement ou d’incompréhension. C’est dans cet échange que le processus de guérison peut commencer, même si la douleur ne disparaît jamais complètement. Le soutien psychologique professionnel peut également jouer un rôle clé, en offrant un espace sécurisé où les émotions peuvent être explorées et validées.

Comment l'accompagnement professionnel aide-t-il dans ce processus ?

Un accompagnement professionnel, tel que celui proposé par des associations comme Agapa, peut offrir un espace de parole bienveillant où les parents se sentent en sécurité pour exprimer leurs émotions. Les professionnels formés à l’accompagnement du deuil périnatal comprennent la complexité de cette souffrance et peuvent offrir des outils pour naviguer à travers le chagrin, sans toutefois chercher à « résoudre » la douleur, car celle-ci fait partie intégrante du processus de deuil.

L'accompagnement peut également aider les parents à naviguer dans leurs relations avec les autres, à comprendre leurs propres réactions, et à trouver des moyens de se souvenir de leur enfant de manière significative. Pour certains, cet accompagnement est crucial pour éviter que le deuil ne se transforme en un fardeau permanent qui entrave leur vie quotidienne.

Que faire si la douleur semble insurmontable ?

Il est essentiel de se rappeler que le deuil est un processus long et personnel, sans calendrier précis ni mode d'emploi universel. Si la douleur semble insurmontable, il est important de reconnaître que cela fait partie du processus et que demander de l'aide est une démarche courageuse et nécessaire. Chaque parent en deuil mérite de trouver le soutien qui lui convient, que ce soit à travers des proches, des groupes de soutien, ou des professionnels de la santé mentale.

Le chemin du deuil périnatal est ardu, mais avec le temps, beaucoup trouvent un moyen de réintégrer la perte dans leur vie, de lui donner une place et de continuer à avancer, tout en portant en eux le souvenir de leur enfant.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
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