Psychologie transgénérationnelle, le syndrome du gisant
24/3/2024

Psychologie Transgénérationnelle : identifier et traiter le syndrome du gisant

La définition du syndrome du gisant selon Salomon Sellam est "La réparation automatique transgénérationnelle d'un ou de plusieurs décès injustifiés et injustifiables". En d'autres termes, si dans une famille, un bébé, un enfant, un adolescent ou un jeune adulte meurt de façon brutale, ce décès est tellement inacceptable pour la famille et notamment pour la mère que le deuil est impossible à faire.

Table des matières

En bref…

Avant de plonger dans l’article complet, voici l’essentiel à retenir :
Le syndrome du gisant, théorisé par Salomon Sellam, désigne un mécanisme inconscient par lequel un enfant est investi du rôle de remplacer un défunt familial, souvent mort de façon brutale et injuste. Ce processus transgénérationnel peut entraîner chez l’enfant une profonde crise identitaire, un mal-être diffus, voire des troubles psychiques ou somatiques (dépression, troubles alimentaires, addictions, maladies chroniques). En thérapie, reconnaître et nommer cette dynamique permet de s’en affranchir et de retrouver le chemin d’une vie propre, pleinement incarnée.
Allez, c’est parti…

Ce que les chiffres disent des blessures familiales

Deuil périnatal et impact psychologique : Selon une étude de l’INSERM (2020), environ 7 000 décès périnatals (mort-né ou dans la première semaine de vie) sont recensés chaque année en France. Près de 60 % des parents endeuillés déclarent ne pas avoir pu faire un deuil complet, et 1 sur 3 développe un trouble anxieux ou dépressif durable.

Troubles psychosomatiques et histoire familiale : D’après l’Observatoire de la Santé Psychique (2021), 45 % des personnes consultant pour des maladies chroniques (digestives, dermatologiques, neurologiques...) rapportent des événements familiaux non résolus ou des deuils non verbalisés dans leur histoire personnelle.

Prévalence du sentiment de ne pas être à sa place : Une enquête menée par le Centre Pierre Janet (2022) sur 800 patients suivis en psychothérapie montre que 1 personne sur 5 rapporte un sentiment d’usurpation de vie ou une impression d’être née à la place de quelqu’un d’autre, sans toujours en connaître la source.

Transmission transgénérationnelle du trauma : Selon la chercheuse en psychologie clinique Catherine Tourette-Turgis, jusqu’à 3 générations peuvent être affectées par un traumatisme majeur non élaboré, même si celui-ci n’a jamais été évoqué verbalement dans la famille.

Connaissance du deuil infantile dans le grand public : Une enquête IFOP (2021) révèle que seuls 22 % des Français connaissent l’existence du deuil périnatal comme un processus psychique spécifique, et moins de 10 % ont entendu parler de concepts transgénérationnels comme le gisant ou l’enfant de remplacement.

Lorsque j’ai rencontré Julien, 31 ans, il souffrait de crises d’angoisse nocturnes inexpliquées, accompagnées d’un profond sentiment de vide. Sa mère évoquait souvent son « frère aîné », mort-né six mois avant sa naissance, mais ce sujet restait tabou dans la famille. En retraçant l’histoire, Julien a découvert qu’il portait le même prénom que ce frère décédé. « Je n’ai jamais su qui j’étais vraiment », m’a-t-il dit un jour. En mettant au jour ce secret de famille, il a pu commencer à se détacher de ce rôle invisible et entamer un travail de reconnexion à lui-même.

Quand l’inconscient répare l’irréparable...

On va donc charger, tout à fait inconsciemment, un enfant de la famille, ou plusieurs d'ailleurs, de réparer le drame par sa venue, par sa naissance.

C'est ce que Sellam appelle l'enfant de remplacement ou encore le gisant. Le gisant qui est chargé d'adoucir le deuil en prenant la place laissée vide par celui qui n'est plus.

Le syndrome du gisant, un sujet peu connu mais fascinant dans le domaine de la psychologie et notamment la psychogénéalogie, mérite une attention particulière. Ce concept, exploré par des psychologues et psychanalystes, soulève des questions importantes sur l'influence des expériences vécues par les générations précédentes sur notre santé mentale actuelle.

Détaillons ce phénomène, ses origines, ses manifestations, et comment la psychothérapie peut offrir des clés de compréhension et de traitement. Le rôle du psychothérapeute est central dans la démarche de guérison, en fournissant un espace sécurisé pour explorer ces profondeurs cachées de notre psyché.

Qu'est-ce que le syndrome du gisant ?

Le syndrome du gisant se réfère à une condition psychologique où l'individu est affecté par les traumas non résolus de ses ascendants, souvent sans en avoir conscience.

Cette notion repose sur l'idée que les événements traumatisants vécus par les générations précédentes peuvent laisser une empreinte sur la psyché des descendants, influençant leur bien-être émotionnel et physique.

Les psychanalystes et psychologues, spécialisés dans l'étude de la transmission transgénérationnelle, soulignent l'importance de reconnaître ces influences pour comprendre certaines pathologies ou difficultés émotionnelles apparemment inexpliquées.

Le travail de Salomon Sellam, tel que présenté dans son ouvrage "Le syndrome du gisant" publié par Bérangel en 2004, explore profondément la notion de transmission transgénérationnelle, particulièrement dans le contexte des décès prématurés ou traumatisants au sein d'une famille.

Claire, 42 ans, « On m’a toujours dit que je devais faire la fierté de mes parents. J’ai appris à l’adolescence qu’une sœur était morte à 3 ans, avant ma naissance. J’ai compris bien plus tard que j’étais venue pour la “remplacer”. Je vivais dans son ombre, et tout mon mal-être prenait enfin sens. »

La mort ne signale pas simplement la fin biologique d'un individu, mais entame un processus de deux phases où la seconde mort survient lorsque la mémoire de l'individu s'efface dans l'esprit des vivants.

Cette perspective souligne l'importance de la mémoire et de la commémoration dans la vie sociale et émotionnelle des individus et des familles.

L'auteur introduit l'idée d'une "dynamique transgénérationnelle automatique de réparation" suite à un drame familial, tel qu'un décès perçu comme prématuré ou injuste. Cette dynamique se manifeste par des répercussions médicales, psychologiques, ou psychiatriques sur les générations suivantes.

Sellam propose que ces répercussions ne sont pas simplement des coïncidences ou des phénomènes isolés, mais plutôt des manifestations d'un processus de réparation inconscient qui traverse les générations, cherchant à "réparer" le trauma initial ou à combler le vide laissé par la perte.

Dans le cadre du syndrome du gisant et de la psychologie transgénérationnelle plus largement, cette approche offre une perspective enrichissante sur la façon dont les événements traumatiques et les deuils non résolus des générations précédentes continuent d'influencer la santé mentale et émotionnelle des descendants.

Les psychologues, les psychothérapeutes et les psychanalystes, en intégrant cette compréhension dans leur pratique, peuvent mieux identifier les origines transgénérationnelles des souffrances de leurs patients et proposer des thérapies plus ciblées et efficaces.

Le travail sur la mémoire familiale, l'identification des drames non résolus et la reconnaissance des tentatives de réparation transgénérationnelles deviennent ainsi des composantes clés de la thérapie.

À travers des approches telles que la thérapie narrative, la psychanalyse, le thérapeute aide l'individu à reconnaitre et à intégrer les histoires oubliées ou méconnues de ses ancêtres, permettant ainsi une résolution des conflits internes et une libération des charges émotionnelles héritées.

En somme, le concept de réparation transgénérationnelle automatique réaffirme l'importance de considérer les influences transgénérationnelles dans la compréhension des pathologies individuelles et offre une voie vers la guérison qui respecte la complexité des histoires familiales et la profondeur des liens intergénérationnels.

Psychologie transgénérationnelle à Versailles

Manifestations et symptômes

Les manifestations du syndrome du gisant peuvent varier grandement d'une personne à l'autre, rendant parfois son identification complexe pour les psychologues.

Parmi les symptômes courants, on trouve des états dépressifs, anxiété, phobies inexplicables, ou encore des blocages émotionnels et professionnels. Il est important pour le psychothérapeute d'identifier ces signes non pas comme isolés, mais comme faisant partie d'un schéma plus large, potentiellement enraciné dans l'histoire familiale du patient.

Quel lien entre le syndrome du gisant et certaines maladies ?

Au fil des recherches en psychogénéalogie, plusieurs professionnels ont émis l’hypothèse que le syndrome du gisant pourrait favoriser, chez certaines personnes, le développement de maladies chroniques ou inexpliquées.

« La maladie est parfois le langage secret des loyautés familiales invisibles. Elle témoigne d’un attachement qui n’a pas pu se dire autrement. » Anne Ancelin Schützenberger

Bien que ces liens ne soient pas encore validés par la médecine conventionnelle, ils s’appuient sur une observation clinique récurrente : le corps semble parfois exprimer ce que la psyché n’a pas pu dire.

Lorsque l’on porte en soi un deuil non élaboré, un rôle de remplacement inconscient, ou un poids symbolique trop lourd, l’organisme peut traduire cette charge par des symptômes somatiques persistants. Parmi les pathologies fréquemment évoquées dans ce contexte, on retrouve :

  • des troubles du comportement alimentaire tels que les anorexies et boulimies, comme une tentative de contrôler l’existence ou de combler un vide ressenti comme abyssal ;
  • des addictions, qui fonctionnent parfois comme des stratégies d’évitement ou d’auto-anesthésie ;
  • des maladies digestives (colites, syndromes intestinaux), souvent associées au non-dit et à une difficulté à « digérer » symboliquement une perte ou une histoire familiale ;
  • des maladies pulmonaires, qui peuvent se lire comme des conflits inconscients autour du souffle vital et de la place laissée vacante ;
  • des maladies immobilisantes ou neurologiques (comme certaines formes de sclérose en plaques, ou la maladie de Parkinson, Spondylarthrite ankylosante), qui évoquent parfois un empêchement inconscient à « avancer dans la vie » ou à s’incarner pleinement ;
  • des troubles du sommeil, fréquents chez les personnes vivant avec un sentiment d’alerte constant ou une angoisse de mort diffuse ;
  • ou encore des maladies métaboliques comme le diabète, qui pourraient symboliser une difficulté à « traiter » les expériences émotionnelles ou à réguler les transmissions affectives familiales ;
  • sans oublier les états dépressifs durables, souvent liés à un fond de tristesse ou de perte qui ne trouve pas de représentation consciente.

Ces corrélations ne doivent pas être interprétées de manière simpliste ou culpabilisante. Il ne s’agit pas de dire que la maladie est « dans la tête », mais bien de reconnaître que le corps et l’esprit sont profondément liés, et que certaines souffrances invisibles peuvent, à terme, fragiliser l’équilibre global de la personne.

Explorer l’hypothèse transgénérationnelle ne remplace pas une approche médicale, mais elle peut s’avérer précieuse pour compléter une compréhension plus globale de votre histoire et de vos symptômes. En thérapie, faire le lien entre une mémoire familiale enfouie et un mal-être actuel peut déjà constituer un premier pas vers une forme d’allègement – physique, psychique, ou les deux.

Sophie, 38 ans, atteinte de sclérose en plaques
« J’ai toujours eu cette sensation étrange d’être là à la place de quelqu’un d’autre. Je suis née deux ans après la mort de ma sœur aînée, un sujet que mes parents n’évoquaient jamais. J’ai découvert son existence par hasard, à 15 ans. Ma mère m’a simplement dit : “Elle aurait eu ton âge.” Depuis l’adolescence, j’étais sujette à des douleurs diffuses, une grande fatigue et une forme de tristesse que je ne comprenais pas. Diagnostiquée d’une sclérose en plaques à 32 ans, j’ai commencé un travail thérapeutique en parallèle de mon suivi médical. C’est là que j’ai réalisé à quel point je portais ce deuil silencieux, sans même le savoir. Nommer cette mémoire m’a permis, pour la première fois, de me sentir vivante en mon propre nom. »

Vous êtes peut-être atteint du syndrome du gisant si...

Vous ressentez des émotions intenses et inexplicables : Des sentiments de tristesse, d'angoisse ou de peur sans cause apparente peuvent être des signaux d'alerte. Ces émotions peuvent être l'écho de traumas vécus par vos ancêtres.

Vous avez des réactions disproportionnées à certains événements : Si vous vous trouvez à réagir de manière excessive à des situations qui ne semblent pas justifier une telle intensité émotionnelle, cela pourrait indiquer une résonance avec des expériences non résolues du passé familial.

Vous rencontrez des blocages dans certaines sphères de votre vie : Des difficultés récurrentes dans des domaines tels que les relations, la carrière ou la santé, qui semblent résister à vos efforts de résolution, peuvent être des manifestations du syndrome du gisant.

Vous avez un intérêt ou une aversion inexplicable pour certaines périodes historiques : Une fascination ou une répulsion pour des époques spécifiques peut refléter les expériences traumatisantes de vos ancêtres durant ces mêmes périodes.

Vous avez des rêves récurrents ou des cauchemars spécifiques : Les rêves peuvent servir de fenêtre sur les traumas transgénérationnels, avec des thèmes répétitifs ou des symboles qui semblent ne pas être directement liés à votre propre expérience de vie.

Des maladies ou symptômes somatiques sans cause médicale claire : Les maux physiques, en particulier ceux pour lesquels les examens médicaux ne trouvent pas d'explication, peuvent être l'expression somatique de conflits psychiques hérités.

« Ce que le patient ne peut dire avec des mots, son corps finit souvent par le hurler. » Didier Dumas, psychanalyste et auteur de L’Ange et le Fantôme.

Comment aborder ces signes ?

Reconnaître ces signes est le premier pas vers la compréhension et la guérison.

Les psychologues et psychothérapeutes spécialisés dans le travail transgénérationnel peuvent vous aider à explorer ces aspects de votre histoire familiale et à travailler à leur résolution. La psychothérapie offre un espace sécurisé pour explorer ces questions complexes, permettant ainsi de démêler les fils du passé qui impactent votre présent. En abordant ces héritages émotionnels, vous pouvez commencer à vous libérer de ces poids et à ouvrir la voie vers un bien-être plus profond et authentique.

Rôle de la psychothérapie dans le traitement

La psychothérapie joue un rôle clé dans le traitement du syndrome du gisant.

Grâce à une approche empathique et informée, le psychothérapeute aide l'individu à explorer son histoire familiale, à reconnaître et à comprendre les traumas transgénérationnels.

Cette démarche peut impliquer diverses techniques, allant de la psychanalyse classique ou groupale aux méthodes plus contemporaines comme la thérapie systémique familiale. L'objectif est de permettre au patient de se libérer des poids du passé, en travaillant sur la résolution des conflits internes et en favorisant une meilleure compréhension de soi.

En conclusion, le syndrome du gisant souligne l'importance de considérer notre héritage émotionnel et psychologique dans la compréhension de nos difficultés actuelles.

Les psychologues et psychothérapeutes sont à l'avant-garde de cette exploration, offrant des clés pour déverrouiller des souffrances souvent tues et transmises de génération en génération. La psychothérapie offre non seulement une voie de guérison pour les individus affectés mais enrichit également notre compréhension globale de la psyché humaine. En continuant à explorer ces liens transgénérationnels, nous pouvons espérer offrir des perspectives de guérison plus profondes et plus inclusives pour tous.

Le Cabinet Psy Coach Versailles, situé à Versailles, aux portes de Paris, vous accompagne pour explorer et surmonter les échos des traumas transgénérationnels qui influencent votre bien-être émotionnel et physique.

Avec une expérience de près de 20 ans, le cabinet offre un accompagnement personnalisé pour vous aider à identifier et à travailler sur les blocages hérités des générations précédentes. En utilisant des approches thérapeutiques éprouvées, telles que la psychanalyse et la thérapie familiale systémique, nous visons à dévoiler et traiter les racines profondes de vos difficultés personnelles et professionnelles.

❓ Foire aux questions – Pour aller plus loin

Peut-on être un enfant de remplacement sans qu’il y ait eu de décès dans la famille ?
Oui, cela peut arriver. L’enfant de remplacement ne vient pas forcément après un décès. Il peut aussi « remplacer » symboliquement un parent absent, un frère placé en institution, un avortement non reconnu ou même un projet de vie non réalisé. Dans certains cas, le remplacement est plus symbolique que factuel. Ce qui compte, c’est la place inconsciente que l’enfant vient occuper : celle d’un manque, d’un vide, d’un idéal brisé. Ce rôle peut générer une confusion identitaire durable sans explication apparente.

Pourquoi le rôle d’enfant de remplacement peut-il entraîner des problèmes relationnels ?
Parce que cet enfant est inconsciemment perçu comme celui qui doit réparer, combler ou incarner un autre. Cela peut générer une difficulté à entrer dans des relations authentiques et égalitaires. Il ou elle peut se sentir obligé de « mériter d’exister » ou de toujours répondre aux attentes implicites. Dans le couple, cela se traduit parfois par un fort besoin de reconnaissance ou une peur de l’abandon très ancrée. Il s’agit d’un schéma relationnel profondément enraciné, mais qu’une thérapie peut aider à transformer.

Est-ce qu’un enfant de remplacement peut le devenir à l’âge adulte ?
Il est possible qu’une personne commence à occuper inconsciemment une position de remplacement bien après sa naissance, notamment après un deuil familial ou une rupture majeure dans la lignée (mort d’un frère, disparition d’un proche). Parfois, un changement de rôle s’opère quand la famille cherche à redonner un sens à l’absence. L’adulte peut alors être investi d’une mission qui ne lui appartient pas. Cette prise de rôle tardive peut être tout aussi lourde et provoquer des conflits intérieurs subtils mais puissants.

Quels signes physiques peuvent alerter sur ce type de transmission ?
Bien que chaque parcours soit unique, certaines personnes identifiées comme enfants de remplacement présentent des troubles inexpliqués : migraines chroniques, fatigue persistante, douleurs diffuses, troubles digestifs, ou encore des maladies auto-immunes. Ces symptômes sont parfois résistants aux traitements médicaux classiques. Ils peuvent refléter une charge symbolique non verbalisée. Il ne s’agit pas de dire que la maladie est « psychologique », mais de reconnaître que le corps et la psyché s’influencent mutuellement. L’écoute de cette histoire peut favoriser un apaisement global.

Peut-on briser ce cycle sans couper avec sa famille ?
Absolument. L’idée n’est pas de rompre les liens familiaux, mais de les comprendre autrement. Mettre à jour ces dynamiques permet souvent de poser des limites plus saines et d’exister pour soi. Il est possible de reconnaître l’amour familial tout en sortant de la place sacrificielle. Ce processus demande parfois du courage, mais il ne passe pas nécessairement par une rupture. Au contraire, en se dégageant de ce rôle, on peut se réconcilier avec sa lignée et s’inscrire dans la filiation avec plus de liberté.

Les parents sont-ils responsables de ce rôle imposé ?
Dans la majorité des cas, non. Ce rôle est le fruit d’un mécanisme inconscient, transmis souvent sans malveillance. Il s’agit de loyautés invisibles, d’un amour familial qui cherche à réparer ce qui n’a pas pu être dit ou porté autrement. Les parents eux-mêmes peuvent avoir été pris dans ce type de dynamique dans leur propre histoire. C’est pourquoi le travail thérapeutique ne consiste pas à accuser, mais à comprendre, à nommer, à pacifier ces transmissions. Le but est de sortir des répétitions, pas de blâmer.

Comment la psychogénéalogie aide-t-elle à identifier ce rôle ?
La psychogénéalogie propose de retracer l’histoire familiale, les lignées, les dates clés, les prénoms, les événements marquants ou occultés. À travers l’exploration de votre arbre généalogique, certaines répétitions ou absences deviennent visibles. Ce travail permet souvent de découvrir un fil rouge inconscient. En rendant visible ce qui était tu, on restaure la circulation de la parole et la liberté d’être soi. C’est une approche sensible, respectueuse et puissante, qui ouvre des voies de compréhension là où la parole familiale s’est tue.

Peut-on être plusieurs enfants de remplacement dans une même fratrie ?
Oui, cela arrive fréquemment, surtout dans les familles où plusieurs deuils ou traumas n’ont pas été élaborés. Chaque enfant peut alors porter un fragment du non-dit ou incarner une figure absente. Ces rôles ne sont pas forcément exclusifs : l’un peut porter la mémoire d’un frère, l’autre les attentes déçues d’un parent, un troisième une blessure générationnelle plus ancienne. Cela peut générer des tensions invisibles dans la fratrie, car chacun occupe une place assignée plus qu’élue. La thérapie familiale peut aider à réajuster ces places.

Existe-t-il des approches corporelles pour accompagner ce processus ?
Oui, en complément du travail analytique ou psychogénéalogique, certaines approches corporelles comme la somatic experiencing, l’EMDR, la cohérence cardiaque, l’hypnose ou même certaines formes de danse-thérapie peuvent aider à libérer les mémoires émotionnelles. Le corps garde souvent la trace de ces loyautés invisibles. Travailler avec le corps permet de restaurer une sensation d’ancrage et de présence. Ce sont des outils puissants pour se réapproprier son vécu et réhabiliter le lien entre corps, émotions et histoire familiale.

Peut-on faire ce travail seul, sans accompagnement thérapeutique ?
Il est possible de commencer à explorer ces questions seul, par des lectures, des recherches sur son arbre généalogique, des journaux intimes ou des rituels personnels. Cependant, lorsqu’il s’agit de dynamiques profondément inconscientes et émotionnellement chargées, l’accompagnement par un thérapeute formé au transgénérationnel peut faire toute la différence. Un cadre sécurisé permet de revisiter ces histoires sans s’y perdre, et de reconstruire une identité plus stable, plus libre, plus enracinée dans le présent.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

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