Pourquoi notre cerveau retient mieux le négatif ? Le test des 5 secondes...
22/12/2025

Pourquoi notre cerveau retient mieux le négatif que le positif ? Le test des 5 secondes.

Avez-vous remarqué avec quelle facilité une seule critique peut balayer dix compliments ? Ce phénomène n'est pas une défaillance de votre part, mais un héritage biologique : le biais de négativité. Notre cerveau, façonné pour la survie, agit comme une éponge face aux menaces et comme un isolant pour les joies. En tant que psychanalyste, je constate chaque jour l'impact de ce déséquilibre sur notre santé mentale. Explorons ensemble les mécanismes neurobiologiques de ce mal-être et découvrons comment, à travers le travail thérapeutique, il devient possible de rééduquer notre mémoire émotionnelle pour offrir enfin à la sérénité l'espace qu'elle mérite.

Table des matières

Besoin d'un échange ? Contactez votre cabinet psy à Versailles.

L’Éponge et le Téflon : Pourquoi notre cœur a la mémoire dure...

Il y a quelques jours, une patiente s’est assise dans le divan de mon cabinet, le regard fuyant vers la fenêtre. Elle venait de recevoir une promotion majeure, l’aboutissement de dix ans de travail acharné. Ses collègues avaient organisé un pot, son patron l’avait félicitée devant tout le monde. Mais ce qui l’occupait, ce qui la rongeait littéralement, c’était la petite phrase d’une collègue, lancée entre deux portes : « Tu as de la chance, le timing était parfait pour toi. »

Cette phrase, elle l’avait emportée au lit. Elle l’avait mâchée, retournée, analysée jusqu’à l’insomnie. Les deux cents compliments de la journée ? Envolés. Évaporés.

C’est ce que j’appelle le paradoxe de notre mémoire émotionnelle.

Faites l’exercice avec moi : essayez de lister cinq émotions positives là, tout de suite, en cinq secondes. C’est laborieux, n’est-ce pas ? On cherche, on hésite entre "joie" et "soulagement". Maintenant, faites le même exercice avec les émotions négatives. Colère, peur, honte, tristesse, dégoût… Elles surgissent comme des évidences, prêtes à mordre.

Pourquoi cette asymétrie psychique ? Pourquoi notre mémoire semble-t-elle être une éponge pour le mal-être et une poêle en Téflon pour le bonheur ?

L’ombre de nos ancêtres : Une question de survie

Si vous avez eu plus de facilité à lister vos tourments qu’à identifier vos joies, rassurez-vous : votre structure psychologique n'est pas défectueuse.

En tant que praticien, je vois ce mécanisme à l'œuvre chaque jour. Pour comprendre cette injustice biologique, il faut remonter loin, très loin. Imaginez nos ancêtres dans la savane. Celui qui passait trop de temps à admirer le coucher de soleil ou la douceur d’une baie sauvage sans prêter attention au bruissement suspect dans les hautes herbes ne survivait pas longtemps.

L’évolution a sélectionné les individus les plus vigilants, ceux dont le cerveau était "câblé" pour détecter la menace, la mémoriser instantanément et ne jamais l’oublier. Le négatif était synonyme de danger de mort. Le positif était un luxe, un bonus. Nous sommes les descendants de ceux qui ont eu peur, de ceux qui se sont souvenus de la morsure plutôt que du parfum des fleurs.

Aujourd’hui, le prédateur a disparu, quoi que... mais le mécanisme reste.

La petite phrase de la collègue déclenche la même alerte neurologique qu’un lion à l’orée du bois. Notre cerveau ne fait pas la différence entre une menace pour notre corps et une menace pour notre ego ou notre appartenance au groupe.

Lire aussi Loi de Murphy "tout ce qui peut mal tourner, tournera mal" !

La "Colle" du trauma et la fluidité de la joie

En tant que psychanalyste, je vois chaque jour comment cette asymétrie sculpte nos identités.

Une expérience négative, un rejet, une humiliation, une perte, s'imprime dans nos réseaux neuronaux avec une force de frappe colossale.

On appelle cela le "biais de négativité".

Le positif, lui, est fluide. Il glisse. Pour qu'un moment de joie "s'imprime" vraiment, il lui faut du temps. On estime qu'il faut maintenir une émotion positive dans notre champ de conscience pendant au moins 20 à 30 secondes pour qu'elle commence à être encodée durablement. Le négatif ? Il s'imprime en une fraction de seconde.

C’est là toute la difficulté de la cure par la parole. Nous passons des mois, parfois des années, à défaire les nœuds de ces souvenirs négatifs qui se sont fossilisés en nous. Nous devons apprendre à "muscler" notre capacité à retenir la lumière.

Lire aussi Les idées suicidaires chez les adolescents

La chambre obscure de l’inconscient

Mais il y a une autre dimension, plus souterraine.

Pourquoi aimons-nous, d'une certaine façon, revenir vers ce qui nous fait mal ? C'est ce que Freud appelait la compulsion de répétition.

Parfois, nous ressassons le négatif non pas par masochisme, mais dans une tentative désespérée de notre inconscient de "réparer" le passé. En revivant la scène de l'humiliation ou de l'échec, nous espérons secrètement une fin différente. Nous tournons autour de la blessure comme on touche une dent qui fait mal : pour vérifier qu'elle est toujours là, pour essayer d'apprivoiser la douleur.

Le problème, c'est qu'à force de revisiter ces terres arides, nous traçons des autoroutes cérébrales. Plus nous pensons à ce qui va mal, plus il est facile pour notre cerveau de continuer à le faire. C'est une habitude mentale qui finit par devenir une prison.

L’éclairage des neurosciences et de la psychopathologie

D’un point de vue neurobiologique, notre cerveau n’est pas un juge impartial.

Il ressemble plutôt à un système d'alarme ultra-sensible.

Au cœur de ce dispositif se trouve l’amygdale, une petite structure en forme d’amande qui fait office de sentinelle. Elle réagit avec une intensité électrique aux stimuli négatifs, bien plus qu’aux signaux de plaisir. Pourquoi ? Parce que l’évolution a priorisé la survie sur le confort.

C’est ici que la psychopathologie nous offre des clés de compréhension essentielles. Lorsqu'un événement est perçu comme menaçant, l'amygdale s'active violemment, court-circuitant le cortex préfrontal, siège de la raison. Ce mécanisme explique pourquoi, face à un traumatisme ou à un stress intense, nos processus mentaux se figent. Le souvenir ne se range pas sagement dans la bibliothèque de notre mémoire ; il reste "brûlant", prêt à être réactivé au moindre rappel du passé.

Dans mon cabinet de psychothérapie, je constate que ce déséquilibre psychique crée une asymétrie flagrante dans l'estime de soi. Que l'on consulte un psychologue, un psychiatre ou un praticien en analyse, le constat est universel :

une seule parole blessante, un seul rejet, peut agir comme un venin capable d'anéantir des années d'affirmation de soi.

Ce phénomène de "persistance du négatif" impacte profondément la santé mentale globale.

L'étude des troubles anxieux montre que le cerveau finit par se "sculpter" autour de ces expériences douloureuses. Les connexions neuronales liées à la peur se renforcent, créant des autoroutes pour le mal-être, tandis que les sentiers menant à la sérénité s'encombrent de ronces par manque d'usage. C’est là que l’arsenal des psychothérapies, qu’elles soient comportementales (TCC), systémiques ou d'inspiration analytique, intervient : il s'agit de "re-câbler" l'esprit pour que la joie ne soit plus une exception, mais une destination accessible.

En comprenant la fragilité de nos circuits psychologiques, nous cessons de nous blâmer pour nos ruminations. Nous réalisons que la guérison n'est pas une question de volonté pure, mais un lent travail de sédimentation où l'on apprend, séance après séance, à offrir à nos émotions positives l'espace qu'elles méritent.

Lire aussi Convaincu que c'est impossible ? Eh bien vous avez raison !

Réapprendre à voir : Le travail de la présence

Alors, comment fait-on ? Comment sortir de cette inclinaison naturelle vers la grisaille ?

La réponse n'est pas dans la pensée positive forcée, qui est souvent une forme de déni.

Le but n'est pas de se dire que "tout va bien" quand tout va mal. Quoi que.... Le but est de rétablir la vérité. Car la vérité, c'est que le positif existe, mais qu'il est discret. Il ne crie pas. Il ne vous saute pas à la gorge comme la colère.

Rééquilibrer la balance, c'est un acte de résistance. C'est décider, consciemment, de s'arrêter devant la beauté d'un reflet sur le trottoir après la pluie. C'est savourer ce premier café du matin non pas comme un automatisme, mais comme une victoire sur le chaos.

Dans le travail analytique ou la psychothérapie, cela passe par le fait de nommer. Nommer ses peurs, certes, pour les dégonfler. Mais aussi nommer ses forces, ses petits bonheurs, ses moments de grâce. On ne peut pas effacer le biais de négativité, car il est gravé dans notre ADN. Mais on peut apprendre à ne plus lui laisser tout le volume de la pièce.

Lire aussi Véritablement blessé ? ou juste vexé ? Manuel de survie de l'estime de soi

La santé mentale en France : Ce que disent les chiffres (2024-2025)

Si vous avez l'impression que le "négatif" prend de la place, sachez que vous n'êtes pas seul.

Les dernières données de Santé publique France et de l'OMS révèlent une réalité marquante de notre santé mentale actuelle :

1 Français sur 5 : C'est la proportion de la population touchée chaque année par un trouble psychique, soit environ 13 millions de personnes.

17 % de prévalence : Près d'un adulte sur six a vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l'année 2024.

L'ombre de l'anxiété : Les troubles anxieux restent parmi les plus fréquents, touchant environ 12,5 % de la population générale, avec une prévalence accrue chez les jeunes de 18-24 ans.

Le poids au travail : On estime que le mal-être et les troubles psychiques sont responsables de 35 % à 45 % de l'absentéisme professionnel (burn-out, dépression, stress chronique).

Un silence persistant : Malgré la libération de la parole, plus d'une personne sur deux souffrant d'un trouble dépressif n'a pas encore consulté de praticien ou de psychothérapeute.

Prendre rendez-vous avec votre psychanalyste à Versailles.

Du chiffre au sujet : L'écoute au-delà des statistiques

Ces données, bien que vertigineuses, ne sont que la face émergée de l’iceberg.

Derrière chaque pourcentage se cache une histoire singulière, un traumatisme non dit ou une lutte quotidienne contre l’obscurité.

Dans mon cabinet, je ne rencontre pas des "statistiques", mais des hommes et des femmes qui tentent de réclamer leur droit au bonheur dans un monde saturé d'informations anxieuses.

Le chiffre de 13 millions de Français touchés par le mal-être souligne une urgence : celle de ne plus rester seul avec sa souffrance. En tant que psychanalyste, mon rôle est de vous aider à passer du "on" (la statistique) au "je" (votre histoire). Car si la biologie nous pousse vers le négatif, la parole, elle, possède ce pouvoir subversif de recréer du lien et de la lumière. Guérir, c'est aussi s'autoriser à ne plus faire partie de la colonne des "silencieux" pour entrer dans celle de ceux qui agissent sur leur propre santé mentale.

Psychothérapie individuelle à Versailles.

Conclusion ? Laissez entrer la lumière !

Nous ne sommes pas condamnés à être les victimes de notre héritage préhistorique.

La prochaine fois que vous vous surprendrez à ruminer une critique, à vous souvenir avec une précision chirurgicale d'un échec d'il y a dix ans, tout en étant incapable de vous rappeler le dernier compliment qu'on vous a fait… souriez-vous avec compassion. C'est votre cerveau de survie qui essaie de vous protéger d'un danger qui n'existe plus.

Puis, faites cet effort volontaire, ce petit pas de côté : cherchez l'émotion positive. Elle est là, quelque part, cachée sous le vacarme de vos soucis. Donnez-lui ses 30 secondes de gloire. Laissez-la infuser.

Parce que si le négatif nous aide à rester en vie, c'est le positif qui nous donne envie de la vivre.

FAQ : Comprendre et apaiser mon esprit

Pourquoi est-ce que je rumine toujours le négatif ?

C’est un mécanisme de défense ancestral : votre cerveau cherche à vous protéger en anticipant les dangers.

En tant que thérapeute, je vois cette "boucle" comme un signal d'alarme qui s'est grippé. Ce n’est pas une fatalité, mais le signe que votre psychique appelle à l'aide pour traiter un traumatisme ou une surcharge émotionnelle. La psychanalyse permet de transformer ces pensées circulaires en une parole libératrice, pour que votre passé cesse enfin de dicter votre présent et votre santé mentale.

Comment arrêter de voir tout en noir ?

Commencez par la compassion envers vous-même : ce biais est biologique.

Pour retrouver un mieux-être, l'exercice consiste à rééduquer votre regard. Lorsque le mal-être surgit, essayez de nommer une seule chose stable ou douce dans votre instant présent. En consultation, nous travaillons sur cette affirmation de la vie, non pas en niant la douleur, mais en musclant votre capacité à percevoir les nuances. Il s'agit de rééquilibrer la balance pour que l'ombre ne dévore plus toute la lumière de votre quotidien.

Le biais de négativité peut-il causer une dépression ?

S'il est ignoré, ce biais peut en effet nourrir un état anxieux chronique ou une dépression.

À force de ne mémoriser que l'échec, l'estime de soi s'effrite. Consulter un psychothérapeute ou un psychologue permet de briser ce cycle avant qu'il ne se cristallise en psychopathologie. La thérapie est un espace sécurisant pour explorer ces mécanismes mentaux et redonner du mouvement là où tout semble figé. Identifier ce processus est déjà le premier pas courageux vers votre guérison et votre équilibre.

Existe-t-il des exercices pour devenir plus positif ?

Au-delà des approches comportementales (TCC), je préconise "l'infusion" du beau.

Quand vous vivez un moment apaisant, restez-y consciemment durant 30 secondes. Sentez l'ancrage corporel de ce bien-être. Ce petit exercice de présence aide à créer de nouveaux sentiers neuro-biologiques. Un praticien peut vous accompagner dans cette rééducation. L'idée n'est pas de forcer un optimisme de façade, mais de cultiver une présence attentive aux micro-victoires qui jalonnent votre journée, souvent à votre insu.

Est-ce que le tempérament joue un rôle dans cette vision négative ?

Nous naissons tous avec une sensibilité singulière, une "matière" émotionnelle qui nous est propre.

Certains tempéraments captent plus intensément les variations de l'environnement. Cependant, en tant que praticien, je souligne souvent que le tempérament n'est pas un destin figé. La plasticité de notre appareil psychique permet de moduler ces prépositions. Le travail en séance aide à comprendre comment votre histoire a pu renforcer cette vigilance, pour vous permettre de retrouver une souplesse intérieure et une plus grande paix.

Comment la psychanalyse aide-t-elle concrètement face au pessimisme ?

Contrairement à une simple injonction au bonheur, la psychanalyse explore les racines de votre mal-être.

Nous cherchons ensemble pourquoi votre inconscient s'accroche à ces schémas psychologiques douloureux. Est-ce une loyauté invisible ? Une protection contre une déception passée ? En mettant des mots sur ces silences, on libère l'énergie autrefois bloquée dans le négatif. C’est un processus de guérison profond qui ne se contente pas de masquer les symptômes, mais qui transforme votre rapport au monde.

Le stress au travail accentue-t-il ce biais de négativité ?

Absolument.

Un environnement professionnel anxieux sature votre amygdale et maintient votre système nerveux en état d'alerte. Dans ce contexte, une seule remarque désobligeante prend des proportions démesurées. Ce stress post-professionnel peut mener à l'épuisement. Il est alors crucial de consulter un psychothérapeute pour rétablir une frontière entre votre identité et ces pressions extérieures. Apprendre à désamorcer ces mécanismes mentaux au travail est une étape clé pour préserver votre santé mentale et votre équilibre personnel.

Mon entourage dit que je me plains trop, que faire ?

Cette plainte est souvent le cri d'un besoin non reconnu ou d'un traumatisme ancien qui cherche à s'exprimer.

Plutôt que de vous culpabiliser, voyez-y une invitation à explorer ce qui ne va pas. Un accompagnement thérapeutique offre un espace neutre, sans jugement, où cette parole peut être déposée et transformée. En comprenant l'origine de ce mal-être, vous pourrez progressivement passer de la plainte subie à une expression plus constructive, améliorant ainsi vos relations avec vos proches.

Peut-on réellement rééduquer son cerveau après des années de négativité ?

Oui, c'est toute la magie de la neuroplasticité et de l'engagement psychique.

Même après des décennies de ruminations, il est possible de tracer de nouveaux sillons de mieux-être. Ce n'est pas un changement miraculeux, mais une sédimentation patiente. Chaque séance, chaque prise de conscience, chaque moment de présence corporelle au positif renforce ces nouveaux réseaux. En tant que psy, je vous accompagne dans cette reconstruction pour que votre esprit devienne, jour après jour, une terre plus accueillante pour la joie.

Quand faut-il consulter un psychothérapeute ?

Dès que ce sentiment de négativité entrave votre liberté d'agir ou d'aimer.

Si vous vous sentez prisonnier de vos pensées, un psychothérapeute ou un psychanalyste peut vous offrir l'écoute nécessaire pour dénouer ces nœuds. Il n'y a pas de "petite" souffrance. Que ce soit pour un stress post-traumatique ou une lassitude diffuse, s'engager dans une démarche thérapeutique est un acte de soin envers soi-même. C'est choisir de ne plus subir sa structure psychologique, mais de devenir l'acteur de sa propre sérénité.

Par Frédérique Korzine,
psychanalyste à Versailles
Pour un soutien personnel ou professionnel, je vous propose un suivi adapté à vos besoins favorisant bien-être et épanouissement, à Versailles.

Psychanalyse, hypnose, coaching, supervision et thérapies brèves.

Vous pourriez être intéressé(e) par...

Vous pourriez également être curieux(se) de...